À la mémoire de Benjamin.
On se demande, je me demande parfois pourquoi je fais tout cela. Ces heures passées sur le vélo même quand ça fait chier, même quand il fait froid, même quand la tramontane beugle dans la jugulaire du casque, même quand il pleut. Ah, non, pas quand il pleut, faut pas déconner. Je me demande parfois pourquoi ces kilomètres, ces heures, sur ces sentiers connus par cœur où je tutoie chacun des cailloux à force de les croiser. Pour la compagnie me direz-vous. Pas faux. C’est important la bonne compagnie. On voit les copains, on bavarde, on déconne, on fait les braves, on oublie le reste deux heures durant, on suspend le temps, on se chatouille l’adrénaline, on parle de l’après. Du futur. Le futur, c’est justement ce qui nous fait rouler même quand il fait froid. Le futur, ce sont ces sorties, ces projets qu’on échafaude pour plus tard, qui vont mûrir à l’abri de l’hiver dans nos esprits féconds (et parfois très cons). Ces projets pour le printemps, l’été, l’automne qui viennent, ou l’année d’après, nous savons que nous avons le temps tout en sachant que tout peut s’arrêter demain, brutalement, par faute de pas de chance. Et tant pis si nous n’aurons pas tout fait, nous arrivons à des âges où la modestie s’impose.
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