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Queyras – Jour #4 -Cerise.

Au matin du quatrième jour l’histoire n’était pas terminée, loin de là. La soirée avait été longue, dense et le rhum aux litchis de e-Didier avait fait le reste. Il faisait aussi froid que la veille et l’avant-veille. Octobre en montagne, ça ne rigole pas vraiment. Nous paquetons nos affaires rapidement, Cyril doit passer nous chercher sur le coup de 8 heures et des bananes (au rhum) pour nos dropper au pied de la Casse Déserte, image d’Épinal de l’Izoard. Je suis venu là, déjà, il y a longtemps, j’étais gosse, quand je venais l’été du côté de Valloire avec mes parents en vacances. Et l’image que j’avais gardée de ce col imposant n’était pas loin de ce que j’ai pu voir à travers les vitres du minibus durant l’ascension. Inutile de dire que les jambes étaient lourdes, très lourdes, et que les 200 mètres de dénivelé du jour pesaient, dans ma tête, comme les 1 600 du deuxième. C’est dire.

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Queyras – jour #3 N’en jetez plus !

C’est quand il a fallu se déplier le troisième jour que les choses devinrent sérieuses. Nos cuisses nous le dirent d’emblée avant même le petit-déjeuner copieux. Comme la veille, nous décidons de filer à l’anglaise (même si Simon nous a fait faux bond ce coup-ci) et de laisser deux heures d’avance à Damien et e-Didier. Nous décampons, laissons de côté une coupe (bien nous en a pris) pour suivre la trace fournie par Cyril pour s’extraire du village. Rapidement. Par le haut. Là où ça fait mal. Par la route. Et au bout de la route. Le portage.

On est partis depuis 10 minutes, on a avalé 100 mètres de dénivelé et nous voilà, au bout de la route, déjà pied à terre, vélo sur le dos. On se dit, à ce moment-là, que la putain de journée va être longue. Ce n’est pas comme si on avait encore 1 500 m de dénivelé devant nous avant de rejoindre le pied de l’Izoard. « Mais c’est roulant » avait dit Cyril.

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Queyras – jour #2. La tannée

Le lendemain, il faisait frais au pied de Saint-Véran. Didier et moi partons avant les deux autres zozos, bien plus rapides que nous. Il est un peu plus de 8 heures quand nous décollons et quittons la trace pour monter à Saint-Véran par la route, histoire de se ménager au pied de la plus grosse journée du séjour, environ 45 km et 1600 mètres de dénivelé avec deux points hauts à plus de 2 800 m. C’est plus haut que le Canigó.

Didier, mais ça, c’était avant Chamoussière.
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Queyras. Jour #1 Ça passe crème.

Ce devait être les Canaries en hiver, ce sera finalement le Queyras à l’automne. Et quelle bonne idée ! Nous voilà donc partis à la mi-octobre pour un mini-trip de quatre jours au creux des Alpes. Voilà qui nous promettait du changement, on nous annonçait du dénivelé facile à prendre, plus facile que dans nos Pyrénées, des sentiers aussi lisses et deux que la peau d’une pêche en plein été (spoiler : c’est mensonger). Bref, nous étions impatients. Le tracé ? Grosso modo, c’était une partie du Tour du Queyras, une belle ballade à faire en 5 à 8 jours avec la bagatelle de 12 000 mètres de dénivelé. Par (mal)chance, nous n’avions pas le temps de tout faire cette fois-ci, il nous faudra revenir pour finir, quel dommage. Pour autant, Cyril (Guil-e Bike) qui était chargé de l’orga et du transfert des bagages, avait modifié la trace pour nous permettre, en trois jours et demi, de toucher du doigt l’essence même du coin. Nous étions les Fabulous four. Si si.

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Je me suis trompé.

À la mémoire de Benjamin.

On se demande, je me demande parfois pourquoi je fais tout cela. Ces heures passées sur le vélo même quand ça fait chier, même quand il fait froid, même quand la tramontane beugle dans la jugulaire du casque, même quand il pleut. Ah, non, pas quand il pleut, faut pas déconner. Je me demande parfois pourquoi ces kilomètres, ces heures, sur ces sentiers connus par cœur où je tutoie chacun des cailloux à force de les croiser. Pour la compagnie me direz-vous. Pas faux. C’est important la bonne compagnie. On voit les copains, on bavarde, on déconne, on fait les braves, on oublie le reste deux heures durant, on suspend le temps, on se chatouille l’adrénaline, on parle de l’après. Du futur. Le futur, c’est justement ce qui nous fait rouler même quand il fait froid. Le futur, ce sont ces sorties, ces projets qu’on échafaude pour plus tard, qui vont mûrir à l’abri de l’hiver dans nos esprits féconds (et parfois très cons). Ces projets pour le printemps, l’été, l’automne qui viennent, ou l’année d’après, nous savons que nous avons le temps tout en sachant que tout peut s’arrêter demain, brutalement, par faute de pas de chance. Et tant pis si nous n’aurons pas tout fait, nous arrivons à des âges où la modestie s’impose. 

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Non au nucléaire.

Je rigole. Il ne sera pas question dans ce papier de l’EPR ou des centrales classiques, bien que je sois intimement persuadé que cette source d’énergie est aujourd’hui, à court terme, la seule à pouvoir nous aider à rester dans les clous des scénarios du GIEC. Je vous rappelle qu’on a déjà oublié les +1,5 °C et qu’on est aujourd’hui sur le scénario à +2 °C.

Non, c’est d’un sujet autrement plus polémique, c’est dire, dont je veux vous entretenir aujourd’hui.

Le vélo électrique.

Alors non, je ne passe pas à l’élec. Et non je ne suis pas en colère contre ceux qui passent à l’élec, mais cela ne m’empêche pas d’avoir un avis très tranché là-dessus et une position toute personnelle.

Profiter tant qu’il est encore temps et possible

On me demande souvent si mon vélo est électrique. Et ma réponse est invariablement non. On me demande aussi si je compte m’équiper, plus tard. Et là je réponds toujours non.

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Torgnole à l’Estanyol 2

L’idée date, celle-là aussi, de quelques années et avait donné lieu à une première tout à fait épique en 2021. Avec toujours cette idée de partir de la maison à vélo, d’aller dormir en montagne et de rentrer le lendemain. C’est à la mi-juillet que le projet fut mis à exécution pour cette « Torgnole à l’Estanyol » deuxième version, du nord vers le sud, et retour. Et cette année, nous ne sommes que trois, Nico, moi et un soleil de plomb comme pour la première édition. Pourquoi l’Estanyol ? Parce que c’est un refuge non gardé, une maison forestière, situé sur le balcon du Canigó qu’emprunte le GR10, que l’endroit et beau, calme et qu’une source fraîche et généreuse habille l’ambiance forestière de son babil incessant. L’année dernière, nous étions partis de bon matin, comme dans la chanson mais sans Paulette, pour rejoindre le refuge par une combinaison de pistes et de sentiers. 

Le balcon reste difficile mais c’est quand même plus roulant dans ce sens là !

Cette année, nous ferions plus directs en montant directement à Prat Cabrera pour rejoindre le balcon et le rouler dans le bon sens, enfin s’il existe un bon sens, dans le sens descendant en tout cas avant de nous poser au refuge. Et bricoler tout le lendemain en enquillant les beaux singles joueurs de la vallée de la Lentilla pour retrouver nos pénates.

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L’avantage des crêtes

Au loin l’horizon. L’avantage des crêtes, au moins quand on les arpente, c’est justement d’avoir toujours le lointain pour horizon et non les perspectives étriquées de nos vies laborieuses. Je ne sais plus si je l’ai déjà dit, mais j’ai toujours été fasciné par les frontières terrestres, encore plus quand elles s’incarnent dans le paysage. Donc je voulais aller y voir.

Les paliers de la Carança

J’avais quelques sauts à vélo du côté du Puigmal à mon actif, mais l’attention requise par le pilotage en ces endroits forts délicats à rouler rend difficile la contemplation, même si l’on s’arrête de loin en loin. C’est à pied que je me trouve le plus à même de profiter de ces endroits. Après un chouette et tonique tour des Pérics en trois jours en 2021, mon amie Anne m’accompagne pour cette nouvelle aventure de trois jours également qui va nous mener sur des sentiers que je connais à peine pour un bol d’air à nul autre pareil.

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24 heures chrono : Canigó, tentative #2

Vous allez finir par croire qu’on est maso. Mais vous avez peut-être raison. Parce qu’en effet, nous avons remis le couvert pour tenter, sans plus de succès, de partir à l’assaut du Canigou. Échaudés par l’aventure de 2021, nous jetons cette fois notre dévolu sur la crête du Barbet, si proche du sommet du Canigó qu’on croirait pouvoir le toucher du doigt et sur laquelle j’étais passé à vélo quelques semaines auparavant, en octobre. Cette année, les conditions n’ont pas été réunies avant début avril, soit tard en saison, mais la neige était tombée en abondance en début de printemps. Il y avait encore plus d’un mètre autour du refuge de la Jasse des Cortalets à 2 000 mètres d’altitude ! Pour la montée, ben c’était moins dur qu’en 2021, probablement parce que j’avais bien roulé depuis, sans vraiment faire de pause durant l’hiver grâce à l’équipe des riders de nuit qui bravent le froid avec moi… L’équipe avait un peu changé. À la place de Marie, bien contrainte de rester au chaud pour s’occuper de sa petite Charlie nous avons embarqué Micky Boy qui avait une revanche à prendre, mais c’est une autre histoire que je conterai plus tard…

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Le goût des embruns au printemps

Dans le genre de trucs à refaire, parce que celui-là, on est allé au bout, ça, c’est une belle histoire. Au début, il y avait cette idée qui me trottait dans la tête depuis un bail, depuis que je prends le train parfois pour aller à Montpellier et que mon regard peut se balader à travers les étangs et les lagunes pour profiter du lever du soleil ou, au contraire, de la lumière rasante des fins de journée, l’hiver, quand il fait froid et que la tramontane provoque des tempêtes de verre d’eau. Peut-être est-ce l’heure d’une confidence, j’aime ces espaces entre deux, largement indéfinis, aux contours mouvants que sont les lagunes méditerranéennes (mais probablement aussi toutes les autres, j’ai depuis toujours été attiré par les ambiances ouatées des marais. D’où, peut-être, mon appétence, osons le mot, l’amour que j’ai, pour la langue et les obsessions de Julien Gracq).

Observer le sable.

Bref, revenons à nos vélos, il y avait donc un bail que je rêvais de rouler sur la plage battue par les rouleaux qui s’étirent entre La Franqui et Port la Nouvelle. J’avais bien regardé la carte, il n’y avait pas de raison que cela ne passe pas. À condition d’être correctement chaussé, détail qui a son importance, vous le verrez plus tard. Il suffisait de trouver l’occase, comme souvent. Et c’est l’ami Giorgio qui nous l’a procuré nous indiquant une table qui valait le détour du côté de Treilles, dans les premières entrailles des Corbières, non loin de La Franqui, justement. L’affaire était dans le sac, la trace rapidement imaginée et la date calée. Au mois de mars. Cela a aussi son importance, vous le verrez plus tard.

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Un Barbet pas barbant

Le Barbet me faisait de l’œil. Depuis longtemps. Depuis chez moi. Depuis tous les endroits où je roule en fait, il est tout le temps sous mon nez et me nargue de sa superbe. Je l’ai vu de près pourtant, à pied, mais l’envie d’y poser les roues m’accompagnait depuis que d’autres s’y sont essayés. Mais pour aller là-haut, il faut une dose certaine de confiance en soi. Parce que c’est une tannée. Vous me direz, ce ne serait pas la première. Ce n‘est pas faux, mais je ne sais pas pourquoi celle-là m’intimidait. Peut-être pour l’avoir déjà parcourue à pied ? Possible. Il fallait un bon compagnon pour cette aventure et François était chaud patate. Il faisait beau en fin de saison, nous mettons donc notre dévolu sur les premiers jours d’octobre. Cerise sur le clafoutis, on combine ça avec la venue des amis de Montpellier Loïc et David qui nous rejoindront sur la trace. (Loïc était de ceux qui avaient manqué « la bifurque qu’il ne faut pas manquer » lors de la Torgnole à l’Estanyol du mois de juin. Il avait une revanche à prendre et ça tombait bien puisque nous repassions par là). 

Le Barbet ? C’est la crête à gauche du sommet du Canigó.

Bref. Je décide, pour limiter les manips de bagnole du lendemain de laisser la mienne à Vinça où je prends le train pour rejoindre François chez lui à Prades. De là, nous monterons en voiture au col de Jou, point de départ de la balade. L’idée du jour c’est de monter peinard au refuge de Mariailles, en guise de marche d’approche, d’y dormir et de partir au petit matin pour accomplir notre grand destin du jour, un bon plus 1 000 mètres de dénivelé tout ou presque en poussage ou portage et la bagatelle de 2000 mètres de dénivelé négatif derrière, dont 75 % sur single. Vous avez dit tentant ?

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Torgnole à l’Estanyol

Partir à l’Estanyol et revenir défait, penaud, éreinté. Il fallait bien cela pour marquer cette première dans nos histoires personnelles. Laissez-moi vous la conter. L’idée c’était d’aller bivouaquer en montagne avec un groupe de copains triés sur le volet pour leur bonne humeur et leur capacité à supporter mes lubies. La lubie du jour c’était de partir d’Ille sur Têt et de rallier la montagne à vélo. Question de bilan carbone toussa. En gros, la promenade s’étirait sur deux jours avec un premier jour quasi uniquement consacré à la montée et un deuxième en grande partie consacré à la descente, par notamment un des plus beaux sentiers du département (si si je suis objectif). J’avais étudié la trace, sur le papier tout était parfait, il n’y avait plus qu’à.

Un samedi matin de juin nous nous retrouvons donc avec les zamis (Didier, Loïc, François, Giorgio, Marc, Nico, Peter, Philippe) au bistrot le Platane pour un café avant de courir après notre destin. C’était tôt, sur le coup d’un mi-juin qui annonce les matins d’été sans buée. La météo promettait une journée chaude mais rien d’anormal, a priori, nos organismes de sportifs de bas niveau étaient en mesure d’affronter la journée. Très vite pourtant, il n’était même pas 9 heures, il nous a fallu nous rendre à l’évidence. L’affaire allait être compliquée à gérer. Arrivés au prieuré de Serrabonne, nous nous sommes tous réfugiés à l’ombre du bâtiment. Signe qui ne trompe pas.

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