Torgnole à l’Estanyol 2

L’idée date, celle-là aussi, de quelques années et avait donné lieu à une première tout à fait épique en 2021. Avec toujours cette idée de partir de la maison à vélo, d’aller dormir en montagne et de rentrer le lendemain. C’est à la mi-juillet que le projet fut mis à exécution pour cette « Torgnole à l’Estanyol » deuxième version, du nord vers le sud, et retour. Et cette année, nous ne sommes que trois, Nico, moi et un soleil de plomb comme pour la première édition. Pourquoi l’Estanyol ? Parce que c’est un refuge non gardé, une maison forestière, situé sur le balcon du Canigó qu’emprunte le GR10, que l’endroit et beau, calme et qu’une source fraîche et généreuse habille l’ambiance forestière de son babil incessant. L’année dernière, nous étions partis de bon matin, comme dans la chanson mais sans Paulette, pour rejoindre le refuge par une combinaison de pistes et de sentiers. 

Le balcon reste difficile mais c’est quand même plus roulant dans ce sens là !

Cette année, nous ferions plus directs en montant directement à Prat Cabrera pour rejoindre le balcon et le rouler dans le bon sens, enfin s’il existe un bon sens, dans le sens descendant en tout cas avant de nous poser au refuge. Et bricoler tout le lendemain en enquillant les beaux singles joueurs de la vallée de la Lentilla pour retrouver nos pénates.

Il n’est pas sept heures quand Nico me rejoint à l’entrée des gorges de la Guillera. La route est longue, la température annoncée effrayante, autant ne pas traîner pour prendre de l’altitude quitte à arriver à deux heures à notre destination. Cela laisserait le temps de faire une bonne sieste. Chemins, routes, vieilles pistes, nous voilà assez vite au pied du mur. En l’espèce, à Estoher, une ascension d’une bonne vingtaine de kilomètres et un peu plus de 1 500 mètres de dénivelé. Et déjà, nous sommes à court d’eau, la fontaine d’Estoher étant indiquée comme non potable. Tant pis, il nous en reste, nous ferons le plein au Mas Malet, premier refuge sur notre chemin. 

Nous arrivons au col del Forn, à 700 m d’altitude et il fait déjà très chaud. La journée sera longue. J’ai déjà poussé mon vélo dans la dernière rampe avant le col, celle qui fait toujours aussi mal. Nous poursuivons à bon rythme ensuite vers le Mas Malet. Où la source est tarie… Bon, il va falloir prendre notre soif en patience. On verra au refuge de la Moline. Le temps de croquer deux barres et nous poursuivons. Nous déroulons sur la piste en essayant de nous ménager. Soulagement, à La Moline, la source coule de tout son saoûl, c’est la pause tant attendue avant d’entrer dans le vif du sujet, nous sommes au fond de la vallée à 1 200 mètres d’altitude, il nous faut grimper jusqu’à 1 800 et la piste, à partir de là, ne rigole plus du tout. Allongé dans l’herbe, à l’ombre d’un arbre, ma soif étanchée, je m’endors comme un bébé. Cette sieste sera salutaire. La suite est moins marrante. On roule quand on peut, on pousse quand il faut, chacun son rythme surtout, nous sommes autonomes dans la difficulté. Nous nous posons à l’ombre au-dessus de Prat-Cabrera avant de nous engager dans le balcon. Nous sommes fatigués avec environ 40 km dans les pattes et si la température est un peu moins étouffante grâce à l’altitude, les rayons du soleil brûlent la peau. 

La fatigue rend la progression difficile dans la toute première partie du balcon en dépit de la pente descendante. Il faut du jus pour arriver à la Carnisseria, et perso, là j’en manque un peu mais on arrive à profiter de bons moments de plaisirs quand même. Une fois passé ce grand couloir d’avalanche, la trace est moins difficile, plus joueuse, nous sommes dans la forêt, il fait bon et la perspective d’arriver au refuge dans quelques dizaines de minutes, d’y trouver de l’eau fraîche puisque la source du Pinateil, sur laquelle nous comptons, ne coule plus, nous rend le sourire. On est à peine en milieu d’après-midi quand nous déboulons sur la plateforme de l’Estanyol. Éreintés mais contents ! Là, un couple de jeunes randonneurs lancés sur le GR10 avec un peut-être un peu de légèreté (ils sont partis de Banyuls) était en plein débat existentiel sur la suite à donner au lendemain. Nous mettons à leur service notre connaissance du coin. 

En attendant nous nous installons, nous nous rinçons à la source, buvons des litres d’eau fraîche, Nico va chercher du bois pour faire griller, bref, nous prenons possession des lieux comme de vieux habitués. Nous serons rejoints plus tard par un couple d’anglais fort âgé, à qui nous avions grillé la politesse à l’entrée du balcon. Comme nous ne sommes pas méchants, nous avons partagé les deux couples, qui se nourrissaient de potions déshydratées, une partie de notre casse-croûte de Pantagruels en goguette. La montagne est une histoire de partage. Au lit de bonheur (mais aussi de bonne heure), Nico a roupillé avec les sangliers, moi dans le refuge et bien dormi, pour de bon. 

Bien décidés à éviter la chaleur nous fûmes les premiers à partir le matin, sur le coup de 7 heures environ. Le jour était levé mais la forêt encore à l’ombre sur ce versant. Et de suite, c’est régalade dans le premier sentier vers Valmanya. On a beau le connaître par cœur, c’est toujours aussi bon. Le deuxième, après notre remontée au col de Palomère, sera tout aussi bon. Nous comptions ensuite nous arrêter au bistrot à Baillestavy pour prendre un café. Mais à neuf heures, c’était toujours fermé. Dommage. Nous avons poursuivi pour aller chercher la descente du banc vers Joch, là encore un joli caviar connu par cœur. 

Joch ? C’est en bas. Y’a plus qu’à se laisser glisser.

Là, à Joch, le café était ouvert. Il était 10 h 30. Et nous avons pris la décision, sans trop de mal, de renoncer à continuer. J’avais imaginé que nous pouvions remonter encore pour aller chercher un autre single un peu plus haut, mais la chaleur déjà intense, nous a convaincu du contraire. Il ne nous restait plus qu’à rejoindre Le Rabassou, bonne table du secteur où nous avions prévu d’achever le périple devant une bonne bière et un bon morceau de bœuf. L’affaire était dans le sec, et ce tour est vraiment chouette. À refaire, quand il fait moins chaud !

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