Causse toujours (2 et 3).

Jour 2. Levé un peu après l’aurore, j’offrais un café à Lucie Scott, concurrente de la French Divide qui s’était trompé de sentier pour faire le tour du lac, puis je pliais mon campement pour rejoindre Florac. Je me laissais glisser entre les gouttes toute la première partie de la journée, sous un ciel relativement couvert. Une aubaine parce que la température était presque fraîche et que je pouvais me concentrer sur le mal de cul, en dépit de la crème abondamment passée cette fois avant le départ. Au petit village de Laubert je trouvais à refaire mon stock d’eau à la fontaine avant de poursuivre pour atteindre le col de la Pierre plantée, point de partage des eaux entre le Rhône à l’Est, la Loire au Nord et la Garonne à l’Ouest.

On n’est pas bien là ? Au calme ?

À 1 260 m d’altitude, ce col marque la conjonction des trois bassins-versants.

Je continuais toujours accompagné que quelques gouttes amicales à travers la forêt pour finalement arriver au château (en chantier) de Tournel et de fondre dans la vallée pour rejoindre, au prix d’un petit coup de cul, Bagnols-les-Bains où je comptais prendre un café. Celui-ci descendu avec une part de pizza et une tarte à la pomme, j’entreprenais la longue (et douloureuse pour le cul) ascension qui me rapprocherait du Mont Lozère. Au prix, là encore, de quelques poussages énervant quoique relativement limités en longueur. C’est au bout de cette ascension que je quittais la trace de la GTMC pour me lancer dans celle que j’avais imaginée au long de l’hiver, en particulier cette crête dégarnie plantée de menhirs. La piste était belle avec vue à presque 360° et j’étais à quelques encablures de Florac tout allait pour le mieux, je jouissais du moment, du spectacle en dépit du mal au cul…

Jusqu’à ce moment où, au milieu de la piste, à quelques mètres du début de la descente finale, je tombais nez à nez avec un taureau bien plus gros que moi et d’allure assez peu engageante. Vu que j’avais quitté la trace que j’avais dessinée, c’était le bon moment pour revenir sur mes pas et reprendre le projet initial. Las, la trace n’existait que sur la carte et je me suis trouvé à bartasser dans l’herbe haute, à zigzaguer entre les buis le long de la falaise, pendant 45 minutes pour déboucher 10 mètres sous le taureau et une piste qui n’existait elle aussi que sur la carte…

Passons, je trouvais un camping accueillant à Florac, patelin bondé à cause des fêtes du village et je filais prendre une douche méritée et croquer une pizza en ville.

Jour 3. Alors sortir de Florac, même par la route, c’est un chantier. Au point que j’ai doublé un cycliste (route) à pied sur la route. « C’est dur ici, pas assez de dents derrière » me lança-t-il. J’acquiesçais du mieux que je pouvais tant le mal de cul m’incommodait. Une fois en haut, j’allais pouvoir attaquer la traversée du causse Méjean, c’est un peu à cause de lui que je m’étais écarté de la trace de la GTMC. Parce que j’en rêvais depuis longtemps et que je n’y avais jamais mis les pieds ni les pneus (de ma voiture). Et la traversée fut à la hauteur de mes espérances.

C’est tout droit, on peut pas se tromper !

J’ai aimé ces grands bouts droits dans les herbes grillées, les chaos de pierres plantées là en grand désordre comme des playmobils dans une chambre d’enfants, le zigzague improbable et sans raison des pistes dans le paysage, les ondulations du relief. J’ai profité à plein, c’est l’avantage d’être seul, m’arrêtant pour faire une photo ou juste contempler le paysage (ce qui permettait aussi à mon cul de se reposer utile et agréable). Je refaisais de l’eau dans le hameau de Villeneuve à quelques encablures du chaos de Nîmes le Vieux que je traversais vite fait pour rejoindre la route, moins douloureuse pour mon séant.

Je filais ainsi jusqu’à un bout de sentier pour atteindre Meyruès, acheter du cicalfate (pour le cul) et de la biafine (pour les coups de soleil) et manger un Liégeois au chocolat. Le plus dur de la journée était plié, me restait à rejoindre Lanuéjols où je comptais trouver un lieu de bivouac non loin du village. Finalement, après avoir dépanné une petite dame à vélo électrique qui perdait sa pédale, au sens strict du terme, je poussais plus loin que Lanuéjols, une dizaine de bornes, pour m’alléger la journée du lendemain. Bien m’en pris, je trouvais refuge, au bout d’un très très beau morceau de sentier à dévaler, au chouette camping du Trévezel, dans les gorges éponymes au village de Trèves. L’auberge du village me permettait en plus de faire un repas complet après la douche, que demander de plus ? Un orage pendant la nuit ? Ce fut fait ! (à suivre ici et épisode précédent ici)

Les traces.

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