C’était une idée, comme il en faut parfois, un peu bête mais diablement réjouissante. Les lecteurs fidèles de ce blog savent en même temps que c’est un peu le genre de la maison. L’idée c’était donc à quelques jours de mes 45 ans de m’aligner sur un enduro, histoire de savoir de quoi je parlais vraiment, mais surtout pour rouler avec les copains, Loïc, Jackman et Franck, qui devra finalement renoncer par la faute à la reco de trop. Bon, que les choses soient claires, je n’avais nullement l’envie de courir pour la Race, pas envie de me mettre la rate au court bouillon, de toute façon j’en aurais été incapable ! Le but du jeu était plutôt d’arriver à rouler proprement, le plus proprement possible et d’aller jusqu’au bout. Il faisait un temps de rêve samedi matin à Corbère donc pour cet enduro, organisé par le club local et comprenant six spéciales sur des terrains que je connais pour certains par coeur.
Au départ du village, pour rejoindre la première spéciale, il fallait déjà suer sang etBlog
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28 octobre 2015 by yannOn a fendu les nuages !
J’avais déjà roulé à Maçanet l’hiver dernier et m’étais promis d’y retourner tant les traces sont sympas à rouler, vives, avec des défis, parfois pentues et toujours sacrément belles. En gros un pur spot. Nous partîmes à quelques uns et une donc, nous donnant rendez-vous au Boulou pour rouler ensuite de conserve jusqu’à la petite bourgade planquée à l’ombre des Salines.
La météo était formelle, ça allait se lever, si si. Sur place, le ciel bas et lourd pesait sur nos têtes accroché à mi-pente aux branches des chênes. Nous ne voyions pas les cîmes mais comme nous devions bricoler dans la pente, cela n’était guère inquiétant.
Notre petite troupe en marche, nous avons attaqué l’ascension par la petite route et son coup cul pour mettre le moteur à bonne température, puis quitté l’asphalte, pris la piste et trouvé un rythme de croisière qui s’amuse. J’avais un doute sur la bifurcation, nous nous en sommes donc remis aux traces GPS que nous avions chargées la veille, elles nous indiquaient de continuer à monter, nous avons donc continué à monter. Longtemps.
À mesure que nous prenions de l’altitude, croisant une bétonnière, étant doublés par des chercheurs de champignon, nous nous enfoncions dans les nuages, l’air prenait consistance, s’incarnait, devenait palpable par la grâce de ces milliards de gouttelettes d’eau en suspension délicate. Les petits arbres de la forêt méditerranéenne avaient aussi laissé place aux hêtres des hauteurs, la piste s’élevait doucement, nous enchaînions les épingles comme d’autres enfilent des perles. Bref, bientôt nous fûmes en haut, attendant bave au bec de trouver l’entrée du sentier qui allait nous faire dévaler les 600 mètres que nous venions de prendre. Mais point de sentier. La piste filait à flanc, descendait légèrement même, toujours plongée dans un brouillard intense et sans fond de carte sur le GPS, nous étions toujours sur la trace, il était difficile de se faire une idée précise du bazar.
Mais nous étions assez éloignés du point de départ. Franck a fini par dénicher le sentier que nous cherchions en contrebas de la piste, une jolie trace de terre souple cachées sous quelques feuilles. Il faisait assez chaud, 16° quand nous avions quitté le parking et l’atmosphère chargée d’humidité, la végétation couverte d’une fine couche d’eau, faisait un peu penser à l’hiver aux Açores. Mais nous étions enfin dans la descente. Et quelle descente. L’entame est facile rouler, dans la forêt, c’est joueur sans difficulté. Puis ça se corse. La pente s’accentue et le sentier se fait vraiment GR. C’est typique de Maçanet, des gros blocs de pierre, une trace qui bricole insensément, tournicote, se rompt pour t’envoyer droit dans la pente…
Le tout étant rendu un peu plus glissant qu’à l’accoutumée, certains passages devenaient tendus, le granite lorgnait avec gourmandise sur nos dérailleurs. Mais qu’est ce que c’était bon (et long !). En dévalant le GR nous étions un peu comme des gosses butant parfois sur les difficultés, riant aux autres endroits, exultants quand nous parvenions à franchir nos appréhensions en domptant le sentier. Enfin, je parle de ceux qui roulaient derrière, les autres devant nous attendaient à chaque croisement avec la piste. Jusqu’à ce que je crève sur une pierre patibulaire et que Franck explose son pneu sur la même pierre juste derrière.
Nous ne savons pas de quoi nous avons été punis, mais nous avons été punis. Je m’en suis sorti avec la même posée par François, Franck lui a dû se résoudre à la chambre pour repartir. Au final nous avons débouché de nouveau sur une piste qui a failli nous renvoyer direct en bas quand il m’a semblé reconnaître, alors que nous dévalions à bonne vitesse, une des liaisons entre singles que nous avions empruntée l’hiver dernier. Le temps de faire des étincelles, je bloquais le groupe et nous repartions à rebrousse-piste par un raidillon qui était plus sympa dans l’autre sens. Mais la suite en valait la peine.
Une descente pas bien longue mais shapée avec goût dans la forêt, avec des relevés, des appels, un flow incroyable, ce genre de trace qui te met la banane pour deux heures et dans laquelle tu oublies l’appareil photo dans le sac. Une petite grimpette (encore un peu sèche mais c’est aussi ça Maçanet) plus tard, nous attaquions la dernière descente (pour François, Simon, Jake, Oscar et sa selle en vrac et moi)…
Un modèle de truc chiant avec des caillasses pas franches posées là en vrac. Un dernier petit run au dessus de la route, tout en souplesse et nous étions revenus au parking. Bière, saluts, il était l’heure de rentrer bosser au bout d’une petite heure de route. Nous avons confié nos rêves à ceux qui restaient pour un tour de plus sur le tracé de la DH, Mag, Nico, Miguel et Franck. [le récit et les photos de Franck au bout de ce lien]
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23 octobre 2015 by yannC’est bien en automne aussi
Revenir sur des traces connues à différents moments de la saison permet d’en apprécier les changements. Voir de les découvrir sous un autre jour. Monté au refuge de Mariailles, après avoir pris sacrément cher dans la grimpette (hum) depuis le col de Jou, j’ai laissé mes camarades du jour aller toucher la Croix de Lipodère. Le point haut que j’avais assigné pour cette jolie sortie. J’allais tranquillement les récupérer à mi-pente par une piste moins ardue pour mes jambes douloureuses (trop de boulot, nourriture erratique, peu de sommeil).
Prenant le sentier à l’envers, je regrettais un peu, c’est vrai, de n’avoir trouvé l’énergie pour les accompagner. La trace était parfaite, souple, à peine couverte des feuilles des bouleaux frappés d’automne, les herbes hautes qui parfois, encore vertes, gênent la vision durant l’été n’étaient plus qu’un souvenir, des filaments jaunis, presque blancs, abandonnés par la sève pas idiote. J’ai bricolé un moment en attendant, remontant un peu le sentier, cherchant à tout hasard quelques champignons, en vain. J’ai arrangé un peu la trace, ôtés quelques pierres échouées là tant par inadvertance que par les facéties des orages.
Bref. Assis dans l’herbe, je vis passer à 25 mètres de là deux renards à quelques secondes d’intervalles avant que Damien déboule sur le sentier. J’étais posté, photos tout ça, et le reste du groupe finissait par nous rejoindre. Un peu pris par le temps, nous décidions alors de ne pas poursuivre cette descente jusqu’au Randé, la remontée vers Mariailles nous aurait plombé, mais de filer direct au deuxième caviar du jour, la descente du col de Botifarra.
Celle là, quelques sont les conditions, est toujours extra du haut en bas. L’entrée en jeu est un peu brutale, c’est souvent droit dans le pentu, il y a quelques pierres et des racines mais surtout, les arbres ont poussé à 10 centimètres les uns des autres rendant le pilotage subtil, délicat, on aimerait des fois avoir un cintre rétractable.
Puis un léger replat nous a offerte une vue superbe sur la vallée de la Rotja parée des couleurs de l’hiver approchant. Inutile de dire que Damien étant parti en tête on ne l’a plus revu ! La trace s’assagit ensuite un moment, la pente se fait souple, la trace zigue et zague, on lâche les freins, jusqu’à cet enchaînement d’épingles dans l’herbe, c’est du tout bon. Comme elle n’est que peu roulée, cette trace est vierge d’appuis, le sentier est parfois difficile à suivre, il passe au ras d’arbres, mais le bonheur qu’il vous met dans les bras est incomparable. Puis la forêt s’épaissit, la couche de feuille au sol pareillement, le sentier s’enfonce, se creuse dans la pente, les épingles se font serrées, des cailloux imposants surgissent et c’est encore là un drôle de bon moment à passer qui mobilise, comme dans la partie haute, la capacité à engager et la technique.
On s’arrête, forcément, pour faire quelques photos et mon téléphone sonne. C’est Damien, en bas depuis 15 minutes qui s’inquiète de savoir si on a eu un accident. Nous reprenons donc notre route et filons vers la vallée. La dernière partie de la descente demande à relever encore le niveau, la trace est toujours aussi étroite, les arbres se resserrent et les bras commencent d’être douloureux.
À la rivière, qu’il faut traverser avec précaution ça glissouille un peu, il reste encore un joli petit bout de ride tantôt à flanc tantôt dans la pente… Juste comme une cerise en plein automne.
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12 octobre 2015 by yannCafé vous avez dit café ? (Gabatxie)
Il y avait longtemps que l’envie me taraudait d’aller rouler du côté de Carcassonne, à l’ombre du Pic de Nore. Ce fut chose faîte samedi dimanche, grâce à l’entremise de Fred et de sa connaissance pointue des sentiers du coin. Rendez-vous nous avait été donné de bonne heure à Villegly, c’est donc nuitamment que nous partîmes, les un des Pyrénées-Orientales, les autres d’Hérault, pour nous laisser mener par le nez chez les gabatx. Avec la grillade prévue dans la foulée, on s’était dit qu’un petit café ferait du bien avant même de partir rouler. C’est donc Loïc qui se chargeait, tard la veille au soir, de le préparer et de le thermosiser (action de mettre le café dans le thermos). Une fois sur place, bien excité par la perspective de rouler ensemble, nous avons bel et bien oublié le café dans le coffre. Nous consolant un peu plus tard en nous disant, chacun sur nos vélos, qu’on allait déjeuner tout à l’heure et que nous aurions ainsi du kawa pour clore le repas.
L’entrée en matière que nous avait concocté Fred était sérieuse, faite d’à-coups, de coups de cul, rien de bien méchant, mais c’était tôt et nous avions fait plus d’une heure et demi de route. On sentait bien toutefois l’obsession du traceur compulsif qui n’hésite pas à imposer un détour de 30 mètres pour rouler sur un bout de sentier plutôt que de rester sur la route ! Très vite, nous avons surplombé quelques petits canyons calcaires, autant d’invitation à jouer, à faire les idiots dans les dégueuloirs naturels pour le plaisir de la photo, à casser la moyenne horaire en petites miettes.
Fred nous avait prévenu, ces montées et descentes n’étaient qu’un hors d’œuvre, une mise en température, un tour de chauffe. Mais il y avait quand même de bons petits bouts de descentes, rapides, dans les bois généralement ou en léger surplomb du vide ou dans la végétation rase mais agressive au milieu de laquelle la trace survit comme elle peut sous nos roues. Puis vint le plat de résistance. Alors je vous préviens tout de suite, il n’y aura pas de photos du plat de résistance. Pour deux raisons. La première c’est que ce plat était en fait un fond de rivière vaguement délaissé par l’eau, donc en fond de vallée, donc à l’abri du soleil déjà bas en cette mi-octobre. La seconde, c’est que, ben, c’était tellement bien qu’on n’a pas pensé à s’arrêter !
Donc, fermez les yeux, ah ben non, sinon vous ne pourrez pas lire, donc imaginez un peu. Un fond de vallée plongé dans l’ombre. Un gros ruisseau pavé de grandes dalles mal dégrossies mais bien roulables, des ruptures dans la pente, des bouts droits dans la terre meuble sur la rive, encore des dalles, encore de la terre, tiens une rupture, un coup de cul, ah un peu d’eau… Au poil.
Que du bon qui te donne envie de faire demi-tour pour recommencer, comme au manège. Mais il se faisait tard, les crampes arrivaient pour Giorgio qui devra penser à arrêter de fumer aussi, l’appel du barbecue se faisait pressant, attisé par les odeurs s’échappant des maisons sur le coup de 11 heures 30. Nous avons rejoint en convoi la partie basse de la descente de Limousis à travers un champ de menthe qui nous en a mis plein le nez. Puis filé plein gaz dans les singles encore trois étoiles pour retrouver Villegly, mettre le barbec en route et s’hydrater.
Au final, c’était bien bon, la compagnie était parfaite, le temps au top. On recommence quand Fred ? Je crois qu’il y a d’autres spots en plus non autour de Carca ? Parce qu’en plus, vous savez quoi ? Ben le café, on ne l’a toujours pas bu !
(plus de photos sur la page facebook du blog !)
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21 septembre 2015 by yannCe n’est pas du vélo mais…
Louis-final from yann kerveno on Vimeo.
On parle souvent du vélo comme une danseuse… Mais la danse n’a rien à voir avec le vélo. Un court film réalisé durant l’été avec mon fils Louis autour de sa passion.
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17 septembre 2015 by yannWhere is Simon ?
Alors voilà. Il y a avait un curieux vent de sud-ouest, très chaud, un truc bizarre mais assez fort avec de bonnes rafales pour faire chier sur la route. Alors voilà, il y avait Jackman et Simon, et une petite après-midi de ride prévue pour se délester d’un début de semaine fort dense (pour moi). Alors voilà, Jackman et Simon sont arrivés avec 25 minutes de retard et le temps de tourner deux âneries pour un projet futur (stay tuned guys), nous attaquons la montée en tentant de définir le programme de l’après-midi dans un semblant de démocratie fatiguée. J’ai fait un putsch et emporté le morceau, nous allions monter à la cuve (les habitués de Corbères comprendront) pour descendre sur Saint-Michel (un trail inconnu de Simon), avant de remonter à la dite cuve, d’aller fair un tour aux dolmens pour finir par la minimaxi. Genre. Tout en discutant d’une éventuelle participation à l’enduro de Corbères en mode « supermasters » pour Jake et moi, nous avons fini par atteindre le sommet et organisé l’ordre de passage en fonction de la vitesse moyenne habituelle de chacun, Simon devant, Jake puis moi.
Passé le long passage en crête, je suis arrivé dans la première épingle m’étonnant de ne plus voir personne devant moi, au moins Jake (Simon est intouchable). Bon, me suis-je dit, ils sont à font, je vais poursuivre mon chemin. Au pylône, personne non plus. Là, je me suis dit, mince, ils vont se planter, prendre le nouveau single ouvert et finir sur la piste au lieu de remonter chercher la dernière partie du single qui arrive au petit pont. Je me suis engagé sans tarder pour voir s’ils m’attendaient dans la raquette d’où part le sentier à tout hasard. Que nenni. Donc, j’ai repris le single qui finit sur la piste, persuadés qu’ils seraient là à m’attendre. Peine perdue. Ça devenait chiant. Je me suis donc dépêché de descendre par la piste jusqu’au croisement suivant du single avec la dite piste. Personne. J’ai fini par me jeter dans le dernier bout du single pour arriver en bas pour ne trouver… Personne. Là j’ai sorti le tél, donné un coup de fil à Jake qui s’était gouré tout en haut et avait fini par retrouver son chemin. Trois ou quatre minutes plus tard, il était là. Mais pas Simon.
Bref, on on a cogité.
Cogité pour essayer de savoir comment et où Simon avait pu se gourer et comment il pourrait éventuellement réagir aux différentes options se présentant à lui. Bien sûr, il n’avait pas son téléphone. Séparant notre groupe minimaliste en deux nous entamions les recherches, Jake remontait le single en portage pendant que je le rejoignais par la piste, au cas où. Mais au croisement rien, sinon Damien qui terminait sa séance de fractionné en 29 en survolant le single. Là, on a parlé de Marc Knopfler, des accords de Money for nothing, d’une jam session prévue aujourd’hui à laquelle il fallait adjoindre un batteur, Benoît en l’occurence, des guitares que Jake devait préparer, bref, on a oublié Simon. Finalement, le plus sage était ensuite de rejoindre la voiture de Simon, compte tenu de l’heure il y était probablement retourné. À bloc sur la piste (enfin, presque) nous décidons de prendre un bout de single, j’avais prévu de rentrer et Jake risquait moins de se perdre sur la route. À l’entrée du single, au moment de remettre son casque, il me dit (en anglais) « merde, j’ai perdu la mentonnière ! Il faut que fasse demi-tour pour la retrouver ! » Ce qui semblait assez simple, elle était probablement tombée quand il remontait le sentier en cherchant Simon.
Bref. on a bien rigolé.
De mon côté, je filais jusqu’à la voiture au cimetière de Corbères, où je retrouvais Simon. Of course. Tranquillement installé dans sa caisse, vélo rangé. Je lui raconte l’histoire, lui explique que Jake nous attend à Saint-Michel parce qu’il a paumé la mentonnière de son casque et là sans se départir du flegme naturellement attribué aux citoyens de leur majesté, il lâche laconiquement : « La mentonnière ? Mais elle est là, dans la voiture… » Bref. on a bien rigolé. Le temps de retrouver Jake c’est devant quelques bières que nous avons pu reconstituer l’histoire de l’après-midi. Un peu celle du furet de la chanson. Après avoir pris la même mauvaise direction que Jake en haut du single, en allant beaucoup plus loin, il a fini lui aussi par faire demi-tour pour reprendre la bonne trace, mais derrière nous. En résumé, je pensais que j’étais le dernier mais j’étais le premier, Jake pensait être le dernier mais il était deuxième, Simon pensait être perdu et il avait raison. Ensuite, il a commis l’erreur que j’avais imaginé. Tombé sur la piste, il a emprunté le même chemin que moi avant de prendre la décision de revenir à la voiture. Il est probablement passé sur la piste, au croisement du single, entre mon passage et celui de Jake… Ne nous voyant pas arriver, il a ensuite pris sa voiture pour voir si nous ne traînions à Saint-Michel, il est probablement passé pendant que nous discutions avec Damien. Dommage que tu n’aies pas eu ton téléphone Simon, la fonction survol de Strada nous aurait offert une autre occasion de vie rigoler de cette « spicy afternoon » !
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7 septembre 2015 by yannJe rame à la Ramade.
L’affaire avait commencé comme une vidéo de vélo. Un réveil qui sonne trop tôt dans le noir, il était 5 heures, un brossage de dents, le temps de passer un short, trois épaisseurs, de rester 5 minutes devant le grille-pain éteint à attendre que le pain soit grillé et les vélos étaient chargé dans mon scenic familial sept places.
Avec Franck et Xavier, nous avons pris la (longue) route du Capcir, dans le noir, sous les nuages, redoutant de trouver la pluie là haut. La voiture garée on a vite compris que ça ne rigolerait pas. Il faisait 3°. Le temps de croiser les copains, de récupérer la plaque, et nous voilà à 40 à l’heure sur la route, déjà frigorifiés !
Heureusement, l’entrée sur le single quelques centaines de mètres plus tard allait nous permettre de nous réchauffer et, un peu plus loin, une fois la piste rejointe à Formiguères, d’enlever une première couche.
Ça bouchonnait un poil sur le sentier, mais une fois sur cette piste, le troupeau s’est vite étiré, chacun a pris son rythme pour arriver en haut de la première petite bosse au ravito. C’était un peu compliqué pour moi qui essayait de gérer un début de crise d’asthme, départ trop rapide certainement, qui, combiné à l’altitude, 1500 m, ne me laissait guère de latitude. Là, nous avons pu goûter la décoction miracle de Patrack (la recette est jalousement gardé, mais y’a du gingembre et pour un peu on connaitrait tous une polonaise qui en prenait tous les matins au petit déj.)
Le premier bout descendant était parfait pour se mettre en jambe, un joli single dans la forêt, l’odeur de l’humus mouillé, une trace rapide, très rapide, trop rapide. En fait. Une fois dans le fond de la vallée, atteint en quelques dizaines de secondes, nous avons pris un joli sentier à plat puis une petite bosse en poussage pour retourner une nouvelle piste devant nous amener au premier « vrai » premier point haut de la journée.
Et là, ce fut long. Très long. C’était peinard, d’abord, le revêtement était correct, le rendement itou, puis Laurent, Jérémy et les autres nous avaient collé un bout de vieille piste, avec de l’herbe. « Ils sont joueurs, donc on y va. » Nous sommes tous entrés dans la pente un peu raide du départ, tout à gauche, en se disant que c’était juste pour rire, que ça ne durerait pas. Mais ne fait, ça ne rigolait pas ! Un maigre replat plus tard, qui laissait reprendre quelques forces, ça repartait de plus belle. J’ai marché un peu, quelques dizaines de mètres, puis suis remonté sur le vélo pour essayer d’avancer un peu plus vite. J’étais seul à ce moment là. Franck était loin devant, Xavier, Giorgio, quelque part derrière. Je roulais un moment avec Thierry et Célia mais finissait par marcher. Y’avait probablement une dent en trop sur mon pédalier pour mes poumons encore en feu. J’ai dû pousser le vélo au moins 10 minutes.
En haut, j’ai douté, c’est vrai. Nous avons repris une piste qui descendait cette fois, la vitesse glaçant la peau sous les maillots. Puis, nous avons changé de piste, et ça remontait. Soleil, pente un peu moins raide, je retrouvais Célia et Thierry, m’arrêtait faire une photo, voire deux, avant de toucher le sommet du single. Quand même. Parti comme un mort de faim sans même m’arrêter en haut, je manquais de me satelliser dans le premier virage surpris par un peu de terre mouillée, avant de me reprendre, de m’arrêter encore faire quelques images, puis de repartir, domptant les racines, pour une fois. C’était bien bon, mais bien court.
Retour au ravito, encore un peu de décoction de Patrack, Franck m’avait attendu depuis un moment. Sans tarder nous filions plein gaz vers Fontrabiouse pour en terminer avec la première boucle de 24 km par un long bout de piste et quelques morceaux de singles rapides. De retour au départ, nous étions circonspects, pour le moins. Nous avions monté beaucoup pour peu de récompense en sentiers lors de cette première partie. Et de nous dire alors que nous sommes finalement drôlement exigeants, ascendant brise-burnes. Bref, nous nous engagions sans trop tarder dans la deuxième des trois boucles, celle qui comportait la plus grosse grimpette entre Réal et le col de Sansa puis une (jolie) paille pour aller chercher un single à dévaler au pied du Madres (nous étions déjà passé par là au printemps).
Là, j’ai ramassé pour de bon. Après la liaison le long du lac, très sympa à rouler, j’ai payé les efforts du matin, la dent en plus sur mon pédalier. J’ai appris que ça passe partout en effet, ou presque, mais moins longtemps. Je sais ce que je vais travailler cet hiver ! Même si je suis parvenu à rattraper d’autres gars dans la montée (le truc qui ne m’arrive normalement jamais, Christophe et Franck m’ont attendu un bon moment. L’entame de la descente était pourrie, enfin, le truc que je n’aime pas, des grosses caillasses qui roulent partout sous les roues. Après le refuge, c’était beaucoup plus plaisant, une large trace dans la forêt. Je n’arrivais à pas suivre Franck mais je m’accrochais dans la roue de Christophe qui m’avait accompagné une bonne partie de la montée. Après on s’est calmé.
Dévalant un morceau de piste à toute vitesse, nous avons été arrêtés par le motard de l’organisation. Un participant avait fait une très vilaine chute sur cette portion rapide, avait perdu connaissance et avait le visage en sang. Le temps de donner une couverture de survie, de savoir qu’on ne pouvait rien faire de plus le temps que les secours arrivent, nous avons repris notre chemin.
Du coup, Christophe me laissait ouvrir devant lui quand Franck avait déjà disparu. Bref, cette descente de 500 m de dénivelé est bien agréable à rouler, très vive et joueuse. Mais sur la fin, nous avons un peu levé le pied. Je savais déjà, en bas, que je ne ferai la dernière boucle, il y avait encore 500 m de d+ à prendre, j’avais vaguement mal à la tête depuis trois heures, j’aurais roulé à 2 à l’heure, ça ne valait pas la peine.
Franck et Christophe m’accompagnaient pour aller casser la croûte, une bonne fideua de montagne, j’en profitais pour chercher mes clés dix fois, boire un verre et bavarder avec les autres, ceux qui avaient fait la totalité du parcours comme des avions. Et pour une fois, je suis rentré avant l’heure en bavardant avec Franck de nos projets communs (mais j’y reviendrai), quand Xavier piquait un roupillon de première à l’arrière !
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25 août 2015 by yannLe vélo est une mécanique.
Un sujet très éclairant de Bike Magazine (US) autour des questions liées au VTT, aux espaces naturels, à la cohabitation des différentes activités de pleine nature (en anglais). Et pour compléter cet excellent reportage, IMBA a compilé une série d’études entreprises sur l’impact du VTT sur les espaces naturels (en anglais, au bout de ce lien).
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24 août 2015 by yannPartager les rires.
À bien y regarder, je le disais l’autre jour, je ne suis pas cycliste. Enfin pas tant que cela. Il y a quelques jours j’ai eu la chance d’accueillir Carlos, King of Azores, à la maison. C’est lui qui avait organisé notre voyage de janvier avec Damien sur son île, Sao Miguel (vous vous souvenez le joli reportage là). Et finalement, d’avoir roulé avec lui ces quelques jours m’a rappelé combien il était important de partager. Une trace, un tracé, un boucle qu’on a mis des jours à échafauder, reconnaître, travailler, ne vaut que si le plaisir qu’on y trouve est partagé.
Rouler ensemble, se gorger des paysages, des bons moments, partager les emmerdes aussi, la mécanique qui souvent résiste moins à trois ou quatre que face à un type tout seul. Bavarder quand c’est possible à la montée. Rigoler et crier dans les descentes, pour partager le plaisir qu’on a eu à franchir un passage un peu compliqué, ou à réaliser un enchaînement sympa. Savoir aussi poser son cul dans la mousse, sur un caillou ou dans la poussière pour bavarder encore, se reposer, se raconter des histoires des anecdotes, donner envie d’aller rouler ailleurs, savoir aussi sortir du simple monde-univers du vélo.
J’ai conduit Carlos sur quelques traces que j’affectionne particulièrement, certaines depuis longtemps, d’autres découvertes depuis peu de temps, mais qui me semblait correspondre à ce qu’il avait envie de rouler, c’était la première fois qu’il quittait les Açores avec son bike. Et, ennuis mécaniques exceptés, nous avons passé de bon moment sur les sentiers des Pyrénées-Orientales. L’autre jour avec Damien, Simon, Jake et Carlos en route pour la descente du train jaune, nous avons causé largeur de cintre, vélo, mais aussi champignons et mis sur pied un concours de prononciation franco-anglaise… Avec mes habituels camarades de roulage, Marc et Giorgio et Franck pour les plus réguliers, mais aussi les autres, nous parlons également d’autres choses, qui n’ont rien à voir avec le vélo, le boulot, les gosses, l’actualité… Parfois c’est aussi prendre le temps de s‘arrêter sur une difficulté technique et de s’entre-aider pour parvenir à la franchir. C’est aussi partager de l’eau ou des noix et des raisins sec quand l’un de nous a un coup de mou. C’est aussi savoir lever le pied dans la montée pour accompagner celui qui ce jour là à le plus de mal.
Hier avec Jake, ce fut une autre chanson. Après avoir roulé un brin sous la chaleur, nous avons parlé de Barthes et De Saussure sous un arbre pour nous protéger du soleil. Il faut également question de l’histoire de France, de la fascination des Anglais pour Napoléon, du complexe œdipien du peuple américain… Nous discutions aussi en roulant, nous taisant quand la pente devenait favorable. Alors, j’entendais juste les rires de Jake derrière moi quand il se régalait, comme si j’avais le Joker aux trousses. Un motif de plus de rigoler une fois en bas et d’aller boire une mousse pour continuer de bavarder, jusqu’à la prochaine fois.
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22 août 2015 by yannCeux qui aiment prendront le train
Damien de retour de Whistler avec sa cheville encore douloureuse, nous avons cherché une belle sortie pour notre invité des Açores, Carlos, venus tâter des sentiers des Pyrénées avant de partir comme bénévole à la Trans-Savoie. Entre le GR36 du coté de Prats Cabrera et ses plus de deux heures de grimpette qui font mal aux cannes et le « Train jaune » le choix du canari s’est vite imposé. Avec pour cette trace emblématique des Pyrénées-Orientales, une partie de lift en train jaune, donc, la seconde à la pédalé pour environ 500 m de d+ et la longue descente vers Olette en passant par Canaveilles et LLar. L’occasion aussi d’embarquer deux autres étrangers, Simon et Jake.
When Damien came back from Whistler his ankle was still painful but we wanted to show Carlos, our guest from the Azores, more of our great Pyrenees trails before he left help out at the Trans-Savoie. Because the GR36 and the Prats Cabrera climb takes well over two hours the Yellow Train, or the “Canary” quickly became the logical choice for this iconic trail. After riding the Yellow Train we pedalled for around 500 metres before hitting the long descent towards Olette passing through Canaveilles and Llar. Joining us on this trip were two English riders Simon & Jake from Bike Vallespir.
Il y avait plusieurs années que je n’étais venu rouler sur cette trace, occupé que j’étais avec Franck ou Marc notamment à aller chercher des alternatives à ce « must to do » que ce soit en rive droite ou en rive gauche. La montée, un mix de routes et de pistes qui se termine par un petit bout de single roulant, passe bien, surtout lorsqu’on arrive à rigoler comme des potaches dans une cour d’école. Au point d’organiser « in situ and moving » un cours de prononciations anglaise et française. Histoire que Coluche ne puisse plus dire que nous sommes aussi cons à l’arrivée qu’au départ !
It’s been several years since I have ridden this “must ride” trail; I was always busy riding with Franck or Marc and somehow riding everywhere else but here! So, we began the climb on a mixture of roads and tracks that ends with a small section of fantastic, fast rolling single and we flew along it like wild schoolboys all the while cracking jokes and laughing at our accents in French and English. At the top we paused for a while to grab a bite, rest our legs and give Carlos a chance to catch his breath – unaccustomed as he was to the high altitude. The weather report promised it would be nice and warm, but we kept our long sleeves rolled down; the clouds around the neighbouring peaks (hidden from us up Cambre d’Aze) looked a little moody…Yet no one blinked an eye – as we carved through the descent we found the some of the path so stony and technical all focus was on making it down in one piece.
Au sommet, nous avons pris un petit moment pause pour grignoter un morceau, reposer les jarrets et laisser Carlos, un peu éprouvé par l’altitude élevée, reprendre son souffle. Alors que le temps était annoncé beau et chaud par la météo, nous avons au final conservé les manches longues tout au long du périple et les nuages roulaient l’air un peu sévère sur les sommets alentours, allant jusqu’à nous cacher le Cambre d’Aze. Pas bien grave pour la descente, le chemin est tellement défoncé par endroit que tu n’as guère le temps de regarder la vallée de la Têt que tu surplombes pourtant tout le temps !
La première partie de la descente dans la forêt a perdu son côté « smooth » de ses premières heures, c’est copieusement défoncé par endroit, tout comme l’est la partie dans la pente qui conduit à LLar, devenue par endroit un ruisseau de pierres « mal angulées » qui doivent faire bien mal si tu choisis cet endroit pour te ramasser lamentablement la tronche par terre. Bref, j’ai trouvé ça raisonnablement difficile, d’autant plus que fermant la marche derrière le groupe emmené par Damien, je faisais mon possible pour ne pas trop traîner.
The first part through the forest was slippery and less smooth than I remembered; towards Llar the trail was literally smashed to pieces and covered in severe, large angular rock – ultra technical – pick the wrong line and it could get ugly really fast. I found the riding tough in places and because I was bringing up the rear behind a group, lead by Damien, I was doing my best not to hang around either. From Llar to Canaveilles the trail was almost equally challenging and there seemed to be no way of avoiding aching arms after only five minutes. Everyone, however, was on the gas – with the simple idea that if we rode our bikes fast enough there wouldn’t be any time to think about sore legs, wrists or aching feet!
De Llar à Canavailles, la suite est toute aussi éprouvante avec des passages à tabac sans échappatoire, les bras qui font mal au bout de séquences de 5 minutes et plus. J’ai compris pourquoi il fallait aller vite en fait, c’est juste pour ne pas avoir le temps d’avoir mal aux bras ! Révélation. J’espérais presque que mes comparses allaient crever, casser une chaîne, bref avoir un problème mécanique qui m’aurait permis de reprendre mes esprits. En vain. Ils repartaient dès que j’arrivais à leur hauteur, ou presque. Avant d’attaquer la dernière partie, nous avons réussi avec Jake à nous faufiler devant le temps de faire une photo. Et de vous proposer la comparaison des trois styles dans la même épingle (fort heureusement, il n’y a pas le mien !).
I hoped the others might reach breaking point, snap a chain or suffer a mechanical that would allow me to collect my thoughts – but no! They left as soon as I caught up with them. Before the final descent Jake and I managed to sneak into the rocks and take some photos so we could compare corner techniques on a dicey switchback. It was a mind-blowing ride but I need to work on building up plenty of strength, endurance (particularly in the arms) and focus on remaining relaxed. But when we stopped at the tank, I saw the massive heights of the Sierra de Cadi, flashing in the distance, calling us to ride.
Bref, pour moi y’a encore du boulot pour gagner en décontraction, en résistance, en endurance dans les bras… Mais en haut, au Tank, la Sierra de Cadi m’a fait un clin d’œil.
English translation by Jake Bike Vallespir.
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17 août 2015 by yannEnfin, toucher au but (de mal en Py).
Je ne vous parlerai pas de Bertrand-Demane dans ce papier, mais bien de l’accomplissement d’une idée, d’un empilage de petites idées qui finissent par nourrir de jolis rêves. Et de comprendre que parfois patience il faut avoir. Que finalement ces rêves nous mettent un peu dans la peau de l’alpiniste qui parfois doit renoncer, tenter de nouveau, avant de parvenir à toucher ce sommet qui l’empêche parfois de dormir au long de nuits fiévreuses.
Bref. Nous avions déjà parcouru le secteur et je savais qu’il y avait quelque chose à faire en alignant toutes ces traces. Nous avions déjà tenté l’affaire juste avant l’été, sans succès, et je comptais bien cette fois avec Philippe, Carlos et Benjamin, toucher au but.
Rendez-vous tôt à Villefranche-de-Conflent -nos amis anglais prévus pour la sortie nous faisait faux bond après avoir par contre bondi par dessus le réveil- nous organisons la navette vers le col de Mantet, notre (habituel) point de départ. Un départ frisquet en diable, il ne devait guère faire plus de 7 ou 8 degrés à 1800 mètres. Les nuages roulaient au loin sur les sommets sans êtres plus menaçant que cela pour nous permettre de partir la fleur au tubeless avec l’insouciance des passionnés.
La montée vers la Collada des Roques Blanques s’effectue comme d’habitude sans peine apparente, nous sprintons parfois avec les vaches Gasconnes qui peuplent les pacages semés de grosses dalles. Au col, c’est la douche froide. Vers l’Est et le Sud les nuages batifolent mollement d’une vallée à l’autre sous un soleil voilé, mais de l’Ouest nous arrive une pluie légère mais froide.
Cette incertitude glaçante allait nous accompagner pendant toute la traversée jusqu’à Pla Guillem et son cirque étonnant, la découverte d’un nouveau bout de single (faudra retourner) et le début des ennuis pour Carlos avec une Reverb neuve bloquée en position haute. Ce qui, compte tenu de la suite, était pour le moins emmerdant. En quelques minutes nosu avons vu la pluie engloutir le Tres Estelles et lorgner sur nos abbatis avec gourmandise. Nous ne traînons pas, cherchons quand même un meilleur passage que le sentier de randonnée pour rejoindre la Croix de Lipodère, sans succès, avant de nous engouffrer dans la descente et la forêt en même temps.
Les deux cent mètres de dénivelé perdus, le vent escamoté par on ne sait quel miracle de la géologie, rendaient alors le ride agréable à flanc de montagne et dans la forêt, c’était bien bon à rouler avec un sol un peu humide pour un meilleur grip. Nous avons fait feu jusqu’au bas de la descente sans trop prendre le temps de bavarder, trop occupés que nous étions à profiter de chaque mètre de single.
Juste quand même, pour moi, le temps de m’en coller une dans une partie en dévers sans grip, Benjamin avait tout pris en passant devant, que j’ai terminée debout en contrebas du single mais toujours avec le vélo entre les cuisses. En bas, il fallait remonter et cette fichue grimpette sur la piste entre le parking du Randé et le refuge de Mariailles fait bien mal aux guiboles. Le temps de manger un morceau à l’abri sous les arbres – la pluie était arrivée entre temps et tombait avec consistance – nous attaquions la dernière partie de l’ascension, quelques dizaines de mètres de d+ à avaler pour aller chercher la descente vers Py testée voici quelques jours et qui m’avait enchantée. Et bien, c’est toujours aussi bien. Je l’ai plus dure que l’autre fois, un peu de fatigue peut-être, moins de relâchement, mais ça reste quand même un must du coin pour qui a envie de coltiner du pilotage au millimètre par endroit !

Carlos avait encore des freins pour dévaler les portions les plus rapides de la descente ver Py sans trop se soucier.
Pas de bol pour Carlos, il n’avait pas compris que freiner c’est tricher, et sa durite de frein arrière a sauté aux quatre cinquièmes de la descente. Je dis ça mais je pense que j’ai bien dû y laisser moi-même un quart de la garniture des plaquettes ! Un petit bout de route pour achever les hommes, une navette pour aller chercher le camion de Benjamin, l’occasion de constater que pour certain touristes il faut profiter des vacances coûte que coûte comme ces trois zygotos posés sur des chaises longues lunettes de soleil sur le nez pour contempler, sous un plaid, les nuages rouler encore du côté de la Porteilla de Mantet (d’ailleurs, je n’y suis toujours pas allé). Et nous voici tous les quatre en communion (c’était le 15 août et le carillon de l’église bruyamment le rappelait), devant une bière avant de rentrer. Pour savourer en mots et dans nos mémoires chaque centimètre de l’étourdissante descente que cet enchaînement compose depuis Pla Guillem, à 2400 m jusqu’à Py à environ 1000 m. Donc, cette trace qui s’était refusée une fois a cédé samedi. D’ailleurs si vous allez à Py, passez obligatoirement boire une bière en fin de ride à l’auberge de Py. Il suffit de sonner !
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11 août 2015 by yannTais-toi et marche !
Quand Marc vous propose d’aller en montagne et de dormir en refuge, méfiez-vous, même s’il ne s’agit pas de vélo et de traces improbables. L’idée trainait depuis un moment dans nos agendas respectifs, gravir le Canigou avec nos enfants, respectifs, eux aussi. Après quelques tergiversations quant au moment, une opportunité se présentait le week-end dernier, avec montée à Mariailles le dimanche soir, nuit au refuge non-gardé, ascension et retour le lendemain dans la matinée. Ça c’était le plan.
Déjà, en arrivant dimanche vers 18 heures à Mariailles après quarante minutes de marche, la vue des cheminées des refuges fumant n’incitait pas à l’optimisme quant à la chance de trouver des places, nous étions quand même cinq. Vérifications faites, tout était plein, du haut en bas et dans toutes les largeurs. Conciliabule, réflexion rapide, Marc avait une tente trois places dans sa voiture, il allait descendre la chercher, nous y mettrions les enfants à dormir pendant que nous dormirions dehors, à la belle étoile, sauf qu’il n’y avait pas d’étoiles.
Le temps d’allumer le feu, le temps que Marc revienne avec la tente en question, les nuages donnaient quelques gouttes, sans plus. Tente montée, poulet grillé sur le feu, salade de pates, etc, si nous devions mourir lors de cette excursion, ce n’était sûrement pas de faim ! Bref nous mangeâmes de bon cœur sous les gouttes, échafaudant déjà des abris de fortune à l’aide de ponchos pour nous préparer à la nuit. Mais la pluie redoublant, nos plans ont changé.
En un tour de main la tente trois places fut transformé en tente cinq places (on a ôté la double toile pliée sur le sol pour faire, hum, matelas)… Et nous voilà tassés sous la toile écouter la pluie se jeter à l’assaut de l’étanchéité fantaisiste de l’appareil. Avons nous dormi ? Probablement. Peu. Sûrement. Ce genre de nuit dont tu redoutes le bout parce que tu n’as pas assez dormi, mais dont tu souhaites qu’elle s’achève parce que c’est tellement inconfortable. Inutile de préciser que pensant dormir en refuge nous n’étions équipés de tapis de sol…
Bref, le jour fût enfin, timide mais beau, par chance notre feu de la veille n’était pas éteint, nous avons donc pu souffler sur les braises pour nous réchauffer avant de faire route vers le sommet caché là bas, en laissant notre bazar en vrac dans la tente pour lui laisser le temps de sécher.
Une heure et demi plus tard nous étions à la cabane Arago, la première partie de l’ascension avalée à toute vitesse à la suite des garçons déchaînés. Une petite pause plus tard, nous entamionss la grimpette à travers le plat pas vraiment plat qui conduit au pied de la Porteilla de Valmanya, le vrai gros morceau de la journée. La montée s’effectue alors sur un beau sentier (combien de fois ai-je alors pensé « mince en vélo ça serait top » ?) à travers une prairie naturelle éprouvée par la sécheresse, les herbes jaunies par la chaleur brillant d’or sous la caresse du soleil à peine levé.
Et déjà nous avions chaud, mais c’était avant de rejoindre l’ombre de la montée vers la porteilla, un rude coup de cul qui passe finalement bien, avec une fontaine au milieu et le vent pour venir glacer nos peaux.
Une courte pause juste sous le col pour manger un morceau et nous sommes repartis vers le sommet par la partie la plus pourrie du sentier, jusqu’au pied de la cheminée. Pour moi qui fût sujet au vertige voilà peu, la vision lointaine de ce mur et des marcheurs en train d’escalader, la perspective de cette fin d’ascension inquiétait aux entournures.
D’autant que si le vertige ne me touche plus lorsque je suis seul, la compagnie de mes enfants et leur exposition au vide était jusqu’ici une source d’angoisse importante. Heureusement, le mur n’est pas si mur, c’est plutôt un escalier un peu raide avec de hautes marches. J’ai bien eu quelques moments de flottement pendant cette portion plus engagée, mais rien de rédhibitoire.
Et nous avons touché le sommet. Au milieu d’une presque foule. Restait à redescendre, franchement, ça caillait sévère les meules là haut, pour aller nous abriter sur le versant Est de la Portailla de Valmanya et manger notre casse-croûte, face à la mer (si si) à 2500 mètres d’altitude.
Avant de s’user la plante des pieds dans la longue descente vers Mariailles pour démonter la tente, puis le parking du Randé pour retrouver nos voitures.
Ça c’est fait. La prochaine fois, on prendra la tente d’entrée de jeu, hein Marc ? Mais d’ici là, il faudra retourner avec les vélo, il y a deux ou trois trucs à vérifier par là bas. Qui vient ? [plus de photos sur ma page Facebook en suivant ce lien]