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Les doigts dans le pot de miel.

Des fois je me goure. Mais je me goure velu. Voilà, c’est ce qui s’est passé dimanche. J’avais prévu un ride costaud mais beau, de ceux qui te font avancer parce que c’est chouette et que ce que tu vois te donne envie d’en avoir plus, d’en voir plus. Nous étions un poignée de joyeux lurons au départ au col de Mantet. Quelques légitimes interrogations pointant, je décidais de changer le programme, au dernier moment. Au lieu du portage et des Esquerdes, il serait question de la piste vers le col. Une broutille, ça monte toujours bien par là.

Un peu de mécanique. Normal.

Un peu de mécanique. Normal.

La montée passe crème depuis le col.

La montée passe crème depuis le col.

Au col, nickel. De la brume, on ne voyait rien. De là, après avoir jeté un coup d’œil ému aux Esquerdes à droite, nous sommes grimpés jusqu’au Pla Guillem. Ce nom, ce truc, qui me faisait rêver depuis quelques années. Et franchement, j’ai eu raison de rêver. C’est beau. Immense et réduit à la fois, c’est de la haute montagne, tu as l’impression de pouvoir toucher les falaises quand elles sont à trois bornes.

Open space pour Myriam et Chloé.

Open space pour Myriam et Chloé.

Miguel s'énivre.

Miguel s’énivre.

Bref, j’avais des merdes avec mon tubeless. Déjà, de bon, matin, il faisait déjà 25°, la canicule toussa, j’ai bataillé 25 minutes pour le faire claquer et faire que cette putain de valve arrête de perdre. Mais là, premiers mètres de descente dans la caillasse sur une piste somme toute tranquille, -2%, et pschitt. Tentative avec Miguel de remettre la valve, peine perdue, chambre glissée dans le caoutchou plein de latex, ça sera sympa demain quand je vais mettre les mains dedans. Bref, après le refuge on entrait dans l’inconnu, je ne connaissais pas ce bout là.

Taupe efface les arbres à donf'.

Taupe efface les arbres à donf’.

Ce petit bout de sentier est très joueur avec ses épingles.

Ce petit bout de sentier est très joueur avec ses épingles.

Le temps de spotter les cairns pour retrouver la trace et nous voilà dans un merdier impensable, inroulable, sauf à ne pas payer les dérailleurs et les roues ou à être doté d’une technique de trialiste pas pressé. Donc, le single du refuge jusqu’à la Croix de Lipodère (GR83) vous oubliez c’est pourri ! (Prenez la piste à droite du pic, ça ira mieux). À la croix, la descente se fait mignonne, je l’avais déjà empruntée en début de saison avec Marc, ça roule à flanc, c’est sauvage, ça gratte un peu les mollets par endroit, on n’y voit pas bien la trace, puis ça plonge dans la forêt et là c’est grand bonheur, mais nous n’avions plus d’eau. L’heure était grave, les gorges sèches. Il fallait faire des choix. Étant le seul à connaître et le coin et la trace, c’était pour ma pomme.

euh

La problématique était simple. Il nous fallait de l’eau, mais l’eau était à deux kilomètres au bout d’une jolie piste au refuge de Mariailles. Devant nous s’ouvrait une belle descente qui nous ferait perdre 250 m de déniv par rapport à l’eau. À gauche se trouvait la descente que je ne connaissais, et encore pour partie seulement, que par ouïe dire. C’était celle qui devait nous ramener illico vers Py. Donc, nous sommes allés chercher de l’eau, puis j’ai décidé de revenir sur nos pas pour prendre ce joli bout gourmand dans la forêt. En me disant, vu les 250 m de D+ qu’il y avait à reprendre, l’heure qu’il était, l’âge du capitaine et tout le toutim, qu’on allait transiger pour le plus rapide. Je croyais.

POD. Un rayon de soleil, une belle traj' de Myriam et zou, une photo.

POD. Un rayon de soleil, une belle traj’ de Myriam et zou, une photo.

Miguel flirte avec l'extérieur punitif.

Miguel flirte avec l’extérieur punitif.

Le plus rapide en l’espèce c’était de, horreur, prendre la piste pour un bon bout descendant. Au parking, nous avons donc dévalé la piste à tombereau ouvert. Mais je ne souhaitais plus nous lancer dans une explo inédite, sans savoir ce qui nous attendait. Une fois la piste dévalée jusqu’au col de Jou, j’avais imaginé prendre le GR10 pour rallier Py, où nous attendait la voiture de Taupe. J’avais avec Marc déjà pris ce sentier, mais dans l’autre sens. L’avais alors trouvé dur, on avait porté longtemps, mais dans mon souvenir, dans l’autre sens, c’était roulable. Mais en fait, pas vraiment. Et là, c’était vraiment galère. J’ai avancé comme un taré pour voir s’il était possible de faire quelque chose, mais non, il fallait endurer ce sentier mal pavé de mauvaises intentions, qui te te laissait rouler que 20 mètres avant de te menacer de t’envoyer bouler 30 mètres plus bas… Je n’ai pas osé partir dans l’inconnu, infliger aux autres ce que je suis capable moi-même d’endurer parfois comme conséquence de mes idées stupides en la matière ! Parce qu’au final, pourrie pour pourrie, on avait la choix des fins.

Une cassure ? où ça une cassure ?

Une cassure ? où ça une cassure ?

Bref, c’était une mauvaise idée. Il restera le bonheur de la crêtes, les esquerdes, le Pla Guillem, ce sentiment infini de liberté, la montagne qu’on peut toucher du bout des rêves et ce petit single sauvage se glissant fripon dans la forêt comme le courant d’air par la fenêtre au petit matin sur la peau des corps éreintés par la chaleur de ces jours ci. Mais cette grande balade reste à affiner, il faudra aller voir ce fichu sentier que nous n’avons pas pu goûter parce que si ça passe, c’est beau ! Et comme nous avons eu bien chaud, l’envie de regarder, et d’écouter ça : « Water walk » de John Cage. « Because I walk while I perform. »

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Partage single avec Joëlette, let’s ride.

Le hasard fait bien les choses. Commis d’office pour une rando Joëlette, j’ai pu découvrir hier samedi avec mes garçons qu’on pouvait partager les sentiers avec d’autres, ce que nous savions déjà, mais plus précisément avec ceux qu’on ne penserait jamais voir dans de tels endroits. À Py, nous avons rejoint Mirabelle de l’association Nataph, sa joëlette, les hommes de la réserve naturelle de Py, la conteuse Estelle Cantala et Hélène. Hélène qui vit à la fois dans notre monde et dans un autre dont je ne saisis pas l’étendue.

En d'autres lieux on dirait qu'il faut souquer ferme !

En d’autres lieux on dirait qu’il faut souquer ferme !

Pause paysage.

Pause paysage.

À 38 ans, c’était sa première sortie en montagne, accompagnée de sa mère. Une fois bien assise dans la Joëlette nous avons dévalé la pente jusqu’à la rivière. Le rôle qui nous avait été assigné à Louis te moi était la « parade ». C’est à dire rester sur les côtés de l’engin, aider à passer les marches, les cailloux, mettre de la douceur si possible dans les franchissements d’obstacle pour aider le travail du gros amorto situé sous le siège. Parfois, le sentier n’est pas assez large pour passer de front alors il faut ruser, passer devant, lire le terrain, anticiper les éventuels besoins. On dirait du VTT.

En fait, ça passe partout la Joëlette.

En fait, ça passe partout la Joëlette.

Une roue, un amorto, des biscotos.

Une roue, un amorto, des biscotos.

Regarde loin la trace devant toi pour mieux t’en sortir. Bref, il faisait bien chaud même à l’ombre géréneuse de la forêt. Quand il montait ce fichu sentier ne faisait pas semblant et était très à son aise quand il s’agissait de nous glisser des pierres en travers de la trajectoire. Mais bon. Nous en avons aussi connu de bien plus tordus. Au long de haltes contées, la Joëlette était posée sur ses béquilles, puis celles ci démontées et nous repartions. Je ne sais pas pourquoi, mais le verbe « caminar » s’impose pour ça, « faire le chemin », nous avons fait le chemin pour Hélène. Nous n’avions que ses mains pour essayer de sentir comment elle vivait les choses, ses yeux étaient cachés derrière ses lunettes de soleil.

Pause conte, à l'ombre sur le sentier.

Pause conte, à l’ombre sur le sentier.

Épingle !

Épingle !

Des mains que ne trahissaient pas de signes particuliers d’angoisses ou de frousse. Une sensation confirmée par sa mère, un peu inquiète au début des réactions qu’elle aurait pu avoir. Près de trois heures, c’est le temps de la ballade d’hier, sur un sentier très agréable le long de la Rotja. Trois heures qui m’ont permis de comprendre qu’on pouvait partager les sentiers aussi autrement qu’en en faisant chronique comme je le fais ici. Trois heures, quelques litres de sueur. C’était la première fois qu’Hélène allait ainsi, « caminando » sur les chemins de montagne. J’y retournerai.

Les mains d'Hélène.

Les mains d’Hélène.

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Un petit Madres au tour (2e partie)

J’ai un peu rapidement expédié dans la première partie (lire ici) le ride sommital, appelons ça ainsi. Le début nécessite un petit poil de désescalade, mais rien de bien méchant. Ensuite, on porte encore un peu, ou on pousse c’est selon , pour arriver dans la première partie franchement descendante. Là faut pas s’emballer Marcel, mais bien prendre à droite  pour viser le refuge, sur l’autre flanc, là bas.

Passée la première partie le long de la crête, la trace devient roulante.

Passée la première partie le long de la crête, la trace devient roulante.

Nous n'aurons pas croisé grand monde par là, une petite dizaine de randonneurs au plus.

Nous n’aurons pas croisé grand monde par là, une petite dizaine de randonneurs au plus.

Au milieu, non, pas de rivière, mais un bon challenge pour les gars qui ont la couenne, une remontée au milieu des caillasses. Après le refuge (faire de l’eau à la source juste avant), ça continue sur une trace mal pavée pendant un moment et ça s’améliore. Quand tu prends à gauche vers le lac de Nohèdes, c’est beau, au milieu des rhododendrons encore, c’est pentu, la trace n’est pas super aisée et l’herbe sèche très glissante.

On a fait au moins 48 pauses photo…

On a fait au moins 48 pauses photo…

C'est pas si pire.

C’est pas si pire.

Au lac, nous avons croisé trois autres gars en train de casse-croûter, des connaissances, et fait un peu de cryothérapie. C’est là aussi que Vincent, l’un des deux crosseurs du jour, a planté le deuxième dicton du jour : « Manger c’est tricher. » Le premier dicton avait été prononcé au sommet donc balayé par le vent : « Qui pisse contre le vent se nettoie les dents. » Inutile de dire qu’on a attendu d’être descendu pour se soulager. Donc après le lac, Atha a perdu une des vis de l’étrier de frein arrière, tranquille quand tu as devant toi la bagatelle d’un 1400 négatif d’un bloc, ça s’est bricolé avec fortune, pour info, c’est du  6 5 mm, la vis, je vais en chercher une pour ajouter à la trousse de secours du vélo. La première partie du sentier est très pourrie pour rejoindre le canal ça roule pas beaucoup, même pour les meilleurs techniciens.

La nature a des ressorts inouïs

La nature a des ressorts inouïs

Plein gaz vers le Lac de Nohèdes.

Plein gaz vers le Lac de Nohèdes.

Après, c’est du bonheur jusqu’au col du Portus. Une trace vive tout en balcon sans être aérienne; ça pédale, ça consomme du jus, mais franchement, la vue sur le réservoir et le reste vaut la peine. Là au col, Franck a voulu faire le malin, que dis-je, le gourmand, et nous a mené sur une piste sans issue à bon rythme pendant un moment. On aurait dit la Cape Epic dans les pins. Finalement après un demi-tour que j’avais prophétisé (nanana), nous avons fini par reprendre le chemin classique pour atteindre le refuge de la Moline.

Cryothérapie.

Cryothérapie.

Salut les gars !

Salut les gars !

Et c’était tant mieux. Il y avait un moment que je n’avais plus d’eau, je n’étais pas le seul à être à sec et j’avais drôlement soif. Au point qu’avec la chaleur augmentant à mesure que nous perdions de l’altitude ma bouche n’en finissait plus de sécher, même dans les descentes, mais quand il n’y avait pas besoin de pédaler. Las, le robinet attendu n’était pas là au refuge. Heureusement, le gamin qui gardait un fort troupeau de vaches dans la clairière nous a conduit jusqu’à la cabane de son père, deux lacets au dessus. Nous avons pu faire le plein, tailler une bavette et apprendre que si le robinet n’était plus remplacé, c’était à cause du vandalisme. Bref, c’est là que j’ai crevé aussi, c’est aussi là que Marc Colom a triché, et c’est là que nous nous sommes élancés dans le Cami Ramader.

Faut envoyer du gros steak pour atteindre le canal, mais des fois ça passe pas quand même dans cette trace défoncée.

Faut envoyer du gros steak pour atteindre le canal, mais des fois ça passe pas quand même dans cette trace défoncée.

Le canal au dessus du réservoir. Juste magique.

Le canal au dessus du réservoir. Juste magique.

Assurément. Des Cami ramader dans les Pyrénées-Orientales, il en existe des dizaines puisque ce sont les chemins qu’empruntaient les troupeaux pour aller aux estives. Ils ont été patiemment construits et entretenus pour nous offrir aujourd’hui des terrains de jeu formidables. Pour celui ci, si l’on vous parle de Cami Ramader dans le département à propos de vélo c’est très probablement de celui là dont il est question, celui ci donc commence par une petite balade en forêt, le sol est souple, sans piège, il y a parfois de la pente. Puis, à mesure que le sentier perd de l’altitude, il se mouille par endroit, s’encaisse dans la vallée, la chaleur s’y montre alors pressante, la trace fait des tours et des détours dans les gorges. Il faut savoir freiner de temps en temps pour se rendre compte des alentours. Le chemin traverse plusieurs fois la rivière et des pierriers sonores. Les grandes pierres plates sonnent comme le feraient des xylophones sous les pneus et le son rebondit contre les parois.

N'en voyant que le cul, nosu avons pris cette brebis noire pour un sanglier !!

N’en voyant que le cul, nosu avons pris cette brebis noire pour un sanglier !!

Parfois en sous-bois, parfois en plein cagnard, cette descente est exigeante. Il faut de la vitesse pour passer les pierriers et les pierres aiment parfois bouger sous les roues, voire croquer un pneu ici ou là. N’est-ce pas Franck et Vincent ? Bref, de crevaisons en crevaisons nous avons fini par sortir de ce long exercice fatigant. Un bout de route, et voilà déjà le dernier morceau de single, une trace en légère descente vers Olette, seulement ponctuée de deux trois grosses caillasses à l’arrivée, juste avant le passage sous une arche totalement inattendue à l’orée de la ville.

Bricolage de fortune.

Bricolage de fortune.

La fatigue et la chaleur aidant, il y a moins de photos de la fin, mais nous retournerons au Cami Ramader, promis.

La fatigue et la chaleur aidant, il y a moins de photos de la fin, mais nous retournerons au Cami Ramader, promis.

Un dernier coup pour faire couiner les disques et les vélos sont garés à la terrasse du bistrot du village à 660 mètres d’altitude. Devant ta mousse, tu étires les cannes tu regardes les bulles s’amuser, tu fermes les yeux avec l’envie soudaine d’écouter ça.

Mine de rien, il y a quatre heures de cela, nous étions à plus de 2400 m. Combien de mondes étranges avons nous traversés pour arriver là ? Combien de mondes ? Combien de rêves ? Chacun de nous trouve dans ces sorties ses raisons propres, nous n’en parlons pas forcément, le cycliste a sa pudeur, chacun de nous poursuit ses propres ambitions au cours de ces longues ascensions et de ces interminables descentes. C’est un dialogue avec soi-même que nous partageons entre amis, il n’est jamais plus agréable d’être seul que lorsqu’on est bien accompagné. Combien de mondes avons-nous donc traversés ? Combien de rêves ? Probablement autant que les souvenirs que nous allons pouvoir maintenant choyer avant de reprendre notre jeu de légo. La gourmandise est bien un vilain défaut. Qui vient dimanche ? 

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Le papier de Franck sur son blog 2 roues dans les cailloux sur cette sortie mémorable

Plus de photos sur la page yannk sur facebook (vous pouvez likez en passant !)

Et puisque vous êtes nombreux à le réclamer, la trace.

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Un petit tour au Madres (1ère partie)

C’est une idée de Franck. Mais qui vaut pour tout ce que nous entreprenons en la matière. Rêver en jouant au grand légo des traces, au grand meccano du plaisir à deux roues. Assembler des bouts de traces pour faire des grandes virées. Nous nous étions déjà cassés les dents sur cette belle idée l’an passé, faute au mauvais temps de juillet. Cette fois, nous avons pris toutes les précautions en partant presque avant l’aube, à l’heure où s’habille d’or la montagne (pardon Victor). Bref nous étions 9 éparpillés à nous retrouver au col de Creu de bon matin.

Réveil du Canigou

Réveil du Canigou

À la poursuite du C15

À la poursuite du C15

Le soleil brillait sur les Pyrénées, il ne faisait ni froid ni trop chaud, la forêt nous tendait les bras avec générosité. Un premier single nous envoyait dans le bon pour l’échauffement et même pour certains carrément pa terre. Nous devions descendre un peu pour attraper une piste avec vue sur la Cerdagne et parvenir au col de Sansa, sans métamorphose.

Pousse-pousse

Pousse-pousse

De là, les choses sérieuses pouvaient commencer avec un brusque infléchissement de la pente. Les énervés du groupe prirent vite les devants, sans égard aucun pour les plus anciens qui roulent avec des moteurs diesel. Qu’importe. La piste était belle, nous avancions bon train, devisant gaiement, c’était une gai parade. Puis après quelques ennuis mécaniques pour moi, un bout un poil plus raide (euphémisme) nous étions au pied du chantier, sans trop nous en rendre compte.

Dru ! Mais beau.

Dru ! Mais beau.

Un single discret partant dré dans le pentu mais dont la rudesse était masquée par l’appétit de la forêt. Et ça montait bien dru jusqu’au débouché à l’air libre. Là, la pente se faisait moins coriace, autorisant les plus vaillants à remonter en selle. C’était beau, partout, nous prenions sans arrêt des photos, comme si nous étions sûr d’être déçus par la suite et qu’il fallait emmagasiner moultes images. Idiots nous étions. Et nous montions, effacions tranquillement (pour moi) les courbes de niveau de la carte. Il n’y avait pas bien long du départau sommet du Madres, plus ou moins 700 mètres de dénivelé, mais quand même, y’a un peu moins d’oxygène là haut, et je le sentais bien. J’étais plutôt bien, pas de douleurs dans les jambes, pas d’essouflement, mais une espèce d’impossibilité de tenir les watts plus de 5 minutes.

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Single at its best

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Le dernier coup de cul vers le sommet

Alors je poussais. Une première crête nous donnait à voir l’étendue du spectacle nous récompensant déjà de nos efforts. Nous apercevions presque le sommet du Madres, là bas. Ensuite s’ouvrait un joli single technique, presque à flanc, un rêve tracé dans l’herbe pour poser nos roues. Avant le dernier portage que l’on suivait en effaçant cette fois les piquets ornés de peinture plantés dans l’herbe. La meilleure façon de marcher, c’est de mettre un pied devant l’autre et recommencer. Et ne pas penser à la marche. Le vélo bien calé sur mon sac, tenu d’une seule main, j’avançais sans y prêter attention, laissant mon esprit divaguer, cherchant à savoir comment, moi le gars de la plaine, je pouvais avoir eu cette envie de gravir quelques montagnes. Et me revoyait gamin, grimpant dans une vieille carrière dans laquelle nous n’avions pas le droit de nous rendre, me revoyant plus tard, adolescent, pratiquer parfois l’escalade et partir à la suite de mes parents en randonnée en montagne. De fil en aiguille. Voilà, c’est ça peut-être que je regrette, n’avoir pas pu rendre ceci à mon père, pas eu ni le temps ni l’opportunité, mais c’est comme si je cherchais encore un moyen de le rencontrer finalement, c’est peut-êter ça que je regrette, n’avoir pu le conduire là, où j’étais à ce moment là, marchant vers le sommet rond du Madres, toucher au but, il aurait adoré.

Sommet

Sommet

Sommet

Sommet

Et retrouver les copains tout à la fois frigorifiés et heureux, comptant les isards et les marmottes, gravant dans leur mémoire ce joli bout de panorama. La suite fut finalement plus rude, mais tout aussi sympa. Un petit passage en crête, encore un peu de portage, un peu de freeride, une partie de dominos sur des dalles et des caillasses en veux tu en voilà, ça bouffe des dizaines de watts au mètre linéaire, encore des photos, encore du bonheur jusqu’au refuge juste sous la Perdrix.

Feu, début de la descente.

Feu, début de la descente.

Dru, mais dans l'autre sens.

Dru, mais dans l’autre sens.

Crête toute prête.

Crête toute prête.

La suite.

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La voie est toute Tracy

Autant les enduro world series sont ouvertes chez les hommes, et particulièrement cette année avec les blessures qui écartent les prétendants du titre final, autant chez les filles, on cherche la surprise. Là encore, je vous propose de plonger avec moi dans les statistiques des deux dernières saisons (2014 et 2015, je compilerai les stats 2013 plus tard) des EWS. Un graphique résume de façon lapidaire le suspens insoutenable auxquels les fans sont soumis. Celui du nombre de spéciales gagnées par les unes et les autres (saison 2014 et 2015).

Pas beaucoup de miettes ces deux dernières saisons (2014 et 2015)

Pas beaucoup de miettes ces deux dernières saisons (2014 et 2015)

À elle seule, Tracy Moseley empoche la moitié des spéciales courues, Anne-Caroline Chausson s’occupant des trois quarts de ce qui reste… Les miettes sont donc en portion congrues, portions congrues qui n’échappent pas à deux pilotes, Cécile Ravanel et Anneke Beerten. Dans les classements, la domination est encore plus parlante. Voyons par exemple l’évolution de la position de Tracy Moseley, actuelle leader, depuis l’ouverture des Enduro World Series.

Tracy Moseley n'est jamais descendue du podium depuis la création des Enduro World Series.

Tracy Moseley n’est jamais descendue du podium depuis la création des Enduro World Series.

Seule à pouvoir contester l’appétit de Tracy Moseley, Anne-Caroline Chausson fait preuve de tout autant de régularité.
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Dans ces conditions, difficile de se faire une place au soleil. On pourrait donc croire qu’une bagarre plus ouverte puisse se jouer pour les accessits et la troisième place sur le podium. Mais non, là encore, les positions des unes et des autres sont assez figées et tout se joue entre Cécile Ravanel et Anneke Beerten comme il était possible de l’entrevoir dans le graphique sur les victoires en spéciales ci-dessus.

Hormis sa victoire à Whistler l'an passé, Cécile Ravanel a toujours du se contenter des accessits.

Hormis sa victoire à Whistler l’an passé, Cécile Ravanel a toujours du se contenter des accessits.

Anneke Beerten à Valloire en 2015.

Anneke Beerten à Valloire en 2015.

Anneke Berten échoue le plus souvent au pied du podium, avec une constance qui doit être lassante.

Anneke Berten échoue le plus souvent au pied du podium, avec une constance qui doit être lassante.

Sans besoin de Yalta, les place semblent tout autant prédeterminées pour la troisième et la quatrième place, la palme revenant à Anneke Beerten abonnée au pied du podium.

En 2014 et 2015, Anneke Beerten a terminé à la quatrième place pour plus de deux tiers des manches.

En 2014 et 2015, Anneke Beerten a terminé à la quatrième place pour plus de deux tiers des manches.

Il faudrait maintenant plonger dans les temps pour avoir une idée de l’écart qui peut exister entre les quatre premières du classement, je m’en occuperai ultérieurement. Mais il est clair à la lecture des ces stats que seule une blessure, un abandon sur casse mécanique semble en mesure de pouvoir bouleverser l’ordre établi.

Voici, fin juin après trois manches donc, les écarts de points entre les premiers du général, Tracy Moseley et Justin Leov et leur challengers. Preuve par l’image, finalement, que le championnat homme est bien plus ouvert. Il y a déjà presque l’équivalent du nombre de points que donne la victoire dans une manche entre Isabeau Courdurier et Tracy Moseley, tandis que Richie Rude, au même niveau chez les hommes, n’est qu’à une demi-manche, 250 points, de Justin Leov.

Si l'écart est plus serré chez les filles entre la deuxième et la première place, pour le reste des accessits la situation est plus ouverte chez les hommes.

Si l’écart est plus serré chez les filles entre la deuxième et la première place, pour le reste des accessits la situation est plus ouverte chez les hommes.

Et derrière me direz-vous, pour les accessits des accessits ? Et bien, ça pousse, il y a les jeunes françaises notamment, mais nous regardons ça un peu plus tard !

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Le retour des grands espaces

C’était l’été, une idée bête soumise par Marc quelques jours auparavant, une tentative de jardinage grand style réalisée par Miguel et Oscar voici quelques semaines, c’était donc trop beau. Après un hiver passé à rouler en plaine, ou dans les piémonts, à l’exception notable de quelques sorties neigeuses ou enneigées, l’envie d’aller en découdre avec les hauteurs se fait drôlement pressante. Souvenez-vous, j’en ai déjà parlé dans cette colonne, l’esprit de Blanquette, Monsieur Seguin tout ça. Donc c’était le symptôme, il fallait évacuer le syndrome.

10 % de moyenne, un tronçon de 800 mètres à 17 % de moyenne, heureusement que nous étions à l'ombre !

10 % de moyenne, un tronçon de 800 mètres à 17 % de moyenne, heureusement que nous étions à l’ombre !

Au lever du rider, chargé des verres de la veille au soir, la bouche était pâteuse et pas fraîche. 7 heures, C15, vélos rangés, nous avons pris la route de Prades puis Casteil, le col de jou, la piste vers le refuge de Mariailles pour nous garer finalement au Randé. De là, on ne rigolait déjà plus. En moins d’un kilomètre, nous nous sommes gentiment fait déposer par une traileuse sur la piste. C’est dire la vitesse canonique à laquelle nous avancions ! À notre décharge, en plus de la charge de la veille, il faut avouer que cette piste n’est pas une partie de plaisir. Ça monte tout le temps, bon, ça c’est plutôt logique, mais ça monte DUR tout le temps, ça c’est moins courant. En gros, nous avons roulé en moyenne sur 10 % pendant 6 kilomètres. Une paille.

J'en ai bien bavé pour arriver là.

J’en ai bien bavé pour arriver là.

Ce n’est pas la bouche qui pédale, mais quand elle est pâteuse, bizarrement, on pédale généralement moins bien. Allez comprendre. J’ai souffert dans la montée, cherché à oublier la pente, usé de ruses diverses, jusqu’aux plus improbables, chanter à voix haute en même temps que je pédalais. Bref, je me consolais avec les paysages qui s’ouvraient sous nos yeux à chaque trouée dans les arbres ou chaque virage dans la pente. Cela me faisait penser au Val Maira, en Italie, où je suis allé rouler l’an passé pour O2 Bikers.

La trace était soft, les protections d'Amygos au repos au Col.

La trace était soft, les protections d’Amygos au repos au Col.

Au col, la Collade de la Rqouette, au bout de cette bavante il faisait bon, un groupe de randonneurs espagnols prenait sa pause avant de continuer à monter vers le refuge de Pla Guillem quand nous nous attaquions tranquillement la descente. C’est doux, les premiers mètres sont tranquilles dans l’herbe, au milieu d’une végétation pas très haute mais point trop agressive en dépit de sa propension à manger le chemin. C’est drôlement agréable en tout cas et sans difficultés.

Fini de jouer, maintenant on descend.

Fini de jouer, maintenant on descend.

La trace devient joueuse quand ont quitte la crête pour plonger dans la pente. Les épingles se multiplient mais passent toutes très bien, la terre est souple, parfosi la végétation vient masquer la trace mais sans la fermer, quelques arbres par contre son bien installés en travers. Mais c’est tout bon. On coupe la piste, et c’est reparti, droite gauche, on rate parfois l’épingle, on revient sur la trace, pour finir part débouler dans une minuscule clairière où trône, seul, un orri, une casemate de pierre sèche de toute beauté intérieure.

Le doux bruit du single d'été.

Le doux bruit du single d’été.

L'esprit de la trace à peine marquée dans l'herbe neuve du printemps.

L’esprit de la trace à peine marquée dans l’herbe neuve du printemps.

Il faut entrer par la porte pour prendre la mesure de la justesse de la construction de la coupole. Comme une basilique rustique… Descendu ensuite jusqu’au parking, Marc me laissait filer pour voir ce qu’il ya avait derrière, il connaissait déjà, pendant qu’il descendait la voiture. Le chemin, GR10, qui descend vers le col de Jou n’est pas bien roulant, sauf à pouvoir mettre en œuvre une technique de franchissement d’épingles particulièrement éprouvée et une certaine effronterie face au vide et aux regard narquois des pierres attentives en quête d’un bon steak.

Jolie casemate dans la descente.

Jolie casemate dans la descente.

Mais certains passages méritent de l’emprunter quand même, pour le côté joueur de l’affaire. Ensuite, au col de Jou, inutile de continuer vers Casteil, il est probablement beaucoup plus intéressant de suivre le GR10 jusqu’à Py.

Au loin le Madres, préoccupation de notre prochaine sortie.

Au loin le Madres, préoccupation de notre prochaine sortie.

Ce qui ferait, depuis Pla Guillem, une bien belle descente de 1400 négatif. Qui vient ?

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Faut pas s’en fer

Une route créée de toutes pièces, un puzzle d’histoire, d’histoires, autour desquelles il ne fallait pas s’en faire. Nous avions le fer comme filigrane de la journée. De fer, il fallait un moral ce dimanche pour lutter contre la chaleur. Boire beaucoup et préserver son organisme pour toucher au but.

C'est ce qu'on appelle le "petit matin", clin d'œil du Canigou.

C’est ce qu’on appelle le « petit matin », clin d’œil du Canigou.

Rendez-vous était pris de bonne heure, vers 6 h 30 à Finestret pour organiser les navettes et aller toucher le point haut de la sortie du jour. Un gros morceau en forme de voyage dans l’histoire. Nous allions donc dévaler la vallée de la Lentilla en passant par quelques uns des sites autrefois exploités pour leur fer et parachever, valider, une trace élaborée tout au long des explorations et nettoyages de l’hiver, un enchaînement de singles inédits.

Premières crevaisons, mais aussi les dernières jusqu'au parking de l'arrivée.

Premières crevaisons, mais aussi les dernières jusqu’au parking de l’arrivée.

Le départ fut donné vers 7 h 30 avec déjà du retard par rapport à ce que nous avions prévu. Avec toujours en entame ce caviar de Palomère, sentier posé royal dans la pente au départ du col qui dégringole en deux temps vers le fond de la vallée de la Lentilla. Las, une crevaison au départ, puis une autre un peu plus bas nous grignotèrent encore des minutes précieuses. Mais la facture nous serait tendue plus tard.

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single single single (2)

Au pied de cette descente [note pour plus tard, les genêts sont envahissants sur certaines portions, et les orties vigoureuses, il faudra nettoyer pour l’année prochaine], nous entrions dans l’inconnu, ou presque. Il y avait d’abord ce portage un peu brutal sur ce vieux chemin que nous avons nettoyé ces dernières semaines, un portage suffisamment raide pour mettre à mal le moral des moins habitués à ce genre d’exercice ingrat. Puis un bout de piste, ombra y sol, pour rejoindre le sommet du single suivant.

On a connu des portages plus difficiles, mais celui ci est entièrement à l'ombre .

On a connu des portages plus difficiles, mais celui ci est entièrement à l’ombre .

Avec au milieu de ce gros morceau qui nous fit reprendre tout le dénivelé perdu dans la première descente, le passage par la mine de fer dont les vestiges jonchent encore les abords.

Ombra y sol après le portage.

Ombra y sol après le portage.

Une fois engagé dans le deuxième single de la journée, j’étais obligé d’admettre que l’endroit n’était pas aussi cool que lorsque nous l’avions roulé voici quelques semaines. Le printemps a fait son œuvre et la végétation bien poussé [note pour plus tard, là aussi il faudra aller nettoyer la partie haute].

Parfois la trace se perd dans les genêts.

Parfois la trace se perd dans les genêts.

Par endroit, la trace se perd dans les fougères, disparaît sous les genêts. De quoi se mettre des boîtes comme il faut, une pour moi, et de jeter Vincent à terre sur de méchants cailloux. Bilan, l’avant-bras largement et profondément ouvert, il a dû rallier le bas de la descente à pied avant de partir avec Gaël retrouver la voiture puis gagner les urgences de Prades.

En piochant dans les pharmacies des uns et des autres nous avons pu panser Vincent mais la plaie était bien trop profonde pour continuer. :(

En piochant dans les pharmacies des uns et des autres nous avons pu panser Vincent mais la plaie était bien trop profonde pour continuer. 🙁

Au moment de la chute il était à 50 mètres de la fin du chantier. Là, après le portillon, où le sentier entre dans la forêt, se fait propre, joueur, cherche à nous épingler dans ses courbes pour nous conduire à toute vitesse jusqu’à la Lentilla. Et son surplomb splendide, un sentier très rapide, très doux au départ dans les feuilles, une cerise sur ce gâteau déjà bien sympa.

Dommage ce n'était pas cuit.

Dommage ce n’était pas cuit.

À la route, il fut décidé d’aller faire de l’eau à Baillestavy, les heures qui nous restaient à rouler s’effectuant loin de toute civilisation, c’était plus prudent. deux cochons grillaient paisiblement devant le robinet avec les effluves délicieuses propres à ouvrir l’appétit. Mais il n’était pas question de se taper l’incruste au repas, les carcasses n’étaient pas cuites de toute façon, et nous reprîmes le chemin de notre aventure pour monter par la piste vers le hameau perdu de la Coume. Et nous engager sur ce sentier brutal et trialisant déjà parcouru à deux reprises ces dernières semaines. La connaissance de la trace aide grandement sur ce type de single difficile qui serait largement plus aisé à abordé en plus s’il y avait un peu plus de visibilité [notre pour plus tard, encore un truc à nettoyer] et s’il était débarrassé dans certaines portions des monceaux de pierres pourries qui jonchent la trace.

joli passage en balcon un poil exposé de cette trace sauvage.

joli passage en balcon un poil exposé de cette trace sauvage.

Alors que j’avais quasi tout passé mercredi soir précédent, là, je me suis collé trois boîtes, allez comprendre. Au point d’oublier de conduire tout le monde jusqu’au village en ruine, juste au dessus de la trace pour profiter du point de vue sur la vallée. En bas, on se dit que malgré la difficulté c’est quand même bien bon, et qu’une fois nettoyé… Là, Geoffrey, écoeuré par l’ascension précédente et face au gros morceau qui restait à gravir, 5 kilomètres de single en plein cagnard, pris la décision sage de rentrer par la route. Notre groupe ne cessait de se réduire, de fondre comme peau de chagin, où comme du gras au soleil. Un petit bout de single légèrement descendant le long de la Lentilla et nous fîmes une courte pause pour manger un peu à l’ombre. Juste avant d’attaquer la remontée du GR36 jusqu’au pic Marbet.

La misère sur le GR36 pour atteindre le pic Marbet.

La misère sur le GR36 pour atteindre le pic Marbet.

Et d’être proprement rincés par la chaleur venant par bouffée comme si elle voulait nous asphyxier à chaque fois que nous sortions du couvert des arbres. Comme si, sensation oppressante s’il en est, comme si, à la touffeur ambiante s’ajoutait le rayonnement des pierres gorgées de chaleur, comme si nous étions pris en sandwich entre la chaleur directe du soleil sur la peau, le rayonnement du sol et l’ambiance, les odeurs de sécheresse, de feuilles qui crissent. Nous étions un peu trop tard dans la matinée pour vraiment profiter de cette grimpette transformée en épreuve pas banale. Au col, il fallait en finir, nous avons laissé de côté le dernier bout d’ascension prévu pour revenir dans la vallée du Llech, il commençait en plus de se faire tard et nous étions attendus pour le déjeuner au Camping du Canigou, par Bernadette qui avait préparé le repas et Vincent et Gaël revenus des urgences qui patientaient devant une bière fraîche.

Bon app'

Bon app’

Comme des morts de faim, nous nous sommes donc engagés dans cette descente pour la trouver défoncée, un véritable chantier pour achever les bras et les cuisses. Moulus en bas, nous avons tricoté dans un chemin de chèvres, ou de moutons pour aller chercher le dernier bout de single de la tournée et débouler direct au pied de la tireuse à bière. Échaudés mais ne craignant pas l’eau froide !

À refaire après nettoyage.

À refaire après nettoyage.

Au final ça fait un joli profil sur 25 km et 1000 mètres de dénivelé positif pour 1700 de négatif et 4 h 30 de déplacement. Avec une météo plus clémente, un peu moins de temps perdu, on peut aisément rajouter de 150 à 600 mètres de d+ et d- si envie sur la dernière bosse. D’autres photos en cliquant ici !

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Justin ou les bonheurs de la vertu

Il y avait longtemps que Justin Leov cavalait après un premier succès dans les Enduro World Series. C’est donc fait sur les trails boueux de Peebles, avec justice. Jared Graves absent, Jérôme Clémentz pas au mieux de sa forme, le vainqueur de l’an passé Nicolas Lau un ton en dessous, cette manche était pour lui. Surtout compte tenu du profil des spéciales du dimanche, la 6 et la 8 qui alimentèrent de nombreuses discussion dans les paddocks, et au delà tant elle manquait de dénivelé et imposait de copieuses parties de pédlage. Salive perdue puisque finalement, pour raison météo (? – Elle ne fut pas telle qu’annoncée) les spéciales 6 & 7 ont été annulées et la 8 un peu rallongée pour l’occasion.

Si je dis que Justin cavalait depuis longtemps après sa première victoire, c’est bien au vu de ses résultats. C’était la 15e manche dont il prenait le départ et depuis Valloire l’an passé, il n’était plus sortie du top 10. En 15 manches, il n’est jamais sorti du top 20, est entré 12 fois dans le top 10 et 4 fois dans le top 5 avant cette manche écossaise. Mais Justin est patient, ce n’est pas la moindre des vertus !

Justin n'était plus sorti du top 10 depuis Valloire l'an passé.

Justin n’était plus sorti du top 10 depuis Valloire l’an passé.

Sinon, il n’y a que les étourdis qui n’avaient pas vu venir Callaghan. Et les idiots ceux qui pouvaient croire que son succès de la semaine passée sur ses terres ressortait de l’épiphénomène Guinness. Il avait d’une part réalisé son meilleur résultat de la saison passée à Peebles, avec une 8e place, et après s’être perdu à Valloire (28e) il n’avait cessé de progresser dans le classement à chaque manche, jusqu’à la 10e place à Rotorua, et la 1ère en Irlande. callhagan

Reste maintenant à voir à Samoëns s’il trouve la montagne plus à son goût. Mais il fait partie pour la saison 2015, des pilotes à garder en vue. L’autre pilote à surveiller c’est Florian Nicolai qui échoue juste derrière Justin Leov pour signer son premier deuxième podium. Mais comme Justin, il y avait longtemps qu’il courrait après !
nicolaiEWS

Là encore pour le jeune pilote français, il faudra voir comment il s’en sort avec des profils plus engagés. On notera aussi la quatrième place de Fabien Barel, la 10e de Nicolas Lau, vainqueur l’an dernier, la 12e de Martin Maes et la 15e de Jérôme Clémentz décidément en difficulté sur ces deux manches lors desquelles il a réalisé ses deux plus mauvais résultats jamais enregistrés depuis la création des enduro world séries.

Comme Damien Oton, François Bailly-Maître (ici à Valloire) goutte des affres de la blessure.

Comme Damien Oton, François Bailly-Maître (ici à Valloire) goutte des affres de la blessure.

Enfin, notons que Damien Oton est out sur blessure pour un temps indéterminé (lorsque j’écris ces lignes) alors qu’il avait réussi à se placer sur des parcours peu propices, tout comme François Bailly-Maître lui aussi blessé sérieusement en Écosse. Au général, le top 10 est assez inédit (voir là), jeune, emmené par Justin Leov, Greg Callaghan et Florian Nicolai et que 400 points (l’équivalent d’une quatrième place), sépare déjà la 7e place de la première.

Pour l’anecdote, je me suis demandé s’il existait une corélation entre le nombre de scratch de spéciales et les victoires dans les manches. On peut répondre à la normande, oui et non, avec cet échantillon composé du top 10 des scratcheurs de spéciales. En bleu foncé le nombre de spéciales enlevées, et bleu clair le nombre de manches.C’est Jared Graves qui a le plus scratché et Jérôme Clémentz qui a remporté le plus de manches, jusqu’ici. Manches qui échappent, dans ce top 10 des scratcheurs de spéciales, à Martin Maes, Joe Barnes et Richie Rude.
spevsmanches

Du côté des filles, le train MoChauRa est en place (Moseley 1ère, Chausson 2e , Ravanel 3e), l’intéressant se trouve donc dans la suite du classement, j’y reviendrai. Mais ne vous attendez pas à des miracles, imaginez qu’en 17 manches, Tracy Moseley ne s’est jamais classée au delà de la deuxième place et que finalement, la série féminine est bien verrouillée, et même pour les accessits les positions sont assez figées. On en reparle la semaine prochaine ?

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Ben là j’y suis pour rien !

Alors on peut se foutre de ma gueule parce que certaines fois je marche plus que je roule, allant jusqu’à m’enferrer dans d’inextricables (mais drôles) impasses, mais j’ai découvert mercredi une nouvelle forme de réjouissance. La sortie «atelier mécanique». Au départ, c’était un truc décidé à la dernière minute, enfin, juste la veille pour aller découvrir de nouveaux bouts de traces sur Corbère, le village d’à côté.

Vole gamin !

Vole gamin !

On se trouve donc avec Benoît et Jérôme sur le parking de la mairie et on file par le sentier pour se protéger du vent. On doit retrouver Stéphane et Daniel en haut de la bosse. En plus de ces deux là, il y avait aussi Baptiste et Thierry.

Stéphane on fire. :D

Stéphane on fire. 😀

Nous avons attendu un moment qu’une discussion engagée avec un autre larron à pied se termine avant de nous engager vaillant dans une descente, que je connaissais, appelée Mini-Maxi, la trace la plus connue du secteur et royaume de Stéphane. Ça va vite, c’est bien limé, propre et plaisant.

On la refait ? Allez… Pour la photo.

On la refait ? Allez… Pour la photo.

À mi-pente, nous nous sommes arrêtés pour attendre les deux autres qui continuaient de batailler du verbe en haut du sentier. Quitte à attendre, autant s’occuper. C’est ce que fit Benoît en décidant de changer le câble de dérailleur arrière. Et nous de remonter par la piste pour refaire une partie de la descente et aller faire une photo sur une franche cassure un peu plus haut. L’idée était mauvaise, nous n’aurions pas dû insister…

Daniel.

Daniel.

Stéphane.

Stéphane.

Sur la réception, Baptiste, poussé par la Tram’ qui soufflait en tempête a arraché son dérailleur sur une pierre traîtresse. Il a fallut sortir la chaîne, le dérailleur pour qu’il puisse redescendre avec au bout du compte un diagnostic lourd, même la roue a morflé. En redescendant pour rejoindre Benoît, nous l’avons trouvé assis sous les arbres en train de pomper furieusement, il avait ouvert le pneu dans la première partie de la descente ! Bref, délestés malheureusement de Baptiste, nous sommes repartis pour aller checker un bout de sentier récent, une balle tout en pente dans la première partie avec des pifs et des pafs très amusants, puis un joli passage en contre-haut d’un ruisseau quasi à sec…

Thierry.

Thierry.

Benoît.

Benoît.

Un vrai régal. C’était l’heure de revenir vers la voiture. Nous avons donc pris la piste pour reprendre un peu de hauteur (cette même piste sur laquelle Daniel, parti rapido car à la bourre (et cette fois je n’y étais pour rien) a déchiré son pneu dans la montée… Et nous enquiller dans une dernière trace étroite filant entre les arbres avec délice et malice. Mon domaine de lutte est maintenant bien étendu sur Corbère !

Bouchons dans le single

Bouchons dans le single