C’est une idée de Franck. Mais qui vaut pour tout ce que nous entreprenons en la matière. Rêver en jouant au grand légo des traces, au grand meccano du plaisir à deux roues. Assembler des bouts de traces pour faire des grandes virées. Nous nous étions déjà cassés les dents sur cette belle idée l’an passé, faute au mauvais temps de juillet. Cette fois, nous avons pris toutes les précautions en partant presque avant l’aube, à l’heure où s’habille d’or la montagne (pardon Victor). Bref nous étions 9 éparpillés à nous retrouver au col de Creu de bon matin.
Le soleil brillait sur les Pyrénées, il ne faisait ni froid ni trop chaud, la forêt nous tendait les bras avec générosité. Un premier single nous envoyait dans le bon pour l’échauffement et même pour certains carrément pa terre. Nous devions descendre un peu pour attraper une piste avec vue sur la Cerdagne et parvenir au col de Sansa, sans métamorphose.
De là, les choses sérieuses pouvaient commencer avec un brusque infléchissement de la pente. Les énervés du groupe prirent vite les devants, sans égard aucun pour les plus anciens qui roulent avec des moteurs diesel. Qu’importe. La piste était belle, nous avancions bon train, devisant gaiement, c’était une gai parade. Puis après quelques ennuis mécaniques pour moi, un bout un poil plus raide (euphémisme) nous étions au pied du chantier, sans trop nous en rendre compte.
Un single discret partant dré dans le pentu mais dont la rudesse était masquée par l’appétit de la forêt. Et ça montait bien dru jusqu’au débouché à l’air libre. Là, la pente se faisait moins coriace, autorisant les plus vaillants à remonter en selle. C’était beau, partout, nous prenions sans arrêt des photos, comme si nous étions sûr d’être déçus par la suite et qu’il fallait emmagasiner moultes images. Idiots nous étions. Et nous montions, effacions tranquillement (pour moi) les courbes de niveau de la carte. Il n’y avait pas bien long du départau sommet du Madres, plus ou moins 700 mètres de dénivelé, mais quand même, y’a un peu moins d’oxygène là haut, et je le sentais bien. J’étais plutôt bien, pas de douleurs dans les jambes, pas d’essouflement, mais une espèce d’impossibilité de tenir les watts plus de 5 minutes.
Alors je poussais. Une première crête nous donnait à voir l’étendue du spectacle nous récompensant déjà de nos efforts. Nous apercevions presque le sommet du Madres, là bas. Ensuite s’ouvrait un joli single technique, presque à flanc, un rêve tracé dans l’herbe pour poser nos roues. Avant le dernier portage que l’on suivait en effaçant cette fois les piquets ornés de peinture plantés dans l’herbe. La meilleure façon de marcher, c’est de mettre un pied devant l’autre et recommencer. Et ne pas penser à la marche. Le vélo bien calé sur mon sac, tenu d’une seule main, j’avançais sans y prêter attention, laissant mon esprit divaguer, cherchant à savoir comment, moi le gars de la plaine, je pouvais avoir eu cette envie de gravir quelques montagnes. Et me revoyait gamin, grimpant dans une vieille carrière dans laquelle nous n’avions pas le droit de nous rendre, me revoyant plus tard, adolescent, pratiquer parfois l’escalade et partir à la suite de mes parents en randonnée en montagne. De fil en aiguille. Voilà, c’est ça peut-être que je regrette, n’avoir pas pu rendre ceci à mon père, pas eu ni le temps ni l’opportunité, mais c’est comme si je cherchais encore un moyen de le rencontrer finalement, c’est peut-êter ça que je regrette, n’avoir pu le conduire là, où j’étais à ce moment là, marchant vers le sommet rond du Madres, toucher au but, il aurait adoré.
Et retrouver les copains tout à la fois frigorifiés et heureux, comptant les isards et les marmottes, gravant dans leur mémoire ce joli bout de panorama. La suite fut finalement plus rude, mais tout aussi sympa. Un petit passage en crête, encore un peu de portage, un peu de freeride, une partie de dominos sur des dalles et des caillasses en veux tu en voilà, ça bouffe des dizaines de watts au mètre linéaire, encore des photos, encore du bonheur jusqu’au refuge juste sous la Perdrix.
Salut Yann,
Nous faisons notre semaine traditionnelle fin août aux Angles. Nous n’avons jamais fait le Madres car nous n’avons aucun retour sur la qualité de la descente. La montée, je vois un peu sur les photos, ça porte mais cela n’est pas rédhibitoire.
La descente, c’est l’inconnue.
Aurais-tu la trace GPS de votre sortie et un descriptif du parcours complet? C’est peu être beaucoup demander sans rien payer.
Merci d’avance, au moins pour avoir lu mon message.
A bientôt.
FRED
oui je peux te passer la trace. La suite du récit arrive demain peut-être. Rapido, la partie Madres Lac de Nohède est pas super roulante, mais quand ça descend, ça descend sec, souvent à vue dans l’herbe ou les rhodos. Du lac de Nohède au canal que nous avons emprunté, c’est parfait sauf le début de la descente pour atteindre le canal. Ensuite, on a chopé le cami ramader. Et ça c’est géant 🙂
http://la-trace.com/itineraires/vtt/3631/un-petit-tour-par-le-sommet-du-madres 🙂
Depuis que Franck m’a parlé de ce voyage, je guettais ton blog avec une certaine impatience. Et je dois dire que je ne suis pas déçu ! Merci de nous faire voyager à vos cotés depuis nos canapés, les yeux rivés sur les écrans de nos PC.
Assurément une très belle aventure, encore …..
Vivement la suite, et la prochaine !
Merci, on a un truc prévu dans le même genre dimanche si ça te dit Franck partira tôt 🙂
Un commentaire pour dire que ça se passe de commentaires …
de toute façon y’a pas assez d’oxygène pour en parler 😀
Yann, c’est trop classe. je serais moi aussi preneur de la trace. Avez-vous pris la variante du GR qui part du coll de Sansa, en passant au-dessus de la coume de Ponteils, avec passage par le roc Nègre ? Ou par l’autre côté ? Pierre
Non, l’option que tu décris est assez pénible en vélo, nous sommes passé par derrière en fait pour pouvoir rouler plus longtemps 🙂 La trace est dispo là http://la-trace.com/itineraires/vtt/3631/un-petit-tour-par-le-sommet-du-madres
Merci Yann.
Pingback: Un petit Madres au tour (2e partie) | yannk.fr