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Mystical otherness, au tableau !

Souvent quand vient la douleur l’esprit trouve des parades pour s’échapper et rendre ainsi l’effort [anagramme parfait d’offert] supportable. Souvent aussi, il nous accompagne dans nos activités favorites. Planquée le reste du temps derrière un rempart social, l’altérité mystique [mystical otherness] de chacun d’entre nous trouve à s’imposer quand nous venons sur son terrain favori. Elle peut alors prendre le contrôle de la situation. C’est ce qui s’est passé vendredi, en prélude au week-end, au cours d’une belle journée de printemps automne, alors que nous étions encore à provoquer l’hiver jusque dans ses recoins les plus glaciaux des flancs nord jalousement cachés sous les forêts.

Vous avez hiver ?

Vous avez hiver ?

Peine perdue, nous avons encore eu chaud sous la houlette de Miguel et de ses idées à la con qui le sont parfois bien autant que les miennes. C’est rassurant, je me sens du coup moins seul à proposer des âneries. Donc, si cela piquait bien un peu dans l’ombre du petit matin à Amélie-les-Bains (rime pauvre), nous sommes vite montés en température à l’assaut des premières rampes devant nous mener à la chapelle de San Engracia, premier point haut du jour.

Sec sec sec, comme me hareng de la chanson.

Sec sec sec, comme le hareng de la chanson.

Miguel avait convenu ensuite de nous mener tambour battant jusqu’à un cortal ruiné perdu sur la montagne, bergerie isolée pour Blanquette baba cool qui aurait peur du loup. À l’abordage de la descente de la chapelle, nous jouons avec les mares de soleil, il fait bon sur ce versant sud-est, la trace est sèche, les corps s’amusent dans la descente. Ça file vite parfois, d’autres moment sont plus compliqués techniquement, le sentier étroit avec un peu de gaz à droite ou à gauche, c’est comme un dimanche d’élections, tu dois passer mais sans tomber d’un côté ou de l’autre.

Vaste chantier ahead !

Vaste chantier ahead !

Jusqu’à cette rupture franche. Je roulais devant pour me poster et faire quelques photos quand le sentier s’est évanoui sous mes roues, brusquement. J’attendais une épingle sur la gauche, mais il n’y avait plus qu’un buisson en face de moi et un chantier à la place de la trace. Remettant le vélo dans le sens de la pente, je m’engageais pour rejoindre le sentier que je voyais briller un cinquantaine de mètres plus bas, bien en arrière sur la selle, visant avec soin les deux arbres plantés au milieu du bazar pour tenter de passer entre et me mettre ainsi en bonne position pour gagner l’orbite favorable à mon rétablissement sur la trace.

Miguel's mystical otherness

Miguel’s mystical otherness

Ce n’était pas gagné, ce ne le fut pas. Je me sauvais, je ne sais trop comment, puis me postais, espiègle, derrière les arbres pour voir comment les autres allaient s’en sortir. Ils furent obligés, comme moi, de s’y reprendre à deux fois. À la fin de la sente bucolique bien que parfois engagée, ma mystical otherness avait bien profité. Et nous repartions vers le second point haut de la journée, remontant une rivière tout aussi bucolique dans le frais soleil des matins d’automne, l’eau scintillant entre les pierres, le sol gorgé des promesses du printemps futur et du retour dans les vasques esquivées par le relief des naked babacools que Jackman parfois débusque sans le vouloir.

11 décembre.

11 décembre.

La remontée vers le hameau de Montalba est longue, ça roule, pousse, porte et souffle. J’aurais bien aimé là, et pour la suite aussi, que ma mystical otherness veuille bien prendre une part du rhume qui m’obsède depuis plus de quinze jours maintenant et de ses tentaculaires percées vers mes bronches pour raviver l’asthme chronique qui m’étreint. Bref, soufflant comme un bœuf sous le joug, je finissais quand même de me hisser dans la roue de Jackman jusqu’au village posé sous le soleil de presque midi afin de rejoindre Miguel et Jérôme, fringant d’arrogance sur les montures toutes suspendues.

Des flaques de soleil.

Des flaques de soleil.

Le temps de manger, la dalle j’avais, nous repartions vers la crête montrée du doigt, là bas. C’est un bon indicateur de moral d’ailleurs de pouvoir visualiser l’endroit où tu dois parvenir, et de n’avoir même pas peur. Le mien de moral était éreinté par le souffle court, mais ma mystical otherness en voulait encore. Et là ce fût un poil long. Pas la première partie sur ce beau chemin dessiné avec respect sur le flanc de de la montagne, mais après ma gamelle. Dans une portion roulante, j’arrivais un peu vite dans un endroit un peu mal pavé, planqué derrière un petit virage à droite, jusqu’à me faire surprendre et me voir violemment jeté au bas de ma monture dépitée contre la pierre amoureuse.

Schuss.

Schuss.

La main en vrac, le gant déchiré, une douleur dans l’intérieur de la cuisse, je m’en sortais plutôt bien en pestant contre ma mystical otherness qui m’avait poussé à lâcher les freins et l’attention. La suite fut donc longue, j’essayais de rester au contact de Jake, je fredonnais un air célèbre, « hike your bike, Jake » pour me donner du cœur à l’ouvrage.

Comme un chat échaudé par l’eau chaude il me tardait de pouvoir me remettre dans le bon sens de la pente pour conjurer le mauvais sort. Las, il nous restait encore un bon bout à grimper, sur un sentier « qui n’est pas sur la carte » nous avait précisé Miguel avec gourmandise depuis le départ. Mon expérience sanglière m’a appris qu’un sentier ne figurant pas sur la carte se range uniquement en deux catégorie. Soit c’est une tuerie ultime, soit c’est un bordel sans nom.

Montalba est un hameau parfaitement reposant.

Montalba est un hameau parfaitement reposant.

Celui de Miguel rentrait dans cette deuxième catégorie, mais avec un grade modéré, on dira 2 sur 5. Manque de bol pour lui, il arrivait tard et j’avais mal. Miguel lui, comme nous le faisons tous dans ce genre de circonstances, nous promettait le grand soir et l’arrivée au sommet dans les 10 minutes. Au cortal visé, nous mangions encore un peu pour nous jeter dans la descente. Et là encore, chantier. Les gars qui ont construit le cheminement n’ont pas fait le ménage. Le mélange automnal de feuilles mortes et de pierres mobiles bien sagement planquées dessous est une tisane au goût piquant qu’il convient de boire à petite gorgée. Surtout quand on s’est boîté une heure avant !

Révise tes fondamentaux sinon gare à tes dents.

Révise tes fondamentaux sinon gare à tes dents.

Le soleil toute la journée nous a accompagné.

Le soleil toute la journée nous a accompagné.

J’ai donc roulé prudemment jusqu’à Can Felix, avant de pouvoir profiter pleinement du plaisir et laisser ma mystical otherness se satisfaire de ce que je lui mettaix dans les dents. L’affaire est engagée par endroit, c’est long, technique à très technique, mais peur à peu, j’ai surmonté l’appréhension. Pour arriver en bas rincé, comme d’hab, content mais rincé. Une main douloureuse en plus.

Jake's own mystical otherness.

Jake’s own mystical otherness.

Belle journée, 24 km pour un peu plus de 1100 mètres de dénivelé (en données strava corrigée des variations égotiques), c’était vraiment une idéeàlacon Miguel !

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Rester dans les sentiers battus.

Revenir dans ses propres pas en modifiant aux marges. C’est ce que nous avons fait dimanche, pas trop tôt pour laisser à Jackman le temps de nous rejoindre, et moi de récupérer de deux nuits hachées pour cause de rhume de descendance. Bref, il faisait beau, un coup à écouter la musique d’Henri Dutilleux en sirotant une mauresque au bar des sports. Mais non.

On accueille le soleil au milieu du portage

On accueille le soleil au milieu du portage

La buée sortant de nos bouches, nous nous mettons en branle vers 10 h 15 de Joch (prononcez Jok), une petite troupe hétéroclite. L’idée du jour c’est de branler du pingouin à plus savoir qu’en faire. Une petite descente, une grimpette, une descente engagée, un portage engagé, une belle descente, un portage engagé, une descente engagée. On n’est pas là pour compter les stries sur le dos de Buren.

Sur le GR 36 les sections au soleil sont sèches, les autres…

Sur le GR 36 les sections au soleil sont sèches, les autres…

Lignes envoûtantes

Lignes envoûtantes

On se rend compte quand même assez vite que ça glissouille en vrac, chaque pierre est un piège en soi. Dans le deuxième bout descendant, un chantier terriblement pentu rendu « insane » par l’humidité nous manquons chacun de sortir de la traj’ pour finir accroché aux arbres comme le drapeau français au radeau de la méduse. Nous levons ensuite deux « bambis » comme des flèches qui disparaissent dans les bois aussi bien que les 7 nains.

Pause photo dans un joli spot

Pause photo dans un joli spot

Puis au bas d’Estoher, nous attaquons le portage. Le portage. Celui là, il n’est pas complètement dur, mais il te calme assez vite. Comme ce putain de chat qui te lèche les mains depuis 10 minutes alors que tu essayes d’écrire un petit texte intelligent sur la sortie de dimanche.

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(I was listening to this Jackman).

Bref ce portage, sur ce sentier large comme nos rêves de gosses, suintant l’eau de rosée, la glace même dans les parties les moins exposées, ces petites pommes tombées au sol, pleine d’acidité sous la dent. Ces petites pommes tombées là sous tes roues pour te rappeler que des dizaines d’années en arrière, sur ces terrasses dont tu surplombes les vestiges comme d’autres surplombent Macchu Picchu, sur ces terrasses donc, te rappeler que des hommes et des femmes ont travaillé dur, logés certainement dans la masure couverte de végétation, comme un cube vert sur ce replat de fougères et d’orties.

On y retourne ?

On y retourne ?

Les nuages ont subtilisé le soleil avant la fin de notre sortie.

Les nuages ont subtilisé le soleil avant la fin de notre sortie.

Ce mas, qui devait être un point névralgique de toute cette haute vallée, connecté avec les orris énormes de la crête là haut, ces poiriers aussi trouvé plus haut lors d’une sortie idiote précédente, bref, ce mas qui sonne la fin de la longue montée vélo sur le dos. À partir de là on peur recommencer à rouler de loin en loin. Et attaquer la descente, celle là même qu’on a roulé 50 fois mais qui est toujours aussi bonne, comme Mathilde, qu’on attend qu’elle revient*. On s’enquille donc dans cette partie haute, pleine de terre avec envie, puis vient la roche, les épingles, le soleil dans les bouts droits bien orientés et la trace chaude, le froid et les dalles mouillées à l’ombre des arbres, à défaut de jeunes filles en fleur.

Pause photo (3)

Pause photo (3)

Nous avons dévalé. Nous sommes arrêtés pour manger un morceau, sauciflar et Botifare, faire quelques photos de plus. Déjà, les nuages nous gagnaient de vitesse. Traversant la Lentilla rapido par le gué, sans s’arrêter, on ne s’arrête jamais au milieu du gué, nous attaquions la remontée. J’étais claqué vidé. À la peine.

Alors nous avons vite rejoint la plaine.

Alors nous avons vite rejoint la plaine.

Dans le single qui revient sur Joch (prononcez Jok) c’est plus glissant encore, la végétation alourdie par l’humidité nous cachait parfois la trace si ténue sur le bord du vide. Encore quelques photos et il était temps d’en finir manquant de renverser quelques piétons en route vers le calvaire de Joch, la Croix, nous aussi notre choix initial, mais qui sur ce chemin allaient probablement simplement trouver le leur. Avec plaisir, comme toujours (pour nous).

  • Même si pour le coup on sait que rien ne ramènera Mathilde, enfin celle là. Poke Margot & Nico.. 

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Cami d’hiver (idée bêtement stupide)

Il commence de faire froid le matin, surtout quand on prend un peu d’altitude. Nohèdes est une bourgade presqu’encore endormie quand nous arrivions avec Jlio sur le coup de 9 h, au rendez-vous des bons amis. Le programme est simple, c’est ON/OFF. Montée depuis le village par la piste au Col du Portus, puis full gaz vers Olette par le Cami Ramader ensuite. Le Cami Ramader, vous vous souvenez ? La descente du Madres au printemps dernier. Ben voilà.

Nohèdes se réveille.

Nohèdes se réveille.

Donc nous sommes 5 à nous élancer sur la piste sèche dans la longue ascension qui mène au Portus, un genre de + 800 mètres d’un bloc, avec à cette saison, la neige, forcément (tiens, on avait déjà donné d’ailleurs, triste jour). La seule inconnue était l’altitude à laquelle elle allait se glisser sous nos pneus. Et ce fut finalement assez vite, un peu au même endroit qu’en janvier, mais en plus grande quantité. Nous avons pu rouler un bon moment, laissant des watts à tour de bras, dans les ornières laissées par les quelques voitures qui se sont aventurées jusque là.

Pendant ce temps là, en bas… Les nuages se chauffent au soleil.

Pendant ce temps là, en bas… Les nuages se chauffent au soleil.

Il fallait être vigilant, ne pas lever les yeux pour regarder en contre-bas, ni tenter de deviner à quel animal les traces que nous longions appartenaient, veiller à rester dans la trace la plus récente, celle qui était blanche, plutôt que de s’enquiller dans la trace la plus nette, noire glacée qui rêve de t’envoyer au tas en deux temps trois mouvements.

Parfois la montée devient difficile sur la neige gelée dans les ornières ou trop profonde sur les bords.

Parfois la montée devient difficile sur la neige gelée dans les ornières ou trop profonde sur les bords.

Non, rester dans la trace blanche, celle dont la petite croute de glace faisait crunch sous les crampons tout du long, mais qui permettait de monter. À la fin, il a toutefois fallu se rendre à l’évidence. Après un petit casse-croûte au soleil pour mater la plaine planquée sous les nuages comme le fainéant sous l’édredon, il nous a fallu marcher. Un bon moment. Jusqu’au carrfour qui permet de rejoindre le réservoir, c’est encore allé. Ensuite, pour la dernière centaine de mètres de dénivelé à prendre pour atteindre le col, nous avons eu de la chance de pouvoir mettre nos pas dans les empreintes de raquettes laissées par deux randonneurs cheminant visiblement de conserve. Parfois, nous nous enfoncions quand même, nous avons aussi porté le vélo pendant quelques centaines de mètres, quand il devenait trop dur de le pousser, quand la neige était trop molle le porter.

Chérie, passe moi le sel.

Chérie, passe moi le sel.

Au Portus, sous le soleil, c’était magique. La neige alentour, nous pouvions souffler, manger un morceau et nous lécher les babines de ce qui nous attendait, 1100 mètres de dénivelé à perdre…

Un bref coup d’oeil dans la pente et mon intuition s’est révélée bonne. Sur ce versant sud la neige n’avait pas autant tenue que sur le versant Est, Nord-Est que nous venions d’escalader. Il restait de la neige, par grosse plaque en travers de la trace, mais rien de rédhibitoire, nous allions pouvoir dévaler à pleine balle.

Bref, c'était pure gourmandise.

Bref, c’était pure gourmandise.

Nous sommes vite arrivé au refuge de la Moline et son replat couvert de neige, pour rencontrer un maigre groupe de randonneurs au terme de sa sortie et prêt à sortir le pique-nique. Nous avions faim aussi, mais de single. Après quelques photos dans la neige, nous nous sommes élancés sur la trace. Et quelle trace !  Cherchant un peu au départ pour deviner le sentier sous la neige, nous finissons par mettre la main dessus. La première partie, très typée montagne, est parfois encombrée d’une mince couche de neige, quelques centimètres, ramollie par le soleil et la douceur, rien qui empêche de rouler.

Passé le refuge de la Moline nous roulons encore un peu dans la neige.

Passé le refuge de la Moline nous roulons encore un peu dans la neige.

Puis la neige s’estompe, le soleil se fait plus généreux entre les arbres. On relève les manches parce qu’il fait chaud et surtout on profite. C’est assez inouï de rouler le Cami Ramader ainsi au mois de décembre en partant de 1800 mètres. Ce chemin, comme tous les autres à porter ce nom dans les Pyrénées-Orientales, est un chemin de transhumance, qui permet aux bêtes de la plaine, des vaches aujourd’hui, de rejoindre la forêt et les pâtures d’altitude durant l’été. Ce sentier est donc aménagé, large, soutenu par des terrasses, j’imagine que des charrettes pouvait y monter. Avant de parvenir à cette portion pas congrue, pour le coup, il faut se faufiler dans la forêt, ça roule vite, très vite et on se régale des quelques épingles, jouant à se faire des intérieurs de folie, la banane accrochée à la jugulaire du casque.

Le Cami Ramader est toujours un must des Pyrénés-Orientales, fin, technique, rapide, varié…

Le Cami Ramader est toujours un must des Pyrénés-Orientales, fin, technique, rapide, varié…

Ce Cami ramader d’Olette, il en existe d’autres dans le secteur qui avaient donc la même fonction, est un sentier magique, beau, sans grande difficulté technique, ne nécessitant pas d’engagement démesuré, mais il est piégeux, voire dangereux par endroit. Emporté par son élan, Jlio laissera en offrande une patte de dérailleur sur un petit rocher saillant dans une mini compression au cœur d’un bout droit où l’on ne touche pas les freins. Fabien, plus bas, laissera son pneu dans un des pierriers de schistes qui rendent l’aventure palpitante.

Et une patte de dérailleur, une !

Et une patte de dérailleur, une !

Ces sections de pierres légères et coupante ne sont pas aisées à rouler, on peut y laisser des plumes si l’on chute, et des pneus. Entaillé sur trois bons centimètres, le pneu de Fabien, ainsi que la chambre à air coupée tout pareil, faisaient peine à voir. On a sorti la boîte à miracles. Un bout de chambre à air, de la glue, pour faire une réparation de mauvaise fortune et bon cœur. Le truc devait tenir les trois quatre derniers kilomètres qu’il nous restait à dévaler sur le sentier, plus la dizaine de bornes pour rejoindre la voiture à Villefranche, #défi.

Full gaz sous le soleil #manchescourtes

Full gaz sous le soleil #manchescourtes

Mais l’affaire fit l’affaire et tint jusqu’à Olette puis Villefranche. Débouchant du sentier à Evol, la banae toujours accrochée au casque, nous avons suivi la route pour aller chercher l’entrée du sentier menant à Olette. Un bout droit très rapide sur lequel toute satellisation est proscrite. Ça monte, ça descend, c’est sympa, j’ai manqué de m’en coller une belle tout seul comme un grand à 200 mètres d’Olette, mais nous sommes finalement tous parvenu à bon port, en bon ordre.

Plein les yeux tout du long.

Plein les yeux tout du long.

Bref, c’était pure gourmandise que de monter là hier, début décembre, de rouler et marcher dans la neige. Mais la gourmandise est un moteur extraordinaire. On recommencera.

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Narguer l’hiver

Un pied de nez. Aller au loin, dans la tramontane virulente qui essaye d’ancrer les prémices de l’hiver sur le pays. Malgré le froid glacial qu’elle a fait planer sur le pays pendant quelques jours, elle a perdu cette bataille. Au soleil, à l’abri du vent, il fait toujours drôlement bon.

L'hiver est encore loin, là bas.

L’hiver est encore loin, là bas.

Bref, nous partons avec Jackman pour une courte descente du côté de Marcevols, sur un single que j’aime particulièrement. Le temps de grimper par la piste un peu raide jusqu’au col qui surplombe Tarerach et nous lâchons les chevaux. Le sentier n’est pas très pentu, bien caillouteux par endroit, ça file vite. Je débouche à la première intersection, j’attends, pas de Jackman. Je l’avais pourtant entendu à quelques dizaines de mètres de là. Imaginant une crevaison, je prenais le sentier à l’envers pour le trouver finalement à demi sonné au milieu de la trace. Qui trop embrasse mal étreint, en l’occurence, la murette de pierres sèches et anguleuses était une couche rugueuse pour un corps lancé à 20 km/h. Heureusement, le casque intégral a joué son rôle.

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T’as vite fait de te mettre au tas dans ce style de courbes

Just ride. And enjoy.

Just ride. And enjoy.

Bref, passées les étoiles scintillants dans l’esprit de Jake, nous avons filé tranquille pour rejoindre Marcevols et réaliser quelques photos. Avant d’entrer dans le vif du sujet, le sentier qui part au bout du parking. Il ne descend pas vite, certes, mais c’est un régal, technique d’abord, puis pour les yeux. Les murettes anciennes, les arbres, la fuite du sentier entre les difficultés… La fluidité qu’il faut conserver. À mi-trace, il faut cependant remonter, toujours sur le sentier et là ça mérite que nous y retournions avec nos sécateurs, c’est pas complètement fermé, mais la végétation empêche parfois de rester sur le vélo. C’est noté pour l’hiver. De là, au croisement du GR 36, nous avons emprunté ce dernier à l’envers, histoire que je montre à Jackman ce beau bout de single en crête avec ses dalles torturées.

Ne pas se laisser impressionner.

Ne pas se laisser impressionner.

Les mecs qui font les sentiers des fois ne sont pas très soigneux.

Les mecs qui font les sentiers des fois ne sont pas très soigneux.

C’est aussi un bon échauffement pour le carnage qui suit. Enfin, carnage. Comme d’habitude, la descente vers le lac est une tuerie, il faut suffisamment de vitesse pour passer mais c’est complètement défoncé, avec quelques épingles infernales, des ornières pas croyables, des parties mal pavées qui font un accordéon de la colonne vertébrale, des bords pas francs qui plongent dans le vide. On souffre, il y a du défi tous les 15 mètres, mais c’est un bon entraînement que de revenir sur des sections aussi sauvages !

Quand le soleil se couche le rider doit rentrer.

Quand le soleil se couche le rider doit rentrer.

La neige est tombée, jeudi, nous irons voir si elle est froide du côté du col du Portus.

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Se faufiler avant la neige

Il faut parfois saisir les occasions à ne pas manquer. Depuis une semaine, la météo annonce l’offensive de l’hiver, la neige même à basse altitude dans notre contrée. Cette neige qui va nous interdire les grands espaces de la haute montagne. Au moins à vélo. Alors avant de rouler dans la plaine pour quelques semaines, nous avons été gourmands pour nous offrir hier une belle sortie sur la frontière franco-espagnole, avec les amis.

Au col d'Ares, le désert d'automne.

Au col d’Ares, le désert d’automne.

Un petit lift jusqu’au col d’Ares, on est quand même en semaine c’est aussi une journée lors de laquelle il faudra bosser, et nous voilà à 10 heures, enquillant notre petit équipage de quatre riders sur le chemin des crêtes. Diable, il fait beau, vite chaud quand le sentier se met à monter, la vue est souvent panoramique. On loue l’été indien, le réchauffement climatique, le temps que nous avons pu arracher à nos boulots respectifs. Et puis là bas. Au loin, les sommets, le Canigou et la masse puissante de son versant sud, la pyramide du Costabonne que je n’aurai pas eu le temps d’aller chercher cette année. Les autres lieux déjà parcourus et aimés, Pla Guillem, les Esquerdes qui dressent leurs dents de pierre vers l’azur imperturbable.

Mais parfois s'inverse la pente

À droite le Canigou, en face, les Esquerdes Rotja.

Le Costabonne en boussole

Le Costabonne en boussole

Et nous avançons sur ce bout presque droit qui suit la crête donc. Je peine dans le raide, c’est droit dans le pentu, on roule sur l’herbe, tu laisses une énergie folle dans la montée et ça freine quand la pente s’inverse. La trace que m’avait fourni l’ami Oscar promettait de mettre fin à la difficulté en nous laissant glisser sur une piste en léger contrebas. Encore fallait-il trouver le sentier. Encore un truc qu’on a terminé en freeride dans les bois à s’accrocher aux branches parfois pour ne pas finir en vrac. Une fois sur la piste, nous sommes vite revenus sur la crête pour profiter de nouveau de la vision panoramique, plus près du Costabonne. Nous regardions plus avant et avec envie les quelques kilomètres qui nous restait à parcourir jusqu’au départ d’une des deux descentes du jour. Très vite, après avoir traversé un troupeau de vaches placides profitant du rayonnement du soleil pour brouter en toute décontraction, nous avons rejoint les deux silhouettes aperçues depuis un moment.

Nous n'étions pas seuls. Chapeau.

Nous n’étions pas seuls. Chapeau.

Des silhouettes qui n’avançaient pas vite là bas, nous voyions parfois les bâtons de marche étinceler dans le soleil. C’est dans une montée que nous les avons doublés, finalement, sur cette piste herbeuse aux ornières maladroitement dessinées. Deux gaillards, certainement plus de cent soixante ans à eux deux, en promenade depuis le col d’Ares comme nous. « Poc a Poc. » Un brin de conversation à la barrière. Nous sommes un peu scotchés de les voir là, à 10 kilomètres de toute route ou presque, heureux de la solitude, marchant à petit pas. Un brin de conversation, ils nous disent ne pas être capables de faire ce que nous faisons en vélo. Mais qu’ils ont fait notre parcours à ski. « Quand on pouvait encore. Aujourd’hui, on se contente de ce qu’on peut, de ce qu’on a. Poc a Poc. » Mélancolie à fleur de peau chez le plus costaud des deux gaillards. Poc a poc.

Pause casse-crôte avant d'attaque le D-

Pause casse-crôte avant d’attaquer le D-

Bon sang, si ça se trouve nous ne serons pas capables de nous lancer dans cette ballade quand nous aurons atteint leur âge. Nous repartons, filant à toute vitesse dans la descente, grimpant encore quelques bouts raides dré dans le pentu, finissons par nous arrêter sur une épaule sympa pour manger un morceau. Les graines d’O’cBon sélectionnées par Loïc font fureur. Puis c’est l’heure. Nous aimerions aussi aller Poc a Poc. Nous voilà en haut de la première descente, nous avons gaspillé pas loin de trois heures pour arriver là, entre petite vitesse, grand doucement, photos pour l’histoire et bavardages. L’occasion pour Simon de reconnaître en Jérôme le médecin qui a recousu son fiston, victime d’une mauvaise chute à vélo. Le monde est petit. Poc a poc.

Dans la fôret, ça file

Dans la fôret, ça file

Jackman ouvre en grand

Jackman ouvre en grand

Bref, on s’est engouffré la dedans comme d’habitude, comme des morts de faim. La première partie dans les bois est rapide et belle. Le soleil commençait d’entrer dans la forêt, on le voyait chatouiller la cime des arbres en contrebas. Passé un mauvais bout dans les pierriers glissants, nous reprenions la cavalcade entre les sapins. Tellement bien et tellement vite que nous avons raté l’embranchement. Et fait un long bout sur la piste au lieu de rester sur le single. Nous roulions vite, il faisait froid, mais quand nous entrions dans les zones inondées par le soleil, nous prenions dans la face une bouffée de chaleur, exacte réplique de celles du printemps, qui vous enveloppe, vous charge les narines d’odeur d’humus exalté.

Simon drifte dans les feuilles.

Simon drifte dans les feuilles.

Nous avons fini par trouver le single suivant, le beau morceau de cette descente, avec des épingles impossibles – n’est-ce pas Simon ? – quelques glissades non-contrôlées, une crevaison. Sous les arbres maintenant dépouillés de leurs feuilles nous apercevions le ciel, bleu.

Et va trop vite parfois pour prendre les épingles.

Et va trop vite parfois pour prendre les épingles.

Après avoir franchi un ruisseau, nous avons terminé par un single champêtre, se faufilant entre les parcelles de prairies pour finir à la Forge de la Preste. Hameau. Une grosse poignée de maisons et un « hôtel de la montagne » à vendre. Poc a poc, l’heure avait gagné la partie. Nous laissons de côté le col du miracle pour un prochain jour faste et rallions Prats-de-Mollo par la route, à faire la course comme des idiots sur le bitume.

Ce sont les anglais qui remettront le Picon-bière à la mode. Si si.

« fromage ». Si si.

Pour apprendre au final, après avoir été aspergés de bière par un barman maladroit, que le renouveau du Picon-Bière passera par les anglais. Vivement le printemps !

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Prendre la route.

J’ai eu la chance ce dimanche d’aller tourner une petite vidéo de vélo de route avec les filles de Elles font du vélo. L’idée est simple, partir à quelques copains et copines pour écumer les petites routes de l’Aude, pour ce cas particulier. Et c’était très chouette. Le soleil généreux de ce 15 novembre atténuait un peu la sidération de la fin de semaine, l’automne aux arbres donnait une impression de chaleur douce et le ruban routier se faufilant entre les villages posés ça où là on se demande comment, le ruban routier de bonne facture se laissait avaler avec plaisir. J’ai quitté le groupe à mi-chemin, lorsque fut venue l’heure de casser la croûte le long d’une petite rivière dans l’odeur si particulière (madeleine) des peupliers presque débarrassés de leurs feuilles.

Un petit col dans les Corbières.

Un petit col dans les Corbières.

Près de trois heures de roulage pour se creuser l'appétit !

Près de trois heures de roulage pour se creuser l’appétit !

Planqué derrière l’appareil photo et la caméra, j’avais quand même sacrément envie d’aller rouler. Il va falloir se dépêcher pour profiter de la haute montagne, la neige est annoncée pour ce week-end. Donc jeudi, on ferme le bureau pour aller musarder sur les hauteurs du Vallespir.

La vidéo.

Un dimanche (à vélo) sur les routes de l'Aude. from yann kerveno on Vimeo.

Avec Elles font du vélo, une balade dans les tréfonds de l'Aude entre Lagrasse et le Limouxin.

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Je suis dans les 300

C’était une idée, comme il en faut parfois, un peu bête mais diablement réjouissante. Les lecteurs fidèles de ce blog savent en même temps que c’est un peu le genre de la maison. L’idée c’était donc à quelques jours de mes 45 ans de m’aligner sur un enduro, histoire de savoir de quoi je parlais vraiment, mais surtout pour rouler avec les copains, Loïc, Jackman et Franck, qui devra finalement renoncer par la faute à la reco de trop. Bon, que les choses soient claires, je n’avais nullement l’envie de courir pour la Race, pas envie de me mettre la rate au court bouillon, de toute façon j’en aurais été incapable ! Le but du jeu était plutôt d’arriver à rouler proprement, le plus proprement possible et d’aller jusqu’au bout. Il faisait un temps de rêve samedi matin à Corbère donc pour cet enduro, organisé par le club local et comprenant six spéciales sur des terrains que je connais pour certains par coeur.

Dans la deuxième spéciale #chicken yann [photo by Frank]

Dans la deuxième spéciale #chicken yann [photo by Frank]

Au départ du village, pour rejoindre la première spéciale, il fallait déjà suer sang et haut eau dans le soleil levant sur le coup de huit heures. Une liaison un peu longue pour mettre d’entrée les cuissots à la bonne température pour arriver au château avant de poursuivre par la piste. À la citerne, il fallait encore rejoindre le départ, au point le plus haut du secteur, pour nous engager dans la descente la plus cassante des six. À mon goût. C’était pour finir l’entrée en matière de la journée ! J’ai pris un départ normal, en pédalant bien dans toute la première partie, en passant sans encombre les deux grosses difficultés de la trace et sans me faire rattraper par les gars partis derrière moi. Au milieu de la descente, je me suis rendu compte que j’avais déraillé et me suis arrêté pour remettre la chaîne dans la bonne trajectoire. Mince.

Dans la première spéciale, faire simple. [photo by Frank]

Dans la première spéciale, faire simple. [photo by Frank]

La suite allait bien jusqu’en bas. La remontée vers le départ de la deuxième spéciale était moins longue et moins pénible que la première, c’est donc tout guilleret que nous sommes présentés. Ce deuxième chrono est super rapide et physique dans ses deux premiers tiers et j’ai réussi à rester devant mes poursuivants jusqu’à arriver sur la crête finale et ses coups de culs assassins. Là, en essayant de me ranger dans une partie étroite pour laisser passer une fusée catalane, j’ai mis la roue où il ne fallait pas et mordu la poussière. En fait, il n’aurait pas fallu que je tombe là. Je ne suis jamais parvenu à retrouver le rythme pour terminer et manquait même de me satelliser une seconde fois un peu plus loin sur une trajectoire improbable. Bon, cela dit, la spéciale est longue, je manquais un peu de lucidité. La troisième, au sommet du village était un cauchemar, je savais que je ne passerai pas la principale difficulté, un dévers sur la roche suivie d’une grosse dalle et d’une réception trop étroite pour ma maladresse. Je pensais toutefois arriver jusqu’au bord de la dalle. Même pas. Grillé par le coup de cul situé juste après le départ, je perdais la roue avant sur le calcaire mouillé et ma frousse avant de me rétablir sans trop savoir comment. Descendu à pied pendant que mes poursuivants passaient, je repartais dans le pentu sans parvenir à reclipser ma chaussure gauche et je pense qu’à cette occasion j’ai ouvert une ou deux nouvelles trajectoires dans l’herbe. En marge du sentier. Bref, au moins, à mi-course, j’étais entier et pouvait me concentrer sur la loooooonnngue remontée, toujours par le château, pour rejoindre la citerne.

Quatrième spéciale, #pifpaf training [photo by Jacotey]

Quatrième spéciale, #pifpaf training [photo by Jacotey]

Puis filer ensuite vers la spéciale que je je préfère, celle dite du Dolmen. Et j’ai roulé drôlement vite (à mon niveau) améliorant mon meilleur temps de presque vingt secondes tout en étant contraint de m’arrêter deux fois pour remettre ma chaîne sur le plateau… Manque de bol, les résultats de cette spéciale n’ont pas été pris en compte ! Bref, remonté rapidement (à mon rythme) jusqu’au départ de la cinq, en faisant un crochet encore plus rapide par le ravito pour manger un peu, je n’avais pas eu le temps au passage précédent, je commençais à sentir la fatigue monter en moi. Avec la spéciale trois, la cinq était celle que je connaissais le moins, au moins dans la partie haute. Qui s’est déroulée sans trop de soucis jusqu’aux ruches, les initiés comprendront. Mis à part deux déraillements encore au pied des coups de cul #rage. Comme les autres j’ai pesté sur ces deux remontées terribles, et je suis arrivé dans le pentu à sec de force et de lucidité. Mais j’ai vraiment été en difficulté un peu plus loin, passant par dessus le vélo à l’entrée dans le lit de la rivière, sortant le cintre de l’axe de la roue, le remettant à la va que je te pousse, repartant sans rythme dans la caillasse, ne parvenant à rester convenablement sur le vélo et finissant en vacillant sur la dernière partie encore trempée des pluies du début de la semaine. C’était vraiment la spéciale galère pour moi. J’ai compris en entamant la rude remontée vers la citerne pourquoi je n’étais pas parvenu à rouler correctement après ma chute, je n’avais pas remis le cintre dans l’axe de la roue, pour une poignée de degrés, largement suffisant pour faire basculer un pilotage déjà aléatoire dans la loufoquerie la plus totale. La dernière ascension disais-je. Alors, oui, je savais que ça allait être compliqué, en diable, c’est pentu par endroit, mais j’ai réussi à rester sur le vélo et atteindre le ravito, puis le départ de la dernière spéciale dans le temps qui m’était imparti pour prendre mon dernier départ. Là, c’est pareil, je ne connaissais qu’un morceau de la spéciale, sur lequel j’ai bien roulé, avant de passer la goulotte dans le virage à gauche à pied et de connaître encore deux déraillements…

Dans la dernière spéciale, ça sent l'écurie [photo by Jacotey]

Dans la dernière spéciale, ça sent l’écurie [photo by Jacotey]

Donc voilà, sans faire véritablement la course, je suis arrivé au bout. Je réalise bizarrement mon meilleurs classement dans la dernière spéciale, 214, mais ai été très régulier sur les autres, 225, 231, 225, 229… Dommage pour la quatre. On a mangé un morceau ensuite, puis on a filé, bavardé encore avec les uns ou les autres, alors que les nuages venaient voiler le beau ciel bleu de la matinée. J’avais dit que cette première course serait la dernière, mais bon, s’il y a de nouveau un enduro à Corbère l’année prochaine… Pour mes 46 ans.

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On a fendu les nuages !

J’avais déjà roulé à Maçanet l’hiver dernier et m’étais promis d’y retourner tant les traces sont sympas à rouler, vives, avec des défis, parfois pentues et toujours sacrément belles. En gros un pur spot. Nous partîmes à quelques uns et une donc, nous donnant rendez-vous au Boulou pour rouler ensuite de conserve jusqu’à la petite bourgade planquée à l’ombre des Salines.

Nous étions jeunes et larges d'esprit.

Nous étions jeunes et larges d’esprit.

La météo était formelle, ça allait se lever, si si. Sur place, le ciel bas et lourd pesait sur nos têtes accroché à mi-pente aux branches des chênes. Nous ne voyions pas les cîmes mais comme nous devions bricoler dans la pente, cela n’était guère inquiétant.

Dommage pour le paysage (mais pas pour la rime)

Dommage pour le paysage (mais pas pour la rime)

Notre petite troupe en marche, nous avons attaqué l’ascension par la petite route et son coup cul pour mettre le moteur à bonne température, puis quitté l’asphalte, pris la piste et trouvé un rythme de croisière qui s’amuse. J’avais un doute sur la bifurcation, nous nous en sommes donc remis aux traces GPS que nous avions chargées la veille, elles nous indiquaient de continuer à monter, nous avons donc continué à monter. Longtemps.

Un coup à se perdre de vue.

Un coup à se perdre de vue.

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Waiting for the singletrack.

À mesure que nous prenions de l’altitude, croisant une bétonnière, étant doublés par des chercheurs de champignon, nous nous enfoncions dans les nuages, l’air prenait consistance, s’incarnait, devenait palpable par la grâce de ces milliards de gouttelettes d’eau en suspension délicate. Les petits arbres de la forêt méditerranéenne avaient aussi laissé place aux hêtres des hauteurs, la piste s’élevait doucement, nous enchaînions les épingles comme d’autres enfilent des perles. Bref, bientôt nous fûmes en haut, attendant bave au bec de trouver l’entrée du sentier qui allait nous faire dévaler les 600 mètres que nous venions de prendre. Mais point de sentier. La piste filait à flanc, descendait légèrement même, toujours plongée dans un brouillard intense et sans fond de carte sur le GPS, nous étions toujours sur la trace, il était difficile de se faire une idée précise du bazar.

Certains passages comme des chantiers.

Certains passages comme des chantiers.

Des chantier sans lumière !

Des chantier sans lumière !

Mais nous étions assez éloignés du point de départ. Franck a fini par dénicher le sentier que nous cherchions en contrebas de la piste, une jolie trace de terre souple cachées sous quelques feuilles. Il faisait assez chaud, 16° quand nous avions quitté le parking et l’atmosphère chargée d’humidité, la végétation couverte d’une fine couche d’eau, faisait un peu penser à l’hiver aux Açores. Mais nous étions enfin dans la descente. Et quelle descente. L’entame est facile rouler, dans la forêt, c’est joueur sans difficulté. Puis ça se corse. La pente s’accentue et le sentier se fait vraiment GR. C’est typique de Maçanet, des gros blocs de pierre, une trace qui bricole insensément, tournicote, se rompt pour t’envoyer droit dans la pente…

Mais pas sans pierres.

Mais pas sans pierres.

Le tout étant rendu un peu plus glissant qu’à l’accoutumée, certains passages devenaient tendus, le granite lorgnait avec gourmandise sur nos dérailleurs. Mais qu’est ce que c’était bon (et long !). En dévalant le GR nous étions un peu comme des gosses butant parfois sur les difficultés, riant aux autres endroits, exultants quand nous parvenions à franchir nos appréhensions en domptant le sentier. Enfin, je parle de ceux qui roulaient derrière, les autres devant nous attendaient à chaque croisement avec la piste. Jusqu’à ce que je crève sur une pierre patibulaire et que Franck explose son pneu sur la même pierre juste derrière.

Franck à fond dans les cailloux

Franck à fond dans les cailloux

Nous ne savons pas de quoi nous avons été punis, mais nous avons été punis. Je m’en suis sorti avec la même posée par François, Franck lui a dû se résoudre à la chambre pour repartir. Au final nous avons débouché de nouveau sur une piste qui a failli nous renvoyer direct en bas quand il m’a semblé reconnaître, alors que nous dévalions à bonne vitesse, une des liaisons entre singles que nous avions empruntée l’hiver dernier. Le temps de faire des étincelles, je bloquais le groupe et nous repartions à rebrousse-piste par un raidillon qui était plus sympa dans l’autre sens. Mais la suite en valait la peine.

Oscar au régime selle de merde

Oscar au régime selle de merde

Une descente pas bien longue mais shapée avec goût dans la forêt, avec des relevés, des appels, un flow incroyable, ce genre de trace qui te met la banane pour deux heures et dans laquelle tu oublies l’appareil photo dans le sac. Une petite grimpette (encore un peu sèche mais c’est aussi ça Maçanet) plus tard, nous attaquions la dernière descente (pour François, Simon, Jake, Oscar et sa selle en vrac et moi)…

A mud tracker is born !

A mud tracker is born !

Mécanique.

Mécanique.

Un modèle de truc chiant avec des caillasses pas franches posées là en vrac. Un dernier petit run au dessus de la route, tout en souplesse et nous étions revenus au parking. Bière, saluts, il était l’heure de rentrer bosser au bout d’une petite heure de route. Nous avons confié nos rêves à ceux qui restaient pour un tour de plus sur le tracé de la DH, Mag, Nico, Miguel et Franck. [le récit et les photos de Franck au bout de ce lien]

Encore un soir où je n'aurais pas eu besoin de compter les moutons !

Encore un soir où je n’aurais pas eu besoin de compter les moutons !

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C’est bien en automne aussi

Revenir sur des traces connues à différents moments de la saison permet d’en apprécier les changements. Voir de les découvrir sous un autre jour. Monté au refuge de Mariailles, après avoir pris sacrément cher dans la grimpette (hum) depuis le col de Jou, j’ai laissé mes camarades du jour aller toucher la Croix de Lipodère. Le point haut que j’avais assigné pour cette jolie sortie. J’allais tranquillement les récupérer à mi-pente par une piste moins ardue pour mes jambes douloureuses (trop de boulot, nourriture erratique, peu de sommeil).

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Ride de vacances pour Damien.

Prenant le sentier à l’envers, je regrettais un peu, c’est vrai, de n’avoir trouvé l’énergie pour les accompagner. La trace était parfaite, souple, à peine couverte des feuilles des bouleaux frappés d’automne, les herbes hautes qui parfois, encore vertes, gênent la vision durant l’été n’étaient plus qu’un souvenir, des filaments jaunis, presque blancs, abandonnés par la sève pas idiote. J’ai bricolé un moment en attendant, remontant un peu le sentier, cherchant à tout hasard quelques champignons, en vain. J’ai arrangé un peu la trace, ôtés quelques pierres échouées là tant par inadvertance que par les facéties des orages.

Ça file vite dans la martie haute

Ça file vite dans la partie haute

Et ça tournicote, en guise d'apéro.

Et ça tournicote, en guise d’apéro.

Bref. Assis dans l’herbe, je vis passer à 25 mètres de là deux renards à quelques secondes d’intervalles avant que Damien déboule sur le sentier. J’étais posté, photos tout ça, et le reste du groupe finissait par nous rejoindre. Un peu pris par le temps, nous décidions alors de ne pas poursuivre cette descente jusqu’au Randé, la remontée vers Mariailles nous aurait plombé, mais de filer direct au deuxième caviar du jour, la descente du col de Botifarra.

Une pause paysage (et pour les bras)

Une pause paysage (et pour les bras)

Celle là, quelques sont les conditions, est toujours extra du haut en bas. L’entrée en jeu est un peu brutale, c’est souvent droit dans le pentu, il y a quelques pierres et des racines mais surtout, les arbres ont poussé à 10 centimètres les uns des autres rendant le pilotage subtil, délicat, on aimerait des fois avoir un cintre rétractable.

Jouer. Jouer encore.

Jouer. Jouer encore.

Puis un léger replat nous a offerte une vue superbe sur la vallée de la Rotja parée des couleurs de l’hiver approchant. Inutile de dire que Damien étant parti en tête on ne l’a plus revu ! La trace s’assagit ensuite un moment, la pente se fait souple, la trace zigue et zague, on lâche les freins, jusqu’à cet enchaînement d’épingles dans l’herbe, c’est du tout bon. Comme elle n’est que peu roulée, cette trace est vierge d’appuis, le sentier est parfois difficile à suivre, il passe au ras d’arbres, mais le bonheur qu’il vous met dans les bras est incomparable. Puis la forêt s’épaissit, la couche de feuille au sol pareillement, le sentier s’enfonce, se creuse dans la pente, les épingles se font serrées, des cailloux imposants surgissent et c’est encore là un drôle de bon moment à passer qui mobilise, comme dans la partie haute, la capacité à engager et la technique.

Stop photo.

Stop photo.

On s’arrête, forcément, pour faire quelques photos et mon téléphone sonne. C’est Damien, en bas depuis 15 minutes qui s’inquiète de savoir si on a eu un accident. Nous reprenons donc notre route et filons vers la vallée. La dernière partie de la descente demande à relever encore le niveau, la trace est toujours aussi étroite, les arbres se resserrent et les bras commencent d’être douloureux.

L'été résiste encore par endroit.

L’été résiste encore par endroit.

Broaaaaap

Broaaaaap

À la rivière, qu’il faut traverser avec précaution ça glissouille un peu, il reste encore un joli petit bout de ride tantôt à flanc tantôt dans la pente… Juste comme une cerise en plein automne.

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Café vous avez dit café ? (Gabatxie)

Le soleil éclairait les Pyrénées au loin.

Le soleil éclairait les Pyrénées au loin.

Il y avait longtemps que l’envie me taraudait d’aller rouler du côté de Carcassonne, à l’ombre du Pic de Nore. Ce fut chose faîte samedi dimanche, grâce à l’entremise de Fred et de sa connaissance pointue des sentiers du coin. Rendez-vous nous avait été donné de bonne heure à Villegly, c’est donc nuitamment que nous partîmes, les un des Pyrénées-Orientales, les autres d’Hérault, pour nous laisser mener par le nez chez les gabatx. Avec la grillade prévue dans la foulée, on s’était dit qu’un petit café ferait du bien avant même de partir rouler. C’est donc Loïc qui se chargeait, tard la veille au soir, de le préparer et de le thermosiser (action de mettre le café dans le thermos). Une fois sur place, bien excité par la perspective de rouler ensemble, nous avons bel et bien oublié le café dans le coffre. Nous consolant un peu plus tard en nous disant, chacun sur nos vélos, qu’on allait déjeuner tout à l’heure et que nous aurions ainsi du kawa pour clore le repas.

Les petits bouts descendants étaient bien bons.

Les petits bouts descendants étaient bien bons.

gare aux épaules !

Gare aux épaules !

L’entrée en matière que nous avait concocté Fred était sérieuse, faite d’à-coups, de coups de cul, rien de bien méchant, mais c’était tôt et nous avions fait plus d’une heure et demi de route. On sentait bien toutefois l’obsession du traceur compulsif qui n’hésite pas à imposer un détour de 30 mètres pour rouler sur un bout de sentier plutôt que de rester sur la route ! Très vite, nous avons surplombé quelques petits canyons calcaires, autant d’invitation à jouer, à faire les idiots dans les dégueuloirs naturels pour le plaisir de la photo, à casser la moyenne horaire en petites miettes.

Parfois ça filait vite !

Parfois ça filait vite !

Fred nous avait prévenu, ces montées et descentes n’étaient qu’un hors d’œuvre, une mise en température, un tour de chauffe. Mais il y avait quand même de bons petits bouts de descentes, rapides, dans les bois généralement ou en léger surplomb du vide ou dans la végétation rase mais agressive au milieu de laquelle la trace survit comme elle peut sous nos roues. Puis vint le plat de résistance. Alors je vous préviens tout de suite, il n’y aura pas de photos du plat de résistance. Pour deux raisons. La première c’est que ce plat était en fait un fond de rivière vaguement délaissé par l’eau, donc en fond de vallée, donc à l’abri du soleil déjà bas en cette mi-octobre. La seconde, c’est que, ben, c’était tellement bien qu’on n’a pas pensé à s’arrêter !

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Dans la filante de Limousis

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Dans la filante de Limousis (2)

Donc, fermez les yeux, ah ben non, sinon vous ne pourrez pas lire, donc imaginez un peu. Un fond de vallée plongé dans l’ombre. Un gros ruisseau pavé de grandes dalles mal dégrossies mais bien roulables, des ruptures dans la pente, des bouts droits dans la terre meuble sur la rive, encore des dalles, encore de la terre, tiens une rupture, un coup de cul, ah un peu d’eau… Au poil.

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Une arrivée bien trempée

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Quel temps pour ce week-end !

Que du bon qui te donne envie de faire demi-tour pour recommencer, comme au manège. Mais il se faisait tard, les crampes arrivaient pour Giorgio qui devra penser à arrêter de fumer aussi, l’appel du barbecue se faisait pressant, attisé par les odeurs s’échappant des maisons sur le coup de 11 heures 30. Nous avons rejoint en convoi la partie basse de la descente de Limousis à travers un champ de menthe qui nous en a mis plein le nez. Puis filé plein gaz dans les singles encore trois étoiles pour retrouver Villegly, mettre le barbec en route et s’hydrater.

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Choses sérieuses !

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Spot parfait.

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On a fait dans le locavore !

Au final, c’était bien bon, la compagnie était parfaite, le temps au top. On recommence quand Fred ? Je crois qu’il y a d’autres spots en plus non autour de Carca ? Parce qu’en plus, vous savez quoi ? Ben le café, on ne l’a toujours pas bu !

(plus de photos sur la page facebook du blog !)

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Where is Simon ?

Alors voilà. Il y a avait un curieux vent de sud-ouest, très chaud, un truc bizarre mais assez fort avec de bonnes rafales pour faire chier sur la route. Alors voilà, il y avait Jackman et Simon, et une petite après-midi de ride prévue pour se délester d’un début de semaine fort dense (pour moi). Alors voilà, Jackman et Simon sont arrivés avec 25 minutes de retard et le temps de tourner deux âneries pour un projet futur (stay tuned guys), nous attaquons la montée en tentant de définir le programme de l’après-midi dans un semblant de démocratie fatiguée. J’ai fait un putsch et emporté le morceau, nous allions monter à la cuve (les habitués de Corbères comprendront) pour descendre sur Saint-Michel (un trail inconnu de Simon), avant de remonter à la dite cuve, d’aller fair un tour aux dolmens pour finir par la minimaxi. Genre. Tout en discutant d’une éventuelle participation à l’enduro de Corbères en mode « supermasters » pour Jake et moi, nous avons fini par atteindre le sommet et organisé l’ordre de passage en fonction de la vitesse moyenne habituelle de chacun, Simon devant, Jake puis moi.

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Vont vite les chameaux !

Passé le long passage en crête, je suis arrivé dans la première épingle m’étonnant de ne plus voir personne devant moi, au moins Jake (Simon est intouchable). Bon, me suis-je dit, ils sont à font, je vais poursuivre mon chemin. Au pylône, personne non plus. Là, je me suis dit, mince, ils vont se planter, prendre le nouveau single ouvert et finir sur la piste au lieu de remonter chercher la dernière partie du single qui arrive au petit pont. Je me suis engagé sans tarder pour voir s’ils m’attendaient dans la raquette d’où part le sentier à tout hasard. Que nenni. Donc, j’ai repris le single qui finit sur la piste, persuadés qu’ils seraient là à m’attendre. Peine perdue. Ça devenait chiant. Je me suis donc dépêché de descendre par la piste jusqu’au croisement suivant du single avec la dite piste. Personne. J’ai fini par me jeter dans le dernier bout du single pour arriver en bas pour ne trouver… Personne. Là j’ai sorti le tél, donné un coup de fil à Jake qui s’était gouré tout en haut et avait fini par retrouver son chemin. Trois ou quatre minutes plus tard, il était là. Mais pas Simon.

Bref, on on a cogité.

Cogité pour essayer de savoir comment et où Simon avait pu se gourer et comment il pourrait éventuellement réagir aux différentes options se présentant à lui. Bien sûr, il n’avait pas son téléphone. Séparant notre groupe minimaliste en deux nous entamions les recherches, Jake remontait le single en portage pendant que je le rejoignais par la piste, au cas où. Mais au croisement rien, sinon Damien qui terminait sa séance de fractionné en 29 en survolant le single. Là, on a parlé de Marc Knopfler, des accords de Money for nothing, d’une jam session prévue aujourd’hui à laquelle il fallait adjoindre un batteur, Benoît en l’occurence, des guitares que Jake devait préparer, bref, on a oublié Simon. Finalement, le plus sage était ensuite de rejoindre la voiture de Simon, compte tenu de l’heure il y était probablement retourné. À bloc sur la piste (enfin, presque) nous décidons de prendre un bout de single, j’avais prévu de rentrer et Jake risquait moins de se perdre sur la route. À l’entrée du single, au moment de remettre son casque, il me dit (en anglais) « merde, j’ai perdu la mentonnière ! Il faut que fasse demi-tour pour la retrouver ! » Ce qui semblait assez simple, elle était probablement tombée quand il remontait le sentier en cherchant Simon.

Bref. on a bien rigolé.

De mon côté, je filais jusqu’à la voiture au cimetière de Corbères, où je retrouvais Simon. Of course. Tranquillement installé dans sa caisse, vélo rangé. Je lui raconte l’histoire, lui explique que Jake nous attend à Saint-Michel parce qu’il a paumé la mentonnière de son casque et là sans se départir du flegme naturellement attribué aux citoyens de leur majesté, il lâche laconiquement : « La mentonnière ? Mais elle est là, dans la voiture… » Bref. on a bien rigolé. Le temps de retrouver Jake c’est devant quelques bières que nous avons pu reconstituer l’histoire de l’après-midi. Un peu celle du furet de la chanson. Après avoir pris la même mauvaise direction que Jake en haut du single, en allant beaucoup plus loin, il a fini lui aussi par faire demi-tour pour reprendre la bonne trace, mais derrière nous. En résumé, je pensais que j’étais le dernier mais j’étais le premier, Jake pensait être le dernier mais il était deuxième, Simon pensait être perdu et il avait raison. Ensuite, il a commis l’erreur que j’avais imaginé. Tombé sur la piste, il a emprunté le même chemin que moi avant de prendre la décision de revenir à la voiture. Il est probablement passé sur la piste, au croisement du single, entre mon passage et celui de Jake… Ne nous voyant pas arriver, il a ensuite pris sa voiture pour voir si nous ne traînions à Saint-Michel, il est probablement passé pendant que nous discutions avec Damien. Dommage que tu n’aies pas eu ton téléphone Simon, la fonction survol de Strada nous aurait offert une autre occasion de vie rigoler de cette « spicy afternoon » !