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Le réveil des oiseaux

Il faut parfois se mettre des coups de pied au cul pour sortir du lit sur le coup de 5 h du mat’, juste pour aller rouler. Mais nos contingences modernes font du temps en denrée rare, courtisée et il faut ainsi parfois gratter ailleurs, sur le sommeil, pour s’offrir les rides dont au rêve au cœur de l’hiver sous la couette, celle là même qu’il a fallu quitter samedi matin sur le coup de 5 heures. L’idée était bête, comme d’habitude, mais simple. Monter en voiture à Nohède, grimper en vélo jusqu’à la neige et descendre par un joli single tout lisse et super fast.

Qui a dit glissant ?

Qui a dit glissant ?

Ne pas sortir de la ligne !

Ne pas sortir de la ligne !

Nous étions deux au départ, puis trois. Franck, en pleine préparation hivernale, était parti une heure plus tôt de Ria pour nous rejoindre et cheminer avec nous durant la montée. Il faisait nuit quand nous avons démarré, ma vieille lampe avait rendu l’âme sur le parking (grrrrr !) et je n’ai dû mon salut qu’à Miguel et sa frontale en plus (elle est d’ailleurs toujours dans mon sac Miguel, ne cherche pas). Au loin une chouette annonçait aux autres oiseaux le point du jour, les premiers instants de l’aube que nous apercevions nous aussi au loin, pâle lueur à peine perceptible sur l’horizon.

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Here comes the sun (air connu)

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Le soleil réveille les éléments

Curieusement, il ne faisait pas froid. Enfin, pas à la hauteur de la promesse de l’hiver. 6° à la mi-janvier à 7 h du mat’ à 1000 m, ça laisse songeur. Délaissée la route, la montée sur la la piste se révélait tout de suite un peu compliquée, enfin, pas comme je l’avais imaginée. Très vite nous furent confrontés à de la neige et de la glace posées sur toute la largeur de la voie. Ça commençait très bas et je doutais un long moment de mon idée. Si c’était comme ça jusqu’en haut, la matinée allait être sketchy !

hop selfie du bike

hop selfie du bike

Nous parvenions tant bien que mal à conserver le cul sur la selle en étant super attentif à la trajectoire, roulant de loin en loin sur les bords où la neige, qui n’avait pas été tassée par les voitures des chasseurs, avait complètement fondu, sur la neige non tassée persistant ou carrément sur la glace parfois roulable lorsque la douceur avait entamé son pouvoir de nuisance. Bref, cette galère nous a tenu pendant trois cent mètres de dénivelé avant que l’horizon de nos pneus se dégage, que la glace cède la place à la terre habituelle, compactée et terriblement souple. J’avais parfois l’impression d’être scotché.

Heureusement, le soleil se levant, il se glissait avec malice entre les arbres, sa chaleur timide, on est en hiver quand même, redonnait vie à la forêt maintenant bien éveillée. Nous étions accompagnés par le chant des oiseaux tout juste réveillés, constations, grâce aux traces dans la neige, que l’endroit était bien habité. L’occasion, tient, de rendre hommage à la vista, à l’oreille plutôt d’Olivier Messian qui a bien entendu ce que nous avons entendu pour en faire de la musique !

oiseau.

oiseau.

Au clôt, nous avons fait une pause avant d’attaquer la dernière partie, principalement à pied la neige rendant la progression sur le vélo de nouveau complexe. Histoire de manger un peu, faire quelques photos et laisser les cuisses refroidir. De là, nous avons abandonné Franck à son destin, il continuait de monter encore un peu pour changer de vallée et aller chercher le Cami Ramader, et avons poursuivi jusqu’au réservoir, le plus bas des trois lacs de Nohède, pour profiter de la vue, faire encore quelques images et jouer comme des gosses avant d’attaquer la descente. Revenus à l’entrée du sentier, ça sentait bien bon.

zou, ça file

zou, ça file

La trace n’était pas trop enneigée, juste ce qu’il fallait pour que très vite je me mettre une grosse boîte comme un grand, ma roue avant ayant été stoppée par une racine de sa mère planquée sous la neige. La suite ? Ce n’était que du bon. J’avais choisi ce sentier parce qu’il n’est pas difficile techniquement, qu’il est doux, pas trop de pente et a priori sans trop de malices planquées sous la neige. Bref, mes freins couinaient secs au début alors j’ai essayé de ne pas trop tirer dessus et c’est parfois allée très vite. La traversée de la hêtraie, un peu plus bas, la neige avait en grande partie libéré le sentier, fût fidèle à sa réputation, belle, rapide, envoutante, le genre de descente que tu aimerais voir durer une heure.

et encore…

et encore…

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arf, c’était bon

posey (2) avec la Gorge Fraîche

posey (2) avec la Gorge Fraîche

Face à la montagne, nous nous sommes posés cinq minutes, le temps de laisser sécher les vélos et de boire une bière. Bien contents de notre coup, en plus nous étions dans les temps, notre permis à point n’aurait pas à souffrir ce coup-ci !

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On se demande pourquoi ?

On se demande parfois pourquoi, quel est le moteur ? Lorsque j’ai vu la neige sur le crâne chauve du mont-Saint-Anne, au pied du Canigou dont les pentes étaient poudrées de blanc, j’ai tout de suite imagine les photos. Des vélos dévalant dans la neige les pentes du mont Saint-Anne, le Canigou blanc en toile de fond, les rayons du soleil pour éclairage. Et le ciel, bleu, forcément bleu.

Le Canigou s'esquive.

Le Canigou s’esquive.

Le Madres s'esquive.

Le Madres s’esquive.

J’aménageais mon emploi du temps à la va que je te pousse pour libérer un moment de ma journée du mardi, embarquais deux compères en ânerie et bientôt nous étions à pied d’œuvre. À pied tout court d’ailleurs, dans un sec portage de près de 400 mètres de d+ entre le Prieuré de Serrabonne et le col d’Arques. Ça piquait sévère, mais le jeu en valait la chandelle. Au soleil il faisait bon, et les nuages semblaient juste vouloir s’amuser au loin, suspendu entre la terre et l’azur comme un poisson fainéant flotte mollement entre deux eaux, comme lorsque ignoré par l’emploi du temps on se laisse glisser entre deux sommeils noyés dans la chaleur de la couette.

La crête se mérite. Amplement.

La crête se mérite. Amplement.

Bref. Ça montait sec, mais le sol était trempé. Les schistes brillait, luisait, le sourire aux lèvres si ça avait été possible quand ils arrivaient à nous faire glisser, presque à perdre l’équilibre sous le poids du vélo calé sur nos épaules. Parti un peu avant François et Oscar, j’avais imaginé qu’ils avaient compris mon idée. Ce qui s’avère un peu difficile lorsqu’elle n’a pas été verbalisé ! Bref, après avoir tambouillé sur l’autre chemin, ils ont fait demi-tour et se sont lancés dans le portage à ma suite. Je les ai attendus un moment au col, regardant la danse des nuages, profitant de la beauté des lieux et du patchwork de couleurs que les nuées créaient sur le sol en laissant ou non traverser les rayons du soleil. Il ne faisait pas bien chaud.

Flirte avec les nuages.

Flirte avec les nuages.

Lorsque nous avons pris la crête pour continuer l’ascension, nous nous sommes vites rendu compte qu’il allait probablement changer de plan. Les nuages venant de la mer nous fonçaient dessus et n’allait pas tarder à le prendre, le dessus. À mesure que nous montions la neige se faisait plus présente, par plaques, dans les zones les moins exposées au soleil. Les crêtes par là, c’est une ondulation permanente, un jeu d’up and down sur une petite trace sans difficulté techniques. Rien d’extraordinaire à rouler, mais magnifique pour les paysages.

Les nuages nous escamottent

Les nuages nous escamotent

à 1100 mètres on perd vite ses repères.

à 1100 mètres on perd vite ses repères.

Las, vues les conditions, il nous fallait avoir recours à notre imagination pour devenir les deux fronts de crêtes suivant, vers l’Est, puis la plaine, l’agglomération de Perpignan, la mer, l’horizon, le ciel, les nuages. Et de l’autre côté le flanc abrupt du massif du Canigou, le dessin en creux du balcon, la neige et la bichromie qu’elle créée par contraste avec les arbres. Votant que nous ne pourrions probablement pas faire grand chose, nous avons rebroussé chemin jusqu’au départ du sentier par lequel nous étions arrivés là. En nous demandant sincèrement tous ls trois comment allait-être la descente. Et finalement, à part une portion véritablement piégeuse et trempée, elle s’est bien passée.

Feu. Ira-t-on en bas sans mal ?

Feu. Ira-t-on en bas sans mal ?

C’était comme du surf, il fallait placer la roue avant correctement et laisser filer, juste parfois gérer la dérive. Pour arriver en bas, sain et sauf, frustré, un peu, pour moi de n’avoir pu faire les images donc je rêvais, mais content de ramener, en dépit, quelques souvenirs photographiques de cette sortie dans un contexte inhabituel de cette contrée.

Finalement, l'affaire se révélera moins tordue qu'imaginée à la montée.

Finalement, l’affaire se révélera moins tordue qu’imaginée à la montée.

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Parti l’hiver ?

Et voilà j’écris cette note. Dehors la pluie tombe en rangs serrés bien ordonnés, il fait froid, il neige pas loin, la pluie remplit méthodiquement les creux du bitume défoncé de la vieille ville en créant les océans et les mers miniatures d’une mappemonde immense, superbe terrain de jeux pour les gosses qui sortiront de l’école tout à l’heure. 

L'hiver est là, mais loin.

L’hiver est là, mais loin.

Flic flac. Je regarde la pluie tomber en rangs serrés en grelotant presque alors qu’hier, alors qu’hier, c’était dimanche. Et dimanche le temps était tout autre. Pas un nuage dans notre horizon, le vent lui même était en repos dominical après avoir soufflé une partie de la semaine. J’avais décidé de retourner dans la vallée de la Lentilla, parce qu’elle est protégée du vent justement, et que souvent il y fait bon pour rouler.

Heureusement, les munitions rentraient dans le sac.

Heureusement, les munitions rentraient dans le sac.

Ça piquait au moment de mettre le vélo dans la voiture pour se rendre au rendez-vous des bons amis, Jake, Miguel et Simon pour ce jour là. Enfin, Jake et Simon dans un premier temps, Miguel, acharné, avait décidé de faire du rab, avant l’heure. Nous partons donc, un peu à la bourre, par ce bout de sentier le long du canal que j’aime temps en guise d’échauffement avant de plonger dans le boyau de rivière qui conduit à Finestret, là où nous devons retrouver Miguel. Que nous ne retrouverons pas.

Après le portage, rien de tel que de ne plus toucher les freins !

Après le portage, rien de tel que de ne plus toucher les freins !

Poussière tu es…

Poussière tu es…

Enfin, pas tout de suite. Nous attaquons la grimpette à bon rythme, vu comme ça caille, c’est pas le jour à plumer des ortolans en slip afin de rejoindre l’entrée du single ondulant. Là, je fais le point avec Miguel, qui en fait, est encore en bas. Nous convenons d’avancer tranquillement avec Simon et Jake, puisque de toute façon, Miguel nous rend 800 watts à chacun. Nous attaquons ensuite le portage, raide au départ, puis tombons sur le sentier principal qui nous conduit au Pic Marbet. J’arrive à rester un peu sur le vélo dans cette dernière partie, ce n’est pas si mal.

Les singles toujours joueurs de la Lentilla.

Les singles toujours joueurs de la Lentilla.

Au pic, qui est en fait plutôt un col, nous attendons Miguel, nous attendrons un moment en organisant un shoot photo à la va vite pour les archives, sous le soleil, il fait bon. En fait, une incompréhension a envoyé Miguel sur une mauvaise piste et il est de nouveau descendu au pied de la montagne. Il aura bon grimper au rythme d’une mobylette dopée à l’éther, nous attendrons un petit moment. Avant de nous engager avec gourmandise dans la descente. Entre le retard et les embrouilles nous avions entamé de façon conséquente le temps imparti à notre dominicale sortie, nous ne trainions donc pas sur le sentier, nous arrêtant juste le temps de quelques images.

Et le soleil se glisse dans les fractures de la forêt

Et le soleil se glisse dans les fractures de la forêt

laisse le soleil guider tes pas…

laisse le soleil guider tes pas…

La rivière était heureusement traversable au gué, nous pouvions ensuite grimper tranquille de l’autre côté de la vallée pour rejoindre l’ultime descente. Notre plan de départ ajournée, nous devions aller checker un bout de sentier déjà parcouru qui rallonge la première descente, puis grimper de l’autre côté jusqu’au puig pour prendre la seconde descente vers Joch [on sera encore obligés de revenir], nous pouvions débouler dans le final classique comme des idiots.

Heureusement, nosu avons pu traverser la rivière par le gué.

Heureusement, nous avons pu traverser la rivière par le gué.

La remontée de l'autre côté de la vallée n'est pas une partie de plaisir

La remontée de l’autre côté de la vallée n’est pas une partie de plaisir

Je manquais juste de choper un infarctus en découvrant au dernier moment deux trailers ratatinés dans un buisson pour me laisser passer. Miguel, qui roulait devant, les avait prévenu, mais j’ai vraiment eu la trouille et manqué de basculer dans le trou ! Le temps de me coincer la main droite entre le cintre et un arbre (aïe) dans la série d’épingles qui clôt la dégringolade nous reprenions le canal, toujours sous le soleil pour rejoindre les voitures et la bière qui nous attendait, tranquille.

Rock and rock.

Rock and rock.

Faudra retourner pour finir d'explorer, nettoyer.

Faudra retourner pour finir d’explorer, nettoyer.

Avec au bilan, un chouette matinée, trapue comme toujours sur ce parcours, 18 bornes et peut être 700 à 800 m de dénivelé et de bonnes tranches de rigolades, je suis sûr que le rire de Jake résonne encore dans les sous-bois !

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Laisse béton. (Rétro)

S’il faut tirer un trait sur l’année passée, tirons-le comme il faut ! J’ai compilé, pour ceux qui l’ont raté pendant les fêtes de fin d’année, une soixantaine d’images de 2015. En composant sans prétention quatre opus comme les quatre saisons de Vivaldi. Cette sélection est parfaitement subjetctive, liée tant aux images, que j’aime, ou aux instants qui les ont vu naître.

Au col de la Galline. #printemps

Au col de la Galline. #printemps

Ces instants sont le fruits d’une conjonction heureuse le plus souvent, de beau temps, de beaux sentiers, de bons potes, de bonne humeur… Que tous ceux et toutes celles qui m’ont accompagnés l’an passé sur les trails et se sont pliés au jeu des photos soient ici remerciés. Merci à Miguel aussi pour les photos de ma pomme qui illustrent cet article.

Au taff en Espagne

Au taff en Espagne

2016 sera une année un peu différente sur ce blog, avec toujours des reportages sur nos sorties marquantes, des interventions aussi comme réalisé l’an passé sur les stats des enduro world series, mais il faudra aussi me suivre au long du projet #rideinpyrénées qui démarre ces jours ci. Trois années de rides et de reportages, de rencontres et de découvertes pour dresser le portrait des plus beaux sentiers qui nous sont accessibles. Vous pouvez déjà rejoindre la page facebook du projet pour être tenu au courant des avancées, le site web sera en ligne d’ici fin janvier.

Retrouvez les portfolios de 2015

Hiver. (15 images)

Printemps. (15 images)

Été. (18 images)

Automne. (15 images)

Du côté d'Amélie.

Du côté d’Amélie.

Belle année, donc.

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Santa-Fe (sans la bagarre)

Ce n’est pas faute d’avoir essayé de le choper mais nous ne sommes toujours pas parvenus à toucher l’hiver du bout de nos crampons. Même quand nous y mettons du notre. Ainsi l’autre jour nous sommes partis de bon matin en bonne compagnie pour rejoindre Ian et Angela du côté de la Cerdagne pour aller découvrir un des terrains de jeu qu’ils explorent, dans la vallée du Segre sur la route de LLeida. C’est un poil loin, mais c’est drôlement beau.

Vamos.

Vamos.

hace frio.

hace frio.

Dehors sur la route, on n’avait pas besoin de thermomètre pour savoir que ça caillait sec tandis qu’on roulait vers la Seu de Urgell (qui me fait immanquablement penser à Radiguet et son roman posthume bien que la graphie ne soit semblable). Les fumées des maisons tenue à proximité du sol par la pression atmosphérique créait une espèce de brouillard, bleuté comme les bouffées de Gitane de mon père, il y a longtemps, et nous observions en rigolant à demi le thermomètre du fourgon de Ian annoncer des températures de plus en plus négatives.

La Sierra de Cadi.

La Sierra de Cadi.

E bas la vallée, là bas, la Pedraforca.

En bas la vallée, là bas, la Pedraforca.

Heureusement, à mesure que nous perdions de l’altitude les choses se sont arrangées et il faisait bon lorsque que nous avons délaissé le camion pour nos montures, en route pour la chapelle de Santa Fe. Bon, j’avais oublié la ventoline encore une fois et l’état de mes bronches encore fragiles m’obligaient à monter tout doucement pour atteindre la crête, je parvenais ainsi à ne pas déclencher de crise en gérant mon effort avec la plus infinie précaution. À cette occasion, j’ai pu constater que j’étais encore bien fatigué il n’y avait pas beaucoup de jus dans mes guiboles. Vivement 2016. Bref, il faisait bon, je galérais, j’étais un peu fébrile, rien de très nouveau. Une fois au sommet, à la chapelle, nous pouvions embrasser du regard toute la vallée, et plus loin encore, la crête de la Sierra de cadi (rêve depuis longtemps pour projets futurs), la Pedraforca que nous avions aperçu en descendant et là bas, loin, à peut-être une petite centaine de kilomètres, Les sommets étranges de Montserrat émergeant d’une mer qu’on aurait dit d’huile mais qui était de nuages brillant sous le soleil.

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Miguel n’amuse pas le terrain

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Une ligne qu’on dirait tendue juste pour nous.

Nous étions bien où nous étions. Un petit casse-croûte et nous nous remettions en route. De suite, l’affaire était compliqué. Le sentier qui nous avait permis d’accéder à la chapelle se révélait bien compliqué. La suite, sous la falaise, ne l’était pas moins avec des épingles aussi serrées que les japonais dans le métro aux heures de pointe, des pierres grosses comme des têtes qui ne demandaient qu’à partir sous nos roues et un sentier chaotique, très technique, trop pour moi en roulant ainsi à vue. Faudra que je revienne, c’est pas juste. Bref, de section en section, nous nous battions à l’arrière comme des grognards protégeant dans un ultime sacrifice ceux qui fuient à toute vitesse pour se replier, ici posant le pied, là manquant de passer par dessus le cintre, encore plus loin manquant de laisser l’aumône d’un dérailleur dans la trace. C’était compliqué, sans compter l’humidité tendrement posée le long de certaines portions sur les roches polies par le temps.

Simon ouvre une nouvelle ligne pour la photo.

Simon ouvre une nouvelle ligne pour la photo.

Surfer sur la crête.

Surfer sur la crête.

Angela fait ses gammes.

Angela fait ses gammes.

Le calcaire, c’est bien une montagne de calcaire, c’est bien, quand c’est mouillé ça devient scabreux. Au sortir de la forêt, tous entiers néanmoins, je n’étais pas mécontent que cela cesse enfin. C’est vraiment beau, et bon, mais il faut être dans un bon jour (note pour plus tard). Un petit bout de route au soleil et nous nous engagions sur une crête toute de pierre, roulante, très belle, pour rejoindre le fond de la vallée. Vue du haut, la trace faisait envie, semblait tendue uniquement pour nous, déroulée comme un cadeau pour nous donner le plaisir de filer sous le soleil et rejoindre la plaine la banane aux oreilles. De là, nous avons filé vers quelques terres « noires » pour jouer un peu, ouvrir des lignes improbables, aller défier la gravité et faire quelques photos pour ceux qui n’affectionnent pas plus que cela le freeride (pour soucis de précaution il s’entend).

Ça a roule drôlement technique par moment.

Ça a roule drôlement technique par moment.

Simon n'oublie jamais le pique-nique.

Simon n’oublie jamais le pique-nique.

Bye Bye, on reviendra.

Bye Bye, on reviendra.

Un coup de cul plus loin nous étions de nouveau au sommet d’une petite crête pour un dernier bout de descente fameux, oscillant entre très technique et flowy le long d’une rivière secouée de cascades où coulait une eau aussi transparente que des rêves de gosses. C’était l’heure malheureusement, je m’étais encore planté dans mon estimation, de prendre le chemin du retour, pour mieux revenir, une autre fois, l’année prochaine, d’autant que Ian a plein d’autres traces dans le secteur !

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Whisky Ride, le trou normand à l’anglaise

Avec la proximité des fêtes de fin d’années sont organisés ça ou/et là des rides de Noël destinés à finir l’année de belle manière. Samedi, je suis allé à Thuir retrouver quelques amis et amis d’amis autour de l’idée de Jake Jackman, rouler une grosse paire d’heures puis se retrouver autour d’un barbecue. Ainsi fut fait. Sous la grisaille, nous commençâmes à nous éparpiller sur les différents parkings autour du cimetière de le ville.

Premier sentier de la journée, on voit rien sous le ciel gris.

Premier sentier de la journée, on voit rien sous le ciel gris.

Les brebis égarées rassemblées en troupeau obéissant, nous étions une grosse poignée à nous élancer sur la route en direction de Castelnou pour un échauffement en rythme, des jambes et de la langue puisque nous bavardions à qui mieux mieux. Au petit col, nous avons quitté la route pour aller chercher un sentier tapant qui nous fit déboucher loin sous le village.

Les chasseurs au loin n'auront rien !

Les chasseurs au loin n’auront rien !

And the winner is ?

And the winner is ?

Christmas' pic.

Christmas’ pic.

De là, nous devions reprendre la piste pour rejoindre la chapelle Saint-Martin à Camelas. C’est là que nous avons rencontré le premier chasseur de la journée. Un garçon tranquille, ouvert, avec qui nous avons discuté, qui nous a expliqué où la battue était déployée et qui nous laissait penser qu’on allait pouvoir tirer notre épingle du jeu sans prendre le risque de nous faire tirer dessus. Las, un poil plus loin après une bonne grimpette, nous rencontrions deux exemplaires d’une autre facture du rural à gilet orange. Bref, le sentier que nous convoitions était parsemé de loin en loin de gilets oranges.

On dirait que y'a du grip. Y'en a.

On dirait que y’a du grip. Y’en a.

Didier à la chasse de Richard au dessus de Thuir.

Didier à la chasse de Richard au dessus de Thuir.

Il était impensable de s’y engouffrer. Pour tromper notre déception, Jake et Simon organisèrent alors une manière de trou normand à l’anglaise, voir même à l’américaine, au Jack Daniel et Coca. Ironie en forme de clin d’œil, nous avons levé nos verres à 50 mètres des chasseurs ! Nous avons payé cher pour cette petite pause. En fait. Juste après. Les jambes nous semblaient bizarres et plus encore étranges quand il a fallu que nous empruntions la piste pour nous faire le tour de la bosse surplombée par la chapelle Saint-Martin. Un coup sous la douleur à choper le blues, genre session historique.

Nous sommes quand même parvenus au bout d’un bon roulage jusqu’au sommet du Dôme pour nous engager dans un joli single et permettre à Franck de nous réaliser une cabriole grand style.

À la file indienne, indienne, indienne (les enfants perdus).

À la file indienne, indienne, indienne (les enfants perdus).

Un nouveau coup de cul et nous avons terminé par le très rapide single dit de la Déchetterie pour revenir sur Thuir, toujours sous le ciel gris des matins de fin d’automne. Après le whisky, c’était l’heure de la bière et du festin préparé par Simon et sa femme. On n’a pas beaucoup roulé mais on a bien rigolé.

La bière était hyper locale

La bière était hyper locale

Simon est aussi concentré sur le vélo que sur le barbecue.

Simon est aussi concentré sur le vélo que sur le barbecue.

Beer time.

Beer time.

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Mystical otherness, au tableau !

Souvent quand vient la douleur l’esprit trouve des parades pour s’échapper et rendre ainsi l’effort [anagramme parfait d’offert] supportable. Souvent aussi, il nous accompagne dans nos activités favorites. Planquée le reste du temps derrière un rempart social, l’altérité mystique [mystical otherness] de chacun d’entre nous trouve à s’imposer quand nous venons sur son terrain favori. Elle peut alors prendre le contrôle de la situation. C’est ce qui s’est passé vendredi, en prélude au week-end, au cours d’une belle journée de printemps automne, alors que nous étions encore à provoquer l’hiver jusque dans ses recoins les plus glaciaux des flancs nord jalousement cachés sous les forêts.

Vous avez hiver ?

Vous avez hiver ?

Peine perdue, nous avons encore eu chaud sous la houlette de Miguel et de ses idées à la con qui le sont parfois bien autant que les miennes. C’est rassurant, je me sens du coup moins seul à proposer des âneries. Donc, si cela piquait bien un peu dans l’ombre du petit matin à Amélie-les-Bains (rime pauvre), nous sommes vite montés en température à l’assaut des premières rampes devant nous mener à la chapelle de San Engracia, premier point haut du jour.

Sec sec sec, comme me hareng de la chanson.

Sec sec sec, comme le hareng de la chanson.

Miguel avait convenu ensuite de nous mener tambour battant jusqu’à un cortal ruiné perdu sur la montagne, bergerie isolée pour Blanquette baba cool qui aurait peur du loup. À l’abordage de la descente de la chapelle, nous jouons avec les mares de soleil, il fait bon sur ce versant sud-est, la trace est sèche, les corps s’amusent dans la descente. Ça file vite parfois, d’autres moment sont plus compliqués techniquement, le sentier étroit avec un peu de gaz à droite ou à gauche, c’est comme un dimanche d’élections, tu dois passer mais sans tomber d’un côté ou de l’autre.

Vaste chantier ahead !

Vaste chantier ahead !

Jusqu’à cette rupture franche. Je roulais devant pour me poster et faire quelques photos quand le sentier s’est évanoui sous mes roues, brusquement. J’attendais une épingle sur la gauche, mais il n’y avait plus qu’un buisson en face de moi et un chantier à la place de la trace. Remettant le vélo dans le sens de la pente, je m’engageais pour rejoindre le sentier que je voyais briller un cinquantaine de mètres plus bas, bien en arrière sur la selle, visant avec soin les deux arbres plantés au milieu du bazar pour tenter de passer entre et me mettre ainsi en bonne position pour gagner l’orbite favorable à mon rétablissement sur la trace.

Miguel's mystical otherness

Miguel’s mystical otherness

Ce n’était pas gagné, ce ne le fut pas. Je me sauvais, je ne sais trop comment, puis me postais, espiègle, derrière les arbres pour voir comment les autres allaient s’en sortir. Ils furent obligés, comme moi, de s’y reprendre à deux fois. À la fin de la sente bucolique bien que parfois engagée, ma mystical otherness avait bien profité. Et nous repartions vers le second point haut de la journée, remontant une rivière tout aussi bucolique dans le frais soleil des matins d’automne, l’eau scintillant entre les pierres, le sol gorgé des promesses du printemps futur et du retour dans les vasques esquivées par le relief des naked babacools que Jackman parfois débusque sans le vouloir.

11 décembre.

11 décembre.

La remontée vers le hameau de Montalba est longue, ça roule, pousse, porte et souffle. J’aurais bien aimé là, et pour la suite aussi, que ma mystical otherness veuille bien prendre une part du rhume qui m’obsède depuis plus de quinze jours maintenant et de ses tentaculaires percées vers mes bronches pour raviver l’asthme chronique qui m’étreint. Bref, soufflant comme un bœuf sous le joug, je finissais quand même de me hisser dans la roue de Jackman jusqu’au village posé sous le soleil de presque midi afin de rejoindre Miguel et Jérôme, fringant d’arrogance sur les montures toutes suspendues.

Des flaques de soleil.

Des flaques de soleil.

Le temps de manger, la dalle j’avais, nous repartions vers la crête montrée du doigt, là bas. C’est un bon indicateur de moral d’ailleurs de pouvoir visualiser l’endroit où tu dois parvenir, et de n’avoir même pas peur. Le mien de moral était éreinté par le souffle court, mais ma mystical otherness en voulait encore. Et là ce fût un poil long. Pas la première partie sur ce beau chemin dessiné avec respect sur le flanc de de la montagne, mais après ma gamelle. Dans une portion roulante, j’arrivais un peu vite dans un endroit un peu mal pavé, planqué derrière un petit virage à droite, jusqu’à me faire surprendre et me voir violemment jeté au bas de ma monture dépitée contre la pierre amoureuse.

Schuss.

Schuss.

La main en vrac, le gant déchiré, une douleur dans l’intérieur de la cuisse, je m’en sortais plutôt bien en pestant contre ma mystical otherness qui m’avait poussé à lâcher les freins et l’attention. La suite fut donc longue, j’essayais de rester au contact de Jake, je fredonnais un air célèbre, « hike your bike, Jake » pour me donner du cœur à l’ouvrage.

Comme un chat échaudé par l’eau chaude il me tardait de pouvoir me remettre dans le bon sens de la pente pour conjurer le mauvais sort. Las, il nous restait encore un bon bout à grimper, sur un sentier « qui n’est pas sur la carte » nous avait précisé Miguel avec gourmandise depuis le départ. Mon expérience sanglière m’a appris qu’un sentier ne figurant pas sur la carte se range uniquement en deux catégorie. Soit c’est une tuerie ultime, soit c’est un bordel sans nom.

Montalba est un hameau parfaitement reposant.

Montalba est un hameau parfaitement reposant.

Celui de Miguel rentrait dans cette deuxième catégorie, mais avec un grade modéré, on dira 2 sur 5. Manque de bol pour lui, il arrivait tard et j’avais mal. Miguel lui, comme nous le faisons tous dans ce genre de circonstances, nous promettait le grand soir et l’arrivée au sommet dans les 10 minutes. Au cortal visé, nous mangions encore un peu pour nous jeter dans la descente. Et là encore, chantier. Les gars qui ont construit le cheminement n’ont pas fait le ménage. Le mélange automnal de feuilles mortes et de pierres mobiles bien sagement planquées dessous est une tisane au goût piquant qu’il convient de boire à petite gorgée. Surtout quand on s’est boîté une heure avant !

Révise tes fondamentaux sinon gare à tes dents.

Révise tes fondamentaux sinon gare à tes dents.

Le soleil toute la journée nous a accompagné.

Le soleil toute la journée nous a accompagné.

J’ai donc roulé prudemment jusqu’à Can Felix, avant de pouvoir profiter pleinement du plaisir et laisser ma mystical otherness se satisfaire de ce que je lui mettaix dans les dents. L’affaire est engagée par endroit, c’est long, technique à très technique, mais peur à peu, j’ai surmonté l’appréhension. Pour arriver en bas rincé, comme d’hab, content mais rincé. Une main douloureuse en plus.

Jake's own mystical otherness.

Jake’s own mystical otherness.

Belle journée, 24 km pour un peu plus de 1100 mètres de dénivelé (en données strava corrigée des variations égotiques), c’était vraiment une idéeàlacon Miguel !

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Rester dans les sentiers battus.

Revenir dans ses propres pas en modifiant aux marges. C’est ce que nous avons fait dimanche, pas trop tôt pour laisser à Jackman le temps de nous rejoindre, et moi de récupérer de deux nuits hachées pour cause de rhume de descendance. Bref, il faisait beau, un coup à écouter la musique d’Henri Dutilleux en sirotant une mauresque au bar des sports. Mais non.

On accueille le soleil au milieu du portage

On accueille le soleil au milieu du portage

La buée sortant de nos bouches, nous nous mettons en branle vers 10 h 15 de Joch (prononcez Jok), une petite troupe hétéroclite. L’idée du jour c’est de branler du pingouin à plus savoir qu’en faire. Une petite descente, une grimpette, une descente engagée, un portage engagé, une belle descente, un portage engagé, une descente engagée. On n’est pas là pour compter les stries sur le dos de Buren.

Sur le GR 36 les sections au soleil sont sèches, les autres…

Sur le GR 36 les sections au soleil sont sèches, les autres…

Lignes envoûtantes

Lignes envoûtantes

On se rend compte quand même assez vite que ça glissouille en vrac, chaque pierre est un piège en soi. Dans le deuxième bout descendant, un chantier terriblement pentu rendu « insane » par l’humidité nous manquons chacun de sortir de la traj’ pour finir accroché aux arbres comme le drapeau français au radeau de la méduse. Nous levons ensuite deux « bambis » comme des flèches qui disparaissent dans les bois aussi bien que les 7 nains.

Pause photo dans un joli spot

Pause photo dans un joli spot

Puis au bas d’Estoher, nous attaquons le portage. Le portage. Celui là, il n’est pas complètement dur, mais il te calme assez vite. Comme ce putain de chat qui te lèche les mains depuis 10 minutes alors que tu essayes d’écrire un petit texte intelligent sur la sortie de dimanche.

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(I was listening to this Jackman).

Bref ce portage, sur ce sentier large comme nos rêves de gosses, suintant l’eau de rosée, la glace même dans les parties les moins exposées, ces petites pommes tombées au sol, pleine d’acidité sous la dent. Ces petites pommes tombées là sous tes roues pour te rappeler que des dizaines d’années en arrière, sur ces terrasses dont tu surplombes les vestiges comme d’autres surplombent Macchu Picchu, sur ces terrasses donc, te rappeler que des hommes et des femmes ont travaillé dur, logés certainement dans la masure couverte de végétation, comme un cube vert sur ce replat de fougères et d’orties.

On y retourne ?

On y retourne ?

Les nuages ont subtilisé le soleil avant la fin de notre sortie.

Les nuages ont subtilisé le soleil avant la fin de notre sortie.

Ce mas, qui devait être un point névralgique de toute cette haute vallée, connecté avec les orris énormes de la crête là haut, ces poiriers aussi trouvé plus haut lors d’une sortie idiote précédente, bref, ce mas qui sonne la fin de la longue montée vélo sur le dos. À partir de là on peur recommencer à rouler de loin en loin. Et attaquer la descente, celle là même qu’on a roulé 50 fois mais qui est toujours aussi bonne, comme Mathilde, qu’on attend qu’elle revient*. On s’enquille donc dans cette partie haute, pleine de terre avec envie, puis vient la roche, les épingles, le soleil dans les bouts droits bien orientés et la trace chaude, le froid et les dalles mouillées à l’ombre des arbres, à défaut de jeunes filles en fleur.

Pause photo (3)

Pause photo (3)

Nous avons dévalé. Nous sommes arrêtés pour manger un morceau, sauciflar et Botifare, faire quelques photos de plus. Déjà, les nuages nous gagnaient de vitesse. Traversant la Lentilla rapido par le gué, sans s’arrêter, on ne s’arrête jamais au milieu du gué, nous attaquions la remontée. J’étais claqué vidé. À la peine.

Alors nous avons vite rejoint la plaine.

Alors nous avons vite rejoint la plaine.

Dans le single qui revient sur Joch (prononcez Jok) c’est plus glissant encore, la végétation alourdie par l’humidité nous cachait parfois la trace si ténue sur le bord du vide. Encore quelques photos et il était temps d’en finir manquant de renverser quelques piétons en route vers le calvaire de Joch, la Croix, nous aussi notre choix initial, mais qui sur ce chemin allaient probablement simplement trouver le leur. Avec plaisir, comme toujours (pour nous).

  • Même si pour le coup on sait que rien ne ramènera Mathilde, enfin celle là. Poke Margot & Nico.. 

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Cami d’hiver (idée bêtement stupide)

Il commence de faire froid le matin, surtout quand on prend un peu d’altitude. Nohèdes est une bourgade presqu’encore endormie quand nous arrivions avec Jlio sur le coup de 9 h, au rendez-vous des bons amis. Le programme est simple, c’est ON/OFF. Montée depuis le village par la piste au Col du Portus, puis full gaz vers Olette par le Cami Ramader ensuite. Le Cami Ramader, vous vous souvenez ? La descente du Madres au printemps dernier. Ben voilà.

Nohèdes se réveille.

Nohèdes se réveille.

Donc nous sommes 5 à nous élancer sur la piste sèche dans la longue ascension qui mène au Portus, un genre de + 800 mètres d’un bloc, avec à cette saison, la neige, forcément (tiens, on avait déjà donné d’ailleurs, triste jour). La seule inconnue était l’altitude à laquelle elle allait se glisser sous nos pneus. Et ce fut finalement assez vite, un peu au même endroit qu’en janvier, mais en plus grande quantité. Nous avons pu rouler un bon moment, laissant des watts à tour de bras, dans les ornières laissées par les quelques voitures qui se sont aventurées jusque là.

Pendant ce temps là, en bas… Les nuages se chauffent au soleil.

Pendant ce temps là, en bas… Les nuages se chauffent au soleil.

Il fallait être vigilant, ne pas lever les yeux pour regarder en contre-bas, ni tenter de deviner à quel animal les traces que nous longions appartenaient, veiller à rester dans la trace la plus récente, celle qui était blanche, plutôt que de s’enquiller dans la trace la plus nette, noire glacée qui rêve de t’envoyer au tas en deux temps trois mouvements.

Parfois la montée devient difficile sur la neige gelée dans les ornières ou trop profonde sur les bords.

Parfois la montée devient difficile sur la neige gelée dans les ornières ou trop profonde sur les bords.

Non, rester dans la trace blanche, celle dont la petite croute de glace faisait crunch sous les crampons tout du long, mais qui permettait de monter. À la fin, il a toutefois fallu se rendre à l’évidence. Après un petit casse-croûte au soleil pour mater la plaine planquée sous les nuages comme le fainéant sous l’édredon, il nous a fallu marcher. Un bon moment. Jusqu’au carrfour qui permet de rejoindre le réservoir, c’est encore allé. Ensuite, pour la dernière centaine de mètres de dénivelé à prendre pour atteindre le col, nous avons eu de la chance de pouvoir mettre nos pas dans les empreintes de raquettes laissées par deux randonneurs cheminant visiblement de conserve. Parfois, nous nous enfoncions quand même, nous avons aussi porté le vélo pendant quelques centaines de mètres, quand il devenait trop dur de le pousser, quand la neige était trop molle le porter.

Chérie, passe moi le sel.

Chérie, passe moi le sel.

Au Portus, sous le soleil, c’était magique. La neige alentour, nous pouvions souffler, manger un morceau et nous lécher les babines de ce qui nous attendait, 1100 mètres de dénivelé à perdre…

Un bref coup d’oeil dans la pente et mon intuition s’est révélée bonne. Sur ce versant sud la neige n’avait pas autant tenue que sur le versant Est, Nord-Est que nous venions d’escalader. Il restait de la neige, par grosse plaque en travers de la trace, mais rien de rédhibitoire, nous allions pouvoir dévaler à pleine balle.

Bref, c'était pure gourmandise.

Bref, c’était pure gourmandise.

Nous sommes vite arrivé au refuge de la Moline et son replat couvert de neige, pour rencontrer un maigre groupe de randonneurs au terme de sa sortie et prêt à sortir le pique-nique. Nous avions faim aussi, mais de single. Après quelques photos dans la neige, nous nous sommes élancés sur la trace. Et quelle trace !  Cherchant un peu au départ pour deviner le sentier sous la neige, nous finissons par mettre la main dessus. La première partie, très typée montagne, est parfois encombrée d’une mince couche de neige, quelques centimètres, ramollie par le soleil et la douceur, rien qui empêche de rouler.

Passé le refuge de la Moline nous roulons encore un peu dans la neige.

Passé le refuge de la Moline nous roulons encore un peu dans la neige.

Puis la neige s’estompe, le soleil se fait plus généreux entre les arbres. On relève les manches parce qu’il fait chaud et surtout on profite. C’est assez inouï de rouler le Cami Ramader ainsi au mois de décembre en partant de 1800 mètres. Ce chemin, comme tous les autres à porter ce nom dans les Pyrénées-Orientales, est un chemin de transhumance, qui permet aux bêtes de la plaine, des vaches aujourd’hui, de rejoindre la forêt et les pâtures d’altitude durant l’été. Ce sentier est donc aménagé, large, soutenu par des terrasses, j’imagine que des charrettes pouvait y monter. Avant de parvenir à cette portion pas congrue, pour le coup, il faut se faufiler dans la forêt, ça roule vite, très vite et on se régale des quelques épingles, jouant à se faire des intérieurs de folie, la banane accrochée à la jugulaire du casque.

Le Cami Ramader est toujours un must des Pyrénés-Orientales, fin, technique, rapide, varié…

Le Cami Ramader est toujours un must des Pyrénés-Orientales, fin, technique, rapide, varié…

Ce Cami ramader d’Olette, il en existe d’autres dans le secteur qui avaient donc la même fonction, est un sentier magique, beau, sans grande difficulté technique, ne nécessitant pas d’engagement démesuré, mais il est piégeux, voire dangereux par endroit. Emporté par son élan, Jlio laissera en offrande une patte de dérailleur sur un petit rocher saillant dans une mini compression au cœur d’un bout droit où l’on ne touche pas les freins. Fabien, plus bas, laissera son pneu dans un des pierriers de schistes qui rendent l’aventure palpitante.

Et une patte de dérailleur, une !

Et une patte de dérailleur, une !

Ces sections de pierres légères et coupante ne sont pas aisées à rouler, on peut y laisser des plumes si l’on chute, et des pneus. Entaillé sur trois bons centimètres, le pneu de Fabien, ainsi que la chambre à air coupée tout pareil, faisaient peine à voir. On a sorti la boîte à miracles. Un bout de chambre à air, de la glue, pour faire une réparation de mauvaise fortune et bon cœur. Le truc devait tenir les trois quatre derniers kilomètres qu’il nous restait à dévaler sur le sentier, plus la dizaine de bornes pour rejoindre la voiture à Villefranche, #défi.

Full gaz sous le soleil #manchescourtes

Full gaz sous le soleil #manchescourtes

Mais l’affaire fit l’affaire et tint jusqu’à Olette puis Villefranche. Débouchant du sentier à Evol, la banae toujours accrochée au casque, nous avons suivi la route pour aller chercher l’entrée du sentier menant à Olette. Un bout droit très rapide sur lequel toute satellisation est proscrite. Ça monte, ça descend, c’est sympa, j’ai manqué de m’en coller une belle tout seul comme un grand à 200 mètres d’Olette, mais nous sommes finalement tous parvenu à bon port, en bon ordre.

Plein les yeux tout du long.

Plein les yeux tout du long.

Bref, c’était pure gourmandise que de monter là hier, début décembre, de rouler et marcher dans la neige. Mais la gourmandise est un moteur extraordinaire. On recommencera.

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Narguer l’hiver

Un pied de nez. Aller au loin, dans la tramontane virulente qui essaye d’ancrer les prémices de l’hiver sur le pays. Malgré le froid glacial qu’elle a fait planer sur le pays pendant quelques jours, elle a perdu cette bataille. Au soleil, à l’abri du vent, il fait toujours drôlement bon.

L'hiver est encore loin, là bas.

L’hiver est encore loin, là bas.

Bref, nous partons avec Jackman pour une courte descente du côté de Marcevols, sur un single que j’aime particulièrement. Le temps de grimper par la piste un peu raide jusqu’au col qui surplombe Tarerach et nous lâchons les chevaux. Le sentier n’est pas très pentu, bien caillouteux par endroit, ça file vite. Je débouche à la première intersection, j’attends, pas de Jackman. Je l’avais pourtant entendu à quelques dizaines de mètres de là. Imaginant une crevaison, je prenais le sentier à l’envers pour le trouver finalement à demi sonné au milieu de la trace. Qui trop embrasse mal étreint, en l’occurence, la murette de pierres sèches et anguleuses était une couche rugueuse pour un corps lancé à 20 km/h. Heureusement, le casque intégral a joué son rôle.

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T’as vite fait de te mettre au tas dans ce style de courbes

Just ride. And enjoy.

Just ride. And enjoy.

Bref, passées les étoiles scintillants dans l’esprit de Jake, nous avons filé tranquille pour rejoindre Marcevols et réaliser quelques photos. Avant d’entrer dans le vif du sujet, le sentier qui part au bout du parking. Il ne descend pas vite, certes, mais c’est un régal, technique d’abord, puis pour les yeux. Les murettes anciennes, les arbres, la fuite du sentier entre les difficultés… La fluidité qu’il faut conserver. À mi-trace, il faut cependant remonter, toujours sur le sentier et là ça mérite que nous y retournions avec nos sécateurs, c’est pas complètement fermé, mais la végétation empêche parfois de rester sur le vélo. C’est noté pour l’hiver. De là, au croisement du GR 36, nous avons emprunté ce dernier à l’envers, histoire que je montre à Jackman ce beau bout de single en crête avec ses dalles torturées.

Ne pas se laisser impressionner.

Ne pas se laisser impressionner.

Les mecs qui font les sentiers des fois ne sont pas très soigneux.

Les mecs qui font les sentiers des fois ne sont pas très soigneux.

C’est aussi un bon échauffement pour le carnage qui suit. Enfin, carnage. Comme d’habitude, la descente vers le lac est une tuerie, il faut suffisamment de vitesse pour passer mais c’est complètement défoncé, avec quelques épingles infernales, des ornières pas croyables, des parties mal pavées qui font un accordéon de la colonne vertébrale, des bords pas francs qui plongent dans le vide. On souffre, il y a du défi tous les 15 mètres, mais c’est un bon entraînement que de revenir sur des sections aussi sauvages !

Quand le soleil se couche le rider doit rentrer.

Quand le soleil se couche le rider doit rentrer.

La neige est tombée, jeudi, nous irons voir si elle est froide du côté du col du Portus.

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Se faufiler avant la neige

Il faut parfois saisir les occasions à ne pas manquer. Depuis une semaine, la météo annonce l’offensive de l’hiver, la neige même à basse altitude dans notre contrée. Cette neige qui va nous interdire les grands espaces de la haute montagne. Au moins à vélo. Alors avant de rouler dans la plaine pour quelques semaines, nous avons été gourmands pour nous offrir hier une belle sortie sur la frontière franco-espagnole, avec les amis.

Au col d'Ares, le désert d'automne.

Au col d’Ares, le désert d’automne.

Un petit lift jusqu’au col d’Ares, on est quand même en semaine c’est aussi une journée lors de laquelle il faudra bosser, et nous voilà à 10 heures, enquillant notre petit équipage de quatre riders sur le chemin des crêtes. Diable, il fait beau, vite chaud quand le sentier se met à monter, la vue est souvent panoramique. On loue l’été indien, le réchauffement climatique, le temps que nous avons pu arracher à nos boulots respectifs. Et puis là bas. Au loin, les sommets, le Canigou et la masse puissante de son versant sud, la pyramide du Costabonne que je n’aurai pas eu le temps d’aller chercher cette année. Les autres lieux déjà parcourus et aimés, Pla Guillem, les Esquerdes qui dressent leurs dents de pierre vers l’azur imperturbable.

Mais parfois s'inverse la pente

À droite le Canigou, en face, les Esquerdes Rotja.

Le Costabonne en boussole

Le Costabonne en boussole

Et nous avançons sur ce bout presque droit qui suit la crête donc. Je peine dans le raide, c’est droit dans le pentu, on roule sur l’herbe, tu laisses une énergie folle dans la montée et ça freine quand la pente s’inverse. La trace que m’avait fourni l’ami Oscar promettait de mettre fin à la difficulté en nous laissant glisser sur une piste en léger contrebas. Encore fallait-il trouver le sentier. Encore un truc qu’on a terminé en freeride dans les bois à s’accrocher aux branches parfois pour ne pas finir en vrac. Une fois sur la piste, nous sommes vite revenus sur la crête pour profiter de nouveau de la vision panoramique, plus près du Costabonne. Nous regardions plus avant et avec envie les quelques kilomètres qui nous restait à parcourir jusqu’au départ d’une des deux descentes du jour. Très vite, après avoir traversé un troupeau de vaches placides profitant du rayonnement du soleil pour brouter en toute décontraction, nous avons rejoint les deux silhouettes aperçues depuis un moment.

Nous n'étions pas seuls. Chapeau.

Nous n’étions pas seuls. Chapeau.

Des silhouettes qui n’avançaient pas vite là bas, nous voyions parfois les bâtons de marche étinceler dans le soleil. C’est dans une montée que nous les avons doublés, finalement, sur cette piste herbeuse aux ornières maladroitement dessinées. Deux gaillards, certainement plus de cent soixante ans à eux deux, en promenade depuis le col d’Ares comme nous. « Poc a Poc. » Un brin de conversation à la barrière. Nous sommes un peu scotchés de les voir là, à 10 kilomètres de toute route ou presque, heureux de la solitude, marchant à petit pas. Un brin de conversation, ils nous disent ne pas être capables de faire ce que nous faisons en vélo. Mais qu’ils ont fait notre parcours à ski. « Quand on pouvait encore. Aujourd’hui, on se contente de ce qu’on peut, de ce qu’on a. Poc a Poc. » Mélancolie à fleur de peau chez le plus costaud des deux gaillards. Poc a poc.

Pause casse-crôte avant d'attaque le D-

Pause casse-crôte avant d’attaquer le D-

Bon sang, si ça se trouve nous ne serons pas capables de nous lancer dans cette ballade quand nous aurons atteint leur âge. Nous repartons, filant à toute vitesse dans la descente, grimpant encore quelques bouts raides dré dans le pentu, finissons par nous arrêter sur une épaule sympa pour manger un morceau. Les graines d’O’cBon sélectionnées par Loïc font fureur. Puis c’est l’heure. Nous aimerions aussi aller Poc a Poc. Nous voilà en haut de la première descente, nous avons gaspillé pas loin de trois heures pour arriver là, entre petite vitesse, grand doucement, photos pour l’histoire et bavardages. L’occasion pour Simon de reconnaître en Jérôme le médecin qui a recousu son fiston, victime d’une mauvaise chute à vélo. Le monde est petit. Poc a poc.

Dans la fôret, ça file

Dans la fôret, ça file

Jackman ouvre en grand

Jackman ouvre en grand

Bref, on s’est engouffré la dedans comme d’habitude, comme des morts de faim. La première partie dans les bois est rapide et belle. Le soleil commençait d’entrer dans la forêt, on le voyait chatouiller la cime des arbres en contrebas. Passé un mauvais bout dans les pierriers glissants, nous reprenions la cavalcade entre les sapins. Tellement bien et tellement vite que nous avons raté l’embranchement. Et fait un long bout sur la piste au lieu de rester sur le single. Nous roulions vite, il faisait froid, mais quand nous entrions dans les zones inondées par le soleil, nous prenions dans la face une bouffée de chaleur, exacte réplique de celles du printemps, qui vous enveloppe, vous charge les narines d’odeur d’humus exalté.

Simon drifte dans les feuilles.

Simon drifte dans les feuilles.

Nous avons fini par trouver le single suivant, le beau morceau de cette descente, avec des épingles impossibles – n’est-ce pas Simon ? – quelques glissades non-contrôlées, une crevaison. Sous les arbres maintenant dépouillés de leurs feuilles nous apercevions le ciel, bleu.

Et va trop vite parfois pour prendre les épingles.

Et va trop vite parfois pour prendre les épingles.

Après avoir franchi un ruisseau, nous avons terminé par un single champêtre, se faufilant entre les parcelles de prairies pour finir à la Forge de la Preste. Hameau. Une grosse poignée de maisons et un « hôtel de la montagne » à vendre. Poc a poc, l’heure avait gagné la partie. Nous laissons de côté le col du miracle pour un prochain jour faste et rallions Prats-de-Mollo par la route, à faire la course comme des idiots sur le bitume.

Ce sont les anglais qui remettront le Picon-bière à la mode. Si si.

« fromage ». Si si.

Pour apprendre au final, après avoir été aspergés de bière par un barman maladroit, que le renouveau du Picon-Bière passera par les anglais. Vivement le printemps !

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Prendre la route.

J’ai eu la chance ce dimanche d’aller tourner une petite vidéo de vélo de route avec les filles de Elles font du vélo. L’idée est simple, partir à quelques copains et copines pour écumer les petites routes de l’Aude, pour ce cas particulier. Et c’était très chouette. Le soleil généreux de ce 15 novembre atténuait un peu la sidération de la fin de semaine, l’automne aux arbres donnait une impression de chaleur douce et le ruban routier se faufilant entre les villages posés ça où là on se demande comment, le ruban routier de bonne facture se laissait avaler avec plaisir. J’ai quitté le groupe à mi-chemin, lorsque fut venue l’heure de casser la croûte le long d’une petite rivière dans l’odeur si particulière (madeleine) des peupliers presque débarrassés de leurs feuilles.

Un petit col dans les Corbières.

Un petit col dans les Corbières.

Près de trois heures de roulage pour se creuser l'appétit !

Près de trois heures de roulage pour se creuser l’appétit !

Planqué derrière l’appareil photo et la caméra, j’avais quand même sacrément envie d’aller rouler. Il va falloir se dépêcher pour profiter de la haute montagne, la neige est annoncée pour ce week-end. Donc jeudi, on ferme le bureau pour aller musarder sur les hauteurs du Vallespir.

La vidéo.

Un dimanche (à vélo) sur les routes de l'Aude. from yann kerveno on Vimeo.

Avec Elles font du vélo, une balade dans les tréfonds de l'Aude entre Lagrasse et le Limouxin.