Blog

Standard

Le goût des embruns au printemps

Dans le genre de trucs à refaire, parce que celui-là, on est allé au bout, ça, c’est une belle histoire. Au début, il y avait cette idée qui me trottait dans la tête depuis un bail, depuis que je prends le train parfois pour aller à Montpellier et que mon regard peut se balader à travers les étangs et les lagunes pour profiter du lever du soleil ou, au contraire, de la lumière rasante des fins de journée, l’hiver, quand il fait froid et que la tramontane provoque des tempêtes de verre d’eau. Peut-être est-ce l’heure d’une confidence, j’aime ces espaces entre deux, largement indéfinis, aux contours mouvants que sont les lagunes méditerranéennes (mais probablement aussi toutes les autres, j’ai depuis toujours été attiré par les ambiances ouatées des marais. D’où, peut-être, mon appétence, osons le mot, l’amour que j’ai, pour la langue et les obsessions de Julien Gracq).

Observer le sable.

Bref, revenons à nos vélos, il y avait donc un bail que je rêvais de rouler sur la plage battue par les rouleaux qui s’étirent entre La Franqui et Port la Nouvelle. J’avais bien regardé la carte, il n’y avait pas de raison que cela ne passe pas. À condition d’être correctement chaussé, détail qui a son importance, vous le verrez plus tard. Il suffisait de trouver l’occase, comme souvent. Et c’est l’ami Giorgio qui nous l’a procuré nous indiquant une table qui valait le détour du côté de Treilles, dans les premières entrailles des Corbières, non loin de La Franqui, justement. L’affaire était dans le sac, la trace rapidement imaginée et la date calée. Au mois de mars. Cela a aussi son importance, vous le verrez plus tard.

Continue reading

Standard

Un Barbet pas barbant

Le Barbet me faisait de l’œil. Depuis longtemps. Depuis chez moi. Depuis tous les endroits où je roule en fait, il est tout le temps sous mon nez et me nargue de sa superbe. Je l’ai vu de près pourtant, à pied, mais l’envie d’y poser les roues m’accompagnait depuis que d’autres s’y sont essayés. Mais pour aller là-haut, il faut une dose certaine de confiance en soi. Parce que c’est une tannée. Vous me direz, ce ne serait pas la première. Ce n‘est pas faux, mais je ne sais pas pourquoi celle-là m’intimidait. Peut-être pour l’avoir déjà parcourue à pied ? Possible. Il fallait un bon compagnon pour cette aventure et François était chaud patate. Il faisait beau en fin de saison, nous mettons donc notre dévolu sur les premiers jours d’octobre. Cerise sur le clafoutis, on combine ça avec la venue des amis de Montpellier Loïc et David qui nous rejoindront sur la trace. (Loïc était de ceux qui avaient manqué « la bifurque qu’il ne faut pas manquer » lors de la Torgnole à l’Estanyol du mois de juin. Il avait une revanche à prendre et ça tombait bien puisque nous repassions par là). 

Le Barbet ? C’est la crête à gauche du sommet du Canigó.

Bref. Je décide, pour limiter les manips de bagnole du lendemain de laisser la mienne à Vinça où je prends le train pour rejoindre François chez lui à Prades. De là, nous monterons en voiture au col de Jou, point de départ de la balade. L’idée du jour c’est de monter peinard au refuge de Mariailles, en guise de marche d’approche, d’y dormir et de partir au petit matin pour accomplir notre grand destin du jour, un bon plus 1 000 mètres de dénivelé tout ou presque en poussage ou portage et la bagatelle de 2000 mètres de dénivelé négatif derrière, dont 75 % sur single. Vous avez dit tentant ?

Continue reading

Standard

Torgnole à l’Estanyol

Partir à l’Estanyol et revenir défait, penaud, éreinté. Il fallait bien cela pour marquer cette première dans nos histoires personnelles. Laissez-moi vous la conter. L’idée c’était d’aller bivouaquer en montagne avec un groupe de copains triés sur le volet pour leur bonne humeur et leur capacité à supporter mes lubies. La lubie du jour c’était de partir d’Ille sur Têt et de rallier la montagne à vélo. Question de bilan carbone toussa. En gros, la promenade s’étirait sur deux jours avec un premier jour quasi uniquement consacré à la montée et un deuxième en grande partie consacré à la descente, par notamment un des plus beaux sentiers du département (si si je suis objectif). J’avais étudié la trace, sur le papier tout était parfait, il n’y avait plus qu’à.

Un samedi matin de juin nous nous retrouvons donc avec les zamis (Didier, Loïc, François, Giorgio, Marc, Nico, Peter, Philippe) au bistrot le Platane pour un café avant de courir après notre destin. C’était tôt, sur le coup d’un mi-juin qui annonce les matins d’été sans buée. La météo promettait une journée chaude mais rien d’anormal, a priori, nos organismes de sportifs de bas niveau étaient en mesure d’affronter la journée. Très vite pourtant, il n’était même pas 9 heures, il nous a fallu nous rendre à l’évidence. L’affaire allait être compliquée à gérer. Arrivés au prieuré de Serrabonne, nous nous sommes tous réfugiés à l’ombre du bâtiment. Signe qui ne trompe pas.

Continue reading

Standard

24 heures chrono. (Un Canigó sinon rien).

L’idée de départ n’est pas de moi, je tiens à le préciser, mais elle est belle. Aller toquer au sommet du Canigo en hiver.

Alors, le Canigo, c’est un peu notre jardin ici, 2 780 mètres et des poussières, il impose sa masse au-dessus de la plaine du Roussillon. Il suffit de tourner le regard vers l’ouest pour le voir. En été, le Canigo se grimpe en deux jours pour des randonneurs un peu entraînés, avec une nuit en refuge ou en bivouac selon les préférences de chacun. À la journée, depuis la fermeture des accès autour de 1 000 mètres d’altitude, ça fait une sacrée somme. Et une longue journée. En hiver, ce n’est plus vraiment de la randonnée, il faut avoir quelques connaissances du milieu montagnard hivernal et être un peu équipé. L’idée qui trotte dans la tête de Didier c’est donc de monter au Canigo en hiver et d’en faire la descente à ski depuis le sommet. Double effet kiss cool en somme. Et on peut rajouter le troisième effet cool, celui de décider de le faire en deux jours (après une tentative à la journée avortée juste après le départ la semaine précédente), donc de dormir dans un refuge pour faire l’ascension finale au petit matin. Et de profiter de la neige dure. On est quand même presque à la mi-mars et le printemps a tapissé la plaine de rose et de blanc avec la floraison des vergers d’arbres fruitiers.

Donc voilà le cadre. Pour l’approche, nous optons pour le vélo, notre dada habituel. Alors oui on va en chier à la montée parce qu’on sera chargés comme des mules avec la bouffe, le couchage, les raquettes, les crampons et plein de trucs utiles, c’est l’Anglais de service, Simon, qui monte le cubi d’antigel, mais au moins à la descente, on ne se flinguera pas les genoux, en plus de gagner un temps de fou. #Astuce

Plus libres de leur emploi du temps ce mercredi, Didier et Simon décollent du parking à 1 000 m en fin de matinée pour arriver au refuge avant la nuit. Le refuge, c’est une cabane de quatre places, à 2 000 mètres, que nous avons choisie en nous disant qu’on pourrait faire du feu (j’avais vérifié sur refuges.org) et qu’à quatre en plus de la cheminée, nous n’aurions peut-être pas trop froid la nuit. Pour Marie et moi, seconde moitié du quatuor, nous finissons notre journée de travail avant de prendre la fille de l’air sur le coup de 15 heures 30.

On ne va pas se mentir, quand on donne les premiers coups de pédale, on se demande ce qu’on fout là. Le sac scie le dos, il est encombrant, le vélo est lourd, je ne sais pas combien, peut-être 18 ou 19 kg contre 14 en temps normal ? Il embarque le couchage, le piolet, l’eau. Dans le sac il y a la bouffe et le pain, des fringues, sur le sac les raquettes et les crampons… Et devant nous, une bagatelle. Autour de 11 kilomètres et 1 000 mètres de dénivelé. C’est ce qu’on appelle dans notre jargon « un truc de bâtard », une « boucherie », et là où on n’est pas bien dans nos têtes, c’est qu’on la connaît bien cette piste des Cortalets, ses rampes infernales entre l’escale de l’ours et le tunnel, puis après le refuge de Balatg. Aujourd’hui en plus il y aura la neige mais sans qu’on sache à partir de quelle altitude… Bref. C’est le moment de tricoter sa patience, tu mets le nez sur le cintre, tu regardes ta roue, tu penses à ce que tu veux mais surtout pas à ce qu’il y a devant toi. Tout juste peux-tu te souvenir de géographie et des leçons sur l’étagement de la végétation en montagne.

Sur cette piste des Cortalets, il faut un moment pour que la forêt méditerranéenne laisse la place à la forêt de montagne proprement dite, mais la végétation évolue selon l’exposition. Vers 1 400 mètres, au bout d’une heure de grimpette, la lumière du printemps joue entre les résineux, il fait chaud, enfin, on a chaud, avant de basculer dans la vallée qui nous conduira vers le sommet. C’est une espèce de ventre froid, toujours à l’ombre ou presque, orienté au nord-est. En deux heures nous atteignons le refuge de Balatg à 1 600 mètres et des poussières en même temps que nous touchons la neige. C’est à l’ombre. Et ça caille. Mais la source coule, parfait pour refaire le plein d’eau avant d’attaquer la seconde partie du chantier. Il reste alors 400 mètres de dénivelé et peut-être trois kilomètres.

La neige conjuguée au mauvais état de la piste et à la pente rend la progression difficile, j’alterne roulage poussage jusqu’au départ de l’ancienne piste des Cortalets que nous allons emprunter pour shunter le col des Voltes qui n’a pas d’intérêt pour nous aujourd’hui. Le début de cette ancienne piste me permet de remonter sur le vélo malgré la neige, la pente est bien moins raide et il y a moins de cailloux. Marie file devant, son vélo électrique lui permet de franchir la neige sans problème. Pour moi c’est plus compliqué. Mon pneu arrière est peu cramponné, je perds vite l’adhérence et ça bouffe une énergie folle. J’ai fini par poser pied à terre au bout de la deuxième ou troisième épingle, je ne sais plus vraiment. Et j’ai continué l’ascension en marchant à côté du vélo, en le poussant. Cela permet aussi de conserver un peu de jus pour le lendemain.

Quatre heures après le premier tout de roue nous déboulons au refuge. Didier et Simon avait eu le temps de tout préparer, passer un coup de balai, aller chercher du bois, allumer le feu, c’était assez magique d’arriver dans cette cabane chauffée alors que le froid me mordait les oreilles depuis une paire d’heures (enfin m’aurait si Marie ne m’avait pas prêté un buff parce que je ne savais plus ce que j’avais foutu de mon bonnet). Bref, c’était l’heure de passer à table, on a fait griller la saucisse, le jambon sec, les poivrons, bu un coup, bien rigolé, puis sur le coup de 22 heures, nous nous sommes glissés dans nos duvets pour tenter de roupiller. Le feu crépitait dans la cheminée, c’était presque Noël !

Un semblant de nuit plus tard, nous voici debout, prêts à en découdre. Nous coffrons les vélos dans le refuge rangé, ôtons les axes des roues pour éviter toute surprise puis nous chaussons les raquettes et filons. Il fait très beau et pas froid. Bon les raquettes, ce n’était pas une bonne idée. Très vite nous sommes obligés de changer pour enfiler les crampons. La couche de neige récente, posée sur une semelle rosie par le sable du Sahara, ne tenait guère et nous faisait glisser dans le dévers. C’est là que ça a coincé pour moi. Les raquettes je connais un peu. Mais les crampons je n’avais jamais testé. Et je les avais à la fois mal réglés et n’avais pas compris comment les attacher correctement. Mes trois compères partis devant une fois chaussés, je me débattais pendant une quinzaine de minutes avant, pestant en solitaire, de décider de rebrousser chemin. Si c’était un problème de réglage, un outil pourrait m’aider, mais il était sur mon vélo… Et au pire, si je n’arrivais à rien, je m’occuperais du feu et attendrais au chaud. Mais bizarrement, je m’en suis sorti. J’ai réglé cette fois correctement les crampons et j’ai compris comment les attacher, enfin, comment faire circuler la lanière correctement pour qu’ils restent solidaires de la chaussure. Et je suis reparti, délesté en plus des raquettes. Ok, c’en était fini du sommet, mais il ne serait pas dit que je ne profiterai pas de la matinée. Je me suis mis tranquillement dans les traces de mes amis, profitant du silence, des premiers rayons du soleil pointant au-dessus de la crête…

Au replat, le fond du cirque en fait sous le sommet du Canigou, j’ai aperçu mes compagnons, 200 mètres plus haut qui en terminaient avec le mur qui conduit au Pic Joffre, enfin, ils avaient carrément visé au dessus ! J’avais l’impression qu’ils n’avançaient pas, mais en fait, je n’allais pas tarder à comprendre pourquoi. La pente. C’était drôlement raide. De ces pentes qui te font rentrer dans ta coquille, 30 pas, 15 secondes de repos, 30 pas, 15 secondes de repos. Il m’a fallu 50 minutes pour franchir cette difficulté et déboucher enfin sur la crête qui conduit au sommet. C’était beau, j’avais gagné ma journée !

On y voyait la crête frontière avec son pic du Géant, tout le massif du Carlit à 40 kilomètres de là, le Madres un peu plus près, et Andorre. Magique. Et en bas. Prades. Ne voyant personne, je continuais vers le sommet en profitant de ce moment, la neige était parfois rose des sables du Sahara, parfois glacée, parfois en train de fondre, parfois rose et glacée… Au bout d’un moment j’aperçus une silhouette en train de descendre du sommet. Me disant que mes compagnons n’allaient pas tarder, je renonçais à gravir la dernière bosse avant la pyramide et me posais au soleil pour les attendre. Le vent, soufflant pourtant de secteur sud, donnait un air un peu glacial à l’aventure. En fait, je me suis arrêté en gros à un kilomètre à vol d’oiseau (mais je ne suis pas un oiseau) et deux cents mètres de dénivelé. Assez rapidement mes compagnons sont arrivés, Didier a pu chausser ses skis. Il fallait bien ça pour gommer la peine d’avoir trimballé une paire de skis et les chaussures adéquates pendant toutes ses heures sur son dos ! Et surtout pour passer par dessus la frustration de n’avoir pu atteindre le sommet ! Arrivés au pied de la « pyramide » où trône le sommet, ils ont hésité, hésité, puis renoncé. Les conditions de neige dans la pente raide n’étaient pas bonnes et la crête inspirait autant confiance qu’un vieux cheval arthritique sur le retour. Nous laissant glisser dans la neige nous donc rejoint le refuge. Mangé un petit morceau. Fait sécher nos fringues. Et rempaqueté le tout. À midi, après avoir rangé, nous mettions les voiles. Un peu plus d’une heure après nous étions de retour au parking. Et deux heures après, j’étais rentré chez moi, pile 24 heures après en être parti. Avec deux questions.

Quand est-ce qu’on repart ? Et où est-ce qu’on va ?

Standard

Un tour dans les Garrotxes (gin tonic ~ alcoholic)

(Il y a belle lurette que j’ai pris la plume pour coucher sur ces pages quelques récits, alors je m’y recolle)

L’idée c’était, comme je le fais depuis quelques mois, de partir deux jours, laisser le boulot à la maison et aller rouler avec les ami(c)s dans de beaux coins. Partir avec un slip une brosse à dents (ou pas) et avancer d’un point A jusqu’au point B, en boucle ou en ligne. Il y avait eu une Transgabatxie l’an passé en trois jours entre Carcassonne et Saint-Paul de Fenouillet, une exploration circulaire du pays de Sault au printemps, les deux sur trois jours, puis une deuxième Transgabatxie en tout début d’automne en deux jours et sur un parcours différent (Carcassonne – La Franqui). Et là, nous avons mis les voiles vers les Garrotxes et le parc naturel des volcans catalans de l’autre côté de la frontière.

Au départ je cherchais un truc en ligne, mais voyager avec des bus et un vélo n’est pas simple, nous allions donc tourner alentour d’Olot. Comme d’habitude, la première partie du voyage se joue sur la table à carte, enfin, aujourd’hui, les sites de partage de traces gps. De fil en aiguille, par Wikiloc, je suis tombé sur le site de Kolo et ses ami(c)s qui proposaient, décrites, une belle poignée de traces comme on les aime. Hop, les fichier.gpx récupérés, tous chargé dans le logiciel, j’ai tracé un truc pouvant correspondre à ce que nous cherchions. Puis j’ai averti Didier du lieu de séjour pour qu’il trouve un hébergement, c’est son taff (détail qui a son importance, vous le verrez plus tard…) !

Une fois la boucle tracée, une centaine de kilomètres pour 3000 mètres de D+ j’ai envoyé la trace au contact du site pour avoir éventuellement un retour sur la cohérence et la faisabilité du truc. Et Kolo a pris le truc à cœur, est monté sur son vélo pour adapter ce que j’avais fait, en parsemant les kilomètres de bijoux de sentiers (merci infiniment Kolo pour ce boulot !).

Bref, novembre, les jours sont calés, la météo bloquée sur le beau fixe, on file après avoir déposé les gosses à l’école, pour ceux de nous quatre (Didier, Simon, François et moi) qui en ont (des gosses). On s’arrête acheter un peu de pain à Olot, Didier en profite pour finir de préparer son vélo dans le parking. Même si c’est préparé avec minutie, les départs sont toujours intimidants, un peu, qu’est-ce qu’on a oublié, est-ce que tout va se passer comme on l’a rêvé ? La première partie nous fait prendre 500 mètres de dénivelé sur route que nous avalons tranquillement avant de nous vautrer une première fois sur la trace, prémices de nombreux écarts, avant de nous engager sur un sentier montant. Cela allait être le signe de la journée. Les sentiers montants, qui bouffent de l’énergie à n’en plus finir même quand il n’y en a plus. Et quand tu as au programme 36 km et 1 600 mètres de d+ à 80 % sur sentier, tu comprends qu’il va falloir rentrer en dedans pour aller au bout.

Très vite, après une première descente qui nous met la banane avec ses grosses dalles de pierre, Didier tombe sur un os, le plateau de 32 est un peu gros à emmener dans les sentiers, Simon, avec son 34, chantonne « gin tonic, alcoholic » (what a fuckin’ gimmick !) en poussant dès que ça monte un peu trop. François met un point d’honneur à rester sur le vélo le plus longtemps possible, de mon côté, je gère comme je peux, mais les batteries se vident comme un jour de grand froid. Alors qu’il fait si bon. On progresse, mais l’heure va plus vite que nous, nous nous arrêtons pour casser la croûte, il est 14 heures, il nous reste trois heures de jour, 1 000 m de dénivelé à prendre, je commence donc à calculer une solution de replis honorable, j’avais anticipé, au cas où.

Nous prenons la coupe, continuons de nous régaler sur des sentiers somptueux, ressemblant fort à celui de Casefabre pour ceux qui connaissent, c’est le pied total et nous déboulons à Sant Feliu de Pallerols sur le coup de 16 h 30. Sauvés, nous sommes ! Enfin, sauvés nous croyions être. Là, rêvant déjà d’une bière réparatrice, nos trois regards se tournent vers Didier pour lui demander où se trouve l’hôtel qu’il a réservé. Comme il ne sait pas, nous demandons à Google de nous indiquer le chemin. Et sans rire, google nous annonce 23 kilomètres et 29 minutes… en voiture.


Là, nos regards se portent tous ensemble sur le bâtiment qui trône au-dessus du village où nous sommes, bien 500 mètres plus haut et ça fait tilt. Le sanctuaire transformé en hôtel est là-haut et non dans le village où nous venons d’échouer.

Comme disait mon grand-père, ce n’était pas l’heure de tortiller du cul pour chier droit. Il nous restait 50 minutes de jour, fallait avancer. Je déniche une coupe par la forêt qui doit nous faire gagner un peu de temps, nous faisons un peu d’eau, remballons notre joie d’en avoir fini et attaquons cette ultime, mais belle, difficulté. Ça monte, on coupe par un champ où l’herbe est juste là pour cacher une source, on pousse encore un peu sur un sentier jusqu’à attraper une piste qui nous ramène sur la route qui conduit à l’hôtel. Et là, à mesure que nos pupilles se dilatent le jour s’évanouit sous les grands arbres. La montée se fait d’abord très tranquillement, Didier n’est pas mieux que deux heures avant, nous avançons coûte que coûte jusqu’à la bifurcation qui nous met sur le dernier kilomètre. Et quel dernier kilomètre !

Si la pente avait été douce comme un crépuscule d’été jusque-là, le dernier kilomètre était beaucoup plus raide, un peu comme si on avait profité de la nuit pour nous glisser le Ventoux sous les roues. Croyez moi ou non, on y voyait tellement rien que je me suis arrêté plusieurs fois pour demander à google map de me dire à combien j’étais de l’hôtel. Et là j’ai pensé à Nicholson et Shining… J’ai fini par apercevoir les lumières, à quelques dizaines de mètres, François était arrivé depuis quelques minutes, Simon et Didier arrivèrent peu après moi. Il était 18 heures 30, et au final nous avions fait 36 kilomètres et 1 600 m de dénivelé, ce qui était prévu ! Gin tonic alcoholic ! Avec des vrais bouts de très beaux sentiers comme on les aime, joueurs par endroits, techniques ailleurs et souvent rapides.

Une dégustation de Priorat et un repas plus tard, nous pouvions goûter d’un repos mérité et d’une nuit réparatrice (ce qui est sur la trace reste sur la trace, hein, c’est comme la tournée des musiciens). En attendant le lendemain pour découvrir le paysage masqué par la nuit à notre arrivée…

Au matin, grand soleil, une montgolfière au loin vers les Pyrénées qui s’étalent devant nos yeux dans une largeur inédite, du Puigmal au Canigou, ça caillait sec mais le petit-déjeuner était à la hauteur. Et nous voilà repartis pour une soixantaine de kilomètres de méandres pour rejoindre la voiture. Nous sommes vite grimpés sur le dos de l’épaule qui surplombait le sanctuaire pour rouler un moment sur son sommet afin de rejoindre un petit col et entamer par la route une nouvelle ascension jusqu’au Far, point de vue unique sur la région à plus de 180°, le temps d’un kawa serré sous le soleil. Le sentier d’après nous ramenait presque sur nos pas, mais il aurait été dommage de couper ! Après une première partie ultra-fluide dans la forêt (au détriment de Simon « Gin tonic Alcoholic » qui s’offrait à l’arrêt in, OTB en toute discrétion) le sentier s’approchait dangereusement du bord de la falaise de la centaine de mètres de vide qu’elle créait au bord de mon ancien vertige.

Ride with a view

J’ai dû me résoudre à marcher une petite centaine de mètres par crainte de faire une erreur, mais c’était super-beau, et impressionnant. Nous avons ensuite emprunté une piste qui continuait de nous régaler de paysages en bord de falaise pendant que le soleil jouait à cache-cache cache avec les nuages. À 13 heures, gavés d’images, nous avions cependant faim et décidâmes d’une pause repas rapide, poulet saucisse frites avec un coup de rouge et nous voilà repartis vers Rupit et un nouveau poussage. Là encore, le temps jouait contre nous et nous étions loin de l’horaire indicatif que m’avait indiqué Kolo. Nous étions à 15 heures au point où il aurait fallu être à midi pour espérer terminer le parcours avant la nuit. Mais heureusement, Kolo nous avait fourni une coupe exigeante mais belle.

Nous poursuivions donc sur la trace jusqu’à cette bifurcation salvatrice par un régal de bouts de pistes, bouts de sentiers, quelques erreurs de navigation, des dizaines de clôtures ouvertes puis fermées pour arriver en haut du Cami del Rey, (on le saura plus tard, à 500 mètres de l’endroit où nous avons dormi) ! Et là, pour la dernière descente, poussés par la nuit grignotant la luminosité sans remords, nous nous glissâmes dans la trace avec souplesse et prudence, le couvert de feuilles mortes posé sur des dalles rendues humides par la saison ne nous inspirant qu’une confiance modérée. Deux trois jardinages plus tard, nous avons fini par retrouver les voitures, je mentirai si je disais qu’on y voyait clair.

Un loooong ride en crête, depuis le far, tout à droite.

Et vous savez quoi ? Va falloir qu’on y retourne, parce que le coin est très beau, les sentiers magnifiques à rouler et qu’il y en a visiblement beaucoup !

Standard

Retour aux affaires !


C’est pas tout ça mais avant de remettre Ride-in-Pyrénées sur les rails cet été, y’a un petit job à faire avant ! La mise à jour du Vtopo VTT des P.O. ! Histoire d’enlever quelques traces peu intéressante, d’en modifier d’autres devenues problématiques et surtout d’ajouter entre 25 en 30 nouvelles traces pour varier les plaisirs.
Tout l »hiver, mais aussi au printemps, je vous emmène avec moi dans les recos ! Ce sont mes carnets des petits chemins. C’est parti !

Standard

Pow Pow

Rouler dans la neige, finalement j’aime ça. Il faudra qu’un jour un fat j’essaye pour cela. En attendant, et suite à la sortie du week-end où nous sommes allés rebondir sur une mince couche de neige glacée, nous avons remis le couvert mardi. Il faisait un vent à décorner les bœufs en plaine et j’espérais, comme samedi, qu’il serait moins fort en altitude comme cela survient parfois, surtout à l’abri du massif massif du Canigou. Au col de Palomère, il a bien fallu admettre que point n’était le cas et que la bise venue, nous danserions peut-être de froid. Didier, Miguel, Nico et Mag étaient de la partie avec moi pour un court raid dans l’inconnu.

Nous sommes allés claquer la bise à l'hiver

Nous sommes allés claquer la bise à l’hiver

Vent et neige, il a fallu gérer.

Vent et neige, il a fallu gérer.

L’idée était de rejoindre la tour de Batère à sept kilomètres de là et d’essayer de trouver un single roulable pour revenir. Je savais que nous toucherions la neige assez vite, en espérant que ça ne serait pas trop tôt, que cela ne serait pas trop difficile, que nous pourrions rouler assez loin pour ne pas perdre trop de temps. Au pire, il y avait suffisamment de sentiers alentours à nous tendre les bras pour que nous puissions nous rabattre avec plaisir sur un programme de secours. Mais nous avons pu rouler. Si le vent nous brindait au début il a fini par être estompé par la montagne, le Canigou nous a pris sous son aile de sommets pour nous permettre d’avancer sereins et d’entendre assez vite la neige crisser sous nos pneus.

Bon, parfois ça passait pas.

Bon, parfois ça passait pas.

Les conditions étaient parfaite, la couche modérée, légèrement gelée dans les traces de 4X4. Nous avons pu progresser assez loin ainsi, presque sans nous soucier. Parfois, de loin en loin, la couche de neige s’épaississait à la faveur d’un recoin de la piste où le vent avait accumulé les flocons comme s’il avait voulu les planquer sous le tapis, à la faveur d’un coin jamais visité par le soleil en cette saison. Il fallait alors s’arracher pour rester sur le vélo, ne pas dévier de la trace sous peine de devoir poser le pied, faire chauffer les cuisses pour continuer à d’avancer dans une neige de plus en plus profonde. Parfois savoir aussi renoncer. Pour marcher, alors que le vent revenant par endroit s’efforçait d’effacer nos traces à mesure que nous progression.

Le truc du jour pour protéger les pieds du froid.

Le truc du jour pour protéger les pieds du froid.

Puis ce ne fut plus possible. La couche dépassait les 20 centimètres allègrement. Les dernières traces de 4×4 allaient bientôt disparaître et la piste s’offrir à nous, immaculée. Comme un drap blanc posé sur notre chemin que nos roues faisaient craquer doucement. Le temps de combiner une photo un peu spectaculaire avec Miguel, nous reprenions notre chemin vers la Tour, en sortant de la forêt au soleil, en plein vent, mais éblouis par la vue sur la plaine jusqu’à la mer.

la mer, la montagne. Et au milieu la plaine.

la mer, la montagne. Et au milieu la plaine.

Presque au terme de l'ascension.

Presque au terme de l’ascension.

Le dernier bout droit fût assez pénible, les congères formés par le vent empêchant que nous roulions de bout en bout pour rejoindre la plateforme et la tour. Là, je suis allé vérifier l’hypothèse retenue pour le retour. En manquant de faire un OTB dans 60 cm de neige accumulée, puis à pied en m’enfonçant jusqu’au départ du single. Poussant un peu plus loin, la neige était certes moins présente, mais l’affaire peu engageante. Les premières dizaines de mètres du sentier étaient convenablement posés dans la pente mais en dévers complet. Sans même parler de la couche de neige glacée épousant parfaitement le dévers. Je ne vous fais pas de dessin, c’était un coup à se rater et finir 25 mètres plus bas enroulé autour d’un hêtre.

Bonne idée le thé !

Bonne idée le thé !

Nous avons pris un court casse-croûte puis avec Didier, nous avons filé abandonnant Nico, Mag et Miguel à leur sort, pour rejoindre nos boulots respectifs, presque à l’heure. La descente fut pus rapide que la montée, mais certaines parties sont restées impraticables en raison de la trop grande profondeur de neige légère. Il aurait fallu que nous dégonflions plus encore nos pneus. Mais ça, nous y avons pensé, après. Nous finirons par avoir l’expérience nécessaire !

Brochette à la neige.

Brochette à la neige.

Standard

Un, deux, trois… Soleil !

Non, il n’est pas question dans cette note d’une nouvelle gamelle, d’un nouvel OTB fantastique, juste de signaler le retour du tenancier aux affaires. Celles-ci n’ont jamais été bien loin, mais j’ai un eu manqué de temps pour rouler ces dernières semaines, plus encore pour raconter ce que je pouvais faire. Pour faire simple, on peut aussi dire que j’ai été accaparé par le lancement de #Ride in Pyrénées, que je croulais sous le boulot et que je n’ai pas une grande forme. Bref, depuis les aventures de janvier, à Nohède dans la neige et la nuit à la Gardiole, j’ai rouloté ici ou là, notamment avec Jake pour dénicher un pur spot à photos.

Vivement le printemps e les feuilles sur les hêtres !

Vivement le printemps et les feuilles sur les hêtres !

Ensuite, il y a eu trois jours de ride où j’ai pris cher dans les Albères pour #ride in Pyrénées. Mais c’était beau, bon, étrange, froid, venté, calme, vertigineux, trop dur, tout à la fois ou en morceaux.

Sur la crête des Albères n a joué aux voiliers à roues avec la Tramontane.

Sur la crête des Albères on a joué aux voiliers à roues avec la Tramontane.

Revenant à des altitudes plus convenables, à défaut de latitudes, je suis allé poser mes roues du côté de la région nantaise et de la vallée de la Sèvre du même nom. À Mortagne d’abord pour prendre une pile comack dans les raidars infernaux, puis du côté de Monnières dans une ambiance plus cool même si le soleil n’était pas de la partie. C’est sympa à rouler, mais faut vraiment un gros cœur, ou un cœur entraîné correctement aux efforts brefs mais intenses, pour rester sur le vélo en permanence dans les montées. Alors qu’ici, nous sommes plus habitués à des montées longues mais moins abruptes.

Mortagne sous le soleil.

Mortagne sous le soleil.

La Haie-Fouassière  sous les nuages.

La Haie-Fouassière sous les nuages.

De retour dans les Pyrénées-Orientales, la neige s’était invitée à basse altitude. C’était l’occasion d’aller essayer de taper une plaque que j’ai en rêve depuis longtemps. Bon, le résultats n’est pas celui que j’espérais, il manquait de neige en fait, mais l’ambiance était étrange et belle à photographier. Et cela a conduit à une autre sortie un peu conne dont je vous conterai les affres un peu plus tard avec moultes photos.

La neige crissait quand même sous les pneus.

La neige crissait quand même sous les pneus.

Standard

Nuit et crachin

Rouler de nuit est une expérience intéressante. La première raison se trouve dans le renouvellement. Un single, un sentier, change complètement d’aspect la nuit, ne s’incarnant finalement que dans le faisceau de l’éclairage. Il en va de même pour le paysage.

Montée technique sur sentier de nuit. Ludique.

Montée technique sur sentier de nuit. Ludique.

Hier soir nous étions à la Gardiole avec Loïc, nous devinions les collines uniquement par la grâce du reflet de l’éclairage orangé se reflétant dans le couvert nuageux qui faisait choir sur nos têtes un doux crachin d’automne. Donc le paysage change, est escamoté plus ou moins par l’obscurité que vient simplement contester la lumière de la lune quand elle est là, forçant nos sens à s’adapter. Nous ne voyons rien, l’oreille semble prendre ses aises, à l’affut des bruits réels ou supposés, ceux que notre imagination attribue aux sangliers par exemple qui sont la rencontre qu’il faudrait ne pas faire au détour d’un virage. Les sentiers de la Gardiole, au sud-ouest de Montpellier, sont de deux types. Les premiers sont farcies de pierres mouvantes ou non, de dalles, de grosses marches, les seconds, sous les pins sont des usines à flow qui te piquent au jeu. Ne pas donner un coup de pédale malgré souvent l’absence de pente. Hier soir avec loïc, sous le crachin mesquin, nous avons roulé les deux, arpenté la Gardiole avec nos faisceaux lumineux, profité du flow, nous sommes fait secouer tendrement, griffer les bras. Pris des sentiers à rebrousse végétation, dalles glissantes, pentes infernales. Nous avons joué près de deux heures durant dans la nuit, certes dévalant moins vite qu’à l’habitude lorsqu’on y roule de jour, mais c’est quand même bien de pouvoir ainsi presque profiter de deux spots différents selon qu’on y roule de nuit ou de jour. Ça vous tente ?