Dans le genre de trucs à refaire, parce que celui-là, on est allé au bout, ça, c’est une belle histoire. Au début, il y avait cette idée qui me trottait dans la tête depuis un bail, depuis que je prends le train parfois pour aller à Montpellier et que mon regard peut se balader à travers les étangs et les lagunes pour profiter du lever du soleil ou, au contraire, de la lumière rasante des fins de journée, l’hiver, quand il fait froid et que la tramontane provoque des tempêtes de verre d’eau. Peut-être est-ce l’heure d’une confidence, j’aime ces espaces entre deux, largement indéfinis, aux contours mouvants que sont les lagunes méditerranéennes (mais probablement aussi toutes les autres, j’ai depuis toujours été attiré par les ambiances ouatées des marais. D’où, peut-être, mon appétence, osons le mot, l’amour que j’ai, pour la langue et les obsessions de Julien Gracq).

Bref, revenons à nos vélos, il y avait donc un bail que je rêvais de rouler sur la plage battue par les rouleaux qui s’étirent entre La Franqui et Port la Nouvelle. J’avais bien regardé la carte, il n’y avait pas de raison que cela ne passe pas. À condition d’être correctement chaussé, détail qui a son importance, vous le verrez plus tard. Il suffisait de trouver l’occase, comme souvent. Et c’est l’ami Giorgio qui nous l’a procuré nous indiquant une table qui valait le détour du côté de Treilles, dans les premières entrailles des Corbières, non loin de La Franqui, justement. L’affaire était dans le sac, la trace rapidement imaginée et la date calée. Au mois de mars. Cela a aussi son importance, vous le verrez plus tard.
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