C’est ainsi que s’écrivent les légendes

Il y a dans l’opiniâtreté ceci de bien c’est qu’elle est parfois récompensée. Et qu’elle paye même des intérêts. C’est un peu l’histoire de ce week-end de trois jours concocté un peu à l’arrache et qui devait fermer la saison 2023 du vélo en haute montagne (mais bon, vu la tournure de la météo, il reste peut-être encore de belles opportunités ! ). Et là voilà, cette trace est, en plus, un aboutissement.

Le pla segala qui n’a rien de plat mais fait de la résistance (le plat)

Cette trace est donc l’aboutissement de longues heures de rêveries sur la carte. L’aboutissement de reconnaissances menées à pied, puis à vélo en milieu d’été. L’idée, c’était de trouver le moyen de rejoindre la très belle vallée de l’Orri en passant par les crêtes, mais sans se mettre carpette pour pouvoir profiter de la descente. Nico avait testé par Llo, le col de Finestrelle et le Nou Fonts, on avait testé par la Carança, ne restait qu’une soluce, prendre le large et boucler ça en deux jours en y collant un très beau morceau de vélo déjà bien connu du côté de Mantet.

Mais c’est aussi, vous me permettrez cette courte digression, l’aboutissement de 15 ans de vélo, de progression, d’apprentissage de la montagne qui ne serait probablement pas survenus sans ma rencontre avec Franck, sur un malentendu, puisque c’est bien lui qui m’a ouvert cette porte vers les hauteurs, m’y a guidé au début et m’a permis d’en profiter à plein aujourd’hui alors que lui en est empêché. J’aurais aimé que nous partagions cette belle trace (que tu connais) ce week-end, quand même.

Bref, il fallait donc scinder l’affaire en deux pour la rendre accessible à nos organismes de quinquagénaires pas vraiment soucieux de leur hygiène de vie, on ne parle pas de Nico, il est bien plus jeune donc n’a pas le droit de se plaindre. Et nous partons, déposés au col de Mantet par un chauffeur sympa, avec pour projet de relier le col des Roques Blanques, de se cogner la traversée des Esquerdes, puis celle du grand et beau plateau qui ramène à la Porteille de Mantet pour nous laisser glisser (façon de parler, c’est drôlement rugueux) vers la station de Valter 2000 en Espagne pour gagner le refuge d’Ulldeter. C’était le plan. Et cela ne s’est pas tout à fait passé comme ça. Dès qu’on a eu vue sur les Esquerdes, je me suis fait du souci, c’était bouché par les nuages, il était midi et demi, des orages étaient annoncés en fin d’après-midi…

À dire vrai, je ne me voyais pas dans ce chantier dans la caillasse trempée par la pluie. Un coup d’œil au GPS me convainc, il y a moyen de s’alléger la peine en coupant dans le pentu pour rejoindre le Pla Segala. Allez zou, on s’enquille gaiement dans une ancienne piste de débardage et on met le cerveau en mode « ça va ça n’a pas l’air très long. » Le portage est fait de paliers entrecoupés de pentu bien pentu de chez pentu, difficile de pousser le vélo avant d’être sorti de la forêt pour rejoindre la pelouse. Là, l’horizon dégagé, chacun va faire sa propre trace entre les cailloux, Nico loin devant, Didier, qui, outre qu’il n’apprécie guère ce genre d’exercice, n’est pas dans un bon jour (c’est ça l’hygiène) et moi au milieu.

Quand on déboule en haut, on a économisé 5 bornes pas faciles (Les Esquerdes) et on vient de s’envoyer 420 m de dénivelé en deux heures (parce qu’on a glandé un peu en attendant Didier en regardant le ballet des vautours) et 2,3 km. Non loin de là les nuages qui nous ont nargué toute l’ascension se font maintenant pressants. Pour le moins. C’est le moment où Nico décide de mettre un peu de peps dans la journée en cassant son shifter de dérailleur. On bricole, on repart, c’est qu’on n’est pas d’ici…

La suite est belle. Normalement. Mais on n’y verra pas grand-chose de cette belle traversée qui donne l’impression d‘être en Mongolie. Quand on arrive en haut de la descente, la grêle s’invite, il tombait des gouttes depuis un petit moment. Le sentier qui nous est proposé ne manque pas d’air et on ne passe pas tout sur le vélo.

Se fier à la trace, parce que pour le reste…

Arrivé sur le parking de la station de ski, il nous faut maintenant rejoindre le refuge. Là, de l’autre côté de la montagne. Deux soluces. Descendre pour remonter. Monter pour redescendre. On choisira cette dernière solution qui consiste à remonter les pistes de la station plutôt que de perdre de l’altitude et se mettre de nouveau 200 m de dénivelé en portage dans le cornet.

Après l’orage, le retour du soleil.

Avec le recul, pardon Didier, c’était seulement 100 mètres de portage par en bas mais : 1 – on le saura pour la prochaine fois. 2 – on a probablement été un peu plus protégé de l’orage en restant dans la station. Car oui, mesdames et messieurs sous vos applaudissements, nous avons pris une partie de l’orage le temps de la remontée des pistes. Bref, le refuge était bienvenu. À 20 h 30 tout le monde était au lit, parce que le chantier, en fait, c’était pour le lendemain ! On pouvait désormais rêver à ce que nous n’avions pas vu ! (À suivre)

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