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On n’avait pas oublié les sécateurs cette fois.

Puisque la saison est lancée, il est temps d’en profiter. Avril se déplie entre jours de grands printemps et jours consacrés à la pluie. Il faut s’y faire. Samedi midi nous étions une dizaine à nous élancer du col de Palomère, au dessus de Valmanya.

Dès les voitures fermées, on rentre dans le premier single pour un échauffement de luxe.

Dès les voitures fermées, on rentre dans le premier single pour un échauffement de luxe.

Nous avons jardiné, au sens littéral du terme !

Nous avons jardiné, au sens littéral du terme !

Avec dans l’idée de rallier Ille-sur-Têt par une majorité de single. Mais aussi de prendre un peu de temps pour nettoyer un ou deux passages encombrés par des genêts fantasques ou des pierres méchamment anguleuses. L’attaque de la première descente de cette trace est toujours un vrai bonheur, ça file très vite, les épingles passent les yeux fermés et on déboule en deux deux jusqu’à la rivière.

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Les hêtres finissent de perdre leurs feuilles sous la poussée des bourgeons du printemps.

Le temps de s’arrêter débarrasser le single d’un petit arbre tombé en travers, nous étions à pied d’œuvre sur Le chantier de la journée. Une petite centaine de mètres d’une ancienne piste perdue dans la forêt progressivement avalée par la gourmandise des genêts. Au point de rendre quasi impossible le roulage sur cette portion de transition vers la seconde partie du single qui part à droite et dont l’entame était quasi occultée par la végétation.

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Avec le printemps, la végétation prend ses aises !

À une dizaine de bras, ça va drôlement vite, sécateur, scie, il nous a fallu une quinzaine de minutes pour faire place nette et reprendre le cours de notre pérégrination. Jusqu’à la rivière. La remontée vers Valmanya s’effectuant comme toujours sur la route, on en profite pour bavarder avant de se lancer dans le sérieux, ce bout de sentier paumé en dents de scies et montagnes russes qui surplombe la route. Un caviar de quelques kilomètres qui s’effectue à petite vitesse et convoque l’ensemble du bagage technique dont chaque rider dispose. C’est ce bagage, plus le jus dans les cuisses, qui déterminent le ratio entre le temps passé sur ou à côté du vélo.

La connaissance du single augmente le plaisir du rider. « Plaidoyer pour y retourner » yannk, sous presse.

La connaissance du single augmente le plaisir du rider. « Plaidoyer pour y retourner » yannk, sous presse.

Ça monte, ça descend doucement ou franchement, il y a des défis techniques dans le D- et dans le D+, un portage pas long mais qui te fait regretter ce que tu as mangé il y a trois semaines. Là, sur ce sentier très riche, les plus rapides ont profité du temps pris pour nettoyer ici où là en attendant les plus lents. Et nous nous sommes occupés de quelques belles épingles rendues traîtresses par des pierres fuyantes bien planquées sous une couche de feuilles. De quoi se mettre de jolies boîtes.

Des défis à chaque coin de trace.

Des défis à chaque coin de trace.

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Moins de cent mètres de portage mais il met le feu dans les guiboles.

Pour ces morceaux, nous avons laissé les sécateurs dans le sac et seulement ouvert un fuseau pour laisser aux pneus le pouvoir de rester au contact de l’humus. On a testé ça passe bien. En arrivant lancé, ça sera très bon. Mais avec tout ceci, plus les pauses pour faire des photos, le temps nous filait entre les rayons. À Baillestavy, nous avons fait un stop au village, fait le plein d’eau au robinet (sur la place du village devant le bar de pays) avant de nous élancer dans ce qui serait la dernière partie en single de notre sortie.

Défense de sortir de la trace.

Défense de sortir de la trace.

La remontée sur le sentier vers le mas de Sahilla est toujours aussi difficile par endroit. Les sangliers n’ont pas ménagé leur peine pour labourer la trace pendant l’hiver et le portage qui suit ce long bout pas roulant du tout reste costaud. On en a vu quelques uns d’entre nous tirer la langue furieusement. Après le mas, c’est bonheur à tous les étages, on a dévalé à plein gaz, le temps de faire quelques photos quand même, avec en bas la banane des grands jours.

La bonne trace n'est pas forcément la plus évidente à première vue.

La bonne trace n’est pas forcément la plus évidente à première vue.

Avis aux amateurs, il reste quelques courts passages qui méritent un petit coup de sécateur dans cette partie. Las, pour nous il était bien trop tard, nous avons donc pris les chemins de traverse pour rentrer dare dare sur Ille, laissant la dernière bosse et son single de taré sur notre droite. Pas de bol, je serai obligé d’y retourner. Qui vient ?

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Ça sent grave le printemps.

Depuis la plaine, on le voit bien arriver le printemps, celui qui va libérer les sentiers de la neige accumulée au long de l’hiver. Alors nous sommes là, surveillant de temps en temps la réduction de la surface occupée sur les sommets par les plaques de neige.

Y'a un truc là non ?

Y’a un truc là non ?

Comme Blanquette à la fenêtre de l’étable, chaque vesprée nous voilà l’esprit vagabondant vers ces espaces où l’herbe pour nos crampons est plus verte, forcément. Quand Laurent nous a proposé d’aller jeter un œil sous les jupes du Madres en partant de Nohèdes, on a sauté sur l’occasion. Pas seulement parce que y’a une idée àlacon de Franck à venir dans ce secteur, mais aussi parce que c’est bien de rouler en montagne, et que lorsqu’il reste de la neige ça peut-être encore plus marrant. Rendez-vous pris, nous voilà en route de bon matin avec Cédric pour aller rejoindre quelques joyeux lurons croisés en décembre au-dessus de Nyer.

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Cahcun son style, son rythme.

Malgré l’excitation, j’étais un peu inquiet. Les différents emplois du temps de ma vie ne m’avaient pas laissé une heure pour rouler depuis l’épique raidillon des chapelles dans les torrents, facteur auquel il convient d’ajouter que mes nuits sont bien plus courtes que mes jours depuis plus d’un mois, et que  j’avais chopé une sinusite de combat en tout début de semaine.

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Pause casse-croûte.

Au point d’avoir recours au doc pour tenter de faire passer ce mauvais moment. Et quand le corps tisonne… (© Fred) Un peu avant neuf heure la petite troupe prit la route vers le fond de la vallée de Nohèdes, puis dès les premières pentes, j’ai senti que ça risquait d’être long, très long. Les jambes ne faisaient pas mal, mais il n’y avait pas grand chose dedans. C’est le moins qu’on puisse dire.

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Just free. No trail.

Je me suis vite traîné comme une loque à la fin du groupe qui avançait bon train. Connaissant l’endroit, je restais le plus zen possible en me disant qu’au pire, si ça ne passait pas, même doucement, je saurais faire demi-tour.

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En janvier, c’était gelé là !

Les gars de devant ont fini par sacrifier un volontaire désigné d’office pour venir me taper la causette (merci William) mais je suis parvenu jusqu’au col du Portus. Doucement, mais sûrement. Là il nous fallu nous rendre à l’évidence, la neige n’avait pas dit son dernier mot.

Bac à feuilles  pour ceux qui ne sont pas à l'aise avec les épingles.

Bac à feuilles pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec les épingles.

Le temps de profiter à plein du panorama, de manger encore un morceau et nous sommes partis, délaissant le premier lac que nous devions aborder, pour chercher le second, en passant par le troisième. Vlan. Je commençais à aller un poil mieux et ce n’était pas désagréable.

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« Désolé. Votre correspondant ne peut être joint. »

Au dessus de la retenue de Nohèdes, la piste monte joliment, puis ça se corse, un peu comme pour accéder au col du Portus une heure avant. Et la neige, toujours très présente, nous oblige là encore à renoncer.

La fin de la belle descente du réservoir.

La fin de la belle descente du réservoir.

De trois lacs au menu, nous devrons nous contenter d’un seul dans l’assiette. Mais nous n’avions pas encore commencé à descendre ! Un petit freeride dans les touffes et les mottes pour se mettre en appétit, après un pique-nique rapide à l’ombre fraîche d’un nuage, et nous abordions le single du jour.

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Toujours aller voir plus loin se qui se cache derrière la crête. La règle.

Super rapide, il ne présente pas de difficultés particulières, il suffit juste d’être attentif pour ne pas se mettre au tas. On a déboulé là dedans comme des morts de faim le sourire accroché au casque pour arriver en bas ravis. Et crevé pour ma part, la roue arrière à plat au débouché du dernier tronçon de la descente, ou presque.

Si c'était un chemin propre…

Si c’était un chemin propre…

Le temps de réparer nous nous sommes ensuite attaqué au bonus de la journée.Le truc en plus. Une montée bien raide de derrière les fagots (mais là j’allais beaucoup mieux, comme j’avais pas tapé dans la caisse le matin, je pouvais relever les compteurs) puis un portage àlacon dans les piquants pour aller chercher un joli bout de trace à flanc.

Et hop. Feu.

Et hop. Feu.

Et nous permettre de revenir vers Nohèdes. Donc voilà, nous n’avons pas vu les lacs mais les blanquettes ont pris l’air. La saison est lancée.

Les traces de crocs du printemps sur les guiboles des blanquettes dur jour.

Les traces de crocs du printemps sur les guiboles des blanquettes du jour.

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Au fil de l’eau

Il avait plu plus que les larmes de la terre la veille, samedi. Un genre de déluge qui vide les nuages comme le ferait une chasse d’eau. 100 mm ici, 200 là, jusqu’à 280 à Argelès annonçait la radio de bon matin. 20 centimètres de flotte en 24 heures, ça engorge les singles. Pourtant, après l’apocalypse, le beau temps. Ou presque. Pas de gouttes annoncées dans la journée de dimanche, des températures clémentes, au pire il y allait avoir peut-être de la boue, c’était jouable. Vélo rangé dans la voiture au point du jour, et zou, direction Saint-Jean Pla de Corts et la rando des Chapelles organisée par le club de Céret, ou plus exactement, le Raid’illon, une boucle de 60 km et 2000 de d+, une première pour moi et les autres avec qui nous avions décidé de rouler de conserve. Arrivé, vélo remonté, plaque installée, et nous voilà partis pour une longue journée pleine d’incertitude. Intensité 1, on doit pouvoir parler et ne pas avoir mal aux cuisses, avait dit Jérôme durant les premiers kilomètres tranquilles, donc on a fait tranquille. Route, piste, voie de chemin de fer, et paf, premier single. Pas bien réveillé, je suis entré dedans fourche bloquée et protections sur les chevilles, #idiot. Mais c’est bon. En bas, nous entrions dans le vif du sujet comme les gardons, vifs eux aussi, frétillent dans l’eau claire des rivières. Avec de la flotte jusqu’au dessus du pédalier par endroit.

surf & ride !

surf & ride !

Ravito et nous repartîmes la fleur au fusil en nous disant sagement que ce qui était fait n’était plus à faire #merci #lapalisse. Au bout de la longue (enfin pas tant que ça) et un peu raide (par endroit ça piquait sec) montée suivante, nous avons touché un caviar glissé sous nos roues par Oscar, Miguel et leur bande de gourmands. Une longue descente, un peu trempée par endroit mais rapide, avec un grip de malade, c’était au moins la peste, pleine de petites cassures dans les arbres, histoire de nous faire perdre l’essentiel du dénivelé gagné durant la demi-heure précédente.

© Photo Miguel Fernandes. Vous avez dit grip ?

© Photo Miguel Fernandes. Vous avez dit grip ?

Au pont de Reynes, nous reprîmes le chemin des cieux par une petite route, sous un timide rayon de soleil. Puis avons enchaîné bouts de piste, singles détrempés, bouts de piste ou de routes, singles noyés, avec plaisir, jusqu’à Céret et cette première montée à couper les jarrets par la route. Au bout du single du single suivant, pas long mais bon, au ravito, on était content.

Le saucisson contre les crampes en préventif.

Le saucisson contre les crampes en préventif.

Mais le plus pénible restait à venir. La longue et épuisante grimpette vers le balcon de Céret, un sentier à flanc au dessus de la vallée du Tech embrumée, et une fin dans une trace mal rasée, pleine de sable, qui me mit les crampes au bord des genoux comme on a le cœur au bord des lèvres, parfois. Pour se motiver et rester concentrés sur l’ouvrage, on se disait que si Oscar et sa bande nous faisaient grimper par là, c’est parce que ça devait valoir le coup.

On a fait le pont !

On a fait le pont !

Bon pour le coup, quand on a perdu une (petite) partie du D+ gagné, sur la route, on a gambergé, la faim de single se faisait pressante dans les cuisses. On a fini par trouver l’embranchement, la piste de débardage jonchée de branches à casser du rayon à tour de bras, puis, comme une lumière au bout du tunnel, l’entrée du single qui allait nous ramener vers Maureillas. Une perle, vive, joueuse, piégeuse, un petit caviar tout en subtilité. Donc le dernier bout était bon, c’est vrai, mais bien trop court 🙁 Bah, les affres des changements de circuits, raccourcissements, aménagements de dernière minute liés au déluge, c’était déjà beau d’avoir pu en profiter dans la bonne humeur ! Au bout du compte, certes, il n’y a pas le kilométrage annoncé, ni le dénivelé, mais les conditions de roulage ont ajouté largement autant en difficulté. Et puis, ça nous donne un prétexte pour y retourner, sur le sec pardi.

© Miguel Fernandes. Par couardise, j'ai laissé les boîtiers au sec cette fois, j'ai pu profiter des singles à fond ! Merci Miguel pour les images de ride.

© Miguel Fernandes. Par couardise, j’ai laissé les boîtiers au sec cette fois, j’ai pu profiter des singles à fond ! Merci Miguel pour les images de ride.

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Carte postale des Açores

UneVojo

Après le trip à Ainsa (on en reparle bientôt) et la publication dans Dirt, j’ai accompagné Damien aux Açores pour quelques jours de découverte des trails locaux. J’y reviendrai aussi plus en détail plus loin dans la saison. En attendant, vous pouvez cliquez ici, oui juste là et accéder au reportage multimédia que j’ai tiré de ce voyage hivernal. Et vous imprégner des ambiances avec les sons et les vidéos qui ajoutent une dimension nouvelle aux photos et aux textes. J’en ai aussi profité pour réaliser une courte vidéo « à ma manière » en mêlant images fixes et images animées, il y avait de longs mois que je n’avais plus touché à Final Cut. Dans quelques semaines, j’ajouterai une galerie avec les photos non encore publiées.

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Trail of the week #16

TOW16@yannkerveno-1Retour en 2014, à Valloire, une image shootée en descendant après une journée bien remplie passée à suivre les deux première spéciales de la manche française des Enduro World Series sous le soleil.

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C’est pas rasoir les Açores

Nous avons débarqué avec Damien de l’avion en début d’après-midi hier sous un temps assez gris finalement. Mais il fait doux, en diable. Posés dans le creux d’un cratère dans un lieu charmant à Furnas, sur l’île de Sao Miguel, nous avons pu rider dès la fin d’après midi sur une piste de DH en cours d’aménagement.

Trace ta route petit rider, trace ta route, en toi le flow est. (Mais ce n'était pas suffisant ce matin pour moi !)

Trace ta route petit rider, trace ta route, en toi le flow est. (Mais ce n’était pas suffisant ce matin pour moi !)

Pour une course qui se déroule demain matin, dimanche, avec une quarantaine de riders locaux. Damien devrait y participer d’ailleurs. Et c’était bon, la trace est toute en forêt sous de grands arbres, c’est somptueux.
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Nous avons fait trois petits tours à la pédale, c’est court, un peu plus de 150 m de d+ mais ça nous a bien déplié des trois heures d’avion et du voyage.
Scabreux parfois cette ornière piégeuse.

Scabreux parfois cette ornière piégeuse.

Ce matin, nous avons pris la route pour atteindre un des points hauts de l’île avec Carlos et Lilia sa compagne. Nous avons emprunté un trail nommé « Cathédrale ». Chut, je n’en dis pas plus, sauf qu’en principe c’est un parcours qui ne s’emprunte pas l’hiver parce que c’est pour le moins difficile techniquement et particulièrement glissant ! J’ai pu me rendre compte que j’avais encore bien des progrès à faire sur ce type de sol…
Euh, tu permets que je reclipse ?

Euh, tu permets que je reclipse ?

Cet après-midi, nous avons rejoint un trail nommé « simply the best » par la communauté des riders du coin. Il n’ont pas tort, c’est tellement bon que Damien ne m’a pas attendu une fois que nous avons eu fait quelques photos, je ne l’ai plus vu qu’à l’arrivée sur la route. Et presque j’aurais pu l’entendre crier.
Attends ! Attends ! Trop tard !

Attends ! Attends ! Trop tard !

Un petit tour par la piste de DH, à 5 minutes de notre camp de base et la nuit s’avance déjà, nous allons continuer nos découvertes dans les trails de la cuisine des Açores.
Carlos, sur le bike, aux manettes, et en cuisine.

Carlos, sur le bike, aux manettes, et en cuisine.

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Cela aurait pu être très bien

Je m’étais organisé pour rendre tout mon travail à temps et pouvoir profiter de cette belle après-midi de janvier. Soleil sans vent, temps frais mais pas froid. Laurent nous avait convié à venir vérifier que la petite retenue d’eau située au dessus de Nohède était bien gelée. Nous avions rendez-vous au village sur le coup de 12 h 30 pour profiter des meilleurs heures de la journée. Puis au moment d’enfourcher les vélos le téléphone qui sonne, l’alerte du Monde m’apprenant l’attentat survenu dans les locaux de Charlie. Et la consternation.

Le temps de la montée, le temps de la réflexion.

Le temps de la montée, le temps de la réflexion.

J’ai passé ensuite une bonne partie de l’après-midi à gamberger, en l’absence d’information régulière sur ce qui s’était passé, pas moyen de choper un live sans réseau et n’étant informé de loin en loin que par les sms de Marie qui m’arrivaient par paquet de 10. Donc là, tu roules, tu fais tourner les jambes en réfléchissant – je suis journaliste aussi – tu penses à l’horreur, tu te demandes pourquoi tu es aussi choqué. Sans trouver des réponses simples. Choqué parce que c’est inimaginable. Choqué parce que les noms des victimes te sont familiers, même si je n’étais pas lecteur de Charlie, je l’ai été de Pilote il y a longtemps. Choqué parce que cet attentat nous montre qu’il n’y a pas de sanctuaire, à la manière du World Trade Center en 2001. Que la raison perd toujours face aux tarés.

J'ai roulé en étant là et ailleurs à la fois.

J’ai roulé en étant là et ailleurs à la fois.

Il y a vingt-cinq ans que je suis journaliste, oh, pas de ceux qui passent à la télé, pas de ceux qui vont sur les fronts meurtrier, non, je suis un soutier, un obscur gratte-papier travaillant pour des revues quasi confidentielles, mais chaque jour, je tente de préserver la liberté qui nous est confiée, de donner aux lecteurs, à mes lecteurs, l’information la plus honnête possible dans des conditions d’indépendance économique de plus en plus difficiles. Mais c’est un autre sujet.

Gare à la chute.

Gare à la chute.

Alors il reste quoi ? Un goût amer. Un sentiment d’effroi. À croire finalement que la barbarie gagnera toujours, 1914-1918, la seconde guerre mondiale, les camps de concentration, la Bosnie, Le Rwanda, l’Irak l’Afghanistan, la Syrie, ne servent à rien. On voit resurgir sous le coup de l’émotion les vieilles rengaines racistes puantes, cette faculté des hommes à stigmatiser l’autre, celui qu’ils ne veulent pas connaître.

Le lac est bien gelé

Le lac est bien gelé

Il faisait presque chaud hier quand nous étions au soleil, à bavarder sur les bords du lac, mais il faisait froid en dedans. Je pensais à maintenant, à cet après 7 janvier. Sans savoir quoi penser finalement. Sans savoir non plus quoi ou comment écrire, quoi dire, ces petits mots alignés ne font guère de sens, ne règlent en rien l’immense défi auquel le monde entier est aujourd’hui confronté.

…

Enfin si en sachant quoi penser. Qu’il ne faut pas renoncer. « Ami, si tu tombes un ami sort de l´ombre à ta place. Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes. Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute… » chantait Anna Marly et toutes ces bouches réduites à murmurer dans les maquis d’ici ou d’ailleurs. À nous de sortir l’ombre.

…