@Saint-Lary Soulans (Hautes-Pyrénées) en reportage pour 02 Bikers, été 2013.
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26 octobre 2014 by yannL’homme qui voit les izards
Quand on roule fort, en montée ou en descente, enfin, quand on est le premier à ouvrir la trace, il est parfois donné d’entrer en collision avec la vie sauvage. Partis avec Damien et Vincent à la conquête de Prats Cabrera, sur le flanc Est du Canigou, c’est bien Damien qui vit trois ou quatre Izards lui partir sous le nez sur la trace. Et nous de nous contenter du récit qu’il en faisait.
Nous étions partis de bonne heure, et de bonne humeur, pour ne pas trop traîner dans la journée. Le camion garé au Col del Forn, nous nous mîmes au rythme pour aborder la piste du LLech, une bagatelle de presque 14 km pour environ 1000 m de D+ d’un seul bloc. Avec l’envie de ne pas trop traîner pour que Damien n’ait pas trop à nous attendre, non plus. La première partie est passée comme une lettre à la poste, la piste s’élève tranquillement, non sévèrement, jusqu’au Refuge de la Moline à 1200 m.
Nous en avons profité pour bavarder, préparer quelques trucs pour la communication d’intersaison. D’ailleurs, que j’arrive à parler est le signe indubitable, que cela ne montait pas trop fort. Nous fûmes là doublé par une bonne dizaine de voitures et un quad au pilote sans casque, cigarette au bec. L’occasion de repenser à ces conversations avec l’ONF, qui gère une partie du site, qui nous refusait l’emprunt pour une journée d’une série de sentiers… Parce que le passage d’un centaine de vélo allait porter atteinte à l’environnement. Laisse béton.
Après le dit refuge, à environ 1200 mètres d’altitude donc alors que nous devions aller flirter avec 1700, la piste et les choses se corsent et il a fallu passer en mode « je pense à rien mais faut penser à autre chose ». Un de ces moments où tu prépares ta semaine à venir, où tu repenses à tout ce que tu n’as pas fait la précédente, où tu renierais la terre entière parce que les cuisses chauffent, un vrai moment de solitude quand tu décroches peu à peu, le nez haletant dans la caillasse, des deux gus devant toi, que tu sais que chaque coup de pédale qu’ils font t’enfonce un peu plus, ce moment pénible où tu en as marre, ce moment heureux quand pour 200 mètres la pente s’inverse par miracle, ce moment ultime quand tu appuies quand même sur le levier du dérailleur pour voir si d’aventure un pignon plus grand n’aurait pas poussé en deux cent mètres… Mais au bout du compte à Prats Cabrera, nous étions là, tranquilles, pour manger un morceau, la bavante avalée en un peu moins de deux heures.
Restait à aller toucher le sommet de la sortie, par un poussage portage un peu pénible qui achève d’endolorir tes muscles. Les premiers hectomètres de la descente furent consacrés aux photos, histoire de faire un peu de stock pour plus tard et d’avoir quelques illustrations pour agrémenter cette histoire. Au large en balcon, vue sur la mer, sur une trace étroite et encombrée, puis, après un virage à gauche, l’entrée dans la forêt, pour du single quatre étoiles.
Là, tu claques les images à la pelle, cherchant à dénicher le rayon de soleil qui parvient à s’infiltrer entre les troncs pour venir caresser de sa chaleur la terre meuble et humide. Le temps de m’en coller une petite dans un pierrier en faisant le malin (note pour plus tard, ne jamais faire le malin dans un pierrier), puis une autre à cause d’une branche pas vue et venue me fouetter en plein visage, l’heure était venue de la décision.
Nous n’étions pas en avance sur l’horaire. Damien nous proposait un essai par un sentier qui me laissait dubitatif, quand à son issue, et donc notre destinée. Ça commençait bien, même si, comme le reste, ce n’était pas roulé du tout, puis il a fallu pousser, puis porter le vélo. J’avoue, j’ai pesté en fermant la trace.
Pas bien long cette grimpette, à peine 100 mètres de d+, mais juste ce qu’il fallait pour finir de m’achever avec un départ raide de chez pentu qui fait naître le spectre d’une tannée sévère, simplement parce que tu n’as pas de GPS, que tu ne sais pas où tu es dans la pente, et que parfois le sentier se perd, alangui sous les premlères feuilles de l’automne. Et là encore tu as le temps de penser à toutes les sorties de l’année que tu as laissé tombé parce que que t’avais la flemme et de te dire que c’est aujourd’hui qu’elles manquent. J’étais déjà limite frais dans la première partie de la descente, qu’allait donner la suite ?
Une fois en haut, au col de Teixo, qui n’a pas du voir passer beaucoup de vélos dans sa vie, nous avons mangé rapido, fait une photo, puis basculé dans la pente. Ce sentier jamais roulé pourrait être magnifique s’il l’était un peu plus. Encombré de gros cailloux planqués sous les feuilles, ou bien visibles mais branlants sous le soleil, c’était bien difficile, la fatigue en plus, ça devenait mission impossible pour moi. Les jambes ne voulaient plus fléchir, la vitesse ne voulait plus revenir, les pédales ne voulaient plus clipser… La loose.
Il fallait les ailes de l’aigle catalan pour se sortir de ces chantiers ! Mais c’était beau. Une fois en bas, nous sommes remontés jusqu’à la piste, c’était trop tard pour de nouvelles aventures, par un court portage bien pêchu encore. Avant de dévaler la voie jusqu’au camion. C’était du vélo de montagne quoi, avec cette dose d’imprévu et d’aventure qui fait que nous y retournerons encore, dès que possible. Histoire d’ici là d’avoir pu travailler le foncier et d’être plus à l’aise pour profiter des lacets furieux du GR36.
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Je dédie cette histoire à Albin, qui aurait eu 67 ans ce jour là. Et à Mathilde, partie bien trop tôt, en espérant que ce dernier exil t’offre autant d’aventures que les voyages en orient extrême que tu affectionnais tant. Avec mes pensées.
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22 octobre 2014 by yannTrail of the week #8
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20 octobre 2014 by yannPick-up story
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18 octobre 2014 by yannUne usine à gaz(inière)
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Tu pars en route pour un petit tour, le deuxième en deux jours histoire de voir comment vont les jambes, parce qu’elles ne sont pas foutues de te le dire simplement, tu roules donc sur un parcours à tourner les manivelles et tu passes encore une fois devant cette épave. C’est dans la pampa, au bord d’une piste, même pas une décharge, et là des questions tu te poses. Qui l’a posée là ? Les sept nains après un pique-nique avec Blanche-Neige ? Pierre Trois-Gros après une balade dans la garrigue ? Ou john Crétin parce qu’il ne sait pas lire et qu’il n’a pas pu déchiffrer les panneaux qui mènent à la déchèterie ? Bref. Il n’y a que les escargots qui s’en servent aujourd’hui, et je serai mort qu’elle sera là, pas terminée de rouiller, de se dissoudre dans le temps.
Bref. Continuant ma route, enfin, ma piste en emmenant un peu pour que ça chauffe le cuissot, je m’étonnais tout seul du nombre de voitures garées dans des coins où seuls d’habitude les sangliers prennent soin de se garer. Jusqu’à ce que je me souvienne d’un papier aperçu dans le journal local ce matin, racontant qu’il y avait une extraordinaire poussée de champignons ces jours ci. Après la pluie, les températures estivales aident bien, c’est vrai. Donc, du chasseur d’opérette avec ses baskets mais son pantalon de treillis à la donzelle bien mise en petites ballerines dans les épines pour suivre papa et maman en ronchonnant, il y en avait pour tous les goûts. Vivement demain.
Ces jours-ci quand je roule seul, j’écoute ces deux perles dégottées sur soundcloud, franchement, c’est parfait pour rouler ! Le premier est un objet étrange, vous verrez, le second un bijou de Circus Company, comme souvent. Vous pouvez télécharger, c’est gratuit et partager !
Enfin, une pensée pour Franck, avec qui je partage le même appétit des grands espaces, et qui figure souvent en photo sur ce blog, blessé depuis le printemps, il vient d’en remettre une couche en se faisant une entorse du genou, ce matin, en allant chercher du pain. Quand ça veut pas, ça veut pas, courage, de toute façon, l’hiver arrive, et le Madres ne bougera pas.
Vous avez 5 minutes ? Allez donc faire un tour sur un autre blog, une autre aventure à vélo sous la plume et les pédales d’Amélie, ça vaut le détour, plume et bitume, c’est initiatique en tous points.
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15 octobre 2014 by yannTrail of the week #07
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13 octobre 2014 by yannJeter c’est toujours jeter
Étrange. Lors du Roc d’Azur, MBF, qui défend l’intérêt du VTT en France, a inauguré un système curieux en plaçant le long du parcours des zones où les participants à cette grande épreuve de masse pouvaient se délester de leurs emballages ou déchets. Je comprends bien l’intérêt pour les organisateurs de courses et de randos d’avoir ainsi moins à galérer sur les traces pour ramasser les immondices, mais ce dispositif me semble contre-productif. Pour diminuer l’impact des vététistes sur le milieu naturel, c’est bien à une sensibilisation individuelle qu’il faut s’atteler. MBF a par ailleurs affiché des messages en ce sens sur le Roc à ce que j’ai vu que les réseaux sociaux et on ne peut que louer cette initiative.
Mais. Il y a toujours un mais. Offrir l’opportunité aux participants des épreuves de jeter leurs emballages en course ou en randos fait perdurer le geste. On jette sur un filet, certes, mais on jette. Alors qu’il faudrait simplement que chacun conserve sur soi ses emballages, ses tubes de gels vides, ses chambres à air percées… Quitte à installer de grandes poubelles à l’arrivée et sanctionner positivement les riders qui viendront se débarrasser de leurs déchets. Et mieux encore, de fournir au départ un petit sac qu’il est simple de glisser dans le camel ou dans la poche du maillot, pour éviter par exemple que les sucres, ou le latex, finissent de couler et collent tout alentour. Un petit sac qui permettront en plus aux plus zélés de ramasser ce que les autres auront laissé éventuellement. Moins il y aura de déchets sur nos traces, moins il sera facile de jeter. Je dis ça je dis rien.
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12 octobre 2014 by yannPunaise le retour à la Pinouse
On le sent arriver à pas de loup l’automne. Il fait encore beau et relativement chaud, pas loin de 25° quand le soleil s’impose, mais le matin frais, un léger hâle brun sur les feuilles des espèces à feuillage caduque qui couvrent les flancs de montagne et parfois, la brume, sont des signes tangibles. Nous partîmes tôt, quand l’aube n’était encore qu’une idée indécise dans notre Est pour être sûr d’attaquer la longue grimpette vers le refuge de l’Estanyol dès le début du jour. L’idée était d’aller saluer sur leur passage les coureurs de l’ultra-trail organisé ce week-end et qui franchissait le massif du Canigou.

L’automne pointe son nez, c’est la Lune qui nous l’a dit
Nous devions donc grimper de Valmanya jusqu’au GR10, une grimpette de 700 mètres de dénivelé que nous avons passé en devisant tranquillement, le temps d’aller, juste avant, s’enquérir auprès des chasseurs se préparant dans le village, de la zone où ils allaient traquer le sanglier, histoire de ne pas devenir gibier par imprudence.

Ultra costauds les coureurs de l’Ultra trail.
Une fois en haut, nous avons regardé passer quelques concurrents et concurrentes débouchant du balcon du Canigou sous le soleil, puis nous nous sommes engagés dans un sentier que je connaissais pour l’avoir emprunté il y a trois ou quatre ans, il était déjà fort encombré à l’époque. Une fois engagé dedans, ça avait l’air d’aller. C’est droit dans la pente au début mais sans piège et nous avions du grip. Puis la trace, qui devait nous faire perdre presque 300 m de dénivelé en un rien de temps, se stabilise un moment, c’est un grand mot, elle se fait ridiculement étroite et déjà les arbres lancent leurs branches gorgées d’eau en travers. C’est là que nous fûmes pris en chasse par une horde de petites guêpes passablement énervées, et probablement réveillées trente secondes auparavant par le passage sur leur nid, il est au milieu de la trace, de Loïc et Nicolas qui ouvraient la descente. J’ai tenté de passer rapidement, me disant que j’irai trop vite pour me faire piquer. Présomptueux je fus, la force elles avaient, le temps de traverser sans m’arrêter j’avais été piqué au moins sept fois. Malin, derrière moi, Marc fit un détour pour éviter les assauts, suivis par Giorgio, mais les guêpes avait compris, lui aussi fût piqué. Heureusement la fin du sentier, un vrai chantier, qui pourrait être magnifique s’il était simplement un peu débroussaillé, était farcie d’ortie dont la caresse virile sur nos mollets et nos cuisses allait disperser la douleur sur une zone plus importante de notre peau.
Ce fut l’heure alors de porter un peu le vélo pour atteindre les anciennes mines de la Pinouse, haut-lieu de l’histoire de la seconde guerre mondiale dans les Pyrénées-Orientales.

Aux mines de la Pinouse
De là, après avoir évoqué l’histoire de Julien Panchot, du maquis Henri Barbusse et du martyr de Valmanya, il était temps de nous engager sur le sentier qui nous conduirait à l’ancienne voie de chemin de fer. Celle qui permettait d’évacuer le minerai vers son destin.

Les nuages sont taquins
C’est un joli sentier, tout en balcon, que nous empruntons alors, avec de bonnes parties de descentes techniques et un poil humide, avec des racines et des pierres, allongées là lascives en travers, la hanche tendrement posée vers le dévers, l’oeil aguicheur, les feuilles en guise de cheveux, sirènes tranquilles nous prenant pour des Ulysses de pacotille.

Vous avez dit « balcon » ?
Elles eurent parfois raison de notre audace, mais nous avons fait bonne figure jusqu’à la voie de chemin de fer. Déboulé à toute vitesse, ce plat, surprenant à 1200 m, nous a conduit à l’entrée d’un sentier bien compliqué, un champ de guerre encore, mais de 14-18.

Le grand bordel sur la trace
La tempête a frappé là, arbres en travers, décrochés brutaux, ce n’est pas sans similitude avec les vestiges des champs de bataille lorrains.

Parfois c’est le sentier qui gagne !
Au col de Palomère, il restait le meilleur. Une trace en deux temps, follement rapide en longues épingles dans un premier temps, une trace de 15 centimètres de large avec un peu de gaz à gauche, ou à droite, c’est selon, tiens, un cèpe, et nous filions encore à toute vitesse.

Les sirènes étaient de sortie
Une brève remontée sur une centaine de mètres et paf, ça recommençait pour l’ultime run, un flanc tout à l’ombre permamente d’une exposition plein nord, une trace encore étroite et parfois, des patinoires cabossées de pierres moussues, des épingles infernales.

On a sourit après, parce que là, c’était holiday on ice 🙂
Et ce sourire sur nos faces réjouies.
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8 octobre 2014 by yannTrail of the week #06
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1 octobre 2014 by yannTrail of the week #05
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30 septembre 2014 by yannJ’ai fait la course avec un lièvre
Juste de retour sur le vélo après une petite blessure. Bon, je n’ai pas eu le temps de trop penser à rouler ces dernières semaines, occupé au taff, mais ça manque quand même. Nous avons fait un petit 25 kilomètres, avec plein de soucis mécaniques, quelques gamelles, la routine quoi. Et c’était bien. Je me disais l’autre jour dans le train qui m’éloignait avec joie de Paris, que ce n’est pas tant la sensation de l’effort qui me manquait. Peut-être comme cela peut se produire chez les coureurs à pied. Non, c’est plutôt simplement le fait d’être dehors, par tous les temps (catalans les temps, pas de pluie, faut pas exagérer), avec des potes, et de mettre les roues sur des sentiers pas banals. Ou bien, de tourner en rond autour du village pour entretenir les rêves des semaines suivantes et des points de mire que notre gourmandise nous fixe de loin en loin. Avec un peu de chance, dimanche matin, c’est Cadaques et le Cap Creus. Premier point de mire de l’automne. Je vous raconterai. Et en rentrant, sur la route, dimanche, juste devant moi est lièvre est parti. Nous avons ridé de conserve pendant deux cents mètres. Il a gagné. Il fut le premier au fourré.