C’est ainsi que s’écrivent les légendes (3)

Arrivés à Montlouis en début d’après-midi après une extraordinaire journée (c’est par ici) nous avons le temps de profiter de l’hôtel, la piscine, le sauna (mais nous ne recommanderions pas forcément ce grand établissement fort connu du bord de la 116 pour la qualité de l’accueil) pour se remettre d’aplomb avant d’aller dîner dans un chouette restau gastro de la citadelle. Et finir vautrés sur le canapé à regarder l’Irlande démantibuler l’Afrique du Sud. Nous avions rendez-vous au petit déj, de bonne facture, pour entamer notre retour en mode récup sur un profil majoritairement descendant.

Liberté ? Presque/

Nous filons donc sous le soleil, il fait frais, presque froid, le givre a posé des à plats blancs dans les prairies à l’ombre. Nous chopons le GR 10 vers Planès par un fort coup de cul qui me sèche à 10 mètres du but. 

Dommage. Puis, nous dérogeons au plan prévu pour nous engager dans une prairie, à gauche, par un bout de sentier que j’avais pratiqué il y a quelques années de cela. À défaut d’avoir la trace on combinera avec le GPS et les souvenirs. Le sentier entre vite dans la forêt, il est doux, accueillant, sympa, ne présente pas de difficultés particulières sinon une épingle en grand dévers que je ne vois pas suffisamment tôt pour la négocier. Nous filons sur ce petit caviar entrecoupé de coups de culs un peu sec pour nos corps fatigués mais nous sommes à l’ombre et la trace est douce et file le long de la Têt qui coule avec envie et spontanéité en contrebas. Nous nous arrêtons, tel des gosses curieux, pour regarder sous la jupe du pont Gisclard qui fait frissonner les passagers du train jaune à son passage et mater les cuisses de pierres qui supportent les haubans.

De là nous oscillons à flanc, la Têt a creusé son sillon et nous suivons notre filon de beaux sentiers. Voulant innover et couper une descente que je n’affectionne pas plus que cela, nous tirons à gauche dans un petit toboggan avant de plonger vers les bains de Saint-Thomas. Las, nous nous perdons dans les broussailles affamées, tous piquants érigés et sommes contraints de faire demi-tour et regagner en portage les 50 ou 70 mètres de dénivelé gobé avec enthousiasme quelques instants auparavant. Pour finir aux bains par le sentier que je voulais éviter. Juste pour me rappeler qu’on ne gagne pas à tous les coups. Nous nous laissons glisser dans le merdier du parking avec tous ces cons emmêlés parce qu’ils ne veulent pas marcher 300 mètres pour aller tremper leur cul dans l’eau chaude et nous entamons la remontée vers le sentier dit du Train jaune, que nous choperons à l’improviste un peu en dessous de Llar. Je dois avouer que la route et une pente maîtrisée sont parfois agréables, ça permet de garder du jus pour la suite, il n’y a qu’à pédaler rond en pensant à autre chose ou en bavardant. Dans le sentier, c’est autre chose. Avant de nous élancer, Didier nous fait une dernière démonstration de rangement de sac et nous filons pour ce que nous savons intimement être le dernier bout de la journée.

Même si le plan prévoyait une remontée de 500 mètres de dénivelé par la route. Les héros, au moins deux sur quatre, Didier et moi, sommes fatigués, Nico avance et François, qui nous a rejoints à l’hôtel la veille au soir a d’autres plans plus gourmands. Alors le train jaune jusqu’à Canaveilles, ça tabasse, et pour les jambes fatiguées ça fait l’effet d’un hachoir. Il y a même un passage, une double épingle dans le caillou à vif ou mon cerveau dit stop. Ce qui ne nous empêchera pas, après la très belle translation à flanc et presque à plat jusqu’au-dessus d’Olette, de descendre le dernier bout, pentu, aussi rapide qu’aride, comme des gougnafiers hors classe. En même temps, on avait une excuse, c’était midi moins cinq et l’entrecôte frite nous attendait à Olette, dans le bistrot habituel. Le reste n’est que littérature et il était déjà temps de rêver à la prochaine aventure. 

Les traces ci dessous. Jour un et deux assemblées et jour trois.

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