TransGabatxie V3 (impair et passe)

Une trace ça se travaille. Alors oui, on pourrait se glisser dans celle des autres, peinard, sans prendre le risque d’une fausse route, d’un chemin impraticable, que sais-je encore, d’une clôture électrifiée ou de coups de fusil. Alors oui on pourrait. Mais dans ce cas, autant rester sur la route non ?

Le belle descente de l’Alaric

La Transgabatxie, c’est une vieille idée à la con, un truc qui dure, l’idée d’azimuter comme on pouvait en suivant à vélo le GR36, au départ de Carcassonne pour revenir dans les P.-O. Avec les amis on avait tracé la première édition en trois jours, c’était un de nos tout premiers trips de cet acabit, le début de l’histoire en somme. La trace était déjà belle mais nous avait éreintés et nous avions terminé trempés sous un orage d’anthologie (parce que nous étions dessous) dans un bistrot de Saint-Paul de Fenouillet.

Pour la deuxième édition, en comité plus restreint, j’avais tracé en deux jours, un peu plus radical, entre Carcassonne et La Franqui. Ça ne s’était pas tout à fait passé comme prévu, on avait terminé par la route, 4 bornes le vent dans la gueule, je m’en souviens bien, comme je me souviens de ce putain de portage du 100e kilomètre, et de l’entrecôte de Durban. Tout ça pour épargner le cul de Didier.

Pour cette troisième édition, trois ou quatre ans après, Didier est encore là, mais c’est aussi là qu’on reprend confiance dans l’espèce humaine, il a appris de son erreur et acheté un cuissard. La trace est aussi un peu plus radicale même si un peu plus roulante. De toute façon avec ce qu’on a roulé cette année, on va tous crever. Y’a aussi Simon, toujours là quand on annonce un carnage et une bonne bouffe et Nico qui m’accompagne dans toutes les conneries les plus récentes. J’ai bien l’intention de parvenir cette fois à la trace, sinon parfaite, au moins clean, sans problème, qu’on pourra filer aux copains qui en ont envie…

Nous laissons donc les voitures à Salses-le-Château, montons dans le TER direction Carcassonne, c’est un vendredi matin presque comme un autre. Dans le train on déconne et on gère le taff de loin. Il fait gris, pas chaud mais pas froid non plus quand nous démarrons. Le début est rodé, des petits coups de cul pour se mettre en route, un sentier impraticable (mais je le savais) et nous voilà à Monze sur le coup de Douze (heures) C’est là que ça commence pour de vrai, il faut se hisser sur l’Alaric, nous perdons vite Didier, puis Simon. Je laisse une digression en route, nous zappons le portage (difficile) de Cadoche et nous nous traînons jusqu’au signal par cette putain de piste qui fait mal à chaque fois. Mais la descente sur Ribeaute est de toute beauté à rouler en dépit de sa difficulté, réelle. Il ne fait pas nuit quand nous arrivons à Lagrasse où nous rejoignons l’étape obligée de l’Hostellerie des Corbières à l’accueil et la cuisine parfaits pour fermer ce premier chapitre.

Le lendemain nous ne décollons pas trop tôt, nous enquillons dans le massif de la Crémade pour rejoindre les fameuses terres rouges de Lagrasse et profiter d’une belle descente style Colorado. Puis il faut franchir deux collines, on jardine un peu dans une vigne, pour rejoindre Talairan. Pause casse-croûte. Didier et Simon dévalisent l’épicerie, on est à ça de prendre un ricard, mais c’est tôt (et il reste 50 bornes à faire). De là on entre dans la zone que j’avais tracée, sans certitude que ça passe. Et ça n’est pas passé. On s’est tapé 200 m de dénivelé pour rien, à nous trouver acculé sur une clôture électrifiée. Et je n’ai pas bien vu sur le GPS d’alternative au demi-tour (il en existait une, elle sera au menu de la quatrième édition en 2025). Nous traversons alors une zone déserte, très belle, pour rejoindre Albas. N’y allez pas, il n’y a rien, mais c’est beau ! De là, à court de flotte, on prend la route (c’était prévu) pour rejoindre Cascatel, on se fait dépanner par des vendangeurs, et on poursuit jusqu’à Villeneuve des Corbières où l’on trouve de l’eau à la cave coopérative. C’est étrange de traverser ces villages, on se croirait dans la tangente du vide. Mais on n’y est pas encore. 

Il faut grimper jusqu’à Embres et Castelmaure, nous restons sur la route et là c’est le drame. Didier et Simon sont épuisés et demandent à Google de les ramener à la voiture. Nous nous quittons au col de Cantaloup et nous filons dans un ravin magnifique pour atteindre le col de Nouvelle. Là sur le plateau, nous avançons, maître du monde, maudissant le marin qui charrie des tombereaux de nuages sans lâcher une seule goutte sur la végétation suppliante. Sr le papier ça passait pour rejoindre Périllos, village abandonné. On finit par trouver le sentier, on s’y engage, pour finir sous la végétation dans le lit d’un ruisseau. Sur le papier c’était beau. L’affaire nous prend une vingtaine de minutes mais nous nous en sortons juste avec des griffures. Nous restons sur la route pour rejoindre Opoul, puis vers Salses en combinant piste et route… Et là, Nico trouve la chambre à air du vélo de Didier (il l’avait déjà perdu une fois), alors on se marre en se disant qu’ils ont pris ce même chemin. Le téléphone sonne, c’est Didier qui m’annonce qu’ils sont au château de Salses. Nous sommes même pas deux kilomètres derrière. Le raccourci n’était finalement pas si court.

Donc pour la trace, je pense que la version 4, en 2025, sera la bonne !

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