Rester dans les sentiers battus.

Revenir dans ses propres pas en modifiant aux marges. C’est ce que nous avons fait dimanche, pas trop tôt pour laisser à Jackman le temps de nous rejoindre, et moi de récupérer de deux nuits hachées pour cause de rhume de descendance. Bref, il faisait beau, un coup à écouter la musique d’Henri Dutilleux en sirotant une mauresque au bar des sports. Mais non.

On accueille le soleil au milieu du portage

On accueille le soleil au milieu du portage

La buée sortant de nos bouches, nous nous mettons en branle vers 10 h 15 de Joch (prononcez Jok), une petite troupe hétéroclite. L’idée du jour c’est de branler du pingouin à plus savoir qu’en faire. Une petite descente, une grimpette, une descente engagée, un portage engagé, une belle descente, un portage engagé, une descente engagée. On n’est pas là pour compter les stries sur le dos de Buren.

Sur le GR 36 les sections au soleil sont sèches, les autres…

Sur le GR 36 les sections au soleil sont sèches, les autres…

Lignes envoûtantes

Lignes envoûtantes

On se rend compte quand même assez vite que ça glissouille en vrac, chaque pierre est un piège en soi. Dans le deuxième bout descendant, un chantier terriblement pentu rendu « insane » par l’humidité nous manquons chacun de sortir de la traj’ pour finir accroché aux arbres comme le drapeau français au radeau de la méduse. Nous levons ensuite deux « bambis » comme des flèches qui disparaissent dans les bois aussi bien que les 7 nains.

Pause photo dans un joli spot

Pause photo dans un joli spot

Puis au bas d’Estoher, nous attaquons le portage. Le portage. Celui là, il n’est pas complètement dur, mais il te calme assez vite. Comme ce putain de chat qui te lèche les mains depuis 10 minutes alors que tu essayes d’écrire un petit texte intelligent sur la sortie de dimanche.

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(I was listening to this Jackman).

Bref ce portage, sur ce sentier large comme nos rêves de gosses, suintant l’eau de rosée, la glace même dans les parties les moins exposées, ces petites pommes tombées au sol, pleine d’acidité sous la dent. Ces petites pommes tombées là sous tes roues pour te rappeler que des dizaines d’années en arrière, sur ces terrasses dont tu surplombes les vestiges comme d’autres surplombent Macchu Picchu, sur ces terrasses donc, te rappeler que des hommes et des femmes ont travaillé dur, logés certainement dans la masure couverte de végétation, comme un cube vert sur ce replat de fougères et d’orties.

On y retourne ?

On y retourne ?

Les nuages ont subtilisé le soleil avant la fin de notre sortie.

Les nuages ont subtilisé le soleil avant la fin de notre sortie.

Ce mas, qui devait être un point névralgique de toute cette haute vallée, connecté avec les orris énormes de la crête là haut, ces poiriers aussi trouvé plus haut lors d’une sortie idiote précédente, bref, ce mas qui sonne la fin de la longue montée vélo sur le dos. À partir de là on peur recommencer à rouler de loin en loin. Et attaquer la descente, celle là même qu’on a roulé 50 fois mais qui est toujours aussi bonne, comme Mathilde, qu’on attend qu’elle revient*. On s’enquille donc dans cette partie haute, pleine de terre avec envie, puis vient la roche, les épingles, le soleil dans les bouts droits bien orientés et la trace chaude, le froid et les dalles mouillées à l’ombre des arbres, à défaut de jeunes filles en fleur.

Pause photo (3)

Pause photo (3)

Nous avons dévalé. Nous sommes arrêtés pour manger un morceau, sauciflar et Botifare, faire quelques photos de plus. Déjà, les nuages nous gagnaient de vitesse. Traversant la Lentilla rapido par le gué, sans s’arrêter, on ne s’arrête jamais au milieu du gué, nous attaquions la remontée. J’étais claqué vidé. À la peine.

Alors nous avons vite rejoint la plaine.

Alors nous avons vite rejoint la plaine.

Dans le single qui revient sur Joch (prononcez Jok) c’est plus glissant encore, la végétation alourdie par l’humidité nous cachait parfois la trace si ténue sur le bord du vide. Encore quelques photos et il était temps d’en finir manquant de renverser quelques piétons en route vers le calvaire de Joch, la Croix, nous aussi notre choix initial, mais qui sur ce chemin allaient probablement simplement trouver le leur. Avec plaisir, comme toujours (pour nous).

  • Même si pour le coup on sait que rien ne ramènera Mathilde, enfin celle là. Poke Margot & Nico.. 

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