C’était l’été, une idée bête soumise par Marc quelques jours auparavant, une tentative de jardinage grand style réalisée par Miguel et Oscar voici quelques semaines, c’était donc trop beau. Après un hiver passé à rouler en plaine, ou dans les piémonts, à l’exception notable de quelques sorties neigeuses ou enneigées, l’envie d’aller en découdre avec les hauteurs se fait drôlement pressante. Souvenez-vous, j’en ai déjà parlé dans cette colonne, l’esprit de Blanquette, Monsieur Seguin tout ça. Donc c’était le symptôme, il fallait évacuer le syndrome.
Au lever du rider, chargé des verres de la veille au soir, la bouche était pâteuse et pas fraîche. 7 heures, C15, vélos rangés, nous avons pris la route de Prades puis Casteil, le col de jou, la piste vers le refuge de Mariailles pour nous garer finalement au Randé. De là, on ne rigolait déjà plus. En moins d’un kilomètre, nous nous sommes gentiment fait déposer par une traileuse sur la piste. C’est dire la vitesse canonique à laquelle nous avancions ! À notre décharge, en plus de la charge de la veille, il faut avouer que cette piste n’est pas une partie de plaisir. Ça monte tout le temps, bon, ça c’est plutôt logique, mais ça monte DUR tout le temps, ça c’est moins courant. En gros, nous avons roulé en moyenne sur 10 % pendant 6 kilomètres. Une paille.
Ce n’est pas la bouche qui pédale, mais quand elle est pâteuse, bizarrement, on pédale généralement moins bien. Allez comprendre. J’ai souffert dans la montée, cherché à oublier la pente, usé de ruses diverses, jusqu’aux plus improbables, chanter à voix haute en même temps que je pédalais. Bref, je me consolais avec les paysages qui s’ouvraient sous nos yeux à chaque trouée dans les arbres ou chaque virage dans la pente. Cela me faisait penser au Val Maira, en Italie, où je suis allé rouler l’an passé pour O2 Bikers.
Au col, la Collade de la Rqouette, au bout de cette bavante il faisait bon, un groupe de randonneurs espagnols prenait sa pause avant de continuer à monter vers le refuge de Pla Guillem quand nous nous attaquions tranquillement la descente. C’est doux, les premiers mètres sont tranquilles dans l’herbe, au milieu d’une végétation pas très haute mais point trop agressive en dépit de sa propension à manger le chemin. C’est drôlement agréable en tout cas et sans difficultés.
La trace devient joueuse quand ont quitte la crête pour plonger dans la pente. Les épingles se multiplient mais passent toutes très bien, la terre est souple, parfosi la végétation vient masquer la trace mais sans la fermer, quelques arbres par contre son bien installés en travers. Mais c’est tout bon. On coupe la piste, et c’est reparti, droite gauche, on rate parfois l’épingle, on revient sur la trace, pour finir part débouler dans une minuscule clairière où trône, seul, un orri, une casemate de pierre sèche de toute beauté intérieure.
Il faut entrer par la porte pour prendre la mesure de la justesse de la construction de la coupole. Comme une basilique rustique… Descendu ensuite jusqu’au parking, Marc me laissait filer pour voir ce qu’il ya avait derrière, il connaissait déjà, pendant qu’il descendait la voiture. Le chemin, GR10, qui descend vers le col de Jou n’est pas bien roulant, sauf à pouvoir mettre en œuvre une technique de franchissement d’épingles particulièrement éprouvée et une certaine effronterie face au vide et aux regard narquois des pierres attentives en quête d’un bon steak.
Mais certains passages méritent de l’emprunter quand même, pour le côté joueur de l’affaire. Ensuite, au col de Jou, inutile de continuer vers Casteil, il est probablement beaucoup plus intéressant de suivre le GR10 jusqu’à Py.
Ce qui ferait, depuis Pla Guillem, une bien belle descente de 1400 négatif. Qui vient ?
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