Un petit Madres au tour (2e partie)

J’ai un peu rapidement expédié dans la première partie (lire ici) le ride sommital, appelons ça ainsi. Le début nécessite un petit poil de désescalade, mais rien de bien méchant. Ensuite, on porte encore un peu, ou on pousse c’est selon , pour arriver dans la première partie franchement descendante. Là faut pas s’emballer Marcel, mais bien prendre à droite  pour viser le refuge, sur l’autre flanc, là bas.

Passée la première partie le long de la crête, la trace devient roulante.

Passée la première partie le long de la crête, la trace devient roulante.

Nous n'aurons pas croisé grand monde par là, une petite dizaine de randonneurs au plus.

Nous n’aurons pas croisé grand monde par là, une petite dizaine de randonneurs au plus.

Au milieu, non, pas de rivière, mais un bon challenge pour les gars qui ont la couenne, une remontée au milieu des caillasses. Après le refuge (faire de l’eau à la source juste avant), ça continue sur une trace mal pavée pendant un moment et ça s’améliore. Quand tu prends à gauche vers le lac de Nohèdes, c’est beau, au milieu des rhododendrons encore, c’est pentu, la trace n’est pas super aisée et l’herbe sèche très glissante.

On a fait au moins 48 pauses photo…

On a fait au moins 48 pauses photo…

C'est pas si pire.

C’est pas si pire.

Au lac, nous avons croisé trois autres gars en train de casse-croûter, des connaissances, et fait un peu de cryothérapie. C’est là aussi que Vincent, l’un des deux crosseurs du jour, a planté le deuxième dicton du jour : « Manger c’est tricher. » Le premier dicton avait été prononcé au sommet donc balayé par le vent : « Qui pisse contre le vent se nettoie les dents. » Inutile de dire qu’on a attendu d’être descendu pour se soulager. Donc après le lac, Atha a perdu une des vis de l’étrier de frein arrière, tranquille quand tu as devant toi la bagatelle d’un 1400 négatif d’un bloc, ça s’est bricolé avec fortune, pour info, c’est du  6 5 mm, la vis, je vais en chercher une pour ajouter à la trousse de secours du vélo. La première partie du sentier est très pourrie pour rejoindre le canal ça roule pas beaucoup, même pour les meilleurs techniciens.

La nature a des ressorts inouïs

La nature a des ressorts inouïs

Plein gaz vers le Lac de Nohèdes.

Plein gaz vers le Lac de Nohèdes.

Après, c’est du bonheur jusqu’au col du Portus. Une trace vive tout en balcon sans être aérienne; ça pédale, ça consomme du jus, mais franchement, la vue sur le réservoir et le reste vaut la peine. Là au col, Franck a voulu faire le malin, que dis-je, le gourmand, et nous a mené sur une piste sans issue à bon rythme pendant un moment. On aurait dit la Cape Epic dans les pins. Finalement après un demi-tour que j’avais prophétisé (nanana), nous avons fini par reprendre le chemin classique pour atteindre le refuge de la Moline.

Cryothérapie.

Cryothérapie.

Salut les gars !

Salut les gars !

Et c’était tant mieux. Il y avait un moment que je n’avais plus d’eau, je n’étais pas le seul à être à sec et j’avais drôlement soif. Au point qu’avec la chaleur augmentant à mesure que nous perdions de l’altitude ma bouche n’en finissait plus de sécher, même dans les descentes, mais quand il n’y avait pas besoin de pédaler. Las, le robinet attendu n’était pas là au refuge. Heureusement, le gamin qui gardait un fort troupeau de vaches dans la clairière nous a conduit jusqu’à la cabane de son père, deux lacets au dessus. Nous avons pu faire le plein, tailler une bavette et apprendre que si le robinet n’était plus remplacé, c’était à cause du vandalisme. Bref, c’est là que j’ai crevé aussi, c’est aussi là que Marc Colom a triché, et c’est là que nous nous sommes élancés dans le Cami Ramader.

Faut envoyer du gros steak pour atteindre le canal, mais des fois ça passe pas quand même dans cette trace défoncée.

Faut envoyer du gros steak pour atteindre le canal, mais des fois ça passe pas quand même dans cette trace défoncée.

Le canal au dessus du réservoir. Juste magique.

Le canal au dessus du réservoir. Juste magique.

Assurément. Des Cami ramader dans les Pyrénées-Orientales, il en existe des dizaines puisque ce sont les chemins qu’empruntaient les troupeaux pour aller aux estives. Ils ont été patiemment construits et entretenus pour nous offrir aujourd’hui des terrains de jeu formidables. Pour celui ci, si l’on vous parle de Cami Ramader dans le département à propos de vélo c’est très probablement de celui là dont il est question, celui ci donc commence par une petite balade en forêt, le sol est souple, sans piège, il y a parfois de la pente. Puis, à mesure que le sentier perd de l’altitude, il se mouille par endroit, s’encaisse dans la vallée, la chaleur s’y montre alors pressante, la trace fait des tours et des détours dans les gorges. Il faut savoir freiner de temps en temps pour se rendre compte des alentours. Le chemin traverse plusieurs fois la rivière et des pierriers sonores. Les grandes pierres plates sonnent comme le feraient des xylophones sous les pneus et le son rebondit contre les parois.

N'en voyant que le cul, nosu avons pris cette brebis noire pour un sanglier !!

N’en voyant que le cul, nosu avons pris cette brebis noire pour un sanglier !!

Parfois en sous-bois, parfois en plein cagnard, cette descente est exigeante. Il faut de la vitesse pour passer les pierriers et les pierres aiment parfois bouger sous les roues, voire croquer un pneu ici ou là. N’est-ce pas Franck et Vincent ? Bref, de crevaisons en crevaisons nous avons fini par sortir de ce long exercice fatigant. Un bout de route, et voilà déjà le dernier morceau de single, une trace en légère descente vers Olette, seulement ponctuée de deux trois grosses caillasses à l’arrivée, juste avant le passage sous une arche totalement inattendue à l’orée de la ville.

Bricolage de fortune.

Bricolage de fortune.

La fatigue et la chaleur aidant, il y a moins de photos de la fin, mais nous retournerons au Cami Ramader, promis.

La fatigue et la chaleur aidant, il y a moins de photos de la fin, mais nous retournerons au Cami Ramader, promis.

Un dernier coup pour faire couiner les disques et les vélos sont garés à la terrasse du bistrot du village à 660 mètres d’altitude. Devant ta mousse, tu étires les cannes tu regardes les bulles s’amuser, tu fermes les yeux avec l’envie soudaine d’écouter ça.

Mine de rien, il y a quatre heures de cela, nous étions à plus de 2400 m. Combien de mondes étranges avons nous traversés pour arriver là ? Combien de mondes ? Combien de rêves ? Chacun de nous trouve dans ces sorties ses raisons propres, nous n’en parlons pas forcément, le cycliste a sa pudeur, chacun de nous poursuit ses propres ambitions au cours de ces longues ascensions et de ces interminables descentes. C’est un dialogue avec soi-même que nous partageons entre amis, il n’est jamais plus agréable d’être seul que lorsqu’on est bien accompagné. Combien de mondes avons-nous donc traversés ? Combien de rêves ? Probablement autant que les souvenirs que nous allons pouvoir maintenant choyer avant de reprendre notre jeu de légo. La gourmandise est bien un vilain défaut. Qui vient dimanche ? 

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Le papier de Franck sur son blog 2 roues dans les cailloux sur cette sortie mémorable

Plus de photos sur la page yannk sur facebook (vous pouvez likez en passant !)

Et puisque vous êtes nombreux à le réclamer, la trace.

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