Il y a toujours ce frémissement qui survient à l’idée de prendre une trace nouvelle, une trace, qui plus est, pas forcément répertoriée par les sites de partages comme un boulevard dévalé chaque fin de semaine par trente types énervés.
Un frémissement donc à découvrir de nouveaux singles, en faisant fi, potentiellement, de sa roulabilité. En prenant le risque, parfois, de pousser ou marcher un moment, même quand ça descend. C’est exactement ce qui nous est arrivé jeudi, beau soleil, gradins vides, nous étions seuls, pour une nouvelle sortie d’exploration du côté de Baillestavy. Sortie destinée à compléter celle de la semaine passée du côté du col de la Galline. Nous devions notamment, en fin de parcours, aller y voir un single balisé PR partant du village de la Coma, au pied du portage vraimentalacon qui mène à la Galline.
Obliquant à droite et plongeant vers le GR36, il avait sur la carte un air un peu espiègle, mutin, du genre qui cache ses surprises jusqu’au dernier moment. L’entame est complexe, ça gigote sur la courbe de niveau, y’a de la caillasse en veux tu en voilà, bref c’est pas très roulant quand tu connais pas.
Et paf, tu rentres tranquille dans la pente, les pierriers sont aménagés c’est tip top. Jusqu’aux première épingles. Elles ont été posées là forcément pour te rappeler tes propres limites et tu prends ça dans les dents, peinard. Pied à terre tu passes, sans prendre de risque et te disant que finalement, ce single là n’est pas bien roulant. Alors que 50 mètres plus bas, quand tu n’y crois presque plus, ça commence à rouler, et là, c’est carnage !
Ok, c’est du sentier de banlieue, mais tu sens bien que les types qui ont fait le chantier ont pas eu le temps de déblayer les matériaux. Ya de la caillasse de compèt’, du calibre 30 (centimètres) en vrac au milieu de la trace qui demande qu’à partir sous ta roue ou, au choix, faire talonner ta fourche et t’envoyer valdinguer 15 mètres plus bas des fois que l’herbe, inexistante, y serait plus verte.
Mais dans l’ensemble, c’était un final bien bon pour revenir vers Baillestavy et terminer cette sortie entamée quatre heures plus tôt. Pour l’entame justement, j’avais fait dans l’éprouvé, le connu, le bon, celui qui n’amène pas de surprise sinon la taille des bananes en bas du single. Du col de Palomère (navette en caisse depuis Baillestavy), nous avions plongé avec gourmandise dans la rosée des matins de printemps perlée sur les herbes hautes pour débouler jusqu’à la rivière.
Habituellement, nous remontons vers la route, mais là, explo oblige, nous avons obliqué à droite par un petit single, avec dans l’idée (enfin la mienne) d’en trouver un autre pour porter le vélo jusqu’à un autre départ de single. Bon, il faut l’avouer, nous nous sommes laissés entraîner par la facilité et avons suivi les points de couleur sur les arbres. C’était une erreur.
Nous avons bien été contraints de remonter entre 50 et 70 mètres de dénivelé droit dans le pentu au milieu des arbres avant de retrouver la trace incertaine, mais bien marquée, que la végétation commence de croquer.
De là, nous avons déboulé sur le site d’une ancienne mine de fer, puis emprunté une piste « sarace » qui monte sous les hêtres tout juste ornés de leur collection 2015.
Ça tire sec mais faut pas manquer le coche un peu plus haut pour s’engager dans ce single qui commence comme un ruisseau. Passés les 50 premiers mètres, c’est du tout bon, une petite trace de 30 centimètres de large qui file, ok, ça pique à certains passages -tu sors de là avec les jambes qui sentent le thym, la bruyère blanche, les genêts affolés- sur la croupe de la montagne avant de rentrer dans les bois. Et là, comment dire. Tu es en haut d’une grosse dizaine de minutes de gavades.
De la terre, des épingles impensables, des feuilles, des goulets, de la régalade jusqu’à tomber dans le lit de la rivière et de suivre, en surplomb, la Lentilla, pour rejoindre Baillestavy, le sourire accroché aux oreilles. Et par gourmandise d’aller cherche ensuite le single de la Coma conté plus haut. Bilan de la matinée. Faut retourner, pour nettoyer le portage vers la mine de fer, et pour refaire ces deux descentes d’un style si différent !
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