« Frais Ride »

Il était une fois une idée. C’est notre crédo ça, transformer des idées en petits rêves pour week-end, les transposer en traces sur une carte, rameuter les copains et aller y voir si on y est. Ce week-end, Marc avait l’intention d’aller tâter un sentier reconnu à la montée, « une tuerie » nous avait-il vendu l’affaire, du côté d’Urbanya. J’avais rajouté un bout de sentier pour allonger l’affaire en partant de Nohèdes, dans la vallée d’à côté plutôt que de partir à froid pour un gros coup de cul de 500 m de D+ d’un bloc en portage poussage roulage. La météo avait rajouté un peu de piment en faisant tomber la neige jusqu’à 1000 mètres et convoqué une tramontane de feu glaçante.

Le soleil adoucit le froid piquant entre Nohèdes et Urbanya.

Le soleil adoucit le froid piquant entre Nohèdes et Urbanya.

Une fois au col de Marsac, notre beau plan, un sentier plongeant dans la forêt vers Urbanya tombait à l’eau en même temps que sur la crête surgissaient les gilets oranges des chasseurs. Renseignements pris, le sentier convoité était en plein cœur de battue. Il nous fallait donc un plan (molt) bé.

On va là bas !

On va là bas !

Après avoir cavalé après deux chasseurs peu amènes pour savoir par où nous pourrions passer sans prendre de risque ni déranger la battue en cours ( « c’est déjà fait » nous fut-il aimablement répondu, sans que nous n’ayons pu, en l’absence de signalétique en amont, deviner qu’ils chassaient là), nous prîmes l’option haute. La haute route de la vallée d’Urbanya en somme, partir de 950 mètres pour atteindre le col del Torn à 1600, puis contourner les sommets pour aller chercher le caviar attendu. Le tout par une piste en très bon état.

La pente est rude mais la route est droite.

La pente est rude mais la route est droite.

La montée est longue, mais s’effectue bien, nous sommes encore à peu près protégés de la tramontane et nous n’avons pas le temps de trop souffrir du froid, si ce n’est un peu aux pieds. À mesure que nous avalons les centaines de mètres, la neige se fait de plus en plus présente. Heureusement pour nous, une ou des voitures sont passées par là nous offrant deux pistes pour mettre nos roues. Et nous permettre de rouler la plupart du temps, même quand la couche de neige dépasse les 10 centimètres. À mesure que nous montons, nous sommes de plus en plus exposés à la tramontane qui souffle en tempête. Elle charrie avec elle des nuages de neige fine venue du Madres où il semble neiger drû et finissent par masquer le Canigou dans notre dos.

Entre les rafales et la glace, c'est parfois délicat quand même.

Entre les rafales et la glace, c’est parfois délicat quand même.

Nous arrivons ainsi tant bien que mal au col del Torn, à 1600 mètres. Pas besoin de réfléchir beaucoup, entre le froid et le vent, il ne faut pas rester là plus de 10 mn. Le problème, c’est que la piste sur laquelle nous devons poursuivre notre périple est blanche d’au moins 10 centimètres de neige fraîche. Alors on roule, on s’enfonce, on pousse, on roule… Ça ne dure pas très longtemps, une fois le col estompé dans notre dos, les amas de neige se font plus modestes, la piste apparaît ici ou là, avec des plaques de neige gelée qui crissent en cédant sous les pneus.

Au col, le vélo tient tout seul dans la neige.

Au col, le vélo tient tout seul dans la neige.

Nous descendons vite vite les 300 mètres de dénivelé que nous avions à perdre jusqu’au col des Bigues, par cette piste large, surfant dans la neige quand les plaques se présentent tout en nous congelant. Il devient difficile de freiner tant les doigts sont gourds. Au col, nous décidons de manger un peu, en plein vent, mais au soleil. Au loin, le Canigou est noyé dans les nuages. Puis nous continuons à descendre, par une piste de bonne facture d’abord, puis par un champ de caillasses gelées des plus rock ‘n roll.

Pause caillante.

Pause caillante.

Nous dévalons ensuite ce qui commence à ressembler à un sentier. Le soleil a filé, nous apercevons en face la trace sur l’autre flanc, la bave nous vient à la babine. Le temps de contourner une cabane abandonnée, nous attaquons le sentier… En portant ! Pas longtemps, nous pouvons vite poser les roues et rouler assez vite sur cette trace étroite, presque propre, carrément clean en regard de ce qui nous attend. Mais nous ne le savions pas encore. Le temps d’un peu de free ride à travers une ancienne prairie, j’étais arrêté au bord d’une terrasse pour voir la suite quand j’ai littéralement été soulevé par le vent et jeté par terre, avec le vélo entre les jambes.

urbanyablog@yannkerveno-8

La trace est tentante comme une sirène attendant Ulysse.

Belle frayeur, pour un peu, je finissais en vrac un mètre cinquante plus bas ! Nous avons ensuite continué notre progression, la trace devenait de plus en plus ténue, jusqu’à disparaître et nous envoyer, sur les conseils de Marc, sur une crête à vaches inhospitalière. Le temps pour Giorgio de crever, nous avons mis un moment avant de remettre la main sur le sentier. Si l’on peut appeler ça un sentier. C’est farci de piquant, c’est large de 10 centimètres, c’est souvent en dévers et glissant, et de chaque côté des buissons de ronces attendent la chute avec gourmandise ! Enfin, après d’autres crevaisons sur ce chemin de croix, nous avons touché le haut de la dégringolade. Et là ça ne rigolait plus du tout, il fallait ranger la fatigue, sortir le bagage technique et éviter quelques arbustes sournois prêts à vous envoyer 50 mètres plus bas. Bref, si l’ensemble était propre de la cabane abandonnée jusqu’en bas à Conat, ça serait génial. Mais la neige déposée finement sur le sol nous a permis de repérer d’autres sentiers à aller voir par là !

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