Souvent les idées naissent de précédentes. Ainsi lorsque tu explores un coin, comme j’ai pu le faire au pied du Canigou ces dernières années, chaque morceau de carte que tu maîtrises t’ouvre les portes d’autres espaces que tu n’as plus de cesse que de découvrir. Il y avait longtemps que je lorgnais du côté du col de la Galline et de la descente qui permet de rejoindre le fond de la vallée du Llech.
Sur le papier c’était beau, le hic, c’était d’arriver au col. Je connaissais une approche qui aurait pu se tenter par Estoher, mais cela limitait la sortie à cette seule descente alors que juste à côté un autre single descendant lui du col de Teixo était tout aussi prometteur.
Je le sentais depuis que l’avions croisé en montant à ce col du Teixo avec Damien Oton à l’automne dernier lors d’une belle sortie. Le deal c’était donc de prendre le col du Teixo dans le sens inverse, c’est à dire en portant la partie que nous avions descendue et qui était assez ardue. Pour pouvoir basculer vers le village de la Coume et remonter depuis là vers le col de la Galline, graal du jour.
Graal est Le terme tant le portage pour arriver là est exigeant (je parle en connaissance pour y avoir déjà laissé des calories), à vue de nez, plus de 300 mètres de dénivelé à prendre en moins d’un kilomètre. En plein soleil qui plus est. Rendez-vous fût donc donné au Col del Forn pour le départ de cette « balade », seulement 17 km de prévu avec 1500 de dénivelé. Signe que la journée allait être épique, Jérôme était obligé en arrivant de prélever une vis de son camion pour remplacer la vis de la colonne de fourche, cassée le matin même. En bavardant, nous avons remonté la vallée du Llech vers le refuge de la Moline et comme d’hab j’ai décroché au bout d’un moment. Pas beaucoup d’énergie dans les guiboles ce vendredi matin, la journée promettait d’être longue. Vite pourtant, nous avons touché du doigt ce qui nous mène là.
Un single descendant de toute beauté pour rejoindre le cours Llech, puis le traverser et entamer la grimpette jusqu’au col de Teixo. Finalement, comme je l’avais imaginé, ça passe assez bien dans ce sens là, ce n’est pas très long, pas très raide et superbe.
Tu passes le temps à regarder le paysage si tu n’es pas obligé de plonger dans tes tréfonds pour chercher du jus. Un petit casse-croûte au col, nous étions partis depuis une heure et demi et c’était l’heure du café, et nous avons basculé dans le D-.
Enfin, d’abord dans les feuilles qui rendaient difficile le pilotage puis dans une trace de toute beauté, entièrement naturelle, étroite, relativement propre, joueuse, avec de la pente ici, de la caillasse là, de la terre plus loin, des virages et des épingles et pour finir la traversée des anciennes installations d’une mine de fer. Pouahhh, je suis certain d’avoir entendu crier ! Nous étions comme des gosses là dedans à dévaler sans se préoccuper de ce qui suivait. C’était énorme.
En bas, nous avons déboulé sur la petite route qui mène au hameau de La Coûme, pied de l’ascension suivante. Là, un habitant du lieu nous a très gentiment proposé de l’eau une fois que nous l’avons eu affranchi de notre projet de remonter vers le col de la Galline.
Sa pitié n’était pas feinte visiblement et nous avons pu remplir les poches d’eau fraîche avant de mettre le vélo sur le dos et de grimper. Là, perso, j’ai tenu presque bon jusqu’à la moitié de la montée, au sortir des épingles serrées et ensuite j’ai pris cher au long de 20 ou 30 minutes qui restaient à avaler [note pour plus tard : il va vraiment falloir que je trouve à me reposer un peu dans les jours qui viennent]. Lorsque j’ai rejoint les autres au fameux col, j’ai de suite lu sur leur visage un soupçon d’inquiétude.
Il n’y avait pas de trace qui basculait dans le versant convoité ! En fait si. Et même si ça n’avait pas été le cas, j’avais un plan B pas dégueu, qui au final n’aurait pas forcément été beaucoup plus long que ce qui nous restait à parcourir. Bref, trace il y avait bien. Comme un léger trait de crayon à papier sur une feuille que le dessinateur aurait marqué de plus en plus fort à mesure qu’il avançait dans son projet. C’était génial.
De grandes épingles dans la terre au début, soft, beau, sous la lumière du soleil filtrée par les feuilles naissantes des hêtres, puis de la caillasse, des pierriers qui passent bien à la cool, des épingles tordues, trop resserrées, des passages de callades aménagée. Puis, cerise sur ce chouette gâteau, tout le bas de la descente jusqu’à la rivière s’effectue dans une hêtraie aérienne avec une trace large à son entame, qui ensuite se resserre en un boyau au milieu des buis…
Pouahhh, je suis sûr que je me suis entendu crier. Si si. Et ce n’était pas fini. Nous étions un peu en amont du canyon du Llech, il nous fallait rejoindre le Col del Forn à quelques kilomètres de là. Et là, encore du single, c’était mon souhait, aller le plus loin possible sur le chemin bien accroché à sa courbe de niveau indiqué sur la carte.
Toute la première partie est extra, des montagnes russes très plaisantes, gamelle dans les orties pour moi comprise (c’était les orties ou quatre mètres en contrebas). Puis, au Mas Llech, je me suis obstiné à vouloir rester sur ce sentier. Et derrière, ce n’est pas propre du tout, peu roulable et même pas très marrant à marcher.
Nous avons fini par sortir de ce merdier par un tout droit dans un pierrier pour déboucher sur la piste. Personne ne parlait dans la voiture au retour. Il fallait être idiot pour accepter cette sortie, mais c’était vraiment extra et le faire avec d’autres qui partagent ce même grain de folie, ça ajoute de la valeur à la journée ! Depuis, me sont venues d’autres envies de découvertes dans ce coin là. Qui vient ?
Plus de photos ici
Pingback: Quand tes jambes sentent le thym en fleur | yannk.fr
Pingback: Tout est de ma faute les gars ! | yannk.fr