Quand Marc vous propose d’aller en montagne et de dormir en refuge, méfiez-vous, même s’il ne s’agit pas de vélo et de traces improbables. L’idée trainait depuis un moment dans nos agendas respectifs, gravir le Canigou avec nos enfants, respectifs, eux aussi. Après quelques tergiversations quant au moment, une opportunité se présentait le week-end dernier, avec montée à Mariailles le dimanche soir, nuit au refuge non-gardé, ascension et retour le lendemain dans la matinée. Ça c’était le plan.
Déjà, en arrivant dimanche vers 18 heures à Mariailles après quarante minutes de marche, la vue des cheminées des refuges fumant n’incitait pas à l’optimisme quant à la chance de trouver des places, nous étions quand même cinq. Vérifications faites, tout était plein, du haut en bas et dans toutes les largeurs. Conciliabule, réflexion rapide, Marc avait une tente trois places dans sa voiture, il allait descendre la chercher, nous y mettrions les enfants à dormir pendant que nous dormirions dehors, à la belle étoile, sauf qu’il n’y avait pas d’étoiles.
Le temps d’allumer le feu, le temps que Marc revienne avec la tente en question, les nuages donnaient quelques gouttes, sans plus. Tente montée, poulet grillé sur le feu, salade de pates, etc, si nous devions mourir lors de cette excursion, ce n’était sûrement pas de faim ! Bref nous mangeâmes de bon cœur sous les gouttes, échafaudant déjà des abris de fortune à l’aide de ponchos pour nous préparer à la nuit. Mais la pluie redoublant, nos plans ont changé.
En un tour de main la tente trois places fut transformé en tente cinq places (on a ôté la double toile pliée sur le sol pour faire, hum, matelas)… Et nous voilà tassés sous la toile écouter la pluie se jeter à l’assaut de l’étanchéité fantaisiste de l’appareil. Avons nous dormi ? Probablement. Peu. Sûrement. Ce genre de nuit dont tu redoutes le bout parce que tu n’as pas assez dormi, mais dont tu souhaites qu’elle s’achève parce que c’est tellement inconfortable. Inutile de préciser que pensant dormir en refuge nous n’étions équipés de tapis de sol…
Bref, le jour fût enfin, timide mais beau, par chance notre feu de la veille n’était pas éteint, nous avons donc pu souffler sur les braises pour nous réchauffer avant de faire route vers le sommet caché là bas, en laissant notre bazar en vrac dans la tente pour lui laisser le temps de sécher.
Une heure et demi plus tard nous étions à la cabane Arago, la première partie de l’ascension avalée à toute vitesse à la suite des garçons déchaînés. Une petite pause plus tard, nous entamionss la grimpette à travers le plat pas vraiment plat qui conduit au pied de la Porteilla de Valmanya, le vrai gros morceau de la journée. La montée s’effectue alors sur un beau sentier (combien de fois ai-je alors pensé « mince en vélo ça serait top » ?) à travers une prairie naturelle éprouvée par la sécheresse, les herbes jaunies par la chaleur brillant d’or sous la caresse du soleil à peine levé.
Et déjà nous avions chaud, mais c’était avant de rejoindre l’ombre de la montée vers la porteilla, un rude coup de cul qui passe finalement bien, avec une fontaine au milieu et le vent pour venir glacer nos peaux.
Une courte pause juste sous le col pour manger un morceau et nous sommes repartis vers le sommet par la partie la plus pourrie du sentier, jusqu’au pied de la cheminée. Pour moi qui fût sujet au vertige voilà peu, la vision lointaine de ce mur et des marcheurs en train d’escalader, la perspective de cette fin d’ascension inquiétait aux entournures.
D’autant que si le vertige ne me touche plus lorsque je suis seul, la compagnie de mes enfants et leur exposition au vide était jusqu’ici une source d’angoisse importante. Heureusement, le mur n’est pas si mur, c’est plutôt un escalier un peu raide avec de hautes marches. J’ai bien eu quelques moments de flottement pendant cette portion plus engagée, mais rien de rédhibitoire.
Et nous avons touché le sommet. Au milieu d’une presque foule. Restait à redescendre, franchement, ça caillait sévère les meules là haut, pour aller nous abriter sur le versant Est de la Portailla de Valmanya et manger notre casse-croûte, face à la mer (si si) à 2500 mètres d’altitude.
Avant de s’user la plante des pieds dans la longue descente vers Mariailles pour démonter la tente, puis le parking du Randé pour retrouver nos voitures.
Ça c’est fait. La prochaine fois, on prendra la tente d’entrée de jeu, hein Marc ? Mais d’ici là, il faudra retourner avec les vélo, il y a deux ou trois trucs à vérifier par là bas. Qui vient ? [plus de photos sur ma page Facebook en suivant ce lien]
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