J’ai parcouru le même flanc de montagne depuis plusieurs semaines et même mois maintenant. Pour y découvrir des sentiers, récents, anciens, utilisés ou laissés en jachère. Ceux là même qui sont mangés d’année en année par la végétation alentours, ronces, fougères, arbrisseaux, arbustes puis arbres. Et qui finissent comme une simple esquisse au milieu de la forêt. Qui se laissent devenir par qu’il subsiste ici un bout de mur, ici une rupture non ordinaire dans la pente, ou une percée dans les fougères.
L’hiver est propice à la découverte des sentiers, la végétation est au repos, elle n’est pas sur ses gardes et se laisse explorer. Je me faisais cette réflexion samedi matin quand nous remontions dans une vallée à 800 m d’altitude, le long d’un ruisseau gorgé d’eau. Nous suivions une trace en dévers, bordée de fougères couchées récemment par la neige, une trace ténue, mangée parfois par le ruisseau gourmand de ses propres berges. À tel point qu’on ne savait plus au bout d’un moment si c’était un sentier ou une simple trace partagée par les blaireaux et les renards.
Ce qui frappe en tout cas, c’est de voir combien dans ces montagnes la présence de l’homme a reculé et combien leur occupation des hautes strates du piémont du Canigou avait donné naissance à un réseau de voies de communication aussi dense que bien pensé et parfois très ingénieux. C’est tout l’avantage des longs portages que nous nous infligeons parfois, avoir un peu de temps pour essayer de comprendre, avant que la pente s’inverse, le sens de l’existence du sentier que nous foulons.
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