


Retour sur une belle publication de l’année dans Dirt France n° 5 à propos de notre séjour à Zona Zero. Trois jours de cool reportage avec Anne-Caro, Damien, Bryan et Maxime dans les Pyrénées espagnoles sur les trails de Zona Zero en décembre 2014, publication en mars 2015

Blog
Standard
15 mai 2015 by yannC’était bien le jeudi de l’Ascension
J’imagine bien Perec. Sa tentative d’épuisement d’un lieu parisien, notant chaque détail dans une course infinie et perdue d’avance à l’exhaustivité. C’est un peu ça. Jeudi, nous sommes allés faire un tour pour finir, croyais-je, de connaître un long segment de la vallée de Baillestavy, juste au pied du Canigou. Un point final voulais-je mettre.
Au final, je suis rentré guère plus renseigné et nous avons fait 10 km en trois heures. Un must. Il y avait au programme d’abord la recherche de l’entrée d’un single que nous avions déjà exploré il y a quelques semaines. Au bas d’une très chouette descente nous avons pris à droite en suivant avec scrupule les indications du GPS et de la carte IGN.
Pour dénicher finalement l’entrée un peu perdue que nous avions manquée la fois précédente. Les buis avaient fait leur œuvre, leur capacité à obstruer le paysages par la densité de leur feuillage s’étaient emparé du trait caractéristique du sentier dans la forêt. Sortant les sécateurs et la scie, nous avons nettoyé un bon bout du sentier des branches et troncs pourris qui l’encombraient, probablement jusqu’à la moitié du parcours.
En allant même, cela arrive, jusqu’à retracer un bout dans les feuilles sous les chataîgners pour éviter de belles mais vieilles épingles envahies par le buis, il faudra y revenir. Puis nous avons fait demi-tour pour retrouver les vélos un peu plus bas, nous avons poussé sur deux traces partant dans une épingle, sur un dos de la montagne, pris les relevés GPS et mis ça dans la besace des “trucs à voir un autre jour”, mais sans vélo, ça a l’air assez bouché.
Une fois aux vélos, nous sommes partis en quête de l’idée stupide du jour, un bout de trace fuyant dans l’herbe, un peu en surplomb de la rivière, promesse de quelques kilomètres de ride doux à l’ombre des arbres et dans le glouglou de la Lentilla. De ride doux, finalement nous n’avons touché que quelques dizaines de mètres, mais avons poursuivi avec l’obstination des gourmands qui espèrent toujours qu’un peu plus loin ils seront comblés. Au départ, l’affaire est jolie, un ptit single à peine marqué, trialisant dans l’herbe et la caillasse, qui nécessite un peu d’attention et de jus. Puis assez vite finalement, il faut porter le vélo pour reprendre un peu d’altitude par rapport à la rivière , la trace s’évanouit dans l’herbe, les orties sont attentives et ne ratent personne.
La trace s’élève encore, se rétrécit, se lance dans des soubressauts scabreux, petit fil le long d’un bloc de roche, passage sous les arbres vautrés avec conscience, tout le registre du sentier mutin y passe.
La progression se fait essentiellement à pied, en poussant ou portant le vélo. Jusqu’au moment où l’évidence nous a barré la route. Au terme d’un court conciliabule, d’une consultation de la carte IGN sur nos GPS, nous décidé de poursuivre en traversant la rivière. Chose qui, en cette saison de fin de fonte des neiges, nécessite de trouver le passage la plus adapté pour éviter de partir au fil de l’eau avec le paquetage. Et nous voilà, radeaux de la méduse, posant nos pieds avec précaution entre les pierres glissantes, de l’eau jusqu’au dessus des genoux, au milieu de la Lentilla…
De l’autre côté, en dépit de notre bonne humeur, la situation n’était guère plus glorieuse. Impossible de remonter dans la pente pour rejoindre la route une centaine de mètre de dénivelé plus haut, les buis denses réduisant à néant cette solution pourtant mal fagotée. Nous avons donc continué, cahin-caha, tels des Rahan d’opérette le long de la rivière devenue sauvage, manquant parfois de finir dans l’eau sur les roches glissantes nous accrochant dans les branches. Jusqu’à ce que. Jusqu’à ce que la décision de remonter chercher la route s’impose d’elle-même. Nous ne pouvions plus aller de l’avant et faire demi-tour… C’est un pierrier, enfin, un chantier sans nom, qui nous offrit l’ouverture décisive dans la défense du buis. De gros blocs de roches rougeâtre amoncelés sans fioritures en guise d’escalier, nous avons escaladé, vélo sur le dos, nous glissant sous les arbres, nous assurant d’une main, parfois même deux gardant le vélo en équilibre sur nos dos pour franchir un passage plus tendu. Et puis, il a fallu escalader. Organiser des chaînes, se poster à intervalles réguliers dans le chaos de pierre pour se passer les vélos que nous ne pouvions plus monter seuls…
On dit souvent que c’est au pied du mur qu’on voit le maçon, là on a vu les idiots mais des idiots solidaires ! Au terme d’une bonne demi-heure de bataille insensée contre la pente, Cédric a fini par trouver une ouverture par une voie pourrie à droite dans les ronces et les orties, pendant que nous progression dans une voie à gauche, sous le surplomb rocheux qui nous barrait la route. Nous rejoignant, il a pu ainsi effectuer le dernier relais pour sortir les vélos de ce merdier, et nous permettre de nous extraire de la falaise. C’était ce qu’on appelle, pour le moins, d’un mauvais pas sortir par le haut ! Soulagés d’avoir pu retrouvé la route, l’heure nous a rappelé à l’ordre. Trop tard il était pour envisager continuer, nous avions perdu trop de temps dans ce jardinage sauvage.
Je sais maintenant que non, ça ne passe pas par là. Reste à aller voir les traces aperçues plus haut en espérant qu’elles déboucheront sur de jolis trucs. Pour l’épuisement du lieu, il faudra repasser mais ainsi était notre jeudi, bien nommé, de l’Ascension. Promis, à Pentecôte, je ne sors pas le vélo !!
Standard
11 mai 2015 by yannÇa pique les moustiques
Retrouvailles avec Franck convalescent, moi même englué depuis des semaines dans une sinusite à n’en plus finir, il fallait bien un peu de plat pour se remettre en selle. Nous avons fait mi-chemin ou presque, pour nous retrouver du côté de Port-la-Nouvelle dans l’Aude sur une trace concoctée par Fred. Il était question de tricotage dans l’île protégée de Saint-Lucie puis d’aller musarder sur de la piste entre La Palme et Port-la-Nouvelle.
Et finalement, j’étais bien content que ce fut plat ! Ou presque. Tellement je suis rincé par par ma sinusite. Le tour de l’île c’est sympa, vraiment. On a doublé les triathlètes à l’entraînement dans le canal que nous longions, passé l’écluse, puis avons réussi à nous perdre, enfin, à manquer un embranchement !
Bref, outre le paysage et les vues sur les étangs, question ride, y’a pas rand chose à faire, sinon slalomer entre les moustiques qui ne te manquent pas dès que tu t’arrêtes ! Inutile de dire que nous tout-suspendus étaient un poil surdimensionnés !
Revenant vers Port-la-Nouvelle le long du canal, puis le long des salins, nous avons traversé la ville pour rejoindre le terrain naturel de nos vélos, la caillasse.
Après une montée sèche et asséchante, bien que relativement courte, nous avons divagué un moment sur le plateau, de pistes en singles, que nous flairions comme des chiens d’arrêts.
Histoire de porter même sur le plat quand la caillasse devint trop agressive sous les crampons. De là, l’heure tournait, nous tournicotions, il nous fallait trouver encore du single pour assouvir notre faim.
Un peu au pif en suivant la trace de Fred nous avons fini par trouver un petit morceau sympa (bon d’accord, si nous n’avions pas manqué l’entrée de la piste nous n’aurions pas eu besoin de jardiner, mais il faut bien que nous fassions les intéressants…). Plus qu’un single, c’est une zone, un espace où tu peux essayer des tas de trucs dans une ancienne carrière au dessus de la route qui relie La Palme à Port-la-Nouvelle.
De fait, nous n’étions pas là pour une perf, juste pour le plaisir de rouler. Pour être passé par ces tourments, la longue attente avant de pouvoir goûter de nouveau aux vibrations du cintre dans tes mains après blessure, est un supplice à petit feu. Et libératoires sont les premiers tours de roues qui nous ramènent vers les singles.
Il en faut de la patience en plus pour ne pas griller les étapes, ne pas se lancer trop vite, trop fort, tenir sa gourmandise en laisse bien serrée, comme un licol au ras. Tenir sa gourmandise. La peur parfois aide, la peur de la chute, la peur de la blessure nouvelle qui viendrait repousser le moment de la délivrance. La peur qui vient ainsi parfois comme un ciment de la raison de faire lever le pied, laisser les risques à la maison, juste pour attendre que tu soies en plein possession de tes moyens.
À nos âges en plus, la quarantaine bien sonnée, les mois d’arrêts sont une sanction payée cash avec tes watts. Tu laisses dans ce repos forcé autant de moral que de condition physique. Et son absence, la condition physique, est le deuxième ciment qui peut venir avec la peur si elle existe, pour te protéger parfois par devers toi. Allez, bientôt, on règlera ça en montagne, courage Franck (et Stéphane aussi !)
Standard
2 mai 2015 by yannQuand tes jambes sentent le thym en fleur
Il y a toujours ce frémissement qui survient à l’idée de prendre une trace nouvelle, une trace, qui plus est, pas forcément répertoriée par les sites de partages comme un boulevard dévalé chaque fin de semaine par trente types énervés.
Un frémissement donc à découvrir de nouveaux singles, en faisant fi, potentiellement, de sa roulabilité. En prenant le risque, parfois, de pousser ou marcher un moment, même quand ça descend. C’est exactement ce qui nous est arrivé jeudi, beau soleil, gradins vides, nous étions seuls, pour une nouvelle sortie d’exploration du côté de Baillestavy. Sortie destinée à compléter celle de la semaine passée du côté du col de la Galline. Nous devions notamment, en fin de parcours, aller y voir un single balisé PR partant du village de la Coma, au pied du portage vraimentalacon qui mène à la Galline.
Obliquant à droite et plongeant vers le GR36, il avait sur la carte un air un peu espiègle, mutin, du genre qui cache ses surprises jusqu’au dernier moment. L’entame est complexe, ça gigote sur la courbe de niveau, y’a de la caillasse en veux tu en voilà, bref c’est pas très roulant quand tu connais pas.
Et paf, tu rentres tranquille dans la pente, les pierriers sont aménagés c’est tip top. Jusqu’aux première épingles. Elles ont été posées là forcément pour te rappeler tes propres limites et tu prends ça dans les dents, peinard. Pied à terre tu passes, sans prendre de risque et te disant que finalement, ce single là n’est pas bien roulant. Alors que 50 mètres plus bas, quand tu n’y crois presque plus, ça commence à rouler, et là, c’est carnage !
Ok, c’est du sentier de banlieue, mais tu sens bien que les types qui ont fait le chantier ont pas eu le temps de déblayer les matériaux. Ya de la caillasse de compèt’, du calibre 30 (centimètres) en vrac au milieu de la trace qui demande qu’à partir sous ta roue ou, au choix, faire talonner ta fourche et t’envoyer valdinguer 15 mètres plus bas des fois que l’herbe, inexistante, y serait plus verte.
Mais dans l’ensemble, c’était un final bien bon pour revenir vers Baillestavy et terminer cette sortie entamée quatre heures plus tôt. Pour l’entame justement, j’avais fait dans l’éprouvé, le connu, le bon, celui qui n’amène pas de surprise sinon la taille des bananes en bas du single. Du col de Palomère (navette en caisse depuis Baillestavy), nous avions plongé avec gourmandise dans la rosée des matins de printemps perlée sur les herbes hautes pour débouler jusqu’à la rivière.
Habituellement, nous remontons vers la route, mais là, explo oblige, nous avons obliqué à droite par un petit single, avec dans l’idée (enfin la mienne) d’en trouver un autre pour porter le vélo jusqu’à un autre départ de single. Bon, il faut l’avouer, nous nous sommes laissés entraîner par la facilité et avons suivi les points de couleur sur les arbres. C’était une erreur.
Nous avons bien été contraints de remonter entre 50 et 70 mètres de dénivelé droit dans le pentu au milieu des arbres avant de retrouver la trace incertaine, mais bien marquée, que la végétation commence de croquer.
De là, nous avons déboulé sur le site d’une ancienne mine de fer, puis emprunté une piste « sarace » qui monte sous les hêtres tout juste ornés de leur collection 2015.
Ça tire sec mais faut pas manquer le coche un peu plus haut pour s’engager dans ce single qui commence comme un ruisseau. Passés les 50 premiers mètres, c’est du tout bon, une petite trace de 30 centimètres de large qui file, ok, ça pique à certains passages -tu sors de là avec les jambes qui sentent le thym, la bruyère blanche, les genêts affolés- sur la croupe de la montagne avant de rentrer dans les bois. Et là, comment dire. Tu es en haut d’une grosse dizaine de minutes de gavades.
De la terre, des épingles impensables, des feuilles, des goulets, de la régalade jusqu’à tomber dans le lit de la rivière et de suivre, en surplomb, la Lentilla, pour rejoindre Baillestavy, le sourire accroché aux oreilles. Et par gourmandise d’aller cherche ensuite le single de la Coma conté plus haut. Bilan de la matinée. Faut retourner, pour nettoyer le portage vers la mine de fer, et pour refaire ces deux descentes d’un style si différent !
D’autres photos en cliquant ici.
Standard
29 avril 2015 by yannTrail of the week #20
Standard
26 avril 2015 by yannLes idiots étaient au rendez-vous !
Souvent les idées naissent de précédentes. Ainsi lorsque tu explores un coin, comme j’ai pu le faire au pied du Canigou ces dernières années, chaque morceau de carte que tu maîtrises t’ouvre les portes d’autres espaces que tu n’as plus de cesse que de découvrir. Il y avait longtemps que je lorgnais du côté du col de la Galline et de la descente qui permet de rejoindre le fond de la vallée du Llech.
Sur le papier c’était beau, le hic, c’était d’arriver au col. Je connaissais une approche qui aurait pu se tenter par Estoher, mais cela limitait la sortie à cette seule descente alors que juste à côté un autre single descendant lui du col de Teixo était tout aussi prometteur.
Je le sentais depuis que l’avions croisé en montant à ce col du Teixo avec Damien Oton à l’automne dernier lors d’une belle sortie. Le deal c’était donc de prendre le col du Teixo dans le sens inverse, c’est à dire en portant la partie que nous avions descendue et qui était assez ardue. Pour pouvoir basculer vers le village de la Coume et remonter depuis là vers le col de la Galline, graal du jour.

On touche le plaisir du crampon dès qu’on quitte la piste du LLech avec ce joli single qui nous permet de descendre au contact de la rivière.
Graal est Le terme tant le portage pour arriver là est exigeant (je parle en connaissance pour y avoir déjà laissé des calories), à vue de nez, plus de 300 mètres de dénivelé à prendre en moins d’un kilomètre. En plein soleil qui plus est. Rendez-vous fût donc donné au Col del Forn pour le départ de cette « balade », seulement 17 km de prévu avec 1500 de dénivelé. Signe que la journée allait être épique, Jérôme était obligé en arrivant de prélever une vis de son camion pour remplacer la vis de la colonne de fourche, cassée le matin même. En bavardant, nous avons remonté la vallée du Llech vers le refuge de la Moline et comme d’hab j’ai décroché au bout d’un moment. Pas beaucoup d’énergie dans les guiboles ce vendredi matin, la journée promettait d’être longue. Vite pourtant, nous avons touché du doigt ce qui nous mène là.
Un single descendant de toute beauté pour rejoindre le cours Llech, puis le traverser et entamer la grimpette jusqu’au col de Teixo. Finalement, comme je l’avais imaginé, ça passe assez bien dans ce sens là, ce n’est pas très long, pas très raide et superbe.

Au début du premier portage, Marc fait parler la poudre mais les feuilles mortes (qui ne sont pas ramassées à la pelle) auront raison de sa vaillance.
Tu passes le temps à regarder le paysage si tu n’es pas obligé de plonger dans tes tréfonds pour chercher du jus. Un petit casse-croûte au col, nous étions partis depuis une heure et demi et c’était l’heure du café, et nous avons basculé dans le D-.
Enfin, d’abord dans les feuilles qui rendaient difficile le pilotage puis dans une trace de toute beauté, entièrement naturelle, étroite, relativement propre, joueuse, avec de la pente ici, de la caillasse là, de la terre plus loin, des virages et des épingles et pour finir la traversée des anciennes installations d’une mine de fer. Pouahhh, je suis certain d’avoir entendu crier ! Nous étions comme des gosses là dedans à dévaler sans se préoccuper de ce qui suivait. C’était énorme.
En bas, nous avons déboulé sur la petite route qui mène au hameau de La Coûme, pied de l’ascension suivante. Là, un habitant du lieu nous a très gentiment proposé de l’eau une fois que nous l’avons eu affranchi de notre projet de remonter vers le col de la Galline.

Depuis le col de Teixo, tu le vois le single là bas qui serpente en face ? C’est le menu du prochain portage.
Sa pitié n’était pas feinte visiblement et nous avons pu remplir les poches d’eau fraîche avant de mettre le vélo sur le dos et de grimper. Là, perso, j’ai tenu presque bon jusqu’à la moitié de la montée, au sortir des épingles serrées et ensuite j’ai pris cher au long de 20 ou 30 minutes qui restaient à avaler [note pour plus tard : il va vraiment falloir que je trouve à me reposer un peu dans les jours qui viennent]. Lorsque j’ai rejoint les autres au fameux col, j’ai de suite lu sur leur visage un soupçon d’inquiétude.
Il n’y avait pas de trace qui basculait dans le versant convoité ! En fait si. Et même si ça n’avait pas été le cas, j’avais un plan B pas dégueu, qui au final n’aurait pas forcément été beaucoup plus long que ce qui nous restait à parcourir. Bref, trace il y avait bien. Comme un léger trait de crayon à papier sur une feuille que le dessinateur aurait marqué de plus en plus fort à mesure qu’il avançait dans son projet. C’était génial.
De grandes épingles dans la terre au début, soft, beau, sous la lumière du soleil filtrée par les feuilles naissantes des hêtres, puis de la caillasse, des pierriers qui passent bien à la cool, des épingles tordues, trop resserrées, des passages de callades aménagée. Puis, cerise sur ce chouette gâteau, tout le bas de la descente jusqu’à la rivière s’effectue dans une hêtraie aérienne avec une trace large à son entame, qui ensuite se resserre en un boyau au milieu des buis…
Pouahhh, je suis sûr que je me suis entendu crier. Si si. Et ce n’était pas fini. Nous étions un peu en amont du canyon du Llech, il nous fallait rejoindre le Col del Forn à quelques kilomètres de là. Et là, encore du single, c’était mon souhait, aller le plus loin possible sur le chemin bien accroché à sa courbe de niveau indiqué sur la carte.
Toute la première partie est extra, des montagnes russes très plaisantes, gamelle dans les orties pour moi comprise (c’était les orties ou quatre mètres en contrebas). Puis, au Mas Llech, je me suis obstiné à vouloir rester sur ce sentier. Et derrière, ce n’est pas propre du tout, peu roulable et même pas très marrant à marcher.
Nous avons fini par sortir de ce merdier par un tout droit dans un pierrier pour déboucher sur la piste. Personne ne parlait dans la voiture au retour. Il fallait être idiot pour accepter cette sortie, mais c’était vraiment extra et le faire avec d’autres qui partagent ce même grain de folie, ça ajoute de la valeur à la journée ! Depuis, me sont venues d’autres envies de découvertes dans ce coin là. Qui vient ?
Plus de photos ici
Standard
20 avril 2015 by yannOn n’avait pas oublié les sécateurs cette fois.
Puisque la saison est lancée, il est temps d’en profiter. Avril se déplie entre jours de grands printemps et jours consacrés à la pluie. Il faut s’y faire. Samedi midi nous étions une dizaine à nous élancer du col de Palomère, au dessus de Valmanya.
Avec dans l’idée de rallier Ille-sur-Têt par une majorité de single. Mais aussi de prendre un peu de temps pour nettoyer un ou deux passages encombrés par des genêts fantasques ou des pierres méchamment anguleuses. L’attaque de la première descente de cette trace est toujours un vrai bonheur, ça file très vite, les épingles passent les yeux fermés et on déboule en deux deux jusqu’à la rivière.
Le temps de s’arrêter débarrasser le single d’un petit arbre tombé en travers, nous étions à pied d’œuvre sur Le chantier de la journée. Une petite centaine de mètres d’une ancienne piste perdue dans la forêt progressivement avalée par la gourmandise des genêts. Au point de rendre quasi impossible le roulage sur cette portion de transition vers la seconde partie du single qui part à droite et dont l’entame était quasi occultée par la végétation.
À une dizaine de bras, ça va drôlement vite, sécateur, scie, il nous a fallu une quinzaine de minutes pour faire place nette et reprendre le cours de notre pérégrination. Jusqu’à la rivière. La remontée vers Valmanya s’effectuant comme toujours sur la route, on en profite pour bavarder avant de se lancer dans le sérieux, ce bout de sentier paumé en dents de scies et montagnes russes qui surplombe la route. Un caviar de quelques kilomètres qui s’effectue à petite vitesse et convoque l’ensemble du bagage technique dont chaque rider dispose. C’est ce bagage, plus le jus dans les cuisses, qui déterminent le ratio entre le temps passé sur ou à côté du vélo.

La connaissance du single augmente le plaisir du rider. « Plaidoyer pour y retourner » yannk, sous presse.
Ça monte, ça descend doucement ou franchement, il y a des défis techniques dans le D- et dans le D+, un portage pas long mais qui te fait regretter ce que tu as mangé il y a trois semaines. Là, sur ce sentier très riche, les plus rapides ont profité du temps pris pour nettoyer ici où là en attendant les plus lents. Et nous nous sommes occupés de quelques belles épingles rendues traîtresses par des pierres fuyantes bien planquées sous une couche de feuilles. De quoi se mettre de jolies boîtes.
Pour ces morceaux, nous avons laissé les sécateurs dans le sac et seulement ouvert un fuseau pour laisser aux pneus le pouvoir de rester au contact de l’humus. On a testé ça passe bien. En arrivant lancé, ça sera très bon. Mais avec tout ceci, plus les pauses pour faire des photos, le temps nous filait entre les rayons. À Baillestavy, nous avons fait un stop au village, fait le plein d’eau au robinet (sur la place du village devant le bar de pays) avant de nous élancer dans ce qui serait la dernière partie en single de notre sortie.
La remontée sur le sentier vers le mas de Sahilla est toujours aussi difficile par endroit. Les sangliers n’ont pas ménagé leur peine pour labourer la trace pendant l’hiver et le portage qui suit ce long bout pas roulant du tout reste costaud. On en a vu quelques uns d’entre nous tirer la langue furieusement. Après le mas, c’est bonheur à tous les étages, on a dévalé à plein gaz, le temps de faire quelques photos quand même, avec en bas la banane des grands jours.
Avis aux amateurs, il reste quelques courts passages qui méritent un petit coup de sécateur dans cette partie. Las, pour nous il était bien trop tard, nous avons donc pris les chemins de traverse pour rentrer dare dare sur Ille, laissant la dernière bosse et son single de taré sur notre droite. Pas de bol, je serai obligé d’y retourner. Qui vient ?
+ d’images encore en cliquant ici.
Standard
17 avril 2015 by yannTrail of the week #19
Standard
13 avril 2015 by yannÇa sent grave le printemps.
Depuis la plaine, on le voit bien arriver le printemps, celui qui va libérer les sentiers de la neige accumulée au long de l’hiver. Alors nous sommes là, surveillant de temps en temps la réduction de la surface occupée sur les sommets par les plaques de neige.
Comme Blanquette à la fenêtre de l’étable, chaque vesprée nous voilà l’esprit vagabondant vers ces espaces où l’herbe pour nos crampons est plus verte, forcément. Quand Laurent nous a proposé d’aller jeter un œil sous les jupes du Madres en partant de Nohèdes, on a sauté sur l’occasion. Pas seulement parce que y’a une idée àlacon de Franck à venir dans ce secteur, mais aussi parce que c’est bien de rouler en montagne, et que lorsqu’il reste de la neige ça peut-être encore plus marrant. Rendez-vous pris, nous voilà en route de bon matin avec Cédric pour aller rejoindre quelques joyeux lurons croisés en décembre au-dessus de Nyer.
Malgré l’excitation, j’étais un peu inquiet. Les différents emplois du temps de ma vie ne m’avaient pas laissé une heure pour rouler depuis l’épique raidillon des chapelles dans les torrents, facteur auquel il convient d’ajouter que mes nuits sont bien plus courtes que mes jours depuis plus d’un mois, et que j’avais chopé une sinusite de combat en tout début de semaine.
Au point d’avoir recours au doc pour tenter de faire passer ce mauvais moment. Et quand le corps tisonne… (© Fred) Un peu avant neuf heure la petite troupe prit la route vers le fond de la vallée de Nohèdes, puis dès les premières pentes, j’ai senti que ça risquait d’être long, très long. Les jambes ne faisaient pas mal, mais il n’y avait pas grand chose dedans. C’est le moins qu’on puisse dire.
Je me suis vite traîné comme une loque à la fin du groupe qui avançait bon train. Connaissant l’endroit, je restais le plus zen possible en me disant qu’au pire, si ça ne passait pas, même doucement, je saurais faire demi-tour.
Les gars de devant ont fini par sacrifier un volontaire désigné d’office pour venir me taper la causette (merci William) mais je suis parvenu jusqu’au col du Portus. Doucement, mais sûrement. Là il nous fallu nous rendre à l’évidence, la neige n’avait pas dit son dernier mot.
Le temps de profiter à plein du panorama, de manger encore un morceau et nous sommes partis, délaissant le premier lac que nous devions aborder, pour chercher le second, en passant par le troisième. Vlan. Je commençais à aller un poil mieux et ce n’était pas désagréable.
Au dessus de la retenue de Nohèdes, la piste monte joliment, puis ça se corse, un peu comme pour accéder au col du Portus une heure avant. Et la neige, toujours très présente, nous oblige là encore à renoncer.
De trois lacs au menu, nous devrons nous contenter d’un seul dans l’assiette. Mais nous n’avions pas encore commencé à descendre ! Un petit freeride dans les touffes et les mottes pour se mettre en appétit, après un pique-nique rapide à l’ombre fraîche d’un nuage, et nous abordions le single du jour.
Super rapide, il ne présente pas de difficultés particulières, il suffit juste d’être attentif pour ne pas se mettre au tas. On a déboulé là dedans comme des morts de faim le sourire accroché au casque pour arriver en bas ravis. Et crevé pour ma part, la roue arrière à plat au débouché du dernier tronçon de la descente, ou presque.
Le temps de réparer nous nous sommes ensuite attaqué au bonus de la journée.Le truc en plus. Une montée bien raide de derrière les fagots (mais là j’allais beaucoup mieux, comme j’avais pas tapé dans la caisse le matin, je pouvais relever les compteurs) puis un portage àlacon dans les piquants pour aller chercher un joli bout de trace à flanc.
Et nous permettre de revenir vers Nohèdes. Donc voilà, nous n’avons pas vu les lacs mais les blanquettes ont pris l’air. La saison est lancée.
Plus d’images en cliquant ici.
Standard
1 avril 2015 by yannTrail of the week #18
Le premier reportage que j’ai réalisé pour 02 Bikers, quelques années en arrière. Galerie complète en cliquant ici.
Standard
25 mars 2015 by yannTrail of the week #17
Standard
24 mars 2015 by yannAu fil de l’eau
Il avait plu plus que les larmes de la terre la veille, samedi. Un genre de déluge qui vide les nuages comme le ferait une chasse d’eau. 100 mm ici, 200 là, jusqu’à 280 à Argelès annonçait la radio de bon matin. 20 centimètres de flotte en 24 heures, ça engorge les singles. Pourtant, après l’apocalypse, le beau temps. Ou presque. Pas de gouttes annoncées dans la journée de dimanche, des températures clémentes, au pire il y allait avoir peut-être de la boue, c’était jouable. Vélo rangé dans la voiture au point du jour, et zou, direction Saint-Jean Pla de Corts et la rando des Chapelles organisée par le club de Céret, ou plus exactement, le Raid’illon, une boucle de 60 km et 2000 de d+, une première pour moi et les autres avec qui nous avions décidé de rouler de conserve. Arrivé, vélo remonté, plaque installée, et nous voilà partis pour une longue journée pleine d’incertitude. Intensité 1, on doit pouvoir parler et ne pas avoir mal aux cuisses, avait dit Jérôme durant les premiers kilomètres tranquilles, donc on a fait tranquille. Route, piste, voie de chemin de fer, et paf, premier single. Pas bien réveillé, je suis entré dedans fourche bloquée et protections sur les chevilles, #idiot. Mais c’est bon. En bas, nous entrions dans le vif du sujet comme les gardons, vifs eux aussi, frétillent dans l’eau claire des rivières. Avec de la flotte jusqu’au dessus du pédalier par endroit.
Ravito et nous repartîmes la fleur au fusil en nous disant sagement que ce qui était fait n’était plus à faire #merci #lapalisse. Au bout de la longue (enfin pas tant que ça) et un peu raide (par endroit ça piquait sec) montée suivante, nous avons touché un caviar glissé sous nos roues par Oscar, Miguel et leur bande de gourmands. Une longue descente, un peu trempée par endroit mais rapide, avec un grip de malade, c’était au moins la peste, pleine de petites cassures dans les arbres, histoire de nous faire perdre l’essentiel du dénivelé gagné durant la demi-heure précédente.
Au pont de Reynes, nous reprîmes le chemin des cieux par une petite route, sous un timide rayon de soleil. Puis avons enchaîné bouts de piste, singles détrempés, bouts de piste ou de routes, singles noyés, avec plaisir, jusqu’à Céret et cette première montée à couper les jarrets par la route. Au bout du single du single suivant, pas long mais bon, au ravito, on était content.
Mais le plus pénible restait à venir. La longue et épuisante grimpette vers le balcon de Céret, un sentier à flanc au dessus de la vallée du Tech embrumée, et une fin dans une trace mal rasée, pleine de sable, qui me mit les crampes au bord des genoux comme on a le cœur au bord des lèvres, parfois. Pour se motiver et rester concentrés sur l’ouvrage, on se disait que si Oscar et sa bande nous faisaient grimper par là, c’est parce que ça devait valoir le coup.
Bon pour le coup, quand on a perdu une (petite) partie du D+ gagné, sur la route, on a gambergé, la faim de single se faisait pressante dans les cuisses. On a fini par trouver l’embranchement, la piste de débardage jonchée de branches à casser du rayon à tour de bras, puis, comme une lumière au bout du tunnel, l’entrée du single qui allait nous ramener vers Maureillas. Une perle, vive, joueuse, piégeuse, un petit caviar tout en subtilité. Donc le dernier bout était bon, c’est vrai, mais bien trop court 🙁 Bah, les affres des changements de circuits, raccourcissements, aménagements de dernière minute liés au déluge, c’était déjà beau d’avoir pu en profiter dans la bonne humeur ! Au bout du compte, certes, il n’y a pas le kilométrage annoncé, ni le dénivelé, mais les conditions de roulage ont ajouté largement autant en difficulté. Et puis, ça nous donne un prétexte pour y retourner, sur le sec pardi.








































































