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La voie est toute Tracy

Autant les enduro world series sont ouvertes chez les hommes, et particulièrement cette année avec les blessures qui écartent les prétendants du titre final, autant chez les filles, on cherche la surprise. Là encore, je vous propose de plonger avec moi dans les statistiques des deux dernières saisons (2014 et 2015, je compilerai les stats 2013 plus tard) des EWS. Un graphique résume de façon lapidaire le suspens insoutenable auxquels les fans sont soumis. Celui du nombre de spéciales gagnées par les unes et les autres (saison 2014 et 2015).

Pas beaucoup de miettes ces deux dernières saisons (2014 et 2015)

Pas beaucoup de miettes ces deux dernières saisons (2014 et 2015)

À elle seule, Tracy Moseley empoche la moitié des spéciales courues, Anne-Caroline Chausson s’occupant des trois quarts de ce qui reste… Les miettes sont donc en portion congrues, portions congrues qui n’échappent pas à deux pilotes, Cécile Ravanel et Anneke Beerten. Dans les classements, la domination est encore plus parlante. Voyons par exemple l’évolution de la position de Tracy Moseley, actuelle leader, depuis l’ouverture des Enduro World Series.

Tracy Moseley n'est jamais descendue du podium depuis la création des Enduro World Series.

Tracy Moseley n’est jamais descendue du podium depuis la création des Enduro World Series.

Seule à pouvoir contester l’appétit de Tracy Moseley, Anne-Caroline Chausson fait preuve de tout autant de régularité.
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Dans ces conditions, difficile de se faire une place au soleil. On pourrait donc croire qu’une bagarre plus ouverte puisse se jouer pour les accessits et la troisième place sur le podium. Mais non, là encore, les positions des unes et des autres sont assez figées et tout se joue entre Cécile Ravanel et Anneke Beerten comme il était possible de l’entrevoir dans le graphique sur les victoires en spéciales ci-dessus.

Hormis sa victoire à Whistler l'an passé, Cécile Ravanel a toujours du se contenter des accessits.

Hormis sa victoire à Whistler l’an passé, Cécile Ravanel a toujours du se contenter des accessits.

Anneke Beerten à Valloire en 2015.

Anneke Beerten à Valloire en 2015.

Anneke Berten échoue le plus souvent au pied du podium, avec une constance qui doit être lassante.

Anneke Berten échoue le plus souvent au pied du podium, avec une constance qui doit être lassante.

Sans besoin de Yalta, les place semblent tout autant prédeterminées pour la troisième et la quatrième place, la palme revenant à Anneke Beerten abonnée au pied du podium.

En 2014 et 2015, Anneke Beerten a terminé à la quatrième place pour plus de deux tiers des manches.

En 2014 et 2015, Anneke Beerten a terminé à la quatrième place pour plus de deux tiers des manches.

Il faudrait maintenant plonger dans les temps pour avoir une idée de l’écart qui peut exister entre les quatre premières du classement, je m’en occuperai ultérieurement. Mais il est clair à la lecture des ces stats que seule une blessure, un abandon sur casse mécanique semble en mesure de pouvoir bouleverser l’ordre établi.

Voici, fin juin après trois manches donc, les écarts de points entre les premiers du général, Tracy Moseley et Justin Leov et leur challengers. Preuve par l’image, finalement, que le championnat homme est bien plus ouvert. Il y a déjà presque l’équivalent du nombre de points que donne la victoire dans une manche entre Isabeau Courdurier et Tracy Moseley, tandis que Richie Rude, au même niveau chez les hommes, n’est qu’à une demi-manche, 250 points, de Justin Leov.

Si l'écart est plus serré chez les filles entre la deuxième et la première place, pour le reste des accessits la situation est plus ouverte chez les hommes.

Si l’écart est plus serré chez les filles entre la deuxième et la première place, pour le reste des accessits la situation est plus ouverte chez les hommes.

Et derrière me direz-vous, pour les accessits des accessits ? Et bien, ça pousse, il y a les jeunes françaises notamment, mais nous regardons ça un peu plus tard !

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Le retour des grands espaces

C’était l’été, une idée bête soumise par Marc quelques jours auparavant, une tentative de jardinage grand style réalisée par Miguel et Oscar voici quelques semaines, c’était donc trop beau. Après un hiver passé à rouler en plaine, ou dans les piémonts, à l’exception notable de quelques sorties neigeuses ou enneigées, l’envie d’aller en découdre avec les hauteurs se fait drôlement pressante. Souvenez-vous, j’en ai déjà parlé dans cette colonne, l’esprit de Blanquette, Monsieur Seguin tout ça. Donc c’était le symptôme, il fallait évacuer le syndrome.

10 % de moyenne, un tronçon de 800 mètres à 17 % de moyenne, heureusement que nous étions à l'ombre !

10 % de moyenne, un tronçon de 800 mètres à 17 % de moyenne, heureusement que nous étions à l’ombre !

Au lever du rider, chargé des verres de la veille au soir, la bouche était pâteuse et pas fraîche. 7 heures, C15, vélos rangés, nous avons pris la route de Prades puis Casteil, le col de jou, la piste vers le refuge de Mariailles pour nous garer finalement au Randé. De là, on ne rigolait déjà plus. En moins d’un kilomètre, nous nous sommes gentiment fait déposer par une traileuse sur la piste. C’est dire la vitesse canonique à laquelle nous avancions ! À notre décharge, en plus de la charge de la veille, il faut avouer que cette piste n’est pas une partie de plaisir. Ça monte tout le temps, bon, ça c’est plutôt logique, mais ça monte DUR tout le temps, ça c’est moins courant. En gros, nous avons roulé en moyenne sur 10 % pendant 6 kilomètres. Une paille.

J'en ai bien bavé pour arriver là.

J’en ai bien bavé pour arriver là.

Ce n’est pas la bouche qui pédale, mais quand elle est pâteuse, bizarrement, on pédale généralement moins bien. Allez comprendre. J’ai souffert dans la montée, cherché à oublier la pente, usé de ruses diverses, jusqu’aux plus improbables, chanter à voix haute en même temps que je pédalais. Bref, je me consolais avec les paysages qui s’ouvraient sous nos yeux à chaque trouée dans les arbres ou chaque virage dans la pente. Cela me faisait penser au Val Maira, en Italie, où je suis allé rouler l’an passé pour O2 Bikers.

La trace était soft, les protections d'Amygos au repos au Col.

La trace était soft, les protections d’Amygos au repos au Col.

Au col, la Collade de la Rqouette, au bout de cette bavante il faisait bon, un groupe de randonneurs espagnols prenait sa pause avant de continuer à monter vers le refuge de Pla Guillem quand nous nous attaquions tranquillement la descente. C’est doux, les premiers mètres sont tranquilles dans l’herbe, au milieu d’une végétation pas très haute mais point trop agressive en dépit de sa propension à manger le chemin. C’est drôlement agréable en tout cas et sans difficultés.

Fini de jouer, maintenant on descend.

Fini de jouer, maintenant on descend.

La trace devient joueuse quand ont quitte la crête pour plonger dans la pente. Les épingles se multiplient mais passent toutes très bien, la terre est souple, parfosi la végétation vient masquer la trace mais sans la fermer, quelques arbres par contre son bien installés en travers. Mais c’est tout bon. On coupe la piste, et c’est reparti, droite gauche, on rate parfois l’épingle, on revient sur la trace, pour finir part débouler dans une minuscule clairière où trône, seul, un orri, une casemate de pierre sèche de toute beauté intérieure.

Le doux bruit du single d'été.

Le doux bruit du single d’été.

L'esprit de la trace à peine marquée dans l'herbe neuve du printemps.

L’esprit de la trace à peine marquée dans l’herbe neuve du printemps.

Il faut entrer par la porte pour prendre la mesure de la justesse de la construction de la coupole. Comme une basilique rustique… Descendu ensuite jusqu’au parking, Marc me laissait filer pour voir ce qu’il ya avait derrière, il connaissait déjà, pendant qu’il descendait la voiture. Le chemin, GR10, qui descend vers le col de Jou n’est pas bien roulant, sauf à pouvoir mettre en œuvre une technique de franchissement d’épingles particulièrement éprouvée et une certaine effronterie face au vide et aux regard narquois des pierres attentives en quête d’un bon steak.

Jolie casemate dans la descente.

Jolie casemate dans la descente.

Mais certains passages méritent de l’emprunter quand même, pour le côté joueur de l’affaire. Ensuite, au col de Jou, inutile de continuer vers Casteil, il est probablement beaucoup plus intéressant de suivre le GR10 jusqu’à Py.

Au loin le Madres, préoccupation de notre prochaine sortie.

Au loin le Madres, préoccupation de notre prochaine sortie.

Ce qui ferait, depuis Pla Guillem, une bien belle descente de 1400 négatif. Qui vient ?

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Faut pas s’en fer

Une route créée de toutes pièces, un puzzle d’histoire, d’histoires, autour desquelles il ne fallait pas s’en faire. Nous avions le fer comme filigrane de la journée. De fer, il fallait un moral ce dimanche pour lutter contre la chaleur. Boire beaucoup et préserver son organisme pour toucher au but.

C'est ce qu'on appelle le "petit matin", clin d'œil du Canigou.

C’est ce qu’on appelle le « petit matin », clin d’œil du Canigou.

Rendez-vous était pris de bonne heure, vers 6 h 30 à Finestret pour organiser les navettes et aller toucher le point haut de la sortie du jour. Un gros morceau en forme de voyage dans l’histoire. Nous allions donc dévaler la vallée de la Lentilla en passant par quelques uns des sites autrefois exploités pour leur fer et parachever, valider, une trace élaborée tout au long des explorations et nettoyages de l’hiver, un enchaînement de singles inédits.

Premières crevaisons, mais aussi les dernières jusqu'au parking de l'arrivée.

Premières crevaisons, mais aussi les dernières jusqu’au parking de l’arrivée.

Le départ fut donné vers 7 h 30 avec déjà du retard par rapport à ce que nous avions prévu. Avec toujours en entame ce caviar de Palomère, sentier posé royal dans la pente au départ du col qui dégringole en deux temps vers le fond de la vallée de la Lentilla. Las, une crevaison au départ, puis une autre un peu plus bas nous grignotèrent encore des minutes précieuses. Mais la facture nous serait tendue plus tard.

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Au pied de cette descente [note pour plus tard, les genêts sont envahissants sur certaines portions, et les orties vigoureuses, il faudra nettoyer pour l’année prochaine], nous entrions dans l’inconnu, ou presque. Il y avait d’abord ce portage un peu brutal sur ce vieux chemin que nous avons nettoyé ces dernières semaines, un portage suffisamment raide pour mettre à mal le moral des moins habitués à ce genre d’exercice ingrat. Puis un bout de piste, ombra y sol, pour rejoindre le sommet du single suivant.

On a connu des portages plus difficiles, mais celui ci est entièrement à l'ombre .

On a connu des portages plus difficiles, mais celui ci est entièrement à l’ombre .

Avec au milieu de ce gros morceau qui nous fit reprendre tout le dénivelé perdu dans la première descente, le passage par la mine de fer dont les vestiges jonchent encore les abords.

Ombra y sol après le portage.

Ombra y sol après le portage.

Une fois engagé dans le deuxième single de la journée, j’étais obligé d’admettre que l’endroit n’était pas aussi cool que lorsque nous l’avions roulé voici quelques semaines. Le printemps a fait son œuvre et la végétation bien poussé [note pour plus tard, là aussi il faudra aller nettoyer la partie haute].

Parfois la trace se perd dans les genêts.

Parfois la trace se perd dans les genêts.

Par endroit, la trace se perd dans les fougères, disparaît sous les genêts. De quoi se mettre des boîtes comme il faut, une pour moi, et de jeter Vincent à terre sur de méchants cailloux. Bilan, l’avant-bras largement et profondément ouvert, il a dû rallier le bas de la descente à pied avant de partir avec Gaël retrouver la voiture puis gagner les urgences de Prades.

En piochant dans les pharmacies des uns et des autres nous avons pu panser Vincent mais la plaie était bien trop profonde pour continuer. :(

En piochant dans les pharmacies des uns et des autres nous avons pu panser Vincent mais la plaie était bien trop profonde pour continuer. 🙁

Au moment de la chute il était à 50 mètres de la fin du chantier. Là, après le portillon, où le sentier entre dans la forêt, se fait propre, joueur, cherche à nous épingler dans ses courbes pour nous conduire à toute vitesse jusqu’à la Lentilla. Et son surplomb splendide, un sentier très rapide, très doux au départ dans les feuilles, une cerise sur ce gâteau déjà bien sympa.

Dommage ce n'était pas cuit.

Dommage ce n’était pas cuit.

À la route, il fut décidé d’aller faire de l’eau à Baillestavy, les heures qui nous restaient à rouler s’effectuant loin de toute civilisation, c’était plus prudent. deux cochons grillaient paisiblement devant le robinet avec les effluves délicieuses propres à ouvrir l’appétit. Mais il n’était pas question de se taper l’incruste au repas, les carcasses n’étaient pas cuites de toute façon, et nous reprîmes le chemin de notre aventure pour monter par la piste vers le hameau perdu de la Coume. Et nous engager sur ce sentier brutal et trialisant déjà parcouru à deux reprises ces dernières semaines. La connaissance de la trace aide grandement sur ce type de single difficile qui serait largement plus aisé à abordé en plus s’il y avait un peu plus de visibilité [notre pour plus tard, encore un truc à nettoyer] et s’il était débarrassé dans certaines portions des monceaux de pierres pourries qui jonchent la trace.

joli passage en balcon un poil exposé de cette trace sauvage.

joli passage en balcon un poil exposé de cette trace sauvage.

Alors que j’avais quasi tout passé mercredi soir précédent, là, je me suis collé trois boîtes, allez comprendre. Au point d’oublier de conduire tout le monde jusqu’au village en ruine, juste au dessus de la trace pour profiter du point de vue sur la vallée. En bas, on se dit que malgré la difficulté c’est quand même bien bon, et qu’une fois nettoyé… Là, Geoffrey, écoeuré par l’ascension précédente et face au gros morceau qui restait à gravir, 5 kilomètres de single en plein cagnard, pris la décision sage de rentrer par la route. Notre groupe ne cessait de se réduire, de fondre comme peau de chagin, où comme du gras au soleil. Un petit bout de single légèrement descendant le long de la Lentilla et nous fîmes une courte pause pour manger un peu à l’ombre. Juste avant d’attaquer la remontée du GR36 jusqu’au pic Marbet.

La misère sur le GR36 pour atteindre le pic Marbet.

La misère sur le GR36 pour atteindre le pic Marbet.

Et d’être proprement rincés par la chaleur venant par bouffée comme si elle voulait nous asphyxier à chaque fois que nous sortions du couvert des arbres. Comme si, sensation oppressante s’il en est, comme si, à la touffeur ambiante s’ajoutait le rayonnement des pierres gorgées de chaleur, comme si nous étions pris en sandwich entre la chaleur directe du soleil sur la peau, le rayonnement du sol et l’ambiance, les odeurs de sécheresse, de feuilles qui crissent. Nous étions un peu trop tard dans la matinée pour vraiment profiter de cette grimpette transformée en épreuve pas banale. Au col, il fallait en finir, nous avons laissé de côté le dernier bout d’ascension prévu pour revenir dans la vallée du Llech, il commençait en plus de se faire tard et nous étions attendus pour le déjeuner au Camping du Canigou, par Bernadette qui avait préparé le repas et Vincent et Gaël revenus des urgences qui patientaient devant une bière fraîche.

Bon app'

Bon app’

Comme des morts de faim, nous nous sommes donc engagés dans cette descente pour la trouver défoncée, un véritable chantier pour achever les bras et les cuisses. Moulus en bas, nous avons tricoté dans un chemin de chèvres, ou de moutons pour aller chercher le dernier bout de single de la tournée et débouler direct au pied de la tireuse à bière. Échaudés mais ne craignant pas l’eau froide !

À refaire après nettoyage.

À refaire après nettoyage.

Au final ça fait un joli profil sur 25 km et 1000 mètres de dénivelé positif pour 1700 de négatif et 4 h 30 de déplacement. Avec une météo plus clémente, un peu moins de temps perdu, on peut aisément rajouter de 150 à 600 mètres de d+ et d- si envie sur la dernière bosse. D’autres photos en cliquant ici !

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Justin ou les bonheurs de la vertu

Il y avait longtemps que Justin Leov cavalait après un premier succès dans les Enduro World Series. C’est donc fait sur les trails boueux de Peebles, avec justice. Jared Graves absent, Jérôme Clémentz pas au mieux de sa forme, le vainqueur de l’an passé Nicolas Lau un ton en dessous, cette manche était pour lui. Surtout compte tenu du profil des spéciales du dimanche, la 6 et la 8 qui alimentèrent de nombreuses discussion dans les paddocks, et au delà tant elle manquait de dénivelé et imposait de copieuses parties de pédlage. Salive perdue puisque finalement, pour raison météo (? – Elle ne fut pas telle qu’annoncée) les spéciales 6 & 7 ont été annulées et la 8 un peu rallongée pour l’occasion.

Si je dis que Justin cavalait depuis longtemps après sa première victoire, c’est bien au vu de ses résultats. C’était la 15e manche dont il prenait le départ et depuis Valloire l’an passé, il n’était plus sortie du top 10. En 15 manches, il n’est jamais sorti du top 20, est entré 12 fois dans le top 10 et 4 fois dans le top 5 avant cette manche écossaise. Mais Justin est patient, ce n’est pas la moindre des vertus !

Justin n'était plus sorti du top 10 depuis Valloire l'an passé.

Justin n’était plus sorti du top 10 depuis Valloire l’an passé.

Sinon, il n’y a que les étourdis qui n’avaient pas vu venir Callaghan. Et les idiots ceux qui pouvaient croire que son succès de la semaine passée sur ses terres ressortait de l’épiphénomène Guinness. Il avait d’une part réalisé son meilleur résultat de la saison passée à Peebles, avec une 8e place, et après s’être perdu à Valloire (28e) il n’avait cessé de progresser dans le classement à chaque manche, jusqu’à la 10e place à Rotorua, et la 1ère en Irlande. callhagan

Reste maintenant à voir à Samoëns s’il trouve la montagne plus à son goût. Mais il fait partie pour la saison 2015, des pilotes à garder en vue. L’autre pilote à surveiller c’est Florian Nicolai qui échoue juste derrière Justin Leov pour signer son premier deuxième podium. Mais comme Justin, il y avait longtemps qu’il courrait après !
nicolaiEWS

Là encore pour le jeune pilote français, il faudra voir comment il s’en sort avec des profils plus engagés. On notera aussi la quatrième place de Fabien Barel, la 10e de Nicolas Lau, vainqueur l’an dernier, la 12e de Martin Maes et la 15e de Jérôme Clémentz décidément en difficulté sur ces deux manches lors desquelles il a réalisé ses deux plus mauvais résultats jamais enregistrés depuis la création des enduro world séries.

Comme Damien Oton, François Bailly-Maître (ici à Valloire) goutte des affres de la blessure.

Comme Damien Oton, François Bailly-Maître (ici à Valloire) goutte des affres de la blessure.

Enfin, notons que Damien Oton est out sur blessure pour un temps indéterminé (lorsque j’écris ces lignes) alors qu’il avait réussi à se placer sur des parcours peu propices, tout comme François Bailly-Maître lui aussi blessé sérieusement en Écosse. Au général, le top 10 est assez inédit (voir là), jeune, emmené par Justin Leov, Greg Callaghan et Florian Nicolai et que 400 points (l’équivalent d’une quatrième place), sépare déjà la 7e place de la première.

Pour l’anecdote, je me suis demandé s’il existait une corélation entre le nombre de scratch de spéciales et les victoires dans les manches. On peut répondre à la normande, oui et non, avec cet échantillon composé du top 10 des scratcheurs de spéciales. En bleu foncé le nombre de spéciales enlevées, et bleu clair le nombre de manches.C’est Jared Graves qui a le plus scratché et Jérôme Clémentz qui a remporté le plus de manches, jusqu’ici. Manches qui échappent, dans ce top 10 des scratcheurs de spéciales, à Martin Maes, Joe Barnes et Richie Rude.
spevsmanches

Du côté des filles, le train MoChauRa est en place (Moseley 1ère, Chausson 2e , Ravanel 3e), l’intéressant se trouve donc dans la suite du classement, j’y reviendrai. Mais ne vous attendez pas à des miracles, imaginez qu’en 17 manches, Tracy Moseley ne s’est jamais classée au delà de la deuxième place et que finalement, la série féminine est bien verrouillée, et même pour les accessits les positions sont assez figées. On en reparle la semaine prochaine ?

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Ben là j’y suis pour rien !

Alors on peut se foutre de ma gueule parce que certaines fois je marche plus que je roule, allant jusqu’à m’enferrer dans d’inextricables (mais drôles) impasses, mais j’ai découvert mercredi une nouvelle forme de réjouissance. La sortie «atelier mécanique». Au départ, c’était un truc décidé à la dernière minute, enfin, juste la veille pour aller découvrir de nouveaux bouts de traces sur Corbère, le village d’à côté.

Vole gamin !

Vole gamin !

On se trouve donc avec Benoît et Jérôme sur le parking de la mairie et on file par le sentier pour se protéger du vent. On doit retrouver Stéphane et Daniel en haut de la bosse. En plus de ces deux là, il y avait aussi Baptiste et Thierry.

Stéphane on fire. :D

Stéphane on fire. 😀

Nous avons attendu un moment qu’une discussion engagée avec un autre larron à pied se termine avant de nous engager vaillant dans une descente, que je connaissais, appelée Mini-Maxi, la trace la plus connue du secteur et royaume de Stéphane. Ça va vite, c’est bien limé, propre et plaisant.

On la refait ? Allez… Pour la photo.

On la refait ? Allez… Pour la photo.

À mi-pente, nous nous sommes arrêtés pour attendre les deux autres qui continuaient de batailler du verbe en haut du sentier. Quitte à attendre, autant s’occuper. C’est ce que fit Benoît en décidant de changer le câble de dérailleur arrière. Et nous de remonter par la piste pour refaire une partie de la descente et aller faire une photo sur une franche cassure un peu plus haut. L’idée était mauvaise, nous n’aurions pas dû insister…

Daniel.

Daniel.

Stéphane.

Stéphane.

Sur la réception, Baptiste, poussé par la Tram’ qui soufflait en tempête a arraché son dérailleur sur une pierre traîtresse. Il a fallut sortir la chaîne, le dérailleur pour qu’il puisse redescendre avec au bout du compte un diagnostic lourd, même la roue a morflé. En redescendant pour rejoindre Benoît, nous l’avons trouvé assis sous les arbres en train de pomper furieusement, il avait ouvert le pneu dans la première partie de la descente ! Bref, délestés malheureusement de Baptiste, nous sommes repartis pour aller checker un bout de sentier récent, une balle tout en pente dans la première partie avec des pifs et des pafs très amusants, puis un joli passage en contre-haut d’un ruisseau quasi à sec…

Thierry.

Thierry.

Benoît.

Benoît.

Un vrai régal. C’était l’heure de revenir vers la voiture. Nous avons donc pris la piste pour reprendre un peu de hauteur (cette même piste sur laquelle Daniel, parti rapido car à la bourre (et cette fois je n’y étais pour rien) a déchiré son pneu dans la montée… Et nous enquiller dans une dernière trace étroite filant entre les arbres avec délice et malice. Mon domaine de lutte est maintenant bien étendu sur Corbère !

Bouchons dans le single

Bouchons dans le single

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Le point après deux manches des EWS.

Que retenir des deux premières manches des enduro world series en Nouvelle-Zélande et en Irlande ? Que les cartes sont rebattues !

Plus sérieusement. Nous attendions en  observateur attentif la grande bagarre, l’explication entre Jérôme Clémentz et Jared Graves, remake des grands duels qui rythment l’histoire du vélo, Hinault-Fignon, Poulidor-Anquetil, bref, des duels à faire écrire Blondin au delà de la raison. Las, la blessure de Jared Graves, l’écartant d’abord de la premier manche, puis des deux manches irlandaise et écossaise nous prive de se ce choc de titan. C’est donc une bonne occasion de voir les jeunes pousses, et les moins jeunes à l’œuvre, de voir qui peut prétendre au podium.

De voir aussi que les locaux de l’étape sont venus se glisser dans les palmarès des deux demières manche, jusqu’à la première en Irlande avec Greg Callaghan, et dans le top 10 en Nouvelle-Zélande avec Wyn Master et Mark Scott Walker par exemple.

De constater que la Nouvelle-Zélande et son parcours piégeux fut largement dominé par l’expérience, il fallait en garder sous la pédale pour ne pas tomber, quand la manche irlandaise aux spéciales courtes et nerveuses a laissé le champ libre aux plus jeunes. Un petit coup d’oeil aux moyennes d’âges de pilotes entrant dans le top 15 est parlant.

Un petit tour de tableur vaut mieux que mille discours.

Un petit tour de tableur vaut mieux que mille discours.

En Irlande, la moyenne d’âge du top 5 (colonne la plus foncée) est de 23 ans contre 29,4 pour la manche néo-zélandaise. Même réduit sur l’ensemble du top 10 ou du top 15, l’écart reste sensible, il est de 2,9 ans pour le top 10 et 2,3 ans pour le top 15 entre des deux premiers rendez-vous.

Ces deux premières manches ont aussi permis d’y voir plus clair dans les ambitions des uns ou des autres. La victoire de Jérôme Clémentz en Nouvelle-Zélande ne laisse aucun doute sur la faim qui l’habite. Même malade, il parvient à accrocher la 8 place en Irlande. Les performances de Fabien Barel, en dépit de sa crevaison irlandaise, montrent également que l’envie est là, Justin Leov est lui aussi présent, comme l’an passé aux avant-postes. Les outsiders sont eux aussi déjà placés La constance de Florian Nicolai, deux fois 5e déjà signe peut-être l’émergence d’un nouveau prétendant sérieux au podium dans les semaines qui viennent. Nicolas Lau deux fois 13e mais rentré dans le top 10 au général et Damien Oton 6e sont placés, Richie Rude et Martin Maes ont montré qu’ils progressaient vite… La clé de la saison réside probablement dans la régularité, on l’a vu l’an passé, ne pas sortir du top 15 est impératif pour espérer le podium sans passer par une victoire.

top5

Les deux première places du championnat 2014 sont revenus aux deux pilotes les plus réguliers, Jared Graves et Damien Oton, Pour la troisième place, à égalité de présence dans le top 5 (3 occurences), Justin Leov et Florian Nicolai ont notamment été départagés par leur présence entre la 5 et la 10e place (3 pour Leov, deux pour Nicolai.)

5-10

Alors l’Écosse ? Nicolas Lau l’avait emporté l’an dernier. Il faudra voir comment Jérôme Clémentz aura récupéré de sa crève. Mais jeter un coup d’œil au top 10 de l’an passé n’est pas inintéressant. On verra si Lau est en forme, on devrait avoir confirmation de celle de Barnes, Leov, Nicolai, Maes, Callaghan et Oton tous en embuscade. Quid de Barel sur une course aussi longue ? Comment les pilotes auront digéré le court laps de temps entre les deux manches, une petite semaine ? L’an dernier, recos comprises, la course écossaise comptait plus de 200 km et 6000 m de dénivelé étalés sur 4 jours, et elle survenait plusieurs semaines après la manche chilienne…

Palmarès manche écossaise 2014 (source EMBA)

Palmarès manche écossaise 2014 (source EMBA)

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Tu es tout contrit ? Non je fais du vélo.

Aller rouler c’est bien. Savoir pourquoi on va rouler c’est mieux. Hier dimanche, retour aux affaires donc, après la virée épique de jeudi. Il fallait que j’expie le bazar dans lequel j’ai projeté mes congénères d’alors, que je fasse contrition pour cette action maladroite. En guise de punition, je me suis infligé du vélo, uniquement du vélo, sans portage si traversée de rivière jusqu’aux genoux.

Au dolmen pose tu feras.

Au dolmen pose tu feras.

Restait à savoir où. Je penchais pour Casefabre, mais de bonne heure ainsi la longue grimpette me rebutait, j’avais envie de quelque chose de plus light. Nous avons donc fini par obliquer vers Caixas au lieu de Casefabre pour grimper vers le petit col de Fontcouberte. Une montée tranquille sur la route puis la piste et nous sommes arrivés aux Dolmens pour aller chercher le joli bout de single qui part de là. Et le descendre à fond les ballons, comme il se doit.

Jolie bascule sur Corbère.

Jolie bascule sur Corbères.

C’est drôle d’ailleurs de redécouvrir les sentiers connus par cœur après une longue période sans les avoir roulés. Ils sont un peu modifiés, on bougé parfois, et c’est presque comme les découvrir. À cette (petite) différence près qu’on peu quand même anticiper les difficultés les plus importantes. En bas, la forme était revenue. Nous sommes donc remonter pour faire le tour d’un autre manège. Les trialistes à moto occupant le côté Corbère, nous n’étions pas sûr de pouvoir aller rouler par là. Mais en fait, il était tôt, les débats n’avaient pas encore commencé et nous avons pu faire tout minimax (je crois), plus les crêtes au bout. Super.

L'excellent single des crêtes au dessus de Corbère.

L’excellent single des crêtes au dessus de Corbère.

Pour rentrer, nous sommes remontés au dessus de l’ermitage Saint-Maurice histoire de se remettre du single sous les roues en prétextant que nous serions moins gênés par le vent… Au bout du bout, deux heures trente de balade et une moyenne à deux chiffres. Y’avait longtemps !

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Tout est de ma faute les gars !

On est toujours là à tortiller du ionf’ pour caguer droit, mais chaque fois que je pars sur des traces improbables, je suis toujours très optimiste sur l’heure de retour à la maison. Passe encore quand je suis tout seul, mais lorsque j’emmène quelques compagnons de fortune dans ces pérégrinations, je ne peux que me sentir coupable des coups de bâtons qu’ils reçoivent au moment du retour au foyer. Bref, je me suis encore royalement planté de deux heures hier.

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Ces singles ne voient pas passer beaucoup de vélos…

L’affaire fut en effet beaucoup plus longue que dans mon souvenir. À croire que les souvenirs, triturés par leur conservation ont tendance à accélerer le temps, à comprimer finalement 50 minutes de portage en une vingtaine de minutes. Nous nous sommes retrouvés (Oscar, Jlio, Christophe, Miguel et moi) sur le coup de 14 h 10 à Finestret, au bas du chantier du jour. Une grimpette sympa jusqu’à 1000 m en partant de 300.

La première grimpette est longue mais roulable par endroit.

La première grimpette est longue mais roulable par endroit.

Le tout pour aller chercher un ride trialisant en crête et une descente superbe qu’il est impossible d’aller chercher autrement. Comme je dis souvent à mes fils, on n’a rien sans rien. Bon ok, quand on n’a pas la frite, quand on a laissé toute la pêche et la hargne dans les soucis de la semaine, on se trouve fort démuni au pied des portages, un peu comme la cigale vous savez, une fois l’hiver venu. À poil de gniaque quoi. Un petit coup de piste bien raide depuis Finestret et nous voilà dans le premier single à flanc, ça monte ça descend et la fourche bloquée ça fait bizarre dans les compressions.

Et comme des gosses nous répondons à la première provocation de la topographie du jour… Une belle dalle tourmentée en contre-haut du single.

Et comme des gosses nous répondons à la première provocation de la topographie du jour… Une belle dalle tourmentée en contre-haut du single.

Jlio lui, de son côté, galère avec ses nouvelles chaussures et ses pédales. Bref, pour rejoindre le sentier qui nous occupe, il faut porter, c’est raide mais finalement pas très long quand on a la pêche, quand on peut rouler dans les parties moins raides, quand on peut quoi. Au col, juste sous le Pic Marbet, mes compère pensaient que ça allait peut-être descendre.

Je suis rentré dans la première descente fourche bloquée, Jlio lui avait mis une genouillère à l'envers. Chacun son style.

Je suis rentré dans la première descente fourche bloquée, Jlio lui avait mis une genouillère à l’envers. Chacun son style.

Mais non. Il fallait continuer de monter sur un joli single qui passe pour les plus costauds avec « VAE inside » comme Miguel, et par une succession de roulages poussages pour les autres. En crête c’est beau, on se faisait brinder par la vent comme il faut, mais sous le couvert des arbres, il faisait drôlement bon.

Ne manquait que la bière .

Ne manquait que la bière .

C’était l’heure d’attaquer une petite descente sur un monomonotrace (un singletrack doublement étroit) qui file astucieusement dans l’herbe. Premier plaisir dans le D-, première gamelle aussi pour Jlio devant moi, merci le genêt qui était là pour servir de porte-manteau ! Arrivé à la grosse ruine à mi-pente, j’ai fait remonter tout le monde pour des photos, et perdre un peu plus de temps 😀 Après ça se gâte.

Bon, là c'est vrai, on rentre dans le dur.

Bon, là c’est vrai, on rentre dans le dur.

Le sentier s'élève au cœur du printemps, il faudra aller le refaire dans l'autre sens.

Le sentier s’élève au cœur du printemps, il faudra aller le refaire dans l’autre sens.

Dans mon idée, ça portait 20 minutes, mais en fait, c’était un peu plus… C’est très raide au début, puis on passe par une alternance un peu démoralisante de pentes normales et de pentes très pentues, le tout sur une trace qui fait drôlement envie d’être dans l’autre sens. C’est là que tu regretterais d’avoir voulu faire du vélo, vu que c’est le vélo qui fait du rider sur cette longue portion. On se console de la nature, du côté sauvage et vierge de l’endroit, de la vue une fois qu’on débouche à l’air libre. encore un coup de cul, on arrive sur la crête, ça pousse ça roule ça porte, ça descend un poil et on finit par déboucher à la Collade d’en Jaume.

Encore un petit effort.

Encore un petit effort.

De là, on peut rejoindre le col de la Galline que nous avons exploré il y a quelques semaines avec d’autres idiots. Bref, je pensais pouvoir jeter un œil à l’état de la liaison entre la Collade et le col en vue d’une future idiotie, mais le temps pressait, et à dire vrai, on se caillait les meules à plus de 1000 mètres en plein vent. Vite, nous nous sommes engagé dans la descente, pas bien franche, très trialisante au début, qui oblige à des passages à pied, mais qui, à mon goût est déjà très sympa grâce à l’équation suivante :

(crête exposée + single très technique) x paysage à 360°+ onestàlabourre² = bon moment

Une fois terminé le premier bout de crête le ratio pédalage/poussage bascule fermement du côté de la position assise sur la selle. C’est là que par endroit le sentier se perd, s’évanouit sous les feuilles.

quelques dizaines de mètres et ça descend.

quelques dizaines de mètres et ça descend.

Nous nous arrêtons deux minutes pour saluer un châtaigner extraordinaire avant de retrouver la trace et d’y plonger sans réfléchir. Un second passage en crête un peu plus bas qui roule quasi tout du long suivie d’une section technique, épingle, dévers, marches oblige à faire des prouesse. C’est dans ce morceau que j’ai fait la même que jlio basculant du mauvais côté du single.

Enfin, une fois à la Collada d'en Jaume, on rentre dans le D-, c'est encore chaotique un moment, il faut passer à pied quelques difficultés et après, tout schuss. Et plus de photos !

Enfin, une fois à la Collada d’en Jaume, on rentre dans le D-, c’est encore chaotique un moment, il faut passer à pied quelques difficultés et après, tout schuss. Et plus de photos !

Puis, nous avons pris dans la forêt par la trace ouverte pour la Transbiking, qui elle aussi s’est un peu perdu sous la double action des feuilles et des sangliers. Mais c’est bon, ça file à plat pour commencer, puis dans la pente à 200 à l’heure entre les arbres (gaffe aux cintres XXL)? La dernière partie, sur un vieux chemin, se déboule elle aussi à 200 à l’heure jusqu’à Estoher. Là chacun prit son téléphone pour prévenir du retard nous n’avions guère de réseau avant* et nous avons pris la route pour rentrer dare-dare !

Voilà, vous pouvez de ça pour servir de mot d’excuse, désolé les gars.

* Comment ça j’ai le nez qui pousse ?

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C’était bien le jeudi de l’Ascension

J’imagine bien Perec. Sa tentative d’épuisement d’un lieu parisien, notant chaque détail dans une course infinie et perdue d’avance à l’exhaustivité. C’est un peu ça. Jeudi, nous sommes allés faire un tour pour finir, croyais-je, de connaître un long segment de la vallée de Baillestavy, juste au pied du Canigou. Un point final voulais-je mettre.

Ça roulait. Mais ça c'était avant.

Ça roulait. Mais ça c’était avant.

Au final, je suis rentré guère plus renseigné et nous avons fait 10 km en trois heures. Un must. Il y avait au programme d’abord la recherche de l’entrée d’un single que nous avions déjà exploré il y a quelques semaines. Au bas d’une très chouette descente nous avons pris à droite en suivant avec scrupule les indications du GPS et de la carte IGN.

C'est par là. Si si.

C’est par là. Si si.

Pour dénicher finalement l’entrée un peu perdue que nous avions manquée la fois précédente. Les buis avaient fait leur œuvre, leur capacité à obstruer le paysages par la densité de leur feuillage s’étaient emparé du trait caractéristique du sentier dans la forêt. Sortant les sécateurs et la scie, nous avons nettoyé un bon bout du sentier des branches et troncs pourris qui l’encombraient, probablement jusqu’à la moitié du parcours.

Débardage pour libérer la trace.

Débardage pour libérer la trace.

En allant même, cela arrive, jusqu’à retracer un bout dans les feuilles sous les chataîgners pour éviter de belles mais vieilles épingles envahies par le buis, il faudra y revenir. Puis nous avons fait demi-tour pour retrouver les vélos un peu plus bas, nous avons poussé sur deux traces partant dans une épingle, sur un dos de la montagne, pris les relevés GPS et mis ça dans la besace des “trucs à voir un autre jour”, mais sans vélo, ça a l’air assez bouché.

Tout seul, tu fais rien.

Tout seul, tu fais rien.

La promesse ne vaut que pour ceux qui y croient.

La promesse ne vaut que pour ceux qui y croient.

Une fois aux vélos, nous sommes partis en quête de l’idée stupide du jour, un bout de trace fuyant dans l’herbe, un peu en surplomb de la rivière, promesse de quelques kilomètres de ride doux à l’ombre des arbres et dans le glouglou de la Lentilla. De ride doux, finalement nous n’avons touché que quelques dizaines de mètres, mais avons poursuivi avec l’obstination des gourmands qui espèrent toujours qu’un peu plus loin ils seront comblés. Au départ, l’affaire est jolie, un ptit single à peine marqué, trialisant dans l’herbe et la caillasse, qui nécessite un peu d’attention et de jus. Puis assez vite finalement, il faut porter le vélo pour reprendre un peu d’altitude par rapport à la rivière , la trace s’évanouit dans l’herbe, les orties sont attentives et ne ratent personne.

Ça roule les gars !

Ça roule les gars !

La trace s’élève encore, se rétrécit, se lance dans des soubressauts scabreux, petit fil le long d’un bloc de roche, passage sous les arbres vautrés avec conscience, tout le registre du sentier mutin y passe.

Bien tenté.

Bien tenté.

La progression se fait essentiellement à pied, en poussant ou portant le vélo. Jusqu’au moment où l’évidence nous a barré la route. Au terme d’un court conciliabule, d’une consultation de la carte IGN sur nos GPS, nous décidé de poursuivre en traversant la rivière. Chose qui, en cette saison de fin de fonte des neiges, nécessite de trouver le passage la plus adapté pour éviter de partir au fil de l’eau avec le paquetage. Et nous voilà, radeaux de la méduse, posant nos pieds avec précaution entre les pierres glissantes, de l’eau jusqu’au dessus des genoux, au milieu de la Lentilla…

Chef on a un problème là.

Chef on a un problème là.

Il faut parfois savoir se mouiller pour avancer.

Il faut parfois savoir se mouiller pour avancer.

De l’autre côté, en dépit de notre bonne humeur, la situation n’était guère plus glorieuse. Impossible de remonter dans la pente pour rejoindre la route une centaine de mètre de dénivelé plus haut, les buis denses réduisant à néant cette solution pourtant mal fagotée. Nous avons donc continué, cahin-caha, tels des Rahan d’opérette le long de la rivière devenue sauvage, manquant parfois de finir dans l’eau sur les roches glissantes nous accrochant dans les branches. Jusqu’à ce que. Jusqu’à ce que la décision de remonter chercher la route s’impose d’elle-même. Nous ne pouvions plus aller de l’avant et faire demi-tour… C’est un pierrier, enfin, un chantier sans nom, qui nous offrit l’ouverture décisive dans la défense du buis. De gros blocs de roches rougeâtre amoncelés sans fioritures en guise d’escalier, nous avons escaladé, vélo sur le dos, nous glissant sous les arbres, nous assurant d’une main, parfois même deux gardant le vélo en équilibre sur nos dos pour franchir un passage plus tendu. Et puis, il a fallu escalader. Organiser des chaînes, se poster à intervalles réguliers dans le chaos de pierre pour se passer les vélos que nous ne pouvions plus monter seuls…

On vient de là.

On vient de là.

Et pour sortir c'est par là.

Et pour sortir c’est par là.

On dit souvent que c’est au pied du mur qu’on voit le maçon, là on a vu les idiots mais des idiots solidaires ! Au terme d’une bonne demi-heure de bataille insensée contre la pente, Cédric a fini par trouver une ouverture par une voie pourrie à droite dans les ronces et les orties, pendant que nous progression dans une voie à gauche, sous le surplomb rocheux qui nous barrait la route. Nous rejoignant, il a pu ainsi effectuer le dernier relais pour sortir les vélos de ce merdier, et nous permettre de nous extraire de la falaise. C’était ce qu’on appelle, pour le moins, d’un mauvais pas sortir par le haut ! Soulagés d’avoir pu retrouvé la route, l’heure nous a rappelé à l’ordre. Trop tard il était pour envisager continuer, nous avions perdu trop de temps dans ce jardinage sauvage.

Moment de doute.

Moment de doute.

Je sais maintenant que non, ça ne passe pas par là. Reste à aller voir les traces aperçues plus haut en espérant qu’elles déboucheront sur de jolis trucs. Pour l’épuisement du lieu, il faudra repasser mais ainsi était notre jeudi, bien nommé, de l’Ascension. Promis, à Pentecôte, je ne sors pas le vélo !!