Novembreries

C’est toujours étonnant ces retours de voyage. Il faut des heures, des jours, des semaines presque pour retomber sur terre. L’envie de repartir est là, mais diffuse, comme une tentation fainéante, un désir latent. Peut-être que le corps réclame un peu de repos. Il faut s’arracher pour aller rouler, retrouver les cailloux familiers des chemins alentour. La flemme souvent gagne, les kilos chassés les mois précédents faisaient un retour discret mais sensible, alors j’ai décidé de ne pas lutter jusqu’à ce que l’envie de repartir s’impose.

L’idée c’était de retourner faire un tour dans les Garrotxes où j’avais posé les roues il y a quelques années mais le fameux sanctuaire de la miséricorde était complet le week-end envisagé. Nous avons alors mis le cap sur le plateau du Larzac à la place pour deux jours de vélo, le week-end du 11 novembre. Le plus difficile ne fut pas tant de tracer quelque chose qui ressemble à une belle partie de manivelle que de trouver à loger et dîner dans cette zone hautement touristique mais surtout l’été. Je trouvais à Nant, l’hôtel des voyageurs qui porte magnifiquement son nom et fait honneur à l’hospitalité. Le lundi étant le jour de fermeture du restaurant de l’hôtel il n’était pas prévu de repas le soir. Mais comme au cœur de ce long week-end aucun autre établissement n’était ouvert dans le patelin, les tenanciers adorables ont cuisiné pour nous et une poignée d’autres âmes en perdition ce soit là dans le village. Pour arriver à Nant, il nous avait fallu pédaler un peu ? Partis du Caylar en début de matinée, nous étions passés par La Couvertoirade, avions longé le camp militaire du Larzac, haut lieu d’anciennes luttes antimilitaristes, avions poussé, c’est dans le thème, jusqu’à Montredon connu pour un de ses habitants célèbres à moustache et pipe et pour son journal, Gardarem Lou Larzac. De là, j’ai failli finie embouti par une brebis qui traversait le sentier sans regarder mais à vive allure au prix d’une belle frayeur partagée. La journée se terminait par un single tendu dans une falaise pour rejoindre Nant avant la tombée de la nuit avec un peu plus de 50 bornes de beaux chemins et paysages à notre compteur. Mais c’était sans compter sans la malice de Nico qui n’a rien trouvé de mieux que d’oublier son sac (si si) au départ de la dernière descente. Un coup d’œil au GPS et nous voilà repartis pour un bonus par la route, histoire de finir de sécher les troupes.

Une nuit plus tard, après un repas délicieux, nous partions en direction de Navacelles par des détours tortueux au point de réveiller la lombalgie de François. À l’heure du pique-nique au soleil, après avoir bartassé dans le lit de la Virenque, ça ne s’invente pas, et parce qu’il était un peu tard et que nous avions encore un bon bout de chemin à faire, nous prenons la décision de raccourcir la peine et de remonter directement sur le plateau, du bon côté pour tracer vers Le Caylar. Au prix encore d’un bon bartassage sur un chemin évanescent en bord de falaise et de l’irascibilité d’un crétin du coin à qui l’on a demandé si l’on pouvait traverser ses champs. Et qui, vous vous en doutez, nous a répondu par la négative nous obligeant à un détour conséquent par la route. Mais là encore, nous parvenions à terminer avant la nuit. Juste avant la nuit.

100 km ou un truc comme ça…

À peine remis de cette aventure, voilà Nico qui revient avec une idée, « faudrait qu’on fasse un 100 kilomètres ou un truc comme ça. » Bon d’accord, j’ai repris un truc déjà fait il y a quelques années et l’ai allongé. L’idée était simple, prendre le train à Perpignan de bon matin et rentrer à la maison à vélo. Par les chemins naturellement. Et comme il y a quelques kilomètres à faire sur la plage, il fallait un jour sans vent. Que nous avons eu ce samedi. À dire vrai, ça piquait un peu quand même au sortir de la gare sur le coup de huit heures, mais pas de quoi nous empêcher de nous élancer à bonne allure sur le canal de la Robine pour rejoindre Port-La-Nouvelle. Quelques instants de pause devant le chantier de construction des éoliennes maritimes et nous voilà engagés sur la plage pour un peu plus de quatre kilomètres de toute beauté. Il n’y a pas un souffle de vent, le sable porte correctement. Mais au contraire de la précédente aventure nous n’irons cette fois pas jusqu’au bout de la plage, optant sagement plutôt pour revenir sur la piste qui longe la voie ferrée et nous éviter un bain pour traverser le grau.

On est ensuite rapidement à Fitou pour boulotter un casse-croûte en buvant une bière au bistrot du coin. Puis nous filons pour prendre un peu de hauteur et venir flirter avec les éoliennes. La suite ne sera qu’une bagarre amicale pour ne pas perdre trop d’altitude, nous éviterons un clebs peu amène du côté de Montpins, nous enquillerons dans quelques morceaux de single avant la deuxième pause du jour à Case-de-Pène dans l’unique commerce ouvert, une boulangerie accueillante avec bon café et croissants aux amandes parfaits. Il nous reste alors une trentaine de bornes à couvrir et l’essentiel du dénivelé. Nous oublions l’idée d’arriver avant la nuit et nous élançons vers le roc redoun, puis Calce, puis remontant le flanc de Força Réal. Un dernier bout de sentier, la nuit tombe, nous rejoignons la voie verte à Millas. Et à 18 h 30, nous sommes au bar du Marché pour la pinte de conclusion. 10 heures et demie de balade, 8 heures de vélo, une belle journée par un temps incroyable pour un 29 novembre.

Les traces

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