Le printemps est dans la plaine, mais en montagne ? Pour savoir il faut s’y rendre et c’est ce que nous faisons en cette mi-mai avec l’ami Alex. L’idée simple c’est de faire une boucle qui passe par le sommet du Madres en partant de la « plus petite station de ski d’Europe » aujourd’hui laissé à l’abandon et à l’outrage des ans. Nous décollons sur le coup de neuf heures de la voiture gagnons rapidement le refuge du Caillau, coupons à travers la forêt en longeant la Castellane pour éviter le détour par la piste, puis jardinons un peu parce que je m’entête à suivre la trace que nous empruntons l’hiver en raquette…

Au final, il nous faudra bartasser dix minutes et 50 mètres de dénivelé dans les rhodos encore endormis pour retrouver le bon chemin. L’eau dégueule d’un peu partout, en filets, en rus, en ruisseaux. Traverser la rivière demande un peu de réflexion aux idiots comme moi qui ont oublié les bâtons à la maison.
Nous parvenons à l’orri de la Balmette, autour de 2000 mètres, col qui ouvre sur la haute montagne, là où les arbres sont obligés de demander la permission pour pousser. Nous dérangeons involontairement un isard qui file droit loin de nous et nous offre le spectacle de son agilité dans les névés. On se sent un peu lourdaud face à ça. Devant la cabane, des déchets, une boîte de conserve vide, un tube de mayo, un emballage de boisson chocolatée à demi plein, des capsules, des mouchoirs. Les sagouins sortent bien par tous les temps. Nous faisons un petit sac-poubelle pour redescendre tout ça. Le temps n’a pas bougé. Les nuages, bas et lourds, comme les dépeignait si bien Baudelaire, sont bien calés autour de 2 300 mètres d’altitude. Pas d’intérêt dans ces conditions de poursuivre jusqu’au sommet. Sans compter que nous n’avons pas de crampons et qu’un névé bien raide, fort probablement suivi d’un autre que nous ne voyons pas, se dresse sur notre passage.












Mais nous avançons quand même, juste pour voir ce qu’il y a à voir. Une marmotte crie et détale à travers le plateau avec la grâce qu’avait mon chat Pollock. C’est l’affolement dans le quartier. Son alerte a réveillé tout le monde. Nous montons dans le petit cirque sur notre gauche juste sous le Salt del Burro, les nuages nous grattent le crâne, nous passons d’un caillou à un autre, d’une bosse à une autre profitant du calme profond qui règne là. Le temps de se dire que l’eau est bien là, que le fameux « château d’eau » des Pyrénées-Orientales est bien au rendez-vous cette année, par chance. Quelques musardages plus loin nous sommes de retour à l’orri de la Balmette que nous délaissons pour entreprendre la descente, en restant, cette fois, sur le sentier. Pas de quoi pour autant m’éviter une cabriole et une petite entorse à un doigt. Quand on a du talent, il faut l’exploiter. Sinon c’est gâcher.
Et comme toujours, ça passait, c’était beau !
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