Au matin du quatrième jour l’histoire n’était pas terminée, loin de là. La soirée avait été longue, dense et le rhum aux litchis de e-Didier avait fait le reste. Il faisait aussi froid que la veille et l’avant-veille. Octobre en montagne, ça ne rigole pas vraiment. Nous paquetons nos affaires rapidement, Cyril doit passer nous chercher sur le coup de 8 heures et des bananes (au rhum) pour nos dropper au pied de la Casse Déserte, image d’Épinal de l’Izoard. Je suis venu là, déjà, il y a longtemps, j’étais gosse, quand je venais l’été du côté de Valloire avec mes parents en vacances. Et l’image que j’avais gardée de ce col imposant n’était pas loin de ce que j’ai pu voir à travers les vitres du minibus durant l’ascension. Inutile de dire que les jambes étaient lourdes, très lourdes, et que les 200 mètres de dénivelé du jour pesaient, dans ma tête, comme les 1 600 du deuxième. C’est dire.
Débarqués sur le parking nous enquillons un très beau sentier montant qui se laisse rouler dans trop rechigner, au moins au. Mais peu à peu le cœur monte en régime et les cuisses brûlent… Jusqu’à ce que e-Didier nous gratifie d’une cascade incroyable, en montée, qui le voit finir assis comme un prince sur un trône le vélo en vrac au milieu de la trace. Sans cet arbre, il aurait fait quelques tonneaux dans les aiguilles. Bon, là, il fallait pousser ensuite, la pente était trop raide, jusqu’à ce promontoire au-dessus de la vallée qui nous fracture, une fois de plus, nos rétines éprouvées et fatiguées, voire lassées, blasées. Puis ça roule. Damien part sur la roue arrière, il ne reste plus grand-chose à gratter, quelques dizaines de mètres de grimpette avant de profiter de la cerise sur ce déjà très beau gâteau, une descente de plus de 1 000 mètres de dénivelé. Nous avons deux heures pour tout faire, puisqu’il nous faut décoller de Guillestre avant midi si Damien veut être à l’heure du côté de Bilbao (oui oui) le soir. Alors nous filons. Didier et e-Didier ont fait les malins et ont délaissé leur tenue de ville suite à un pari de la veille au soir (le rhum tout ça…) c’est donc en jean qu’ils attaquent la descente.
Et ça file dru, rapidement, la trace est belle, ça secoue un peu et ça tape dans les cuissots mais c’est beau et bon. On s’arrête ici ou là pour faire quelques photos, bavarder, faire durer un peu plus l’instant, on passe au bord du ravin puis ça refile. Bon, il y a des endroits qui font peur, et comme Didier est entravé par son jean, il passe à pied, et moi aussi du coût. C’est une trace nouvelle, on file un peu au jugé mai ça descend sec jusqu’à un canal, on se croirait à la maison (Bohère Bohère est que j’ai l’air de Bohère ?), que l’on va suivre un long moment pour aller chercher la dernière descente du jour. L’entame se fait dans une forêt incroyable léchée par les rayons du soleil, puis ça file de nouveau dans la pente, les dernières épingles sont de trop pour moi, trop resserrées, trop ardues, je n’ai pas le nose-turn alors je foot-turn.
À dire vrai, je ne sens plus grand-chose tant je suis mâché, fatigué et presque il me tarde que cela s’arrête. Ce qui est bientôt chose faite quand nous descendons sur la route sous le fort de Château Queyras. Un café et un jus de fruits chez notre pote d’hier et nous rejoignons le camion. Il n’est pas 11 heures. Nous sommes dans le timing et pouvons, le long de la route, commencer de ranger cette collection de beaux souvenirs.
Vous avez manqué le jour #3, c’est par là ? Dommage, il n’y a pas de jour #5
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