Je suis dans les 300

C’était une idée, comme il en faut parfois, un peu bête mais diablement réjouissante. Les lecteurs fidèles de ce blog savent en même temps que c’est un peu le genre de la maison. L’idée c’était donc à quelques jours de mes 45 ans de m’aligner sur un enduro, histoire de savoir de quoi je parlais vraiment, mais surtout pour rouler avec les copains, Loïc, Jackman et Franck, qui devra finalement renoncer par la faute à la reco de trop. Bon, que les choses soient claires, je n’avais nullement l’envie de courir pour la Race, pas envie de me mettre la rate au court bouillon, de toute façon j’en aurais été incapable ! Le but du jeu était plutôt d’arriver à rouler proprement, le plus proprement possible et d’aller jusqu’au bout. Il faisait un temps de rêve samedi matin à Corbère donc pour cet enduro, organisé par le club local et comprenant six spéciales sur des terrains que je connais pour certains par coeur.

Dans la deuxième spéciale #chicken yann [photo by Frank]

Dans la deuxième spéciale #chicken yann [photo by Frank]

Au départ du village, pour rejoindre la première spéciale, il fallait déjà suer sang et haut eau dans le soleil levant sur le coup de huit heures. Une liaison un peu longue pour mettre d’entrée les cuissots à la bonne température pour arriver au château avant de poursuivre par la piste. À la citerne, il fallait encore rejoindre le départ, au point le plus haut du secteur, pour nous engager dans la descente la plus cassante des six. À mon goût. C’était pour finir l’entrée en matière de la journée ! J’ai pris un départ normal, en pédalant bien dans toute la première partie, en passant sans encombre les deux grosses difficultés de la trace et sans me faire rattraper par les gars partis derrière moi. Au milieu de la descente, je me suis rendu compte que j’avais déraillé et me suis arrêté pour remettre la chaîne dans la bonne trajectoire. Mince.

Dans la première spéciale, faire simple. [photo by Frank]

Dans la première spéciale, faire simple. [photo by Frank]

La suite allait bien jusqu’en bas. La remontée vers le départ de la deuxième spéciale était moins longue et moins pénible que la première, c’est donc tout guilleret que nous sommes présentés. Ce deuxième chrono est super rapide et physique dans ses deux premiers tiers et j’ai réussi à rester devant mes poursuivants jusqu’à arriver sur la crête finale et ses coups de culs assassins. Là, en essayant de me ranger dans une partie étroite pour laisser passer une fusée catalane, j’ai mis la roue où il ne fallait pas et mordu la poussière. En fait, il n’aurait pas fallu que je tombe là. Je ne suis jamais parvenu à retrouver le rythme pour terminer et manquait même de me satelliser une seconde fois un peu plus loin sur une trajectoire improbable. Bon, cela dit, la spéciale est longue, je manquais un peu de lucidité. La troisième, au sommet du village était un cauchemar, je savais que je ne passerai pas la principale difficulté, un dévers sur la roche suivie d’une grosse dalle et d’une réception trop étroite pour ma maladresse. Je pensais toutefois arriver jusqu’au bord de la dalle. Même pas. Grillé par le coup de cul situé juste après le départ, je perdais la roue avant sur le calcaire mouillé et ma frousse avant de me rétablir sans trop savoir comment. Descendu à pied pendant que mes poursuivants passaient, je repartais dans le pentu sans parvenir à reclipser ma chaussure gauche et je pense qu’à cette occasion j’ai ouvert une ou deux nouvelles trajectoires dans l’herbe. En marge du sentier. Bref, au moins, à mi-course, j’étais entier et pouvait me concentrer sur la loooooonnngue remontée, toujours par le château, pour rejoindre la citerne.

Quatrième spéciale, #pifpaf training [photo by Jacotey]

Quatrième spéciale, #pifpaf training [photo by Jacotey]

Puis filer ensuite vers la spéciale que je je préfère, celle dite du Dolmen. Et j’ai roulé drôlement vite (à mon niveau) améliorant mon meilleur temps de presque vingt secondes tout en étant contraint de m’arrêter deux fois pour remettre ma chaîne sur le plateau… Manque de bol, les résultats de cette spéciale n’ont pas été pris en compte ! Bref, remonté rapidement (à mon rythme) jusqu’au départ de la cinq, en faisant un crochet encore plus rapide par le ravito pour manger un peu, je n’avais pas eu le temps au passage précédent, je commençais à sentir la fatigue monter en moi. Avec la spéciale trois, la cinq était celle que je connaissais le moins, au moins dans la partie haute. Qui s’est déroulée sans trop de soucis jusqu’aux ruches, les initiés comprendront. Mis à part deux déraillements encore au pied des coups de cul #rage. Comme les autres j’ai pesté sur ces deux remontées terribles, et je suis arrivé dans le pentu à sec de force et de lucidité. Mais j’ai vraiment été en difficulté un peu plus loin, passant par dessus le vélo à l’entrée dans le lit de la rivière, sortant le cintre de l’axe de la roue, le remettant à la va que je te pousse, repartant sans rythme dans la caillasse, ne parvenant à rester convenablement sur le vélo et finissant en vacillant sur la dernière partie encore trempée des pluies du début de la semaine. C’était vraiment la spéciale galère pour moi. J’ai compris en entamant la rude remontée vers la citerne pourquoi je n’étais pas parvenu à rouler correctement après ma chute, je n’avais pas remis le cintre dans l’axe de la roue, pour une poignée de degrés, largement suffisant pour faire basculer un pilotage déjà aléatoire dans la loufoquerie la plus totale. La dernière ascension disais-je. Alors, oui, je savais que ça allait être compliqué, en diable, c’est pentu par endroit, mais j’ai réussi à rester sur le vélo et atteindre le ravito, puis le départ de la dernière spéciale dans le temps qui m’était imparti pour prendre mon dernier départ. Là, c’est pareil, je ne connaissais qu’un morceau de la spéciale, sur lequel j’ai bien roulé, avant de passer la goulotte dans le virage à gauche à pied et de connaître encore deux déraillements…

Dans la dernière spéciale, ça sent l'écurie [photo by Jacotey]

Dans la dernière spéciale, ça sent l’écurie [photo by Jacotey]

Donc voilà, sans faire véritablement la course, je suis arrivé au bout. Je réalise bizarrement mon meilleurs classement dans la dernière spéciale, 214, mais ai été très régulier sur les autres, 225, 231, 225, 229… Dommage pour la quatre. On a mangé un morceau ensuite, puis on a filé, bavardé encore avec les uns ou les autres, alors que les nuages venaient voiler le beau ciel bleu de la matinée. J’avais dit que cette première course serait la dernière, mais bon, s’il y a de nouveau un enduro à Corbère l’année prochaine… Pour mes 46 ans.

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