L’affaire avait commencé comme une vidéo de vélo. Un réveil qui sonne trop tôt dans le noir, il était 5 heures, un brossage de dents, le temps de passer un short, trois épaisseurs, de rester 5 minutes devant le grille-pain éteint à attendre que le pain soit grillé et les vélos étaient chargé dans mon scenic familial sept places.
Avec Franck et Xavier, nous avons pris la (longue) route du Capcir, dans le noir, sous les nuages, redoutant de trouver la pluie là haut. La voiture garée on a vite compris que ça ne rigolerait pas. Il faisait 3°. Le temps de croiser les copains, de récupérer la plaque, et nous voilà à 40 à l’heure sur la route, déjà frigorifiés !
Heureusement, l’entrée sur le single quelques centaines de mètres plus tard allait nous permettre de nous réchauffer et, un peu plus loin, une fois la piste rejointe à Formiguères, d’enlever une première couche.
Ça bouchonnait un poil sur le sentier, mais une fois sur cette piste, le troupeau s’est vite étiré, chacun a pris son rythme pour arriver en haut de la première petite bosse au ravito. C’était un peu compliqué pour moi qui essayait de gérer un début de crise d’asthme, départ trop rapide certainement, qui, combiné à l’altitude, 1500 m, ne me laissait guère de latitude. Là, nous avons pu goûter la décoction miracle de Patrack (la recette est jalousement gardé, mais y’a du gingembre et pour un peu on connaitrait tous une polonaise qui en prenait tous les matins au petit déj.)
Le premier bout descendant était parfait pour se mettre en jambe, un joli single dans la forêt, l’odeur de l’humus mouillé, une trace rapide, très rapide, trop rapide. En fait. Une fois dans le fond de la vallée, atteint en quelques dizaines de secondes, nous avons pris un joli sentier à plat puis une petite bosse en poussage pour retourner une nouvelle piste devant nous amener au premier « vrai » premier point haut de la journée.
Et là, ce fut long. Très long. C’était peinard, d’abord, le revêtement était correct, le rendement itou, puis Laurent, Jérémy et les autres nous avaient collé un bout de vieille piste, avec de l’herbe. « Ils sont joueurs, donc on y va. » Nous sommes tous entrés dans la pente un peu raide du départ, tout à gauche, en se disant que c’était juste pour rire, que ça ne durerait pas. Mais ne fait, ça ne rigolait pas ! Un maigre replat plus tard, qui laissait reprendre quelques forces, ça repartait de plus belle. J’ai marché un peu, quelques dizaines de mètres, puis suis remonté sur le vélo pour essayer d’avancer un peu plus vite. J’étais seul à ce moment là. Franck était loin devant, Xavier, Giorgio, quelque part derrière. Je roulais un moment avec Thierry et Célia mais finissait par marcher. Y’avait probablement une dent en trop sur mon pédalier pour mes poumons encore en feu. J’ai dû pousser le vélo au moins 10 minutes.
En haut, j’ai douté, c’est vrai. Nous avons repris une piste qui descendait cette fois, la vitesse glaçant la peau sous les maillots. Puis, nous avons changé de piste, et ça remontait. Soleil, pente un peu moins raide, je retrouvais Célia et Thierry, m’arrêtait faire une photo, voire deux, avant de toucher le sommet du single. Quand même. Parti comme un mort de faim sans même m’arrêter en haut, je manquais de me satelliser dans le premier virage surpris par un peu de terre mouillée, avant de me reprendre, de m’arrêter encore faire quelques images, puis de repartir, domptant les racines, pour une fois. C’était bien bon, mais bien court.
Retour au ravito, encore un peu de décoction de Patrack, Franck m’avait attendu depuis un moment. Sans tarder nous filions plein gaz vers Fontrabiouse pour en terminer avec la première boucle de 24 km par un long bout de piste et quelques morceaux de singles rapides. De retour au départ, nous étions circonspects, pour le moins. Nous avions monté beaucoup pour peu de récompense en sentiers lors de cette première partie. Et de nous dire alors que nous sommes finalement drôlement exigeants, ascendant brise-burnes. Bref, nous nous engagions sans trop tarder dans la deuxième des trois boucles, celle qui comportait la plus grosse grimpette entre Réal et le col de Sansa puis une (jolie) paille pour aller chercher un single à dévaler au pied du Madres (nous étions déjà passé par là au printemps).
Là, j’ai ramassé pour de bon. Après la liaison le long du lac, très sympa à rouler, j’ai payé les efforts du matin, la dent en plus sur mon pédalier. J’ai appris que ça passe partout en effet, ou presque, mais moins longtemps. Je sais ce que je vais travailler cet hiver ! Même si je suis parvenu à rattraper d’autres gars dans la montée (le truc qui ne m’arrive normalement jamais, Christophe et Franck m’ont attendu un bon moment. L’entame de la descente était pourrie, enfin, le truc que je n’aime pas, des grosses caillasses qui roulent partout sous les roues. Après le refuge, c’était beaucoup plus plaisant, une large trace dans la forêt. Je n’arrivais à pas suivre Franck mais je m’accrochais dans la roue de Christophe qui m’avait accompagné une bonne partie de la montée. Après on s’est calmé.
Dévalant un morceau de piste à toute vitesse, nous avons été arrêtés par le motard de l’organisation. Un participant avait fait une très vilaine chute sur cette portion rapide, avait perdu connaissance et avait le visage en sang. Le temps de donner une couverture de survie, de savoir qu’on ne pouvait rien faire de plus le temps que les secours arrivent, nous avons repris notre chemin.
Du coup, Christophe me laissait ouvrir devant lui quand Franck avait déjà disparu. Bref, cette descente de 500 m de dénivelé est bien agréable à rouler, très vive et joueuse. Mais sur la fin, nous avons un peu levé le pied. Je savais déjà, en bas, que je ne ferai la dernière boucle, il y avait encore 500 m de d+ à prendre, j’avais vaguement mal à la tête depuis trois heures, j’aurais roulé à 2 à l’heure, ça ne valait pas la peine.
Franck et Christophe m’accompagnaient pour aller casser la croûte, une bonne fideua de montagne, j’en profitais pour chercher mes clés dix fois, boire un verre et bavarder avec les autres, ceux qui avaient fait la totalité du parcours comme des avions. Et pour une fois, je suis rentré avant l’heure en bavardant avec Franck de nos projets communs (mais j’y reviendrai), quand Xavier piquait un roupillon de première à l’arrière !
2 Responses to Je rame à la Ramade.