Faut pas s’en fer

Une route créée de toutes pièces, un puzzle d’histoire, d’histoires, autour desquelles il ne fallait pas s’en faire. Nous avions le fer comme filigrane de la journée. De fer, il fallait un moral ce dimanche pour lutter contre la chaleur. Boire beaucoup et préserver son organisme pour toucher au but.

C'est ce qu'on appelle le "petit matin", clin d'œil du Canigou.

C’est ce qu’on appelle le « petit matin », clin d’œil du Canigou.

Rendez-vous était pris de bonne heure, vers 6 h 30 à Finestret pour organiser les navettes et aller toucher le point haut de la sortie du jour. Un gros morceau en forme de voyage dans l’histoire. Nous allions donc dévaler la vallée de la Lentilla en passant par quelques uns des sites autrefois exploités pour leur fer et parachever, valider, une trace élaborée tout au long des explorations et nettoyages de l’hiver, un enchaînement de singles inédits.

Premières crevaisons, mais aussi les dernières jusqu'au parking de l'arrivée.

Premières crevaisons, mais aussi les dernières jusqu’au parking de l’arrivée.

Le départ fut donné vers 7 h 30 avec déjà du retard par rapport à ce que nous avions prévu. Avec toujours en entame ce caviar de Palomère, sentier posé royal dans la pente au départ du col qui dégringole en deux temps vers le fond de la vallée de la Lentilla. Las, une crevaison au départ, puis une autre un peu plus bas nous grignotèrent encore des minutes précieuses. Mais la facture nous serait tendue plus tard.

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single single single

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Au pied de cette descente [note pour plus tard, les genêts sont envahissants sur certaines portions, et les orties vigoureuses, il faudra nettoyer pour l’année prochaine], nous entrions dans l’inconnu, ou presque. Il y avait d’abord ce portage un peu brutal sur ce vieux chemin que nous avons nettoyé ces dernières semaines, un portage suffisamment raide pour mettre à mal le moral des moins habitués à ce genre d’exercice ingrat. Puis un bout de piste, ombra y sol, pour rejoindre le sommet du single suivant.

On a connu des portages plus difficiles, mais celui ci est entièrement à l'ombre .

On a connu des portages plus difficiles, mais celui ci est entièrement à l’ombre .

Avec au milieu de ce gros morceau qui nous fit reprendre tout le dénivelé perdu dans la première descente, le passage par la mine de fer dont les vestiges jonchent encore les abords.

Ombra y sol après le portage.

Ombra y sol après le portage.

Une fois engagé dans le deuxième single de la journée, j’étais obligé d’admettre que l’endroit n’était pas aussi cool que lorsque nous l’avions roulé voici quelques semaines. Le printemps a fait son œuvre et la végétation bien poussé [note pour plus tard, là aussi il faudra aller nettoyer la partie haute].

Parfois la trace se perd dans les genêts.

Parfois la trace se perd dans les genêts.

Par endroit, la trace se perd dans les fougères, disparaît sous les genêts. De quoi se mettre des boîtes comme il faut, une pour moi, et de jeter Vincent à terre sur de méchants cailloux. Bilan, l’avant-bras largement et profondément ouvert, il a dû rallier le bas de la descente à pied avant de partir avec Gaël retrouver la voiture puis gagner les urgences de Prades.

En piochant dans les pharmacies des uns et des autres nous avons pu panser Vincent mais la plaie était bien trop profonde pour continuer. :(

En piochant dans les pharmacies des uns et des autres nous avons pu panser Vincent mais la plaie était bien trop profonde pour continuer. 🙁

Au moment de la chute il était à 50 mètres de la fin du chantier. Là, après le portillon, où le sentier entre dans la forêt, se fait propre, joueur, cherche à nous épingler dans ses courbes pour nous conduire à toute vitesse jusqu’à la Lentilla. Et son surplomb splendide, un sentier très rapide, très doux au départ dans les feuilles, une cerise sur ce gâteau déjà bien sympa.

Dommage ce n'était pas cuit.

Dommage ce n’était pas cuit.

À la route, il fut décidé d’aller faire de l’eau à Baillestavy, les heures qui nous restaient à rouler s’effectuant loin de toute civilisation, c’était plus prudent. deux cochons grillaient paisiblement devant le robinet avec les effluves délicieuses propres à ouvrir l’appétit. Mais il n’était pas question de se taper l’incruste au repas, les carcasses n’étaient pas cuites de toute façon, et nous reprîmes le chemin de notre aventure pour monter par la piste vers le hameau perdu de la Coume. Et nous engager sur ce sentier brutal et trialisant déjà parcouru à deux reprises ces dernières semaines. La connaissance de la trace aide grandement sur ce type de single difficile qui serait largement plus aisé à abordé en plus s’il y avait un peu plus de visibilité [notre pour plus tard, encore un truc à nettoyer] et s’il était débarrassé dans certaines portions des monceaux de pierres pourries qui jonchent la trace.

joli passage en balcon un poil exposé de cette trace sauvage.

joli passage en balcon un poil exposé de cette trace sauvage.

Alors que j’avais quasi tout passé mercredi soir précédent, là, je me suis collé trois boîtes, allez comprendre. Au point d’oublier de conduire tout le monde jusqu’au village en ruine, juste au dessus de la trace pour profiter du point de vue sur la vallée. En bas, on se dit que malgré la difficulté c’est quand même bien bon, et qu’une fois nettoyé… Là, Geoffrey, écoeuré par l’ascension précédente et face au gros morceau qui restait à gravir, 5 kilomètres de single en plein cagnard, pris la décision sage de rentrer par la route. Notre groupe ne cessait de se réduire, de fondre comme peau de chagin, où comme du gras au soleil. Un petit bout de single légèrement descendant le long de la Lentilla et nous fîmes une courte pause pour manger un peu à l’ombre. Juste avant d’attaquer la remontée du GR36 jusqu’au pic Marbet.

La misère sur le GR36 pour atteindre le pic Marbet.

La misère sur le GR36 pour atteindre le pic Marbet.

Et d’être proprement rincés par la chaleur venant par bouffée comme si elle voulait nous asphyxier à chaque fois que nous sortions du couvert des arbres. Comme si, sensation oppressante s’il en est, comme si, à la touffeur ambiante s’ajoutait le rayonnement des pierres gorgées de chaleur, comme si nous étions pris en sandwich entre la chaleur directe du soleil sur la peau, le rayonnement du sol et l’ambiance, les odeurs de sécheresse, de feuilles qui crissent. Nous étions un peu trop tard dans la matinée pour vraiment profiter de cette grimpette transformée en épreuve pas banale. Au col, il fallait en finir, nous avons laissé de côté le dernier bout d’ascension prévu pour revenir dans la vallée du Llech, il commençait en plus de se faire tard et nous étions attendus pour le déjeuner au Camping du Canigou, par Bernadette qui avait préparé le repas et Vincent et Gaël revenus des urgences qui patientaient devant une bière fraîche.

Bon app'

Bon app’

Comme des morts de faim, nous nous sommes donc engagés dans cette descente pour la trouver défoncée, un véritable chantier pour achever les bras et les cuisses. Moulus en bas, nous avons tricoté dans un chemin de chèvres, ou de moutons pour aller chercher le dernier bout de single de la tournée et débouler direct au pied de la tireuse à bière. Échaudés mais ne craignant pas l’eau froide !

À refaire après nettoyage.

À refaire après nettoyage.

Au final ça fait un joli profil sur 25 km et 1000 mètres de dénivelé positif pour 1700 de négatif et 4 h 30 de déplacement. Avec une météo plus clémente, un peu moins de temps perdu, on peut aisément rajouter de 150 à 600 mètres de d+ et d- si envie sur la dernière bosse. D’autres photos en cliquant ici !

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