Il avait plu plus que les larmes de la terre la veille, samedi. Un genre de déluge qui vide les nuages comme le ferait une chasse d’eau. 100 mm ici, 200 là, jusqu’à 280 à Argelès annonçait la radio de bon matin. 20 centimètres de flotte en 24 heures, ça engorge les singles. Pourtant, après l’apocalypse, le beau temps. Ou presque. Pas de gouttes annoncées dans la journée de dimanche, des températures clémentes, au pire il y allait avoir peut-être de la boue, c’était jouable. Vélo rangé dans la voiture au point du jour, et zou, direction Saint-Jean Pla de Corts et la rando des Chapelles organisée par le club de Céret, ou plus exactement, le Raid’illon, une boucle de 60 km et 2000 de d+, une première pour moi et les autres avec qui nous avions décidé de rouler de conserve. Arrivé, vélo remonté, plaque installée, et nous voilà partis pour une longue journée pleine d’incertitude. Intensité 1, on doit pouvoir parler et ne pas avoir mal aux cuisses, avait dit Jérôme durant les premiers kilomètres tranquilles, donc on a fait tranquille. Route, piste, voie de chemin de fer, et paf, premier single. Pas bien réveillé, je suis entré dedans fourche bloquée et protections sur les chevilles, #idiot. Mais c’est bon. En bas, nous entrions dans le vif du sujet comme les gardons, vifs eux aussi, frétillent dans l’eau claire des rivières. Avec de la flotte jusqu’au dessus du pédalier par endroit.
Ravito et nous repartîmes la fleur au fusil en nous disant sagement que ce qui était fait n’était plus à faire #merci #lapalisse. Au bout de la longue (enfin pas tant que ça) et un peu raide (par endroit ça piquait sec) montée suivante, nous avons touché un caviar glissé sous nos roues par Oscar, Miguel et leur bande de gourmands. Une longue descente, un peu trempée par endroit mais rapide, avec un grip de malade, c’était au moins la peste, pleine de petites cassures dans les arbres, histoire de nous faire perdre l’essentiel du dénivelé gagné durant la demi-heure précédente.
Au pont de Reynes, nous reprîmes le chemin des cieux par une petite route, sous un timide rayon de soleil. Puis avons enchaîné bouts de piste, singles détrempés, bouts de piste ou de routes, singles noyés, avec plaisir, jusqu’à Céret et cette première montée à couper les jarrets par la route. Au bout du single du single suivant, pas long mais bon, au ravito, on était content.
Mais le plus pénible restait à venir. La longue et épuisante grimpette vers le balcon de Céret, un sentier à flanc au dessus de la vallée du Tech embrumée, et une fin dans une trace mal rasée, pleine de sable, qui me mit les crampes au bord des genoux comme on a le cœur au bord des lèvres, parfois. Pour se motiver et rester concentrés sur l’ouvrage, on se disait que si Oscar et sa bande nous faisaient grimper par là, c’est parce que ça devait valoir le coup.
Bon pour le coup, quand on a perdu une (petite) partie du D+ gagné, sur la route, on a gambergé, la faim de single se faisait pressante dans les cuisses. On a fini par trouver l’embranchement, la piste de débardage jonchée de branches à casser du rayon à tour de bras, puis, comme une lumière au bout du tunnel, l’entrée du single qui allait nous ramener vers Maureillas. Une perle, vive, joueuse, piégeuse, un petit caviar tout en subtilité. Donc le dernier bout était bon, c’est vrai, mais bien trop court 🙁 Bah, les affres des changements de circuits, raccourcissements, aménagements de dernière minute liés au déluge, c’était déjà beau d’avoir pu en profiter dans la bonne humeur ! Au bout du compte, certes, il n’y a pas le kilométrage annoncé, ni le dénivelé, mais les conditions de roulage ont ajouté largement autant en difficulté. Et puis, ça nous donne un prétexte pour y retourner, sur le sec pardi.
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